PERCY

Je suis Big Brother. Oui, c’est moi. L’entité supérieure omnisciente qui voit tout, qui sait tout. J’ai l’impression d’être coincé dans la quintessence de la télé-réalité. Des personnes qui surveillent d’autres personnes sur des écrans, tout en étant elles-mêmes regardées à la télévision. Je me demande ce que George Orwell penserait de tout ça. Monter les candidats les uns contre les autres en les laissant s'auto-espionner n'importe quand, n'importe où, c’est pas une méthode dictatoriale pour contrôler les masses ? Ils braillent, les producteurs se frottent les mains et en attendant personne ne réfléchit. On se laisse mener à la baguette par Cupidon, acceptant de se prendre des nominations en pleine gueule au petit bonheur la chance. Quel vicieux c’est angelot. Intelligent, mais vicieux. Je pourrais détester le côté voyeur que prend le nid d'amour avec une salle de contrôle entre ses propres murs, mais au contraire j’adhère complètement. Tout simplement parce que les travers de notre hôte, chez-moi, ils sont décuplés par dix et ne peuvent pas résister à l'attraction que la pièce provoque. Elle est parfaite. En matière de chasse aux secrets évidement, mais aussi pour le reste. En s’en servant à bon escient, elle permet d’avoir une longueur d’avance sur ses adversaires au moment des nominations en connaissant les affinités des uns et des autres. Certains gestes ne trompent pas et pouvoir entrevoir les faits et gestes de ses camarades se présente comme une aide non négligeable. Le cul vissé sur la chaise, les pieds sur la table dans tout ce que j’ai de plus insolent, j’observe les différents écrans qui me font face. J’ai allumé plusieurs ordinateurs pour couvrir un maximum de caméras, poussant même le vice jusqu’à conserver un papier et un stylo sur un coin du bureau pour prendre des notes. Je n’ai plus rien d’un dieu tout puissant à ce stade, mais plutôt d’un maniaque de la surveillance digne de Carrie Mathison. Je plonge ma main dans le paquet de céréale, intelligemment blotti dans mes bras au moment où la porte de la salle s’ouvre. Je jette un coup d’œil à l’individu osant pénétrer dans mon antre, l’identifie comme Percy et reviens enfin aux différents moniteurs. « Toi aussi tu viens mater Paloma sous la douche ? » je lance la bouche pleine sans le regarder, d’une voix plate. Je plaisante évidement, bien que l’idée fait son chemin dans mon esprit pour la prochaine fois que je viendrais espionner mes camarades.

La dernière fois que Percy avait atterri dans cette salle si particulière, il avait été amené à s'interroger sur la façon dont il voyait ses camarades, ceux-là même qui l'entouraient depuis maintenant quelques jours et qu'il avait dit voir comme des adversaires, auxquels il refusait presque le statut de camarades, justement. C'était a priori toujours le cas, et ça le serait le temps que durerait son aventure, même si le fait d'être passé à peu de choses de l'élimination l'avait inévitablement fait réfléchir de plus belle. Dans le fond, il trouvait certaines personnes intéressantes, parfois même un brin attachantes, et il certains moments passés avec des candidats s'avéraient plaisants. Oui mais voilà, il n'était pas venu ici pour s'attacher, parce que ce serait le meilleur moyen de devenir un peu trop scrupuleux sur les bords, et de moins en moins disposé à agir dans ses propres intérêts. C'est en tout cas dans l'optique de mettre à profit les indices récemment communiqués aux candidats qu'il était aujourd'hui retourné dans la salle de contrôle, parce qu'un premier secret avait été découvert, preuve que la chasse aux secrets était bel et bien lancée et que les plus aptes à se creuser efficacement la tête seraient bientôt les plus riches. Et justement, il en vint à s'étonner du fait de tomber précisément sur Isaac, au moment de pousser la porte. A bien y réfléchir, ils ne s'étaient jamais tellement adressés la parole, pourtant l'anglais avait indirectement évoqué son camarade auprès d'Ohana, quelques jours plus tôt. D'ailleurs, ça l'amenait à s'interroger sur la façon dont Isaac avait vécu cet abandon, puisqu'il s'agissait de sa partenaire, un fait dont Percy avait toujours eu bien conscience. Peut être que comme lui, Isaac déplorait majoritairement le fait qu'un potentiel comme celui de la brune n'ait pas pu être davantage exploité. Peut être