Il fit un signe de la main en passant dans le grand salon avant de sortir pour retrouver l'air chaud mais pas étouffant de l'extérieur. Aller à la piscine en trente secondes, juste en sortant de chez soi n'était pas un luxe dont il se passerait facilement une fois que son séjour dans l'émission serait arrivé à son terme. Le fait d'avoir des apollons à moitié nus autour de lui à toute heure du jour et de la nuit non plus cela dit. C'était quand même un peu la fête à la testostérone dans le nid, il était plutôt bien fait mais d'une façon squelettique, très grand, très mince, sec mais pas spécialement musclé, il détonnait un peu avec des gars comme Lou ou Andreja qui avaient des corps à faire pâlir bien des mannequins de sous-vêtements. Et Ghika en connaissait un rayon en matière de mannequins pour sous-vêtements, c'étaient ses pages préférés dans les magazines. Heureusement, Ghika n'avait pas réellement de complexe quant à son physique, il était content de ce qu'il avait, un corps pas trop mal fait et qui ne demandait pas d'entretien, il n'y aurait rien eu de pire pour lui que de devoir suer sang et eau pour avoir un corps d'éphèbe. Quoiqu'en y réfléchissant bien si ça voulait dire être entouré de garçons comme ceux qui peuplaient le nid d'amour pendant ses heures à la salle de gym, il devrait réévaluer la question. Du bout des orteils il toucha l'eau, estima qu'elle était assez chaude pour l'accueillir mais pas sans un petit plongeon. Depuis dimanche il voulait tester le plongeoir et n'avait pas encore eu l'occasion de le faire. Il y avait toujours du monde dans la piscine, or s'il se fichait qu'on le regardât tomber sur quelque et se blesser l'aurait profondément fait chier. Personne dans l'eau, non, personne. Il grimpa les marches du plongeoir deux à deux et regarda en bas. « Pfiou. » laissa-t-il échapper impressionné par la sensation de vertige léger qui venait de le prendre aux tripes. Deux mètres de hauteur en plus de son mère quatre-vingt et quelques, voilà qui faisait une jolie chute pour son cervelet. La prochaine chose qu'il sut c'était qu'il avait atteint la surface, le contact de l'eau lui tira un soupir qui entraîna l'échappée sauvage de dizaines de bulles d'air. Il reprit sa respiration une fois la tête hors de l'eau et nagea jusqu'au bord du bassin. Où il tomba nez à nez avec Elsa. Splendide fille à qui il n'avait pas encore eu vraiment l'occasion de parler. Oh ils s'étaient déjà présentés, comme avec tous les autres maintenant, sauf un ou deux sur qui il n'avait pas encore réussi à mettre le grappin. Elle était très belle certes, mais la voir au bord de la piscine alors qu'il n'y était pas préparé le fit sursauter. « Oh putain, tu m'as fait peur, j't'avais pas vue arriver ! » lança-t-il hilare -parce que lorsqu'il a peur Ghika se marre- en se hissant hors du bassin.

Habituellement, j'essaie de me rendre à la piscine au minimum une fois par semaine en compagnie de ma fille. Je sais que la natation est un sport important, une compétence qu'il vaut mieux acquérir le plus rapidement possible et c'est pour cette raison que je l'avais inscrite depuis son plus jeune âge à des cours de bébés-nageurs. Nous avions par la suite, garder ce passe-temps et décider de le partager ensemble, toutes les deux. Ces moments passés dans l'eau étaient pour moi des moments privilégiés entre une mère et sa fille, des moments de bonheur auxquels il me serait impossible de renoncer. C'est donc avec une pensée pour elle que je décide de me rendre à la piscine intérieur du nid de Cupidon. J'y vais seule et cela me plait déjà beaucoup moins ...Mais soit. Je me dis qu'avec un peu de chance, je tomberai sur quelqu'un ayant eu la même idée que moi. Quelqu'un qui lui