Etre sportive ne veut pas dire que je sois tout le temps avec une envie folle de monter les escaliers ou encore de marcher durant des heures et des heures. Je suis aussi une grosse flemmarde par moment. Très souvent même. Dans la vie de tous les jours je passe mon temps à prendre les ascenseurs, à éviter tous les déplacements inutiles et surtout je tente d’en faire le moins possible. Enfin ça dépends des fois, mais en gros c’est ça. Bref, tout ça pour dire que je passe devant l’ascenseur et que je n’hésite pas une seule seconde à appuyer sur le bouton pour le faire s’arrêter juste devant moi. Les portes s’ouvrent et je tombe nez à nez avec Ana, la demoiselle qui a fait un scandale lors du prime quand Jaheim a enlevé son tee-shirt pour se retrouver torse nu. Je lui adresse un sourire et monte à bord en prenant soin de me mettre le plus loin possible d’elle. On ne sait jamais si cette tigresse me saute dessus pour me crever les yeux juste parce que j’étais avec Jaheim quand il a enlevé son haut. Je ne veux pas prendre de risque inutile. "Excuse-moi pour dimanche dernier. Tu n'avais pas à subir mon... je ne sais pas comment le définir." Tiens donc, elle sait parler calmement. Je relève la tête et lui adresse un sourire à la fois gêné et forcé. « Ce n’est rien. » Pourtant, il y a quand même quelque chose qui me taraude. Pourquoi ? Beh oui, Jaheim fait bien ce qu’il veut non ? Allez savoir pourquoi mais je viens stopper l’ascenseur en donnant un petit coup de poing sur le bouton stop. Tout s’éteint. Parfait. « Pourquoi t’as réagis aussi excessivement ? » que je demande d’une voix douce et posée en l’observant avec insistance. « Il y a un truc entre toi et lui ? » L’heure de l’interrogatoire a sonné ma p’tite et tant que je n’aurais pas ce que je veux, hors de question de sortir d’ici.

Ce que je pense de l’histoire du prime entre Ana et Jaheim ? Pas grand-chose. Pourtant quelque chose me perturbe dans toute cette histoire. Quelque chose dont je ne me serais même aperçu si la demoiselle n’était pas venue m’en reparler en croisant mon chemin aujourd’hui. Je ne la connais pas et je ne connais pas non plus Jaheim. Je veux simplement essayer de comprendre ce qui a bien pu se passer entre les deux jeunes gens ce soir-là. C’est mon côté mère Teresa qui ressort. Il n’y a pas de quoi en faire tout un scandale. "Tu viens vraiment de bloquer l'ascenseur pour me poser cette question?" Non je bloque l’ascenseur par pur plaisir et juste pour voir si elle est claustrophobe la p’tite. En tout cas je n’ai même pas le temps de répondre quoi que ce soit qu’elle reprend son discours. "Que je résume factuelle-ment la situation avant de répondre à tes questions. L'ascenseur se trouvant actuellement dans le vide, l'ayant stoppé, tu risques nos vies pour ça! Alors certes je suis d'accord à l'idée que nous avons quatre-vingt-dix-neuf pour cent de chance de survivre.. mais il reste tout de même ce un pour cent de hasard." Je grimace. A-t-elle vraiment besoin de prendre ce ton là pour me parler ? Je n’ai rien fait de mal, je lui pose juste une question. De plus répondre par une autre question est un moyen connu pour détourner l’attention et au final ne pas donner de réponse. A-t-elle quelque chose à cacher ? "Ne voulant pas tenter le diable je vais répondre à tes questions." Voilà, on y arrive. "Pourquoi ai-je réagi de la sorte.... Parce qu'il m'a mal parlé. Que je n'ai pas trouvé son geste délicat ni respectueux... Mais franchement je crois l'avoir déjà dit lors du dernier prime. Je ne vois pas pourquoi en reparler, sauf avec la personne concernée." Oh, très bien. Je l’observe un instant, hausse les épaules et m’appuie, à mon tour, contre la paroi de l’ascenseur, juste en face d’elle. « Tu me sembles être le genre de nana qui s’emporte un peu vite et qui serait capable de fuir le plus vite possible pour ne pas répondre à un sujet qui te dérange plus ou moins, c’est juste pour ça que j’ai bloqué l’ascenseur. Pas besoin d’en faire tout un drame. Tu ne vas pas mourir, la production aurait trop peur d’avoir la justice au cul pour te laisser crever ici. » Ma voix est calme, posé. Je lui adresse même un petit sourire. « Et me trouvant aux côtés de Jaheim lors du prime je pense que je suis sans le vouloir concerné par votre altercation. Je n’ai strictement rien demandé à personne et je me suis retrouvé avec deux jeune gens se crêpant le chignon, pour au final pas grand-chose, juste à côté de moi. » Je n’ai pas voulu l’offenser en lui demande cela. Je voulais juste en savoir un petit peu plus sur la nature de leurs désaccord. Et je veux toujours en savoir plus d’ailleurs. « Parce que si j’ai bien suivi l’histoire c’est juste pour une histoire de torse nu que vous avez commencé à vous disputer. » Je prends soin d’encadrer le verbe « disputer » de guillemets que je forme avec mes doigts. Non franchement leur querelle était tout de même enfantine quand on y repense.