qu'il tâchait de comprendre mais qu'une partie de lui s'y refuserait finalement toujours. Pour le coup, son intuition ne lui serait pas nécessairement d'une grande aide, et ça n'était pas nécessairement un mal, puisque d'emblée son camarade donna le ton de l'échange, et qu'il évoqua une autre brune, amenant l'anglais à hausser les épaules d'une façon fataliste, tout en soupirant exagérément. « Pourquoi tu crois que je me suis levé, ce matin ? » qu'il énonça sur un ton semblable au sien, avant de s'approcher des écrans et d'aller jusqu'à s’asseoir à son tour. Même si l'idée de profiter d'un pareil spectacle était pour le moins motivante, il n'en était quand même pas réduit à faire de ce genre de choses une idée fixe. Paloma, il aimait autant l'imaginer que la voir directement dépourvue de tous ses fringues. A moins qu'il les lui enlève un jour lui-même, bien entendu. Oh mais d'ailleurs. « Entre nous, si c'avait été le cas, j'aurais pris le risque de te voir sur les images » ajouta-t-il, un peu comme un mec qui féliciterait indirectement un autre mec pour sa prise. C'est que cette drôle de rumeur propagée pendant le prime lui était aussi revenue aux oreilles, et que même s'il s'était au départ rapidement désintéressé des faits, il était forcé d'observer qu'il aurait pu lui parler de n'importe quelle fille, mais qu'il avait choisi Paloma.

C’est franchement vicieux cette histoire de salle de contrôle quand on y regarde de plus près. D’où je suis, j’ai une vue privilégiée sur la salle de bain, les chambres ou encore le dressing, de quoi bien se rincer l’œil. Qu’on se le dise, c’est des conneries la surveillance pour la chasse aux secrets. Je pense tout de suite à Paloma. Ce n’est pas ma faute, c’est biologique. Elle m’a retourné la tête avec toutes ses phéromones, la garce. Moi, je n’étais pas préparé au départ à devoir gérer les actrices pornographiques blessées. Elle n’est pas chaude, elle n’est pas non plus froide, je n’y comprends plus rien. Je m’esclaffe en écoutant Percy et là j’ai envie de tout lui balancer sur la jeune femme. C’est drôle les allusions classées X, mais encore plus à deux et je sens en lui un sacré potentiel à ce niveau-là. Bien plus que les autres débiles qui soit ce sont pris pour des preux chevaliers chiants comme pas possible ou soit sont de vrais petits lapins dénué de toute subtilité. Sauf que je suis possessif et ma poupée sexuelle je préfère autant me la garder pour moi, au cas où un autre type flairerait le filon. « Rien d’autre ne s’est levé ? » je demande innocemment, assez amusé par l’image qui s’impose à moi. Percy, guidé par son pénis jusqu’ici, comme s’il s’agissait d’une baguette de sourcier. Il s’assoit à son tour pour détailler les écrans du regard et, grand prince dans l’âme, je lui tends mon paquet de céréales au cas où il voudrait se sustenter. C’est la règle normalement le grignotage lors des missions d’espionnages, loi propagée à travers le cinéma et la télévision montrant des flics se tapant des gâteaux en planque. « Ouais, je sais. » je souffle, un brin vantard quand il lance une allusion à ma relation avec la jeune femme. Je ne démens pas comme d’habitude et je lui sers un sourire complice comme si on venait de se mater un porno ensemble. Ce qui revient presque au même vu celle dont il est question. Je me laisse congratuler pour quelque chose qui n’est pas arrivé, tant que ça peut me permettre d’inscrire cette histoire pour la prospérité. Concrètement, ce n’est qu’une question de temps avant que je la plaque contre la vitre de la douche de la salle d’eau, me soumettant à l’œil inquisiteur de types comme mon voisin, donc je m’y prends en avance afin de forger mon statut de légende. « Impressionné, hein ? » Je lui lance un regard en souriant du genre je t’apprendrais un jour. « Paloma c’est quand même un bon sept et demi. Voir même neuf  si tu prends en compte son talent. » C’est comme les concours de miss, il y a le défilé en tenue habillée, celui en en maillot de bain et enfin l’épreuve spéciale où il faut dévoiler ses aptitudes cachées. Pour certaines c’est les claquettes, elle c’est la fellation de ce que j’ai pu constater dans ses vidéos. « Non ? » je l’interroge pour avoir son aval à propos de l’espagnole ou vérifier s’il ne voit pas d’autres potentielles candidates au titre ultime de meuf la plus baisable du nid.