aussi, aurait eu envie de profiter de la fraîcheur de l'eau. Ayant revêtu mon maillot de bain à l'avance et l'ayant recouvert à l'aide d'un short, je traverse le nid. Je sais exactement où je vais. Après deux jours passés dans le nid, je connais déjà les lieux comme ma poche puisque je m'y suis longuement promené, j'ai arpenté tous les couloirs, tous les lieux et j'ai assez bonne mémoire. Arrivant dans la pièce où l'humidité se fait ressentir, je constate que, comme je l'avais espérer, quelqu'un barbote déjà dans le bassin. Silencieuse, ne souhaitant pas le déranger dans l'activité qu'il pratique, je me rapproche du bord et attends, simplement. Je l'observe et essaie de retomber sur son prénom. Il s'agit du dernier candidat entré dans le jeu... ça, je m'en souviens. Par contre, j'étais occupé à chercher Errol au moment où il a été présenté et je suis incapable de lui coller une véritable identité. Dommage. Les minutes défilent ... Je ne saurai pas exactement définir depuis combien de temps je me situe là lorsqu'il remarque ma présence et que celle-ci le fait sursauter. Je souris un peu à cause de la réaction qu'il a, je ne me trouve quand même pas effrayante. Je n'ai pas le physique d'icare... lui, on aurait pu le qualifier d’effrayant. Mais pas moi. «Je pensais pas être capable de faire peur à quelqu'un un jour mais voilà ... C'est fait. » Et je fais un v à l'aide de mon index, comme pour faire un 'check' dans une liste imaginaire.  Me rapprochant de l'eau, je décide de m'asseoir sur le bord du bassin et de laisser mes jambes se glisser dans l'eau. Elle est tiède, je la préfère un peu plus chaude.  «Est-ce que tu pourrais me rappeler ton prénom ? J'ai comme un trou de mémoire.» Non, je ne me cherche pas des excuses, c'est la vérité. Pas toujours facile de retenir 32 prénoms du jour au lendemain et encore, je pense faire partie des candidates les moins lésées à ce niveau-là. Je suis certaine que beaucoup ont bien plus de mal à retenir ce genre de choses que moi.

Il vient de se hisser sur le rebord, à la force des bras parce qu'il a des bras forts mine de rien, bon y a aussi le fait que dans l'eau son corps paraît encore plus léger qu'il ne l'est d'origine. Elle s'est installée au bord de la piscine et il s'assoit encore mouillé à côté d'elle, pas assez près pour la mouiller mais assez pour qu'ils puissent discuter sans élever la voix. « Tu m'as pas fait peur ! Je plaisantais ! Tu m'as pris pour une mauviette ou quoi ? Non, non j'ai juste été surpris parce que généralement c'est un gros lourdeau qui est en face de moi quand je sors de l'eau, c'est un pervers à la piscine de la fac tu vois, et là... une fille sublime a pris ça place ! Ça fait un choc ! » Bon il devient bien avouer qu'il avait sursauté -mais c'était majoritairement de la surprise la peur avait un rôle totalement minime à jouer là dedans- mais pas devant une jeune femme. C'est quelque chose qu'un gentleman ne fait pas à la première rencontre. Elle lui demande son prénom. Evidemment, la malédiction du dernier arrivé a encore frappé. C'est pas très grave, au fond, heureusement qu'il n'a pas un ego trop imposant et susceptible. « Ghika, c'est pas tellement un trou de mémoire que j'suis rentré tellement tard sur le prime que j'ai pas eu trop le temps de faire le tour des présentations et qu'hier j'ai eu du pain sur la planche pour parler à un peu tout le monde. » lâche-t-il doucement avant de la questionner en retour, parce qu'il n'est plus à cent pour cent convaincu d'être dans le juste par rapport à l'identité de la jeune femme. « Elsa c'est ça ? » demande-t-il en se laissant glisser dans l'eau jusqu'aux aisselles, les bras sur le rebord afin d'avoir le corps immergé tout en continuant à parler.

