woke up like this
ft. Pia & Andreja

Il en était le premier surpris, mais Andreja n'avait pas mis trop de temps à se faire aux lieux et à leur façon de fonctionner. Probablement qu'il devait cela à sa capacité d'adaptation rapide, il aimait à le penser en tout cas, et probablement aussi parce qu'il avait envie de s'en donner les moyens. C'était à prévoir un peu, parce qu'il restait un compétiteur dans l'âme Andreja aimait à penser qu'il était là pour un moment, et à défaut de pouvoir l'affirmer il comptait faire son possible pour mettre toutes les chances de son côté ... Même si la première semaine était surtout faite pour se rôder, de ce qu'il en avait compris, mais au fond l'un n'empêchait pas forcément l'autre. Il pouvait déjà se contenter d'une chose en tout cas : il n'était à priori pas trop mal tombé en terme de partenaire. La sienne n'était pas trop relou, bien plus aimable que certains énergumènes présents ici, et elle n'était pas désagréable à regarder non plus, on ne va pas se mentir, hm. Et elle ne ronflait pas. Vous rigolez mais c'était relativement important, Andreja ne tenait pas tant que ça à dormir à côté d'une tondeuse à gazon, il avait beau ne pas avoir besoin d'énormément de sommeil, il y avait un gouffre entre "un peu" et "pas du tout". Pour cette même raison il était plus que conquis par la literie, parce que ce qu'on leur avait filé c'était du matelas de compétition, le genre de matelas qui donnait envie à n'importe qui de se prélasser dessus durant des heures ... Y'avait de quoi avoir envie de prendre ses aises. C'était donc peut-être cela, la raison au fait que quand Andreja avait ouvert un œil Pia et lui avaient plus que largement pris leurs aises durant la nuit, leurs jambes entrelacées, la tête de la rouquine posée contre l'épaule du blond, et sa main à lui resserrée autour de sa taille à elle. Mettant un moment à réaliser ce qui clochait dans la situation, Andreja avait entrepris de bouger un peu mais le grognement ensommeillé de sa partenaire l'avait dissuadé de faire le moindre mouvement supplémentaire. Bon, sur le principe la proximité ne le dérangeait pas vraiment, lui, mais c'est que maintenant qu'il avait entièrement conscience du corps de Pia contre le sien il commençait à avoir chaud ... Et il avait même des fourmis dans le pied gauche, là. Est-ce qu'elle dormait profondément ? Parce qu'il aurait tout de même bien aimé pouvoir se lever ; Jetant un coup d’œil à sa montre il avait réalisé être déjà en retard de dix minutes sur son horaire habituel, et s'il avait des fourmis dans le pied c'était peut-être simplement parce qu'il avait cinq kilomètres à courir ce matin. Comme tous les matins, à vrai dire. Pinçant ses lèvres d'un air dubitatif, le blond s'était finalement entendu murmurer « Pia ... ? » Pas de réponse. A première vue elle n'avait rien entendu du tout, il pouvait donc rayer de la liste des options le fait qu'elle fasse semblant de dormir. Pour quelle raison, de toute manière ? « Piaaaa ... tu dormir ? » Pourquoi est-ce qu'il posait la question, s'il connaissait déjà la réponse ? Parce qu'il ne savait pas quoi demander d'autre, tout bêtement. Tentant de libérer sa jambe gauche de celle de la jeune femme il l'avait enfin sentie bouger un peu, comme si lâchant enfin Morphée et ses histoires à dormir debout elle revenait parmi les éveillés. Elle allait lui rendre sa liberté de mouvement, donc ?

