Le nid a un musée, how cool is that ? Le musée, en plus d'être une pièce fascinante par son aspect culturel, possède un véritable attrait pour le jeu. La possibilité des indices sans rien faire d'autre qu'acte de présence est un bonus non négligeable. Ghika doit bien l'admettre, il est quand même un peu décontenancé de voir autant de représentations de Cupidon en une seule pièce, il aime le petit angelot n'en doutez pas, mais tout de même, l'art s'étend à autre chose qu'à l'amour magique distillé par le maître des lieux.  La curiosité est un vilain défaut, paraît-il, c'est elle qui l'a traîné ici et c'est qui le pousse à venir souvent, juste pour un passage devant la vitrine vide, au cas où un indice se manifesterait quand il rôde dans le coin. Mais aujourd'hui, Ghika n'est pas seul dans la pièce, il a trouvé la porte mal fermée, ce qui est un signe de l'intrusion dans son repère. Bah... il ne lui reste plus qu'à surprendre l'intrus et le faire déguerpir avant qu'un indice ne leur apparaisse à tous les deux. Faut pas déconner non plus, il ne va pas partager avec n'importe quel opportuniste venu ! Quand il s'approche de l'endroit où la vitrine vide trône, il découvre une silhouette bien familière. A pas de velours il s'approche, comme la panthère sur sa proie, sans bruit, sans même respirer, pour ne pas troubler l'intense concentration de celle qu'il veut surprendre. « Ah ouais... c'est comme ça que tu occupes ton temps... j'aurais dû m'en douter, t'as étudié l'art après tout ! » susurre-t-il à l'oreille de Paloma avant de se mettre à rire. Paloma est vraiment trop cool, c'est bien l'une des seules qu'il est content de voir à n'importe quel moment de la journée, sauf peut-être la nuit quand elle menace de lui faire bouffer un chihuahua, mais ça c'est une autre histoire.

Le commentaire de Paloma le laisse un peu pantois. Il y a bien quelques peintures et sculptures qu'il trouve, sinon jolies, au moins artistiques. Mais c'est vrai que la vitrine devant eux, qui attire le plus d'attention dans le nid, pas parce que c'est une œuvre d'art, mais parce qu'elle peut apporter des indices. Ghika est un peu cynique parfois mais c'est aussi pour ça que les gens l'aiment, ou le détestent c'est un trait de sa personnalité qui divise. « Je ne suis pas un grand connaisseur, mais c'est tout un art de réussir à attirer des gens dans un musée. Surtout quand tu vois le niveau de sensibilité artistique qu'ont certains candidats... » ironise-t-il avec tout le sérieux du monde. Il doit le dire, il n'est pas très impressionné par certains esprits dans le nid. Mais ça... c'est uniquement parce qu'il a tendance à poser sur le monde un œil critique et aiguisé. On sent en Paloma l'âme d'une artiste, mais surtout d'une femme aux goûts sûrs et avec des connaissances. C'est le genre de caractéristiques qui attirent Ghika, parce qu'il voit dans l'âme humaine comme une voyante dans les feuilles de thé. Quoique cette comparaison soit totalement hors de propos puisque ce serait le faire entrer en compétition avec une femme aux pouvoirs magiques alors qu'il est la personne la plus rationnelle qui soit. « Je dessine un peu comme un gosse de quatre ans qui souffrirait de Parkinson, alors pour moi même un cadre blanc autour d'une toile noire c'est digne d'être de l'art. Mais tu es une experte alors je vais considérer que ta parole fait autorité en la matière. » ajoute-t-il sans plus de cérémonial. Quand Paloma lui demande s'il n'est pas trop attristé, il comprend bien sûr de quoi il est question. Clémentine. Ce genre d'attention ne l'étonne pas venant d'elle, il la considérerait presque déjà comme une amie, ce qui peut paraître insensé puisqu'il ne la connaît finalement que depuis dix jours. Alors il passe son bras autour de ses épaules, il a bien compris que ce n'était pas exactement le genre de contact dont raffole la brune, mais c'est une des rares manières dont il sait exprimer son affection. « Pas triste... un peu blasé peut-être. Je comprends pas ce que le public a vu dans les trois autres qu'il n'a pas vu chez elle. Mais bon, je suis pas omniscient, c'est l'un des rares désavantages de ne pas être spectateur. J'ai l'impression que c'est mon échec aussi. Mais bon, j'ai la chance d'être encore là, d'avoir un nouveau partenaire. L'aventure continue. » explique-t-il avant de relâcher sa douce prise sur la nuque de Paloma. Parce qu'il n'a pas envie qu'on s'éternise sur ses états d'âmes, qui n'auront de toute façon aucun poids sur ce qui s'est produit la veille, il préfère changer de sujet. « Isaac qui est tiré de prison grâce à un mugshot... On peut dire qu'un cliché de prison t'a rendu riche. Il y a une justice au fond. » rigole-t-il doucement, le regard perdu sur les objets à l'effigie de Cupidon dans la pièce.

