Santiago

Cette deuxième semaine passait à une vitesse... déconcertante. J'avais l'impression de ne rien foutre de mes journées, littéralement. J'espérais que ça n'était pas le cas, tout de même, même si je ne pensais pas non plus me reposer sur mes lauriers. C'était juste le temps qui s'écoulait trop vite - on ne pouvait luter contre lui et ses effets. J'avais déjà tenté pourtant, mais n'y étais aucunement parvenu. Nous étions déjà vendredi et j'avais rejoins la cuisine dans l'idée de petit-déjeuner. Oui, rien de bien excitant ni de bien fascinant, je sais. C'était comme une routine pour moi ; un p'tit café pour m'assurer de passer une bonne journée, toujours aux alentours de dix heures du matin. Avant cela, je peinais à ouvrir un œil. Je privilégiais pas moins de six heures de sommeil pour rester en forme. En entrant dans la pièce, je tombai sur ce type qui n'avait pas hésité à dégueuler sur le plateau, dimanche. Ah celui-là alors, il faisait presque autant parler de lui que je faisais parler de moi. Nous n'étions pas en très bons termes, je ne vais pas vous le cacher, mais malgré tout j'étais encore disposé à lui donner une chance de se rattraper. Car c'était lui qui était en tord, dans cette affaire, bien sur. Comme habituellement, c'était toujours de la faute des autres et jamais de la mienne. J'avançai vers les placards d'où je sortis un bol puis me saisis de la carafe de café, avant de ne le remplir. « Encore barbouillé ? » lui demandais-je, tout en lui lançant un regard des plus froids. Mon visage, lui, se voulait inexpressif. Bon alors, il avait toujours envie de gerber ? Tant de temps après, quant tête, j'espérais bien que non. À moins que je ne lui donne envie de gerber, à mon tour. Tant qu'il ne me vomissait pas dessus, je n'avais rien à redire.

Qu’ais-je fais pour que mériter cela ?! Deuxième fois de la semaine qu’on écourte mon sommeil. Raaah. Même pas le temps de voir qui est le responsable. On est nombreux à loger dans la même pièce en même temps. Quoi qu’il en soit, je ne parviens pas à me rendormir. Je me lève alors et pars directement en cuisine tout juste vêtu d’un slip et d’un Marcel à moitié déchiré. Si j’ai l’air d’avoir fait l’amour à quelqu’un torridement la nuit dernière, il n’en est rien. J’ai tout simplement eu trop chaud pour garder mon pantalon de nuit. Bref. Je m’assoie sur un tabouret pour émerger pendant quelques minutes. Puis là, horreur, Andreas apparait dans mon champ de vision. « Ça allait mieux jusqu’à ce que je vois ta tête. » Manière détournée pour rembarrer le candidat et lui dire qu’il est moche. Je ne le trouve en réalité pas si affreux que ça. Mais pas question de l’avouer. Je ne suis pas du genre à vouloir flatter les égos démesurés. Au contraire. Je l’ai déjà prouvé sur le blog du jeune homme en évoquant la casse du miroir et les sept ans de malheurs. « C’est marrant, j’ai l’impression que tu passes ta vie en cuisine. Pas étonnant que t’ais quelques kilos en trop. » Et j’en rajoute une couche sur le physique du jeune homme. En même temps, c’était trop tentant. Entre la vidéo que j’ai trouvé du candidat se goinfrant de nourriture tel un porc et ma rencontre avec lui aujourd’hui, j’ai comme l’impression que le lieu favori de l’Allemand se trouve être la cuisine. « Alors Andreas, tu fais quoi dans un jeu tel que Fake Lover ? Tu cherches du sexe, l’amour avec un grand A, de la notoriété ou du cash ? » Il peut très bien cumuler plusieurs de ces options. C’est le cas pour moi en tout cas. J’en cumule trois. Enfin plutôt deux, j’ai pas besoin d’argent.