Elle n'y croyait plus, Pia, à la fin. Elle donnait la donne à Ghika lorsqu'il faisait des blagues alors que la salle du prime se vidait et qu'il y avait de moins en moins de public pour rire à ses vannes, mais le cœur n'y était pas trop. A vrai dire il s'était déjà enfui de sa poitrine pour aller pleurer dans les coulisses. C'est là que son nom avait été appelé, son portrait figurant en grand sur l'écran et à partir de là tout s'était enchaîné. Elle avait rejoint aux côtés d'Andreja les autres qui avaient déjà largement entamé les festivités puisque de la bouffe volait aux quatre coins de la pièce, on leur avait indiqué les douches - ce qui lui avait été plutôt utile vu qu'on aurait pu faire un repars pour quatre personnes avec ce qui restait sur sa robe - et le plus important : la chambre. Franchement, cela faisait déjà trois jours qu'ils dormaient là dedans mais elle n'en revenait toujours pas. Un plafond avec des constellations qui vous sourient dans le noir, ça n'a pas de prix. Et le lit, on s'en parle du lit ? C'était sans doute le matelas le plus agréable sur lequel elle avait jamais dormi. Puis elle ne le partageait pas avec n'importe qui. C'était quand même un compagnon de luxe, Andreja. Il ne détonnait pas avec le décor de rêve dans lequel elle s'endormait chaque nuit. Il faut avouer qu'il avait de quoi faire tomber les minettes, le presque-roux. C'était à peu près sur cette pensée qu'elle s'était assoupie la nuit dernière, mais ce n'était pas franchement à propos de lui qu'elle était en train de rêver cependant. Des moutons roses qui couraient dans des champs de ballons tandis qu'elle essayait de rattraper celui qui s'enfuyait avec sa paire de chaussette préférée. C'est là qu'il s'arrête pour la fixer droit dans les yeux avant de bêler.. « Pia ... ? » Merde alors, il parle ce con ? Mais comment ça se fait qu'il connaisse son prénom ? Elle ne s'est pas présentée, qu'elle sache.. « Piaaaa ... tu dormir ? ». N'importe quoi. Elle ne peut pas dormir puisqu'elle est en train de lui courir après. Ce bovin n'a aucune logique. Pour toute réponse, elle lui grogne dessus. Elle refuse de s'abaisser à discuter avec un mouton. Il ne semble pas très bien le prendre puisqu'il se met à lui tirer sur la jambe. Elle rétorque en lui assénant un cou sur la tête.
C'est en sentant le bras d'Andreja sous son poing serré qu'elle se réveille. Elle ouvre des yeux écarquillés, sans trop comprendre la situation. « Oh merde, pardon, pardon ? Je t'ai pas fait mal ? J'voulais pas vraiment, mais tu vois y'avait un mouton et il.. ». Elle se perd dans ses explications, la voix encore ensommeillée.

Il lui avait fallu un certain temps pour émerger totalement, se rappeler où il était, prendre conscience de la façon dont sa partenaire et lui étaient avachis l'un contre l'autre sans la moindre gêne ... Bref, pour se réveiller un minimum. Ce qui n'était pas vraiment dans ses habitudes à vrai dire, d'ordinaire il était plutôt du genre à s'extirper de son lit à peine les yeux ouverts, à moins d'avoir une bonne raison de traînasser sous la couette et par bonne raison il fallait comprendre bonne compagnie. Mais là, depuis le lundi matin il se surprenait à avoir envie de traîner un peu au lit, et il craignait qu'un séjour trop prolongé ici ne finisse par le rendre paresseux ... Paresseux, ce n'était tellement pas adapté à lui, ce mot. Ou peut-être que c'était à nouveau une histoire de compagnie, allez savoir, après tout il ne pouvait pas nier que jusqu'à présent celle de sa partenaire était tout sauf désagréable, et jusqu'à ce que Morphée ne l'abandonne et ne le laisse émerger de son sommeil il ne semblait pas vraiment déplorer leur proximité. Mais maintenant un peu, parce qu'il aurait bien aimé pouvoir se lever, aller courir, et prendre une douche, et que pour l'instant elle retenait l'une de ses jambes mais aussi l'un de ses bras en otage. La réveiller ou ne pas la réveiller, c'était donc la grande question, et tentant en douceur de tâter le terrain il avait eu le droit à une réponse beaucoup moins douce mais beaucoup plus inattendue, lorsque sursautant d'un