Tous ceux qui avaient eu l'occasion d'observer un tant soit peu le comportement de Percy avaient pu constater qu'il aimait les filles, et pas qu'un peu, et qu'il avait toujours une allusion à sortir ou un regard insistant à lancer. Cela dit, il n'en était quand même pas réduit à se lever avec l'idée fixe de mater de la gonzesse en salle de contrôle. Alors il n'était question que de renchérir sur le même ton qu'Isaac, qui avait introduit la conversation d'une façon bien à lui, et qui l'amusa de nouveau. « A ton avis ? » qu'il énonça en lui adressant un regard subtilement énigmatique, le laissant en fait en déduire ce qu'il voulait, puisque dans ce petit jeu on pouvait effectivement supposer que Percy avait manifesté un certain contentement à l'idée de se rendre dans cette pièce, mais en dehors de ça il n'allait pas prendre le risque d'énoncer trop clairement quelque chose qui pourrait éventuellement être sorti de son contexte un jour. Ce n'était pas tant d'Isaac que de la prod', à l’affût de tout, qu'il se méfiait. Déclinant la proposition d'Isaac de se servir dans son paquet, il fut tenté d'évoquer ce dont certains avaient fait un ragot, à savoir le fait qu'il se soit passé quelque chose entre Paloma et lui. La plupart du temps, l'anglais se foutait des histoires de cul des autres comme de l'an I, mais ayant pu constater que son camarade avait eu le réflexe d'évoquer la brune, il était tenté d'en savoir un peu plus. La réplique de son camarade, ainsi que le sourire auquel il eut droit, auraient pu lui confirmer ce que tout le monde racontait. Toutefois, gober tout de suite ce qu'on voulait lui faire croire lui avait valu de se faire prendre pour un abruti, d'autant plus qu'il était question de Paloma, qu'il commençait à connaître un petit peu. « Quand je serai grand, je veux être comme toi » qu'il confessa pourtant d'une voix mielleuse, au moment où son camarade chercha à se faire mousser. Oh s'il voulait qu'on l'admire, Percy l'admirerait, seulement il ne fallait pas s'attendre à plus qu'à un peu de sarcasme, ce qui était déjà beaucoup. Il fut alors question d'une note et Percy feignit un enthousiasme grandissant. « Si, certainement. Et donc, ça vaudrait le coup que je tente ma chance ? Mais est-ce que j'ai seulement la moindre chance, avec elle ? » Son ton faussement affolé s'apparentait à celui d'un ado qui demande à son grand frère comment se faire la fille la plus canon du bahut. Il n'y pouvait rien, cette histoire n'était pas entièrement crédible à ses yeux, autant parce qu'il était bien placé pour savoir qu'un trop plein de vantardise est souvent révélateur, que parce que Paloma ne lui avait pas donné l'impression de vouloir se jeter sur la queue du premier venu. « Tu dois bien avoir quelques conseils à me donner, oh allez, vu que pour toi c'est une affaire rondement menée. » N'est-ce pas. C'est fou comme tout au long de cet échange, il se trouvait presque crédible en mec qui a besoin d'aide pour conclure. Pourtant dieu sait qu'il n'avait toujours eu que trop de ressources à ce niveau-là. A part ça, il avait bien quelque chose à évoquer à son tour. « Et sinon, t'as déjà marché derrière Tilda ? Parce que si oui, un détail n'a pas pu t'échapper. Je n'oublie pas que je parle à un connaisseur. » Il voulait évidemment parler de son postérieur, cette merveille qui l'obsédait un tout petit peu depuis quelques jours, et qu'il lui avait semblé naturel d'introduire très subtilement au beau milieu de cette conversation ô combien profonde.