J'étais déjà assuré de ne pas pouvoir déjeuner tranquillement, en témoigne ce petit merdeux présent dans la cuisine ce matin tandis que je m'y rendais dans l'idée de prendre un bon bol de café pour me remettre les idées en place après une nuit un peu courte. Et sa tenue... non mais sa tenue, franchement !! C'était des façons de se fringuer, de se montrer aux yeux de tous ? Mes pauvres yeux allaient encore douiller ce matin, ça je peux vous le dire. J'avais par ailleurs cherché à savoir si Santiago était toujours barbouillé, depuis le prime dernier durant lequel il avait tout simplement gerbé sur le plateau. « Ça allait mieux jusqu’à ce que je vois ta tête. » Il avait véritablement un problème avec mon physique - cherchez pas plus loin, il me jalousait. Bah oui, là était le problème : j'étais beau à en mourir et il ne le supportait pas. Remarquez, à côté du mien son physique laissait clairement à désirer... « T'es vraiment... consternant. » Comment vouliez-vous parler avec quelqu'un qui, lorsque vous lui demandiez comme il se portait, vous balançait des horreurs en pleine gueule ? Et d'un coup, il devint bien bavard. « C’est marrant, j’ai l’impression que tu passes ta vie en cuisine. Pas étonnant que t’ais quelques kilos en trop. » Moi ? Des kilos en trop ? On rigole, on rigole, en attendant j'avais quand même l'impression de passer un peu plus de temps dans la salle de sport que lui. « Y'a ceux qui passent leur vie en cuisine, et y'a ceux qui passent leur vie à baiser. Chacun son truc, hein. » Petite référence à sa partie de jambes en l'air avec l'un des deux frères, la semaine passée. Eh oui, tout le monde avait été mis au courant durant le prime. Mais moi... j'avais vu les images bien avant cela. « Il faut que j'me foute à poil pour te prouver que je n'ai pas un pet de gras ? » Il se plaisait à me surnommer "la baleine", il me semble, et je trouvais ça effarant quand on voyait ce à quoi je ressemblais. L'hôpital qui se fout de la charité, quoi. « Alors Andreas, tu fais quoi dans un jeu tel que Fake Lover ? Tu cherches du sexe, l’amour avec un grand A, de la notoriété ou du cash ? » Ah ça l'intéressait, réellement ? Et bien, j'étais encore apte à lui répondre. « Tu vires l'amour et tu gardes tout l'reste : je n'jure que pour le fric et la baise. La célébrité... pourquoi pas. Mais l'amour, ah ça, c'est carrément pas fait pour moi. » Je pense qu'il aurait été bien stupide de lui retourner la question. Je me doutais quelque peu de la réponse qu'il aurait pu me donner. « Franchement... t'as pas froid comme ça ? » Il était quand même en slip, j'sais pas, moi je n'aurais pas pu me trimballer jusqu'à la cuisine comme tel. Après, libre à lui d'être exhibitionniste bien que ça n'était pas forcément très plaisant pour les yeux.

Quoi de pire que de se faire réveiller par des abrutis et de devoir déjeuner en compagnie du crétin de service alias Andreas ?! Aaaah. J’aurai limite préféré faire un cauchemar. « Mieux vaut être consternant que con simplement. » Jeu de mot un peu pourri je l’avoue. Néanmoins, je reste tout à fait sérieux quant à mes propos. Si j’ai l’air de traiter le jeune homme d’un mot grossier, il n’en est rien. Ou peut-être que si. Personne ne pourra jamais le savoir. Ah ah. Histoire de continuer sur ma lancée, je fais remarquer à l’allemand son omniprésence dans la cuisine et ses kilos en trop. Il semble surpris. J’ai surement touché la corde sensible. S’il se la ramène sans arrêt avec son physique soit disant parfait c’est peut-être justement pour se rassurer de toutes ses imperfections. En tout cas, sa remarque ne me fait ni chaud ni froid. « Chacun son truc. » Je préfère être beau et baiser qui je veux plutôt que de baiser personne et me morfondre en cuisine. Il n’y a vraiment pas photo. Andreas et moi n'avons pas les mêmes valeurs. Puis v’là que le jeune homme se propose de se dénuder pour me prouver qu’il n’est pas gras. Berk. « Ah non quelle horreur ! Épargnes moi ça par pitié. » Je ne souhaite en aucun cas voir le jeune homme à moitié nu et encore moins de bon matin. Je tiens encore à ma vue. Bon sang, quelle idée saugrenue lui est passé par la tête ?! Tsss. Je profite d’un instant d’accalmie pour me lever du tabouret et m’emparer d’une mandarine. Je me rassoie alors aussitôt épluchant le fruit. Il est temps de parler un plus sérieusement avec le candidat. Je lui demande quels sont ses motivations dans le jeu. Le sexe et le fric. Bien. « C’est bizarre, je ne t’ai pas encore vu passer à l’action avec une candidate. » Qui voudrait bien de lui après tout ?! Ah ah. Pauvre Andreas. Il ne m’arrivera jamais à la cheville. C'est une évidence. « Nan. » que je réponds un peu plus tard à sa question. Je n’ai pas froid et absolument pas honte de me trimballer ainsi dans le château. Autre chose ?

