ulysse

Ce qui est bien avec le fait que cette saison de Fake Lover soit à Hawaii, c’est que je n’ai pas trop le sentiment d’être déstabilisé. Je me sens dans mon habitat naturel, en quelque sorte. Bon, tout ça, ce décors, cet endroit est beaucoup plus luxueux qu’à mon habitude, pas les moyens de me payer des hôtels de luxe. Non, je suis plus du genre à rendre un service à quelqu’un pour qu’il me permette de dormir sur son canapé une nuit ou deux. Je m’en suis bien sortie, depuis ces dix dernières années, je crois franchement que je ne suis pas à plaindre. Et même que j’aime bien le mode de vie que j’ai adopté, celui-ci m’ayant permis d’échapper à la réalité du passé. Enfin, ça c’était avant d’avoir la brillante idée de m’inscrire dans une émission de télé-réalité pour gagner de l’argent et de tomber face à face avec ma soeur. Mouais, ça, c’était pas prévu au programme. Vraiment pas. Je sors à l’extérieur, profitant des rayons de soleil qui viennent s’écraser avec puissance sur ma peau. Pas de danger que j’attrape un coup de soleil. Je suis peut-être un blond aux yeux bleus, mais ma peau s’est, avec le temps, fait une carapace contre ce genre de chose. Je m’aventure finalement dans la forêt seul, me disant que ce doit bien être le seul endroit réellement intéressant ici. Un peu de nature, ça ne peut faire de mal à personne. Et moi, j’en ai un énorme besoin. Je ne peux plus me passer de vivre dans ce genre d’endroit. Au bout d’un long moment de marche, suivant le sentier pour cette fois-ci, je viens finalement à apercevoir la plage. Ah oui, ça c’est encore mieux. Sauf que l’eau est calme, pas le genre de plage dont je rêvais. Et surtout, je ne suis pas seul. Malheureusement. Je regarde le jeune homme déjà présent, une moue légère se glissant sur mes lèvres durant quelques secondes seulement. « Je ne peux pas croire qu’on a une plage, mais pas de planche de surf... et surtout, pas de vagues à l’horizon... » Oui, parce que bon, même si j’avais une planche, je n’irais pas loin sans vagues. Je ne sais pas exactement pourquoi je m’adresse à lui en fait. « T’es le partenaire d’Amy, pas vrai ? » En fait, j’en suis certain. Je ne connais pas son nom, mais j’ai fait l’association. Et maintenant, pourquoi je parle d’Amy ?

Ulysse vient de sortir de l'eau, comme en témoigne ses cheveux blonds encore humides et les gouttes qui perlent sur les côtés de son visage. Pas de vagues aujourd'hui, la baignade fut tranquille. C'est au moins ça puisque la suite ne devrait pas l'être tout autant, tranquille. « Je ne peux pas croire qu’on a une plage, mais pas de planche de surf... et surtout, pas de vagues à l’horizon... » Voilà pourquoi. Mais c'est pas dérangeant. Ulysse, il n'est pas spécialement solitaire. Au contraire, ne pas avoir de moment à lui, tout seul, ne le dérangerait absolument pas. Bon, le problème ne se pose pas puisqu'ici, le terrain est tellement grand qu'il est obligatoire de se retrouver seul à un moment ou un autre, et ce, même s'il abrite trente et un sauvages et un homme blond en son sein... blague. « Y en a, des vagues quelques fois. » C'est juste pas le jour aujourd'hui. Pas de chance pour lui. Par contre c'est clair que ça manque de planche. Une plage Hawaïenne sans surf, c'est comme un gâteau sans sucre... y a un gout d'inachevé. C'est dommage. Ulysse serait assez doué. Il en a déjà fait, une fois et il s'en sortait bien. Il aime faire du skate et il adore encore plus surfer. « T’es le partenaire d’Amy, pas vrai ? » « Yep. Et toi tu es... » Il sait très bien qui il est. C'est pas pour ça qu'il hésite. Mais il ne sait pas comment le qualifier. Le fantôme ? Le fameux ? Celui qui semblerait être un connard fini ? Pourquoi pas son prénom ? Benjamin. « Tu es toi. » Ou ça, ça marche aussi. Pas la peine de préciser, il lui fait juste comprendre qu'il sait. « Comment ça se passe alors ces quelques jours ? » Autant dire tout de suite : comment ça se passe avec Amy. Mais bon, il va essayer de faire preuve d'un peu de tact.