J’aurais apprécié recevoir une œillade admirative de la part de Percy. Je crois que ce serait bien mérité compte tenu du temps record effectué par mes soins pour conclure avec une sept. Ça fait combien de jours au juste ? Quatre ? Cinq ? La rumeur n’allait pas jusqu’à donner la date et le lieu exact de notre coït, si bien que je me sens un peu perdu. Sauf qu’à la place de me féliciter réellement, mon voisin se contente de me lancer un sarcasme. « Je ne vais pas te cacher que ça s’annonce mal. » je pose durement mon verdict quand il me demande s’il a ses chances avec la jeune femme, ne prenant pas la peine de répondre à sa première question compte tenu de l’évidence. Bah oui, vu sa tronche en forme de ballon de football, ce n’est pas gagné. Ceci dit, il possède également une aura mystérieuse, du genre gentleman psychopathe à la Hannibal Lecter qui pourrait lui faire gagner quelques points. A mes yeux, le charisme fait beaucoup de choses. Bien plus qu’une belle gueule de mannequin et des abdos qui semblent figés sur du papier glacé. Peut-être que de ne pas posséder cette petite barbe de trois jours que tous les autres abordent bêtement depuis qu’ils ont remarqué que ça marchait dans les publicités de parfum, sera justement son truc en plus. Je pourrais peut-être le coacher. Mais pas pour Paloma. Du moins pas tant que je me la serais faite pour de vrai, parce que ça ne me dit pas trop de risquer de me confronter à des fluides appartenant à Percy oubliés dans certains endroits anatomiquement stratégiques. Du coup, forcément, quand il me les réclame, je ne suis pas super enclin à les lui offrir. Une fille comme elle, il faut la toucher. Métaphoriquement et non littéralement. Je suis justement en train de travailler là-dessus, gagnant un peu plus de terrain chaque jours. « T’as qu’à essayer de la faire rire. » je lance au hasard, sans convictions, piochant dans la boîte à techniques de séductions pourries. Avec un peu de chance, il se retrouvera coincé dans la friendzone comme un con, me laissant champ libre pour la baiser. Il mentionne Tilda et j’hoche la tête entant que le fin connaisseur dont il attend le jugement. « A ton avis, pourquoi je fais mine de me griller une clope avant chaque rassemblement ? » Ce n’est pour un besoin de nicotine, non. Je me plante surtout avec une récurrence toute calculée à mon poste de surveillance, afin de pouvoir voir un défilé de cul. Il est vrai que le sien est l’un de mes préférés, érigé à la même place que le postérieur de pin-up de Jessica. C’est un peu mon crédo, je préfère les formes voluptés où il y a quelque chose à regarder, plutôt que les silhouettes dénuées de courbes dignes d’un petit garçon rachitique. L’italienne a un côté expérimenté qui me plait bien, sans doute parce qu’elle est plus âgée que toutes les autres candidates, néophytes de la vie. Je la vois bien en institutrice d’école ou chef de service, prête à me mener par la braguette. « Et ta partenaire. Sa bouche. » je commence en levant les yeux au ciel comme si nous nous trouvions face à une œuvre de dieu. « Une ode à la fellation. » je conclue dans un sourire amusé. D’ailleurs, la semaine dernière j’ai prédit un destin commun entre ses lèvres et ma queue, j’espère que mes pouvoirs prophétiques ne sont pas rouillés. Il n’a pas de quoi se plaindre d’ailleurs, le gueux. La poupée Barbie blonde n’est peut-être pas bien maline de ce que j’ai scientifiquement conclu d’après sa couleur de cheveux, elle est plutôt chaude. Du genre à allumer tous les types pas trop dégueulasses qui croisent son chemin et qui n’a pas froid aux yeux, ça ne doit pas être si difficile de la pécho.