« Mieux vaut être consternant que con simplement. » Waou, il semblait vachement de bonne humeur ce matin le Santiago. Inutile de dire que cette remarque me fit quelque peu froncer les sourcils, tout simplement parce qu'il s'agissait là de méchanceté gratuite et que je ne voyais pas l'intérêt de m'attaquer de la sorte. D'ordinaire, j'aurais laissé courir. Mais voilà, Santiago n'était pas qu'une personne me traitant de con, non, c'était LE gros con de ce château. « D'où tu m'insultes ? Parce que tu m'insultes, là, hein ? Tssss, Dummkopf. » Non mais oh, où va le monde quoi, j'vous le demande. « Et venant du gros con de service, c'est un peu l'hôpital qui s'fout d'la charité. » J'aurais vraiment tout vu dans ce foutu château. Se faire insulter par un mec qui ne valait tout simplement rien et qui méritait juste une torgnole en pleine gueule, bah j'avais juste envie de rire quoi. Moi je passais ma vie en cuisine ? Même pas d'abord. Et lui, il passait bien ses journées entrain de baiser, non ? Bah voilà. « Chacun son truc. » Putain, j'avais envie de l'encastrer dans le mur là. Mes poings serrés parlaient pour moi. Monsieur trouvait que j'avais des kilos en trop, la grosse blague de la journée quoi. Fallait-il que j'me foute à poil pour lui prouver le contraire ? « Ah non quelle horreur ! Épargnes moi ça par pitié. » Oh tout de suite les grands mots. Il n'y avait pas deux corps comme le mien en ces lieux ; jalousie quand tu nous tiens. « Dommage. Tu aurais pu rencontrer la perfection, mais tant pis. Quand tu voudras que je t'la présente, t'auras qu'à m'le dire. » J'étais toujours partant pour montrer mon corps de rêve et parfaitement sculpté. Cherchez pas, j'me kiffais trop et dès que j'avais l'occasion de montrer à tout le monde ce qu'ils n'obtiendraient jamais, je sautais dessus. Si j'étais là, c'était principalement pour la baise et le fric. Le reste, juste rien à foutre. « C’est bizarre, je ne t’ai pas encore vu passer à l’action avec une candidate. » Le pauvre, ce qu'il était crédule. Alors sous prétexte que ses yeux n'avaient rien vu, je n'avais rien foutu depuis mon arrivée. Et bien j'étais ravi de lui apprendre le contraire, alors. « Ah vraiment ? T'es très mal informé p'tit. J'me suis fait l'une des blondes, raah c'est quoi d'jà son nom ? Peu importe. Dans la salle info', avant-hier. On a baisé comme des dingues, pfouuu. Le pied quoi. » Okay, ça pouvait paraitre très arrogant et vraiment pas classe pour un sou de balancer ça de la sorte, seulement je comptais bien lui faire fermer sa grande gueule au p'tit con... qui, semble-t-il, n'avait pas froid en slip dans cette cuisine. « Nan. » Mes yeux en prenaient quand même un sacré coup : voir son machin se balancer de droite à gauche devant moi à chacun de ses mouvements... qu'on me donne un sac pour vomir, et vite. « C'est quoi déjà le célèbre dicton ? Ah oui : le ridicule ne tue pas. Fait avéré. » Quand on voyait sa tenue et toute l'aisance qu'il avait à se trimballer comme ça, moi j'avais juste envie d'applaudir. Après, sur qu'une telle image lui collerait au cul toute sa vie. C'était juste inévitable. « On va bientôt plus se souvenir d'ton cul que d'ta gueule. » Ça aussi c'était un fait avéré.