Il parle. Il même beaucoup en fait. Il est assez rares de croiser des pipelettes de sexe masculin mais il semblerait bien qu'il y en ai un là. Juste à côté de moi. Je l'écoute attentivement, j'essaie de ne pas décrocher pour ne pas être perdue et pour savoir quoi lui répondre quand viendra mon tour de parler. Mes pieds caressent l'eau, l'eau ondule un peu. Il m'explique qu'habituellement c'est un gros lourd qui l'attend au bord de l'eau lorsqu'il est à la fac. A la fac... ça veut dire qu'il suit encore des cours, qu'il est encore à l'école. Je le pensais bien plus vieux que moi pourtant ... Plus tellement en âge d'aller en cours. «Tu es encore à la fac !? Mais t'as quel âge au fait ? Puis tu fais quoi comme études ? » Je l'imagine bien faire un truc d'intello... Après tout, faut bien qu'il soit intelligent pour améliorer l'image qu'il renvoie. Je le trouve beaucoup moins attirant que beaucoup d'hommes de ce nid, beaucoup moins séduisant alors je suppose qu'il lui fallait bien un cerveau efficace pour qu'il ne soit pas trop lésé. Cela n'a rien de méchant et y a sans doute des gens qui le trouvent à leurs goûts hein ... Il me rappelle poliment son prénom et je tente de l'inscrire définitivement dans mon esprit. Il tente même de me rassurer en m'expliquant qu'il est entrée dernier et que ma perte de mémoire doit certainement provenir de là. Oui, certainement. Lui par contre, il se souvient de mon prénom puisqu'il vient de le citer. Balançant ma tête doucement, je lui confirme les potentiels doutes qu'il peut avoir par rapport à mon identité. «C'est bien mon prénom oui. Plutôt mignon non ?  » Faut l'avouer, il est pas mal ce prénom. Mes parents ont fait un bon choix, même si cela leur a demandé beaucoup d'effort. «Et qu'est-ce qui t'amène à fake-lover Ghika ? raconte-moi tout. Raconte-moi comment tu t'es retrouvé enfermé ici alors que tes cahiers et tes feuilles de cours t'attendent patiemment. T'as pas peur de la rater, ton année ? »

C'est qu'elle était curieuse la minette, elle était à peine majeure, elle avait encore la fougue de la jeunesse qui poussait à poser des questions dont on ne voulait pas vraiment la réponse. Mais Ghika aimait bien parler, ceci est un euphémisme, et qu'elle s'interroge sur sa situation professionnelle ne lui posait aucun problème. Il trouvait ça presque amusant de voir que l'intérêt de la jeune fille était si facilement piqué. « Oui, oui je suis encore à la fac ! Je sais qu'on s'attend pas forcément à trouver des gens de vingt-six ans encore étudiants mais c'est bien mon cas. Je suis dans une situation un peu particulière, parce que j'ai quitté les États-Unis à vingt-et-un ans et que j'avais pas pu faire d'études là-bas, ça coûtait vachement cher et ma mère a préféré dépenser l'argent réservé à mes études à Princeton pour s'acheter un petit appartement à New-Orleans. » Peut-être qu'elle s'en foutrait, et après tout il se moquerait royalement que ça l'intéresse ou pas, elle avait demandé, elle avait sa réponse. Changement radical de sujet, voilà qu'elle lui demandait ce qu'il pensait de son prénom... Faut jamais trop demander son avis à Ghika, il avait une tendance assez dérangeante à dire exactement ce qu'il pensait, ni plus ni moins. Sans jamais être méchant, ou du moins pas intentionnellement, pour autant. Emmerder les gens n'était pas son seul moyen d'expression, contrairement à certaines personnes de cette maison. « Bah... tu sais la seule Elsa que j'ai connu avant toi, elle faisait le double de ton poids, la moitié de ta taille et c'était une mégère de cinquante ans, alors je suis pas sûr de pouvoir me prononcer... » Ghika n'en revenait pas, il avait à peine fini de répondre à une question qu'elle lui en balançait quatre cent nouvelles. Elsa avait la langue assez déliée, ce qui pouvait lui porter préjudice si elle ne faisait pas attention -dans le nid les gens avaient tendance à devenir irritables si les choses ne tournaient pas exactement comme ils le souhaitaient-. « Hum... laisse-moi réfléchir une seconde... Oui ! Voilà ! C'est bon, donc non je n'ai pas peur de rater mon année pour deux ou trois mois passés à Fake Lover, l'université d'Oxford a donné son accord et le patron du bar dans lequel je bosse pour subsister aussi. J'espère qu'en sortant j'aurais de quoi écrire un ou deux articles juridiques sur le droit à l'image, j'fais un master de droit privé. » lui confia-t-il, marquant une pause pour reprendre son souffle avant de reprendre. « Et si j'suis venu à Fake Lover c'est pour l'argent dans un premier temps, entre l'Université et le bar, j'me fais pas vraiment des couilles en or, un petit chèque avec quelques zéros serait le bienvenu. Puis je souffre d'une addiction à la télé-réalité, du coup je me suis dit « pourquoi ne pas tenter l'expérience avant d'avoir un vrai job qui ne te laissera pas la possibilité de t'absenter pendant deux mois ? » Et toi alors ? Tu fais quoi comme études ? Ou comme boulot, on entre de plus en plus tôt sur le marché du travail de nos jours ? » la questionna-t-il en retour. Histoire de voir ce qu'elle avait dans le ventre la brunette.