Si au départ Percy avait exprimé un certain désintérêt pour cette rumeur née sur le prime, il avait par la suite été amené à cuisiner indirectement son camarade sur le sujet, suite au fait que celui-ci ait de lui-même évoqué la brune. Mais à présent qu'il avait eu droit à sa réaction, il ne savait plus trop quoi en penser. C'est que généralement, quand on se vante un peu trop, on prend le risque de ne plus être crédible. Isaac n'était pas mauvais dans sa façon de faire, mais pour être lui-même un affabulateur né, Percy n'était pas dupe. C'est surtout qu'il n'imaginait pas la Paloma qui avait subtilement repoussé ses avances dans la cave se jeter dans les bras d'un candidat après deux semaines de jeu. Parce que non, il n'envisageait pas l'idée qu'il puisse tout simplement ne pas lui plaire, ça n'était jamais une chose qu'il prenait en considération. En attendant, ici, il consentait à jouer à celui qui gobait absolument tout, faisant mine de voir Isaac comme un modèle de réussite. Le plus étrange pour lui fut alors de prétexter avoir besoin d'être rassuré quant à ses chances d'arriver au même résultat avec la brune. Le blond ne doutait jamais de lui, même s'il savait qu'il n'avait pas un physique ravageur par excellence. Tout était dans le mental, tout était une question de confiance en soi. Ici, il adopta pourtant une mine dépitée à la réplique de son camarade. « C'est les oreilles ? C'est ça, hein ? » qu'il articula d'une petite voix déçue. Ah, ses oreilles. Souvent elles lui avaient valu des commentaires, soulignant tantôt le fait qu'elles soient décollées, tantôt le fait qu'elles soient pointues. Lui, il s'en fichait un peu, même si concrètement il n'aurait pas été contre le fait d'être un peu différent s'il avait pu avoir le choix. Toujours est-il qu'ayant à faire à un expert, Percy avait tout intérêt à lui demander quelques conseils pour arriver à ses fins, et c'est donc ce qu'il fit, non sans bientôt constater que si toute cette histoire avait été véridique - ce dont il doutait, vraiment - il n'aurait pas pu compter sur Isaac pour partager avec lui la recette de son succès. « Tu te fous de moi ? Ce genre de trucs, ça marche peut être avec les thons, mais pas avec les Paloma, non, ça m'étonnerait » qu'il s'exclama alors, les sourcils durement froncés, avec il est vrai cette petite envie de ricaner qui se faisait tenace. « Y'a pas de solidarité masculine qui tienne, si je comprends bien. » Soupirant exagérément, il fit mine de faire la gueule, genre, deux minutes. Parce qu'après ça, il était déjà temps pour lui d'inclure à cette conversation une pièce de choix, à savoir le postérieur de Tilda. Dans la catégorie bombasses, il faut dire qu'elle se plaçait bien, l'italienne. Semble-t-il alors qu'Isaac avait déjà pu noter combien il pouvait être agréable de la voir de dos. « Champion » qu'il articula cette fois sur un ton plus empreint de malice, le regard complice. C'était bien la preuve qu'il ne prenait rien de tout ça très au sérieux, car il aurait du mal à passer comme ça d'un ressenti à un autre, en l'occurrence de la déception à l'admiration. Isaac évoqua quant à lui Maddy, la partenaire de l'anglais, qui il est vrai était aussi très agréable à regarder. Sauf que lui, il se focalisait semble-t-il sur ses lèvres, et son prochain commentaire l'amusa. L'anglais hocha la tête. « Si elle en a conscience, elle doit pas boire son lait n'importe comment, moi je te le dis. Sinon bonjour les méprises. » C'était le genre de commentaire très bête que lui inspiraient ce genre de discussions. Il fallait bien avouer que ça n'était pas déplaisant de pouvoir discuter entre mecs, très futilement, ce dont il avait rarement l'occasion, tout simplement parce qu'il n'était pas très entouré. « Au final, c'est laquelle qui te branche le plus ? » Ça pouvait bien se dire, ce genre de trucs. Il fallait bien reconnaitre que toutes les filles avaient du charme, mais ça l'intéressait de savoir quels étaient les critères de préférence du brun.

