Il est trois heures du matin quand je me réveille en sursaut  dans mon lit. Mon sommeil a été interrompu par le bruit d'un chant qui s'élève dans la nuit. Je secoue la tête pensant que ce n'était qu'une hallucination due au fait que j'étais encore un peu dans la coaltar. La voix se fait entendre à nouveau et je comprends tout de suite que ce n'était pas un rêve. Quel est donc l'abruti qui chante à trois heures du matin alors que tout le monde dort à poing fermé ? Je me lève furieuse, laissant à Aaron le plaisir de disposer de toute la surface du lit, et me dirige vers ce fauteur de trouble adepte du tapage nocturne. Arrivé dans les escaliers je n'entends plus rien et je pense qu'un autre candidat s'est chargé de lui faire fermer sa grande bouche une bonne fois pour toute. Encore une fois tous mes espoirs sont vains et l'abruti poursuit son requiem nocturne sans se soucier des autres. Je présume que c'est à moi de m'en charger. Dans le noir, je descends à pas de loup les marches de l'escalier pour prendre notre nouveau délinquant sur le fait. Une lumière en provenance de la cuisine me laisse penser que notre nouveau baryton avait une petite faim en cette heure aussi tardive. Je m'approche du seuil de la cuisine et reconnaît ce cher Eryk. Je le surprend en pleine chorégraphie façon Hugh Grant dans le film Love Actually, il remarque ma présence lorsqu'il se retourne en me pointant du doigt. J'ai l'impression de vivre cette scène pour de vrai et je souris intérieurement. Je n'oublie tout de même pas qu'il vient de me réveiller avec son show nocturne. « Çà ne t'arrive jamais de te la boucler, tu as conscience qu'il est à 3 heures du matin et que tu viens de me réveiller ? » . Je lui lance les bras croisés contre la poitrine attendant ses explications avec beaucoup d'impatience. Je suis comme ça, bougonne quand il le fallait, même si sa petite chorégraphie m'avait fait beaucoup rire. « Non ça ne va pas, non ».  Je fronce les sourcils et affiche une moue boudeuse histoire de le faire culpabiliser un petit peu. « Bon et bien maintenant il ne te reste plus qu'à me faire à manger, tu dois te faire pardonner ». Je m'approche de lui et prend place sur les tabourets de bar, tapotant avec mes ongles le plan de travail en attendant qu'il me serve le repas qu'il me doit.  

Je fais partie de ceux qui se réveillent