seul coup Pia avait manqué lui envoyer son poing dans la figure. C'était même ce qui se serait produit s'il n'avait pas eu le réflexe de lui attraper la main avant qu'elle ne s’aplatisse sur sa figure. « Oh merde, pardon, pardon ? Je t'ai pas fait mal ? J'voulais pas vraiment, mais tu vois y'avait un mouton et il ... » La fixant sans rien dire, le regard malgré tout encore un peu ensommeillé, il essayait tant bien que mal de comprendre ce qu'elle disait, mais il fallait bien avouer que tout cela n'avait pas grand sens. Tant et si bien qu'il avait fini par lui couper la parole en la regardant d'un drôle d'air « Un ... mouton ? » Est-ce qu'il avait bien compris ? Est-ce qu'ils étaient bien en train de parler de cette bestiole qu'on tondait pour récupérer sa laine et en faire des pull-overs, ou bien est-ce que c'était encore son manque de vocabulaire qui lui jouait des tours ? « Mais non, tu pas fais mal. » Puisqu'il l'avait arrêtée juste à temps. Encore heureux qu'elle ne soit pas du genre à frapper par réflexe en dessous de la ceinture, là il n'était pas aussi certain qu'il aurait été assez rapide pour éviter qu'elle ne frappe. Et il lui en aurait peut-être un peu voulu, hm. Laissant passer quelques secondes, comme s'il attendait quelque chose - et justement, il attendait quelque chose - il avait finalement secoué la tête, avant de demander « Je pouvoir reprendre mon bras ? Sauf si toi veux le garder un peu encore ... » Un sourire narquois s'était étiré sur son visage tandis que le bras dont il était question remuait derrière la taille de la jeune femme, sa main glissant le long du bras de Pia d'un air taquin. Mais non, pour de vrai, il commençait à avoir des fourmis dans la main maintenant aussi, pas que Pia ne soit affreusement lourde mais tout de même.

Elle esquisse un bâillement, ce qui rend ses paroles sans doute encore plus incompréhensibles pour le beau spécimen avec lequel elle partage son lit qui n'avait pour seul défaut que de ne pas très bien maîtriser la langue anglaise. « Un ... mouton ? » Elle hausse la tête avec conviction, les yeux brouillés, sans trop réaliser qu'il ne doit strictement rien comprendre à ce qu'elle débite. En voyant son air confus elle renonce cependant à lui expliquer le pourquoi du comment. « Laisse tomber c'est pas important.. ». Elle baille de nouveau. Elle se frotterait bien les yeux histoire d'y voir plus clair, le seul problème c'est que c'est le bel éphèbe à ses côtés qui a sa main droite en possession et elle est tellement mal à l'aise de la main gauche qu'elle risque de s'estropier elle-même. Heureusement qu'il a des réflexes, Andreja, elle aurait pu lui casser le nez et alors il aurait peut-être fait un peu moins envie, crachant du sang par les narines. « Tant mieux alors. », elle lâche, dans un soupir endormi. Il faut dire qu'il ferait un bien mauvais garde du corps si il se laissait amocher par une rouquine qui ne tape pas dans la catégorie poids lourd, et endormie qui plus est. Elle se sent repartir dans les bras de Morphée. C'est qu'il est drôlement confortable, ce matelas, avec ses nombreux oreillers. « Je pouvoir reprendre mon bras ? Sauf si toi veux le garder un peu encore ... ». Cette fois c'est à son tour de le regarder sans trop comprendre. Elle affiche un air perplexe en réponse au sourire en coin qui vient d'apparaître sur le visage de son partenaire. C'est en sentant ce qu'elle croyait être un coussin s'agiter derrière son dos qu'elle réalise la position dans laquelle ils se trouvent, et celle si se révèlerait presque gênante étant donné qu'elle emprisonne non seulement son bras mais aussi une de ses jambes. « J'sais pas si j'ai envie.. ». Presque gênante, on a dit. Mais la rouquine n'est pas du genre à être gênée facilement, encore moins lorsque son bon sens est encore assoupi. Elle sourit à son tour, ingénue. « Seulement si tu me rends ma main alors. Deal ? ». Pour appuyer ses paroles elle agite la dite-main qui se trouve encore entre celle d'Andreja. « Promis je ne te frapperai pas. ». Puis c'était pas volontaire la première fois, elle dormait encore, ça ne compte pas.

