~ Percy

Tout est un jeu d'apparence. A mon allure on ne se dit pas, à première vue, que je puisse faire du sport ou tout du moins un véritable. On m'imagine courir dans les parcs le matin ou le soir, après le boulot pour décompresser. Mais au vu de mes études et de mon physique on ne s'attend pas à ce que je puisse faire plus de deux heures de sport par jour. J'ai eu droit à toutes les raisons du pourquoi je ne corresponds pas au type. ça m'amuse car j'arrive généralement à démonter tout leur raisonnement et cela en même pas cinq minutes. J'aime courir, oui. Mais j'aime aussi dépasser mes limites, faire de l'escalade, du vélo, de la natation, de la boxe. Mais c'est vrai j'ai un sport favori. Le tir à l'arc. Et même si cela ne fait que quelques jours, j'en ressens déjà le manque. C'est certainement l'espoir qui m'a fait me diriger dans le gymnase. Malheureusement pour moi le résultat n'est pas escompté. Je ne trouve pas d'objet ressemblant à des flèches ou correspondant à un arc. Ce qui peut me réconforter dans ce lieu que je trouve soudainement inutile? Peut-être le fil. Cela me rappelle de vieux souvenirs. Une certaine planche de bois. ça ne doit pas être si compliqué? Puis maintenant que j'y suis autant tentée. J'enlève alors mes baskets, mes socquettes, me retrouve donc pieds nus. Je me prépare à faire mes premiers pas lorsqu'une personne décide de faire son entrée. Pile à ce moment où je me sens prête. Jamais tranquille par ici. Je vais devoir m'y habituer. "Salut." dis-je en redescendant de mon piédestal. J'avance à sa hauteur. "Tu viens faire quoi ici?" dis-je d'un ton neutre, totalement détaché. Pas que ça m'intéresse forcément, mais bon vu que je ne suis plus toute seule autant faire la conversation. Puis nous sommes tout de même en milieu de semaine alors ce serait le comble si je n'essayais pas de faire un minimum de discussion.

Si Percy se sentait dans le milieu du sport comme un poisson dans l'eau, ça n'était pas parce qu'il en pratiquait, mais parce qu'il y tenait bon nombre de paris qui avaient contribué à sa richesse et fait de lui un jeune bookmaker dont la réussite écœurait autant ceux que les pronostics boudaient que la concurrence. Mais demandez-lui de courir un marathon et il décédera probablement à mi-chemin. Parce que Percy, c'était un cérébral. Un mec qui analyse, qui veut savoir, qui veut comprendre. Un mec à qui on ne peut pas mentir, mais qui passe son temps à le faire. En somme, un mec qui fonctionne mentalement, et qui n'a jamais vraiment ressenti le besoin de se muscler pour gagner en carrure ou pour tomber plus facilement les filles. L'anglais estimait qu'il y avait plus de mérite à user de ruse pour obtenir ce qu'on désire. Alors oui il n'était pas très grand, plutôt menu et ça n'était pas demain la veille qu'on lui trouverait des airs de Brad Pitt, mais il n'aurait jamais développé cette incroyable confiance en lui si son physique avait pris le pas sur son mental, et dieu sait qu'il serait passé à coté de quelque chose. Toujours est-il que c'est pourtant bel et bien dans un gymnase qu'il venait de foutre les pieds, et il constata bien vite que ça n'était pas les occupations qui risquaient de manquer là-dedans. Sauf que bon, le concernant, ça n'était pas tous les jours qu'il jouait les funambules, donc a priori ça ne lui serait pas d'une très grande utilité. Cela dit, il y avait bien une nana, à quelques mètres, qui semblait un peu plus susceptible de se laisser tenter. Elle l'accosta d'ailleurs, et il se rapprocha quelques peu. Grommelant vaguement comme pour lui retourner ses salutations, il l'observa descendre de là où elle était montée et la question qui lui fut bientôt destinée dessina sur ses lèvres une esquisse amusée. « C'est pas plutôt à moi de te poser la question ? » Ouais, c'était pas elle qui avait grimpé sur on ne sait trop quoi pour faire on ne sait trop quelle absurdité ? C'est que bon, généralement il adorait tout ramener à lui, mais en l’occurrence ici c'était ce qu'elle faisait elle qui l'intriguait. « Sérieusement, c'est pour les pitres tous ces trucs. » Oh il ne doutait pas qu'il y ait quelques amateurs de cirque dans le coin, mais prétendre que ça ne le dépassait pas un petit peu serait mentir, pour sûr.