Mes yeux se posent machinalement sur ses oreilles quand il les mentionne, afin de juger le spécimen par moi-même. Il est vrai qu’elles sont légèrement décollées, mais j’imagine que ça doit être la marque de fabrique des anglais. Il suffit de voir la tronche du prince Charles et de toute la clique pour comprendre le dossier. « Ouais. Spock ça marchait avec les filles à l’époque de Leonard Nimoy. » Maintenant ça donne juste une tête de con. Enfin, Percy évolue quand même dans une autre catégorie que les messieurs créatine et le reste de la bande des experts du moule-bite, là où le physique passe au second plan au profit d’un charisme. Il me demande bêtement des conseils pour séduire Paloma, comme si j’allais lui donner des astuces à propos de la fille que j’ai dans le viseur. Je balance l’histoire du fille qui rit, fille à moitié dans ton lit, mais il me grille directement. Paloma c’est le genre de gonzesses à se comporter comme un thon, même si elle gravite plutôt du côté de la sirène. Avec des jambes. Des jambes à écarter, parce que sinon elle aurait été bien emmerdée pour tourner ses vidéos pornographiques, mais c’est un détail. « Désolé. » je m’excuse dans un haussement d’épaules, sans une once de sincérité dans la voix. Paloma, je la travaille depuis un petit bout de temps. Avant même que l’aventure commence d’ailleurs, donc autant dire que je ne compte pas dévoiler ce que j’ai appris, aussi facilement. On enchaîne les différents cas presque à la manière d’un conseil de classe. Tilda très bien, bonne élève. Paloma prometteuse, quelques efforts à fournir de chaque côtés afin d’en tirer le meilleur… Je ricane quand il parle de Maddy et comme pour asseoir le génie de sa plaisanterie, je tends une main afin qu’il tape dans ma paume. Genre, bien joué poto. Le paroxysme de la discussion entre mâles, allant parfaitement avec ce petit passage en revu des candidates de l’aventure. Ça fait du bien de tomber sur un mec comme Percy, je commençais à me poser des questions sur mes colocataires qui ont tous démontés de sévères tendances gays depuis le début de l’aventure. Et quand ce n’est pas le cas, on frôle le cas clinique incapable de choper car se plaçant dans la friendzone dès la première conversation, erreur à ne jamais commettre. Il me demande qui me branche le plus et j’aurais préféré me montrer un peu plus hésitant comme si j’avais plusieurs affaires en cours, mais mon choix s’impose naturellement. « Paloma a de très bons atouts. » Du genre même évident quand on a eu l’occasion de la voir en pleine action. Je fronce les sourcils, presque suspicieux à l’idée qu’il puisse me piquer ma poupée espagnole s’il la trouve un peu trop à son goût. « T’en dis quoi, toi ? » je demande un peu trop conscient qu’on en est pas encore au stade du bros before whores. Pour moi c’est la plus intéressante, ça m’arrangerait qu’il se dirige vers l’italienne au postérieur céleste. « C’est quand même un dix. » je m’emballe, augmentant la note précédemment énoncée maintenant que je prends en compte tout son potentiel sensuel par rapport à d’autres. Quand on la regarde comme ça, on ne dirait pas. Elle joue les prudes, les nanas farouches qui ne toucheraient pas une queue du bout des doigts, alors qu’une fois en face, ce n’est plus du tout le même délire. Du moins j’imagine. Ou surtout, espère. Je réfléchis pendant quelques secondes, alors qu’une vague idée est en train de germer dans mon esprit. « Tilda et Paloma, dix. » j’affirme sûr de moi, à propos des deux jeunes femmes dont nous avons déjà chanté les louanges. « Si t’arrives à te faire une newbie du sexe… » c’est-à-dire Zelda et sans doute Ana de ce que j’ai pu déterminé en observant mes camarades. « Ou une qui a oublié l’état de son hymen, c’est vingt points. » J’ajoute Gaëtane à la catégorie, parce qu’il est manifeste qu’avec son côté Rain Man, elle doit être tout autant compliquée à charmer. Ça me parait légitime compte tenu de la difficulté de l’exercice de les évaluer à un score plus élevé, bien qu’on puisse tout autant les enlever de la liste vu l’impossibilité de la mission. « Le reste, un beau sept. A l’exception de Maddy et Jessica. » Je ne sais pas s’il a déjà eu affaire aux deux jeunes femmes, mais entre celle qui était prête à mettre sa main dans mon caleçon à notre première rencontre et la seconde qui m’a fait du rentre-dedans en acceptant de m’offrir un strip-tease, j’ai l’impression que le travail est prémâché. La facilité m’oblige à remettre en cause leurs notes respectives, même si elles font parties des mieux roulées. « Cinq. » je conclue finalement, poussant même le vice jusqu’à inscrire ces différents scores possibles sur le bout de papier que je réservais normalement à ma surveillance. Je pense qu’ensuite je pourrais établir un système de points bonus si l’on parvient à obtenir plus qu’un missionnaire. Ça pourrait être amusant et stimulant une petite compétition entre gentlemen pas si gentlemen que ça. Je me moque pas mal de risquer de passer pour un connard tendancieux queutard, il n’y a rien de bien nouveau là-dedans, mais je ne sais pas trop où se place Percy. Je lui lance un regard en coin, l’air de me demander si je dois commencer à compter les points.