Il était doublement perplexe, d'abord parce qu'il avait l'impression d'avoir mal compris ce qu'elle essayait de lui dire, puis parce qu'il avait réalisé qu'il avait en réalité très bien compris, et que pourtant cela n'avait pas plus de sens ... A moins qu'elle ne soit en train de lui parler de son rêve ? Il ne jugeait pas, lui aussi rêvait parfois de trucs bizarres. Voir flippants, mais il préférait encore les rêves bizarres aux rêves flippants. « Laisse tomber c'est pas important ... » Bon, dans ce cas-là il n'avait pas de raison d'insister, quand bien même il devait bien avouer qu'il était toujours un peu perplexe sur le rapport entre un quelconque animal laineux et le fait qu'elle avait essayé de le frapper à peine réveillée. Peut-être valait-il mieux ne pas savoir, hm. Elle ne lui avait pas fait mal en tout cas, il avait trop de réflexes pour cela dieu merci. « Tant mieux alors. » Oui, ce serait dommage que leur partenariat vire soudainement à la violence, cela commençait si bien jusqu'à présent. Tenez, il avait même décidé de lui pardonner l'immense tâche de peinture dont il avait hérité par sa faute dans les cheveux la veille durant la partie de paintball. Non vraiment, on pouvait même dire qu'ils prenaient leurs aises l'un avec l'autre et sans même s'en rendre compte ; Pas que cela soit gênant dans l'immédiat, mais Andreja aurait quand même bien aimé récupérer son bras, pour l'instant. Ne semblant d'abord pas trop comprendre ce qu'il entendait par là, elle avait compris lorsqu'agittant la main toujours coincée de l'autre côté de la jeune femme il avait esquissé un sourire narquois. « J'sais pas si j'ai envie ... » Voyez-vous cela. Souriant à son tour d'un air amusé, elle avait fait mine de réfléchir un instant avant d'ajouter d'un air plus résolu (aussi résolu qu'elle pouvait l'être en bâillant encore à moitié) « Seulement si tu me rends ma main alors. Deal ? » Sa main, quelle main ? « Promis je ne te frapperai pas. » Ah oui, cette main là. Autant pour lui, il avait oublié qu'il la tenait toujours. Mais certes, il espérait bien qu'elle n'avait pas de nouveau l'intention de le frapper maintenant qu'elle était réveillée et voyait bien qu'il n'était pas un mouton tueur ou dieu sait quoi d'autre. « D'accord. » avait-il finalement concédé d'un air calme, relâchant du même coup l'emprise qu'il avait sur la main de la jeune femme, et ne laissant pas le temps à cette dernière de libérer la sienne. Au lieu de cela il avait roulé sur le côté pour bousculer doucement la jeune femme, récupérer sa propre main et bloquer les deux siennes en attrapant ses poignets, un air narquois sur le visage. « Tu sais que je toujours chercher moyen de te faire payer pour hier. » Ah, peut-être qu'il n'avait pas tant passé l'éponge que cela finalement. C'est qu'il avait du frotter pendant vingt bonnes minutes sous la douche pour que ses cheveux retrouvent leur couleur normale et soient débarrassés de toute cette peinture rouge. La couleur de l'équipe de Pia, justement. « Tu avoir quelque chose à dire, pour défendre toi ? » La parole était à la défense, il était toute ouïe.