Répondre à une question par une question. Vu et revu. Mais tellement pratiqué par l'humain. On dirait que lorsqu'ils se trouvent dans une situation barbante, gênante ou encore agaçante, l'homme décide de ne plus faire d'efforts et attends au contraire de son interlocuteur qu'il en fasse. C'est assez égoïste comme comportement, mais pourtant à ce moment-là, le spécimen pense en avoir tous les droits. Est-ce que j'insinue suite à cette petite étude que Percy, oui je me rappelle de son prénom d'un côté comment l'oublier? Là où je vis ce n'est pas très répandu. Donc que Percy est égoïste? Oh bah de ce que j'ai vu en ce début de semaine il ne risque pas de gagner le prix de la compassion. Est-ce pour ça que Lou l'a nominé? Peut-être. En fait j'en sais rien, ce genre de personnalité se révèle être intéressante dans ce genre d'émission, enfin c'est ce que dise les articles de journaux. Pour ma part, je n'en ai pas une grande opinion pour l'instant. "Non! Parce que j'étais ici la première et qu'en plus tu as bien vu mon semblant de test d'équilibriste." Oui, de toute façon tu as beau chercher bonhomme, j'ai toujours raison. Percy continue dans sa lancée en proclamant que ce truc, comme il le dit si bien, est destiné aux pitres. Je détourne mon regard vers le fil en question. "Tu penses? T'es un peu cartésien toi non? Parce que je trouve ta déduction un peu fermée." dis-je en retournant à mon activité. "Ce n'est pas parce que tu sais que tu n'as pas les capacités pour marcher et tenir sur ce fil que c'est destiné qu'aux spécialistes en la matière." Je pose un premier pas sur le fil, puis un second et commence à marcher. J'adapte une nouvelle respiration, plus posée. Lorsque je la tiens je lui dis d'une voix calme, douce et reposée: "Je sais pas toi, mais quand j'étais gamine j'avais ça à l'école. Des cours de gymnastique et cet exercice en faisait partie. ça t'apprends à tenir un certain équilibre, à bien respirer, tu t'auto-gères. C'est intéressant. Pas fabuleux, mais ça peut toujours servir." dis-je en repensant à mes parents. Oh oui. Il faut arrêter de penser et de croire que tout ce qu'on apprend à l'école ne va pas nous servir par la suite. "Alors tu vas me rejoindre ou tu as trop peur de te ridiculiser? Ou peut-être que c'est trop puéril pour toi?" Je n'aimais pas passer par quatre chemins. Je suis du genre à tout balancer, mettre les pieds dans le plat, plutôt que de laisser des mots en suspends. C'est fatiguant. Alors que là au moins on sait où l'on va, du moins lui.

Qu'est-ce qu'un mec comme Percy pouvait bien faire dans un gymnase ? Et bien, excellente question. C'est vrai que lui-même ne savait pas s'il était plus tenté par les trapèzes ou par le hula-hoop. Ou par un petit peu de contorsion, tiens. Non vraiment, elle faisait bien de s'interroger sur les raisons de sa venue, parce que la question avait de quoi se poser. A moins, bien sûr, qu'il ne soit entré dans le gymnase que par plus hasard. C'est que bon, l'exercice physique ça n'était pas son péché mignon, et on pouvait presque s'en douter en le voyant. Du coup, il était convaincu que les raisons qui avaient amené sa camarade à se pointer ici étaient hautement plus passionnantes que les siennes, c'est pourquoi il préféra lui retourner la question. « Très juste, et vu que pour ma part c'est pas ce qui risquait de m'attirer ici, considère que t'as déjà la moitié de ta réponse » laissa-t-il entendre en haussant les sourcils, suite à son allusion à son test d'équilibriste. Non, le moins que l'on puisse dire, c'est que lui il n'était pas entré dans le gymnase pour s'adonner à ce genre de trucs. Toujours est-il que oui, pour lui, tous ces trucs de cirque étaient réservés aux pitres. Et lorsque sa camarade le soupçonna d'avoir l'esprit fermé, il se contenta d'acquiescer, l'air de dire que c'était peut être vrai, ouais, mais pas dramatique à ses yeux. La suite le fit toutefois sourire légèrement. « Et ça va peut être t'étonner, mais j'ai toujours très bien vécu en me passant de ce genre d'aptitudes » qu'il avoua, presque désolé de n'être effectivement pas capable de tenir en équilibre sur un fil tendu. Ça aurait pu être l'un des drames de sa vie, mais ... non, en fait. « C'est le concept qui m'échappe un peu, pour ne rien te cacher. » Lui, s'il avait envie d'avoir l'air un peu con, il préférerait a priori éviter de se mettre en danger. Maintenant, grand bien fasse à ceux qui trouvaient une certaine distraction dans ce genre de numéros. Finalement, sa camarade lui parla des cours de gymnastique qu'elle avait eu à l'école, ce qui eut le mérite de lui apprendre certaines choses. « On a pas du avoir le même genre de scolarité. » C'est que lui, il avait fait pas mal de conneries jusqu'à l'âge de quatorze ans, et après ça son père l'avait foutu dans un pensionnat pendant quatre ans, à près d'un millier de kilomètres. Autant dire que là-bas, la gymnastique n'avait pas franchement été au programme. « Cela dit, je serais vraiment curieux de savoir en quoi tu estimes que ce genre de trucs peuvent servir. » Il n'était pas agressif, il se posait vraiment la question. Parce qu'à moins d'avoir une façon très particulière d'étendre son linge ... Elle lui demanda alors s'il prévoyait ou non de la rejoindre. C'est fou, il pensait avoir montré que ça n'était pas du tout dans ses projets, mais non, elle avait l'air d'envisager l'idée. « Je vais effectivement décliner ta proposition, pour toutes les raisons évoquées en fait. » Puisqu'il savait qu'il aurait l'air d'un abruti et que c'était en effet un peu trop absurde à son goût, ouais. « Mais je peux participer à ma manière, en allant chercher un sécateur histoire de corser l'exercice, si tu veux. Parce que ça, c'est complètement dans mes capacités en revanche. » C'est vrai que pour ce genre de trucs, il savait bizarrement toujours se débrouiller.