Elle marque un point, elle a un don pour ça il faut croire. Mais Ghika n'est pas entièrement convaincu, non il doit bien l'admettre quelque chose le turlupine dans l'explication de la jolie brune. Evidemment, c'est une explication tout à fait intelligible et rationnelle, mais il ne peut tout simplement pas voir certains d'entre eux venir dans le musée ou la bibliothèque. Certains sont vraiment trop déconneurs pour perdre leur temps à errer entre les étagères de bouquins ou à observer les œuvres d'art de Cupidon. Prenez Eryk par exemple, qui est au demeurant un mec que Ghika apprécie pour son humour. Il n'est vraiment pas le genre de gars qu'il verrait passer une heure à lire ou à contempler passivement les pièces de la collection privée de l'Ange de l'Amour. « Je sais pas, je pense qu'il y a quand même des allergiques à la littérature et à l'art dans le lot. Ils se risqueront pas à se faire attaquer par une statuette de Cupidon ou un livre de Joyce. » explique-t-il sans vraiment accorder d'importance à ces mots. Il s'en fiche un peu de savoir si le musée est là pour satisfaire les désirs culturels de certains, pour tester leurs capacités à garder le silence ou quoique ce soit. « Toujours hein ? J'attends de voir ça avec impatience ! » plaisante un Ghika assez souriant en la compagnie de Paloma. C'était il y a déjà plus ou moins trente-six heures. La période de deuil de sa partenaire est bien entamée, il peut sourire et s'amuser sans que ce soit socialement réprimandé. La partenaire de Jaheim se montre bien philosophe aujourd'hui, ce n'est pas une qualité que lui reprochera Ghika, ça lui fait du bien de discuter avec elle. Il arrivera à mettre le doigt dessus un jour, sur ce truc chez Paloma qui le fait se sentir presque à la maison. « Je sais bien, c'est juste... bête. » répond-il à la déclaration de sa camarade sur l'aspect injuste du jeu. Il regrette que Clémentine soit partie, évidemment, mais d'un autre côté c'est la règle et il l'a acceptée. Il sait bien que ce n'est pas après sept jours d'aventures que le public peut véritablement soutenir les gens. Tout ce qu'ils ont vu d'eux ce sont leurs premiers pas. Bien sûr des personnalités se détachent déjà du lot, au premier prime Paloma, Adnan et Andreja ont fini en première position. Ce que Ghika a réussi à comprendre, Paloma est géniale, belle et intelligente, elle a tout pour elle, même le passé tumultueux. Adnan a été la bonniche des autres candidats ce qui l'a rendu sympathique et qui a forcément fait augmenter sa côte à mesure que certains abusaient du rôle qui lui avait été assigné. Quant à Andreja, un physique redoutable, un accent attachant et un charisme indéniable. Voilà pourquoi ils avaient atteint les sommets. Quant à lui, bon cinquième il avait dû faire rire les gens avec son débit ininterrompu de paroles qui semblait parfois désordonné. « Faut espérer qu'on restera assez longtemps pour montrer de quoi on est fait. Mais je me fais pas trop de soucis pour toi. La première étape pour ne pas se faire sortir, c'est de ne pas être nominé. Et je vois pas qui voudrait te mettre sur le banc de touche, ou se retrouver face à toi dans les nominations. » confesse-t-il très sérieux. Il n'y a aucune raison pour Paloma de s'inquiéter elle est en ce moment dans une position enviable. A la fois tête à abattre et personne la plus redoutée de la maison. Personne ne voudrait la mettre en danger car son retour serait quasiment assuré. Question de logique. Il est un peu décontenancé par l'interrogation de sa petite favorite. Elle est directe, il l'a compris le premier jour, mais il ne s'attendait pas à ça pour autant. « C'est un peu prématuré pour émettre un jugement sérieux sur le sujet... » la rabroue-t-il alors que sa main échappe à la caresse de celle de Paloma comme de la fumée. Avant de venir lui donner une légère claque sur l'épaule avec deux doigts et de sourire. « Mais je crois que oui. Un peu. » admet-il légèrement gêné, il en rougit presque. Parler de ses émotions passe encore, de sentiments c'est beaucoup moins acceptable. Il s'était promis qu'il tenterait de ne pas devenir un de ces idiots qui parce qu'ils sont en couple -fictif- avec une personne commencent à s'attacher à elle plus que de raison. On dirait que sa raison est en train de le laisser tomber et ce n'est pas bon signe. Il se contente de sourire quand Paloma critique les Américains. C'est en partie parce que ce pays est indécent de stupidité qu'il l'a quitté, ça et parce qu'il devait fuir sa mère. « Les nanas américaines sont bizarres tu veux dire ? C'est pas comme si j'avais personnellement milité pour sauver quelqu'un de la prison alors qu'il ou elle est coupable. » la corrige-t-il gentiment. Après tout il va pas porter le blâme pour une hérésie commise par le poids de l'opinion publique sur une administration juridique trop faiblarde. Ghika ne voit pas Paloma, il la regarde, il l'observe, comme il le fait avec les autres, il l'analyse. Mais avec elle c'est plus... intense, parce qu'elle lui plaît vraiment, c'est exactement le genre de fille avec qui il accroche tout de suite. C'est d'ailleurs ce qu'il s'est passé, dès les castings. Elle l'attire, platoniquement parlant bien évidemment. Mais c'est cette attraction qui le rend curieux et qui le pousse à mieux la comprendre. « Tu sais... t'as le droit de craquer pour lui, même si au premier abord il a pas l'air d'être un saint. » lui murmure-t-il tendrement. Ce n'est pas comme si elle avait besoin de l'approbation des gens, il le voit bien. Mais parfois que quelqu'un qui vous veut du bien dise les choses à haute voix peut soulager d'un poids. Bien évidemment il parle d'Isaac. Entre ces deux-là il y a quelque chose, c'est évident, mais Ghika ne sait pas où Paloma en est de son introspection, de son acceptation de ce que lui peut voir. Alors autant poser les jalons qui permettront à Paloma de se confier si, d'aventure, l'envie lui prenait.