Il semblerait que mon jeu de mot n’ait pas plus à Andreas. Il part au quart de tour. Impulsif. « Je ne visais personne mais visiblement tu t’es senti visé. La preuve que tu es con. » Et puis même, pour moi c’est pas vraiment une insulte. J’ai l’habitude de traiter tout le monde de con. Mais il faut croire que le jeune homme est susceptible sous ses airs de dur à cuire. « No hablas alemán, porque puedo insultarte también en español. » Non mais là il dépasse les bornes en m’insultant de la sorte. J’ai sérieusement envie de le frapper mais je me retiens. Je repense à ma mission dans le jeu et je me dis que ça ne serait pas raisonnable. Alors pour détendre l’atmosphère, je laisse les secondes défiler avant de réattaquer de plus belle sur le physique du jeune homme. Je vois que la situation est toujours autant tendue mais pourtant je ne fais pas d’effort particulier pour modérer mes propos. C’est pas de ma faute après tout s’il prend tout au pied de la lettre. Aucun humour ce garçon. Et en plus, il veut se dézapper. Non mais quelle horreur, sérieux ! S’il pense que coucher avec moi est la solution pour faire la paix, il se met le doigt dans l’œil. Je ne baiserai jamais avec lui. Il pourra toujours courir. « La perfection c’est moi. Pas besoin de t’exhiber. » Je le lui ai déjà dit via les blogs mais il ne semble pas le comprendre. Il est définitivement arriéré. Le pauvre. Je vais le laisser un peu respirer et m’acharner sur une mandarine. Cela vaudra mieux. [...] Quelques instants plus tard, je décide de faire plus ample connaissance avec lui sans arrière pensée. Après tout, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Mais évidemment, la conversation tourne une nouvelle fois au vinaigre. « Cool ! Content pour toi. » Comment dire au jeune homme que je me fou complètement de ses histoires de cul et encore moins des détails. Moi, je ne raconte pas les miennes et ne m’en vante pas donc inutile que lui le fasse. Pas de compétition là-dessus à ce que je sache. Puis le jeune homme me fait soudainement une réflexion sur ma tenue qui semble le gêner. Il lui en faut peu pour l’émoustiller. Mais le candidat trouve un autre prétexte pour dire que ma tenue ne lui plait pas. Pathétique. « Heureusement oui. Tu serais déjà mort depuis bien longtemps. » Entre nous deux, il n’y a pas photo, c’est lui qui est le plus ridicule. Rien que quand on regarde sa tête on a envie de rire, c’est pour dire. « Bon, t’arrêtes de faire une fixette sur mon cul maintenant ?! Je sais que t’as envie d’avoir le même ou que tu veux te le faire mais ça sera pas possible mon pauvre. Alors arrêtes. » Je préfère mettre les choses au clair immédiatement. Le jeune homme devient saoulant avec ça.

« Je ne visais personne mais visiblement tu t’es senti visé. La preuve que tu es con. » Et allez que je continus à t'insulter... Il y avait une inversion des rôles absolument évidente. Le con, dans cette affaire, ça n'était clairement pas moi mais ça lui faisait trop mal de le reconnaitre alors il reportait tout ce qu'il était lui sur ma personne. Un classique. Là, je venais juste de le traiter d'abruti dans ma langue maternelle. Pas sur qu'il l'ait compris, mais au cas où je lui avais bien fait comprendre qu'il n'était qu'un gros con, dans une langue qu'il était tout à fait apte à saisir, cette fois. Au moins, ça venait du cœur. La preuve que j'en avais un. Ou pas. « No hablas alemán, porque puedo insultarte también en español. » Ah, dommage pour lui, je comprenais un poil l'espagnol ou du moins j'avais quelques bases. Il était question de m'insulter en espagnol, non ? « Et bien vas-y, surtout fais-toi plaisir quoi. » Se faire insulter en espagnol, ça n'avait juste rien à voir avec le fait de se faire insulter en allemand. Ça devait sans doute sonner très plouc, tandis que la langue d'Anne Frank rendait beau le plus ignoble des mots. C'était un peu à notre image : d'un côté le gros plouc et le pays de Juan Carlos Ier, de l'autre Andreas et celui de la Merkel. Ouais non, rien à voir. Nous n'avions vraiment pas les mêmes valeurs. J'me serais bien fouté à poil juste pour lui montrer que chez moi ne résidait pas le moindre bourrelet disgracieux - ce qui n'était pas son cas -, mais il craignait semble-t-il de perdre la vue. Allez, à d'autres. Il préférait juste ne pas être confronté à ce qui se faisait de plus beau, à savoir moi et mon splendide corps. « La perfection c’est moi. Pas besoin de t’exhiber. » Je me mis à rire, sans pouvoir m'en empêcher. Qu'on m'excuse, seulement c'était tellement énorme que rester impassible face à cette remarque n'aurait pas été possible. « Bah putain, elle a une de ces gueules, la perfection... Pouah ! » Il était écœurant ce mec, repoussant à souhait et franchement