C'est un deal plutôt équitable, elle trouve. Sa main contre le bras qu'elle tient encore prisonnier sous son dos. Ce n'est pas trop comme si il avait le choix, de toute façon. Ils ne vont pas passer la journée comme ça. Bon, elle, ça ne la dérangerait pas trop, mais le problème se pose plutôt pour lui puisqu'il a l'air de tenir absolument à se lever, et puis elle doute que cette position soit aussi confortable pour lui que pour elle. Tant pis. Elle lui affiche un sourire narquois alors qu'il concède. « D'accord. » On sait qui porte la culotte dans le couple, n'est-ce pas ? Il lâche sa main et elle affiche un air satisfait après avoir repris pleinement possession de ses doigts lorsque soudain il commet l'irréparable. Sans avoir le temps de comprendre quoi que ce soit étant donné qu'elle est encore à moitié dans le gaz elle se retrouve menottée par la poigne d'Andreja qui s'est délivré de son emprise sans même lui laisser le temps de respecter sa partie du contrat. « Mais qu'est-ce que..  ». Elle marmonne, ses neurones s'entrechoquant dans son crâne, peinant à analyser la situation. Elle lui aurait fait plus mal qu'il n'aurait voulu le dire finalement et il a décidé de lui mettre un coup de poing à son tour ? Elle n'est pas sûre d'apprécier, honnêtement. Le délire sadomasochiste, c'est pas sa tasse de thé. « Tu sais que je toujours chercher moyen de te faire payer pour hier. » Les rouages se décoincent et les pièces du puzzle se mettent en place. Une envie de rire la prend aux tripes lorsqu'elle se remémore la tête de son partenaire couverte de peinture rouge, mais elle se retient et ne laisse paraître qu'un sourire en coin, parce qu'elle n'a pas spécialement envie d'aggraver son cas. « Aller, tu vas pas m'dire que tu m'en veux encore ? C'est de l'histoire ancienne.. » Ancienne de la veille, ouais. Elle tente de le raisonner en affichant la figure la plus innocente qu'elle a en stock. Aller, quoi. On oublie ?  « Tu avoir quelque chose à dire, pour défendre toi ? ». Elle a beau creuser, elle ne trouve pas. « Je..  ». L'argumentaire est assez développé du côté de la défense, comme on peut le voir. « La couleur t'allait très bien. Sans rire. En fait, je pense même que tu devrais me remercier. ». Elle finit par déclarer, affichant un grand sourire, se moquant ouvertement de lui tout en essayant de dégager ses poignets. L'opération se révèle assez douloureuse étant donné le nombre important de bleus qui recouvrent son corps, des blessures de guerre. Une vraie schtroumphette la Pia.

Une chose que Pia n'avait peut-être pas encore eu le temps de remarquer à propos d'Andreja, et c'est vrai qu'il essayait d'avoir l'air un minimum sérieux au premier abord, c'était qu'il pouvait parfois décider de se comporter comme le dernier des gosses. Vraiment, comme un gamin, et c'était à peu près l'expression qu'il avait sur le visage tandis qu'il décidait sournoisement de retourner la situation à son avantage et d'entraver les poignets de la jeune femme de façon à ce qu'elle ne puisse plus se redresser. « Mais qu'est-ce que ... » Et oui, trop tard. Un air taquin sur le visage le serbe s'était calé un peu mieux, bloquant le bassin de la jeune femme avec sa taille et serrant juste assez ses poignets pour l'immobiliser mais sans pour autant lui faire mal. Il avait juste envie de l'embêter à vrai dire, c'était aussi simple que ça, et quelle meilleure excuse que le paintball de la veille au cours duquel elle l'avait lâchement pris pour cible ? Lui aussi, certes, mais il n'avait jamais prétendu être de bonne foi après tout. « Aller, tu vas pas m'dire que tu m'en veux encore ? C'est de l'histoire ancienne. » Ancienne d'hier soir ? C'était super rapide la prescription chez elle. Alors au risque de la décevoir non, ce n'était pas de l'histoire ancienne. « Tu avoir pu te faire pardon hier soir, si tu venir dans douche pour me frotter dos ou me laver cheveux. Mais tu déjà dormir comme une bébé quand je arriver ici. » avait-il simplement fait remarquer d'un ton faussement innocent tandis qu'il plissait son nez tel un gamin farceur. Mais soit, il restait bon seigneur puisqu'il lui laissait encore la possibilité de s'exprimer avant la sentence, la parole étant toujours à la défense en guise de conclusion. « Je ... La couleur t'allait très bien. Sans rire. En fait, je pense même que tu devrais me remercier. » C'était vraiment tout ce qu'elle avait trouvé comme excuse ? La couleur lui allait bien, c'était ça sa ligne de défense ... ? Elle aurait assurément fait une très mauvaise avocate. « Mauvais réponse. Je devoir condamner, désolé ... » La condamner à quoi c'était là toute la question, il était presque tenté de lui demander d'aller leur préparer le petit déjeuner et de lui ramener ici, mais elle semblait tellement difficile à dompter qu'il pourrait toujours attendre et espérer qu'elle se repointe avec du thé et des tartines, il risquait d'attendre longtemps. Son visage s'était alors illuminé, de cette lueur fière d'avoir trouvé une idée brillante et stupide ; En temps normal il lui aurait demandé d'un ton narquois si elle était chatouilleuse, juste pour qu'elle sache à quoi elle s'exposait, mais puisqu'il se sentait bien incapable de retrouver le mot adéquat et que le demander à Pia lui ferait perdre tout son effet de surprise il avait décidé que tant pis. Lâchant donc les poignets de la jeune femme sans crier gare il avait avait glissé ses mains sous la couette et s'était mis à la chatouiller comme le ferait un gamin, parce que parfois c'était décidément vraiment ce qu'il était. Et il n'en avait même pas honte, non.