C’est une constatation que je fais. Pas de vague, pas de surf. On est à Hawaii, bon dieu de merde ! C’est quoi cette connerie. La production n’a pas réfléchie deux secondes parce que sinon, on aurait une tonne de planche et je passerais mes journées ici, sur cette plage. Je crois même que j’y dormirais. Ouais la plage, c’est chez moi. J’ai pas besoin de plus, je dirais. Fut un temps ou je n’aurais pas dit la même chose, mais maintenant, c’est ainsi que je pense. « Y en a, des vagues quelques fois. » J’hausse les épaules. C’est bien beau d’avoir des vagues, mais ça ne nous avance pas à grand chose. « Reste que sans planche, c’est inutile. » Je lui répond, même s’il est pas bête, il l’a très bien compris lui aussi. Et je sais très bien à qui j’ai affaire. Partenaire d’Amy. Je lui pose la, même si la réponse me semble évidente. « Yep. Et toi tu es... » Je suis... Il laisse sa phrase en suspend, et je me demande bien ce qu’il est sur le point de me sortir. Mais je m’attend un peu à tout. Il est le partenaire de ma soeur, qui sait ce qu’elle a bien pu lui raconter à mon sujet. Probablement rien de bien positif. « Tu es toi. » Je le regarde fixement, avant de rire silencieusement. Ça veut tout dire je crois. Gageons que d’ici une semaine, j’aurai une belle réputation de merde. Pas que ça me dérange réellement. « Je suis bien moi, oui. Le seul et l’unique. » Connard pour vous servir. J’aurais pu l’ajouter à ma phrase, mais cela ne me semblait pas nécessaire. « Comment ça se passe alors ces quelques jours ? » Je ne sais pas trop quel genre de réponse il attend. Je me dis que s’il est proche d’Amy depuis leur début ici, il doit bien être au courant de nos relations. Mais en même temps, il ne sont peut-être pas proches du tout, et c’est une illusion que je me fais. « Ça se passe à merveille ! » C’est tellement crédible... « Je n’ai jamais reçu un accueil aussi chaleureux. » Heureusement que ce n’était pas ce que je recherchais. Même si bon, la surprise, elle avait été autant pour elle que pour moi, je tiens à le préciser. Jamais, je n’aurais cru me retrouver coincé dans une télé-réalité avec elle.

Ulysse se retrouve dans une situation quelque peu compliquée. D'un côté évidemment, les deux personnes, que ce soit Amy ou Benjamin, sont de parfaits inconnus pour lui mais d'un autre côté, il a l'impression d'être au milieu de leur histoire alors que de toute évidence, il n'a pas sa place. Et c'est assez gênant. Il devrait se comporter avec Benjamin comme avec n'importe quel inconnu. Le truc, c'est qu'il ne peut s'empêcher d'avoir des aprioris à cause de sa partenaire. « Ça se passe à merveille ! » Il arque un sourcil, pas franchement satisfait de sa réponse. Peut-être que ça aurait pu marcher sur n'importe quel autre candidat mais pas Ulysse, qui est témoin de leur histoire. « Je n’ai jamais reçu un accueil aussi chaleureux. » Oui bon là, il se fout clairement de sa gueule. « Allez, fait pas l'enfant. Dis-moi vraiment comment ça se passe. » Loin de lui de vouloir jouer les confidents, celui qui va essayer de les réconcilier hein. Déjà cette histoire ne le regarde pas, et en plus il n'est personne que ce soit pour lui ou pour elle, pour le moment en tout cas. Donc non, pour l'instant c'est pas son objectif. Mais il reste curieux. « Déjà c'est bien qu'elle n'ait pas abandonné le jeu... » Amy était toujours de la partie, il supposait que c'était bon signe quant à la situation qui ne doit cesser d'évoluer entre les deux personnes. « T'aurais aimé ? Qu'elle parte ? » Il le détaille du coin de l'oeil. Il sait un peu ce que pense Amy de Benjamin. En revanche, il n'a aucune idée de ce que lui pense d'elle. Apparemment c'est lui le fautif dans l'histoire mais bon... Tout n'est jamais tout noir ou tout blanc.