dégueulasse à regarder. Bah, les moches existaient, ça n'était pas nouveau. Pourquoi s'en étonner, moi qui était amené à en côtoyer chaque jour que Dieu faisait ? En attendant, Santiago était plutôt mal informé, car j'avais tout de même fait du bruit depuis mon arrivée dans ce château. Même, j'avais fait grimper une jeune femme aux rideaux de la salle info. Oui oui oui. « Cool ! Content pour toi. » P'tit jaloux vas. Le seul qu'il pouvait se faire, lui, c'était le petit Jamie. Et quand on voyait le matos, hum... non, vraiment, je le plaignais. Le ridicule ne tuait pas, enfin c'était encore ce que laissait sous-entendre un célèbre dicton que je n'avais pas manqué de rappeler à mon cher ami pour signifier le fait que son caleçon, c'était juste pas possible quoi. « Heureusement oui. Tu serais déjà mort depuis bien longtemps. » Qui pouvait prétendre n'avoir jamais été ridicule au moins une fois dans sa vie ? J'y avais moi aussi été confronté, et ce malgré le fait que je demeurais un homme parfait sur toute la ligne. Même les meilleurs ont leurs petites faiblesses, ça n'était certainement pas à lui ni à vous que j'allais l'apprendre. « Et quel dommage pour toi, j'suis bel et bien vivant. » Oh oui, il devait amèrement le regretter, pour sur. « Bon, t’arrêtes de faire une fixette sur mon cul maintenant ?! Je sais que t’as envie d’avoir le même ou que tu veux te le faire mais ça sera pas possible mon pauvre. Alors arrêtes. » What the fuck ? Pensait-il réellement ce qu'il venait me dire, mot pour mot ? Vraiment ? Aoutch. Alors il était fort crédule ou me prenait pour ce que je n'étais pas. Parce qu'avoir envie de se faire... ça... heuuuu... « Et toi t'arrêtes de t'exciter pour d'la merde, oui ? Cesse de l'exhiber et là on en parlera déjà moins. Puis, entre nous, si j'voulais m'faire un mec ici, ça ne serait certainement pas toi. T'es hideux, t'as rien dans le crâne, ta tronche me revient pas... t'as un gros pétard. Non merci, sans façon. » Et il y avait fort à parier que personne, ici, ne souhaitait se le faire non plus. C'est que ça ne donnait vraiment pas envie, surtout.

Le jeune homme s’enflamme pour un rien. Il perd son sang-froid très vite et va même jusqu’à m’insulter en allemand. Je le calme tout de suite et lui dit que si je veux, je peux aussi en faire de même dans ma langue natale. Il me pousse nonchalamment à le faire. « No vale la pena. » Le jeune homme semble visiblement comprendre l’espagnol alors tant mieux pour lui, il pourra comprendre cela. Je suis assez intelligent pour ne pas engrainer l’histoire. Ok, je meurs d’envie de l’insulter et le taper mais je me retiens. Je me dis que cette tête à claque ne vaut pas la peine que je me fasse exclure du jeu par sa faute. Et puis, je n’ai pas envie de lui faire apprécier d’avantage ma langue natale. Qu’il garde la sienne. La langue Allemande est la plus moche qui existe au monde, c’est un fait prouvé. Lui aussi est moche, ça tombe bien. Donc, évidemment, il n’est pas question qu’il se mette à poil. Tous ses bourrelets risqueraient de me faire gerber. Et de bon matin, il n’en est pas question. Alors je lui dis que la perfection c’est moi. J’ai un corps parfait et personne ne peux m’égaler, surtout pas lui. Je vois déjà ses poils dégeulasses qui ressortent de son torse. Berk. Pas question d’en voir plus. « Et oui, la réalité est dur à accepter. » Pauvre de lui. Il ne reconnait même pas la perfection qui se trouve devant lui, autrement dit moi. Néanmoins, il a apparemment réussit à se taper une candidate. Solution numéro un : elle est moche tout comme lui. Solution numéro deux : elle a cassé ses lunettes. Solution numéro trois : c’est du mytho. Ça ne m’étonnerait pas tiens mais je m’en fou après tout. Ses histoires de cul ne m’intéressent nullement. Je préfère savourer ma mandarine en toute tranquillité. J’en ai finis avec lui. Mais il revient à la charge. Gros soupire. Si le fait que je sois à moitié dénudé le gêne, il n’a qu’à se casser après tout. Je ne l'en empêche pas. « Quel dommage, ça tu l’as dit ! » Je roule des yeux. Le jeune homme est pitoyable. Si le ridicule ne tue pas, il devrait parfois. Puis là, le candidat me fait la réflexion de trop. Je ne m’énerve pas mais je décide de mettre les choses au clair. Il affirme alors le contraire. Mouai. Je ne suis pas dupe. Il n’est pas insensible à mon charme. Dommage pour lui que ça ne soit pas réciproque. « C’est tout ? T’as fini ? » Je croque dans la dernière tranche de ma mandarine, me lève du tabouret, m’approche du candidat, le fixe un instant, puis lui verse les épluchures de mon fruit sur sa tronche. « Je ne te souhaites pas une bonne journée. » Et je me barre aussitôt, n’écoutant pas sa réponse et le laissant ramasser les déchets.