C'est pas qu'elle a la mémoire courte, Pia, les souvenirs de la veille sont loin d'être derrière elle puisqu'ils lui ont marqué tout le corps, mais elle espère tout de même raisonner Andreja avec son argumentaire bancal. C'est sûr que si toutes les personnes qu'elle a touché commencent à vouloir se venger, elle va devoir passer sa semaine dans le placard à balai en tête à tête avec les serpillères et les produits détergents. Pas qu'elle ait explosé les scores, bien au contraire, mais à force d'acharnement elle a quand même réussi à toucher une petite dizaine de personnes environ. Et si ces dites personnes décident de venir la réveiller de cette manière, les prochains jours risquent d'être durs. Elle affiche un large sourire narquois à l'attention de son partenaire mais commence à s'inquiéter un peu. Elle n'est pas sûre d'avoir envie d'être jetée dans la piscine dès le réveil, encore moins qu'il décide de lui verser un pot de peinture sur la tête pour qu'ils soient quittes. « Tu avoir pu te faire pardon hier soir, si tu venir dans douche pour me frotter dos ou me laver cheveux. Mais tu déjà dormir comme une bébé quand je arriver ici. ». Elle se met à rire. « C'est pas de ma faute, le métier de snipeuse c'est fatiguant tu sais.. ». Pia la tireuse d'élite. Ou pas, si on en croyait les résultats du paintball. Mais ce n'est pas grave, elle aime bien se lancer des roses. Quoi qu'elle n'aurait pas été contre aller frotter le dos du blond-roux sous la douche, si elle avait encore eu la capacité de lever les bras après la partie, ce qui n'était pas le cas. Pour sa défense, elle avance que la couleur lui allait très bien. On aurait vraiment dit un roux, pour le coup. Le roi des roux, même. A cette idée son sourire s'étire d'avantage. « Mauvais réponse. Je devoir condamner, désolé ... ». Un instant l'inquiétude passe dans son regard, suspicieuse alors que son esprit s’emballe. Il ne va pas la balancer par la fenêtre, quand même ? Elle ne l'image pas faire du mal à qui que ce soit mais il ne faut pas oublier que c'est un garde du corps. Si ça se trouve il cache son jeu depuis le début mais c'est un serial killer et il a décidé de faire d'elle sa première victime. Et elle découvre que c'est effectivement le cas lorsqu'il se met à la chatouiller. Incapable de retenir ses éclats de rire, elle se met à se tortiller à la manière d'un vers, ou d'une chenille au choix, essayant désespérément d'échapper aux assauts de son agresseur. Elle a deux points faibles dans la vie Pia ; le caramel et les chatouilles. « Arrête ! Arrête, je t'en supplie ». Elle peine à articuler entre deux respirations. « J'te jure, je m'excuse, je ferai ce que tu veux mais arrête ça ! ». Les larmes lui viennent aux yeux. Le semblant de sérieux qui lui restait est passé par la fenêtre et sa fierté l'a suivi dans son plongeon au moment ou il a commencé à la torturer. Elle aurait sans doute fait une très mauvaise allié lors de la guerre, mais elle s'en fou. Si il continue elle va mourir de rire. Littéralement.