Il est malin. En tout cas c'est ce qui en dégage. Il m'a l'air aussi très sûr de lui. Un adversaire à ma taille? Pourquoi pas. En tout cas il ne se laisse pas faire et je pense qu'il a son caractère. Ce qui peut se révéler intéressant pour notre échange. "Je dois donc, par la suite, me contenter de suppositions. Mais au vu de ta réaction cela n'a pas l'air de te déranger plus que ça!" dis-je en l'analysant. C'est l'une de mes caractéristiques. Je ne peux m'arrêter. J'ai ce besoin constant d'observer l'autre. Cette curiosité de découvrir ses failles. Ce qui est fascinant chez l'être humain, c'est qu'ils ont beau se ressembler. Leurs faiblesses sont uniques et leur sont propres. On ne peut le leur enlever. Cette unicité reste quoi qu'il arrive. "Oh cela ne m'étonne pas. Tu n'es pas le seul à vivre avec cette pensée. La majorité des gens pensent ça. Le concept t'échappes? Parce que tu n'en as jamais ressenti le besoin ou le plaisir. Lorsque tu montes sur ce fil, tu te met face à une vérité. Tu marches ou tu tombes. Il n'y a pas d'autres échappatoires." Je ne soutiens pas la cause du cirque ou du fil tendu. On pourrait le croire au vu de mes dires. Mais je fais pas partie de leur comité. C'est juste que cela m'a plus aidé que je n'aurais pu le penser lorsque je m'entraînais dans mon plus jeune âge. Il m'annonce qu'on a pas eu la même scolarité.Le contraire m'aurait étonné. J'esquisse un petit sourire et lui dit: "Oh. La tienne était comment?" dis-je avant qu'il reprenne la parole. Sa question est intéressante et effrayante. Bien qu'il ne doit pas le savoir, mais pour une fois, cette question me touche personnellement, cette question me pousse à parler véritablement de moi et de mes ressentis. Chose que je n'ai pas eu l'occasion d'évoquer en cette semaine de jeu. Je laisse un certain temps avant de répondre. Lui proposes même de me rejoindre. Il se désiste, mais me propose de corser l'exercice. "Pourquoi pas! Bien que je doute que tu trouve un sécateur ici, l'idée de rendre l'exercice plus difficile m'intéresse." Oui j'aime dépasser mes limites. Voir jusqu'où je peux aller. Après avoir fait une première traversée, je décide de faire le retour. Lui laissant le temps de trouver un objet ou une idée farfelue. Arrivée au milieu du fil je lui dis. "Lorsque j'étais petite, vers mes sept-huit ans mon père m'a amené avec lui pour l'une de ses fouilles. A un moment donné, on a voulu traverser un fossé. Le pont était totalement détruit. Du coup mon père à l'aide de sa corde à réussi à la tendre, la fixer de l'autre côté. On ne devait plus que traverser, comme des équilibristes. Dans ce genre de situation ça sert." dis-je bien que je sais parfaitement que dans une vie quotidienne on ne risque pas de le vivre. Alors j'utilise un autre argument. Un plus banal et normal. "On oublie souvent que c'est tout de même un sport. Chaque sport à sa raison d'être. La sienne à celui-ci,c'est qu'il arrive dans une certaine circonstance, à t'apprendre à te faire confiance. Tu ne peux que compter sur toi dans cette situation. Il t'apprends aussi à gérer ton stress. Bien que j'avoue que pour ce dernier point, le yoga est tout de même plus conseillé." dis-je non sans humour. Oui bah je suis pas non plus une fervente de ce sport. S'il m'avait vu faire du tir à l'arc, là oui j'aurais pu en parler et en faire des éloges pendant des heures. "Tu pratiques quels sport? Si tu en pratiques?" dis-je non sans douter au vu de son physique. En clair il ne ressemble pas à Rambo, mais peut-être qu'il cache des abdos en dessous ses vêtements.