Tout ceci n'était qu'un dialogue de sourds. Je ne voyais même pas l'intérêt de rester ici pour l'écouter. Ah si, c'est vrai, j'avais la dalle. Et puis merde, pourquoi me laisser marcher sur les pieds par un petit merdeux de son espèce, croyant bon de me parler en espagnol, une langue que je parvenais à comprendre un minimum. « No vale la pena. » Soit. Ce qui n'en valait pas la peine, dans cette histoire, c'était cette conversation que j'avais présentement avec lui. Franchement, je perdais mon temps là, non ? Ouais, clairement. Et monsieur qui se disait parfait, alors qu'en général c'était le discours que je tenais moi. Entre nous deux, y'avait clairement pas photo quoi. Si ce gamin était réellement l'incarnation de la perfection, alors là celle-ci n'était pas belle à voir. « Et oui, la réalité est dur à accepter. » Quelle réalité ? Il n'était qu'un laideron superficiel sur de lui. Moi j'étais un beau gosse superficiel et sur de lui. Voilà, rien à voir. Y'en avait un qui surpassait tout, là, hein. Il était juste... ridicule. Heureusement que celui-ci ne tuait pas, hein. Parce que lui comme moi, serait déjà mort depuis un moment. Perso, j'étais tout ce qu'il y avait de plus vivant, n'en déplaise au merdeux. « Quel dommage, ça tu l’as dit ! » Mon dieu ce que mes poings pouvaient me démanger, d'un coup. Un truc de fou. Je n'avais pas hésité à lui balancer tout ce qu'il était réellement à la figure, à savoir un type dégueulasse à regarder, détestable, franchement con et mal foutu. La description que je venais de faire de lui ne sembla pas l'enchanter, au contraire. « C’est tout ? T’as fini ? » Là, après avoir bouffé une mandarine, il se leva de son tabouret et, suite à un regard de vieux con qu'il daigna m'adresser et qui me fit sourire, me jeta à la gueule ses épluchures. À la gueule, oui, parfaitement. Quel petit... non Andreas, ne t'énerve pas, comme l'a dit le petit merdeux, "No vale la pena." J'avais autre chose à foutre que de l'attraper par le col et lui coller une droite dont, à coup sur, il se serait souvenu toute sa vie. Et qui lui aurait coûté deux trois dents au passage. J'entrepris alors de le regarder de haut. « Je ne te souhaites pas une bonne journée. » Il finit par quitter la pièce, laissant ses merdes à terre. Oui bah alors là, il pouvait toujours aller se brosser pour que je les ramasse hein. « Ouais c'est ça, hors de ma vue » marmonnais-je, avant de ne passer une main dans mes cheveux. Putain, un peu plus et il ruinait mon brushing avec ses merdes là. Merdes sur lesquelles je finis par marcher avant de ne sortir de quoi bouffer. Un bol de café, ça n'était clairement pas suffisant. Au moins j'allais petit-déjeuner en paix. Enfin. Croyez-moi ou non, depuis le départ du petit merdeux l'air était comme... à nouveau respirable. Bon, qui se dévouait pour ramasser ses épluchures ? Certainement pas moi, en tout cas. Bah, au pire quelqu'un allait se casser la gueule en glissant dessus dans la journée. C'était pas mon problème, à moi.

sujet terminé pour Andreas.