Premier réveil ici et s’il y a bien une chose qui me surprend c’est le silence. Je pensais qu’il y aurait bien plus de remue-ménage à cette heure avancée de la matinée. La majorité des candidats dorment encore, ils ont l’air paisible, apaisés. J’ai l’âme d’un grand enfant parfois et je m’amuse à discerner les traits de certains de mes colocataires de chambre, certains auraient presque un petit filet de bave au coin des lèvres, c’est sexy n’est-ce pas ? J’enrage et je préfère quitter la pièce avant de me faire pourrir par une armée de zombies affamés par la colère après avoir été réveillés bien trop brutalement. Avant mon départ j’attrape juste mon pantalon de jogging que j’enfile par-dessus mon boxer histoire de ne pas avoir l’air d’un gigolo en débarquant dans la cuisine. J’ai encore les yeux gonflés par le sommeil et il me faut un petit moment pour parvenir à ouvrir les yeux après avoir affronté la lumière du jour qui traverse déjà la fenêtre des couloirs de la maison. Une candidate se trouve déjà dans la cuisine mais je ne fais pas attention à elle, je me frotte le ventre, dénudé, en l’entendant grommeler, signe que j’ai un petit creux, et je fonce sur le frigo que j’ouvre sans trop faire attention à ce qui m’entoure. « Est-ce qu'il y a du lait entier dans le frigo? » Je relève la tête, fixant l’un des rayons du frigo, cette voix me crispe, je ne sais pas pourquoi mais à chaque fois que je l’entends j’ai des frissons. Un souvenir du passé ? Peut-être un cauchemar, la pauvre, nous ne nous connaissons pas depuis deux minutes et déjà je la cantonne à un monstre qui me hanterait. Ce n’est pas le plus beau rôle auquel elle pourrait prétendre, loin de là. « Le lait s'il te plaît. » Je secoue légèrement la tête de droite à gauche pour me réveiller et j’attrape l’une des bouteilles de lait sur le côté du frigo pour la lui tendre. « Tiens, j’ai deux de tension le matin, toutes mes excuses. » J’en profite pour me sortir la bouteille de jus d’orange que je dépose sur le plan de travail. « Tu t’appelles comment ? » Où sont les verres ? En voilà une bonne question à laquelle je vais devoir répondre très rapidement si je compte boire ce jus d’orange.

Je ne suis pas une personne que l’on aime côtoyer au réveil et ça ne me dérange pas du tout. A vrai dire j’aime la tranquillité, lorsqu’on me saute dessus dès que j’ouvre les yeux je passe ma journée à avoir une humeur de merde. Certains n’ont pas encore entièrement quitté le monde du sommeil qu’ils sont déjà à fond mais ce n’est pas mon cas, je n’ai jamais été du matin et une bonne vingtaine de minutes me sont nécessaires pour bien me réveiller et affronter la journée du bon pied. Ce matin je tente cependant d’être positif, les candidats ont tendance à me bondir dessus au saut du lit depuis le début du jeu je vais donc faire en sorte de m’y habituer. Après avoir donné le lait à la jeune femme qui semble d’aussi piètre humeur que moi au petit matin je me dis qu’il est temps de faire un effort, je lui demande donc quel est son prénom, une manière d’entrer dans le vif du sujet en se présentant. « Ana. » J’acquiesce simplement en me sortant ma bouteille de jus d’orange, nos regards se croisent un long instant, comme si nous attendions tous deux que l’autre baisse les yeux en premier. « Et toi ? » Je cligne des yeux et porte mon attention sur les placards proches du frigo, les verres doivent être par-là. « Jaheim ! » Je glisse l’une de mes mains dans ma chevelure, me servant de la deuxième pour ouvrir un placard, les verres ne sont pas là. «Tu vas prendre un verre ou le boire à la bouteille ? » Elle tend la main vers moi, je baisse la tête pour l’observer sans trop savoir quoi faire de mes propres mains. « Je suis à la recherche des verres, je n’ai aucune idée d’où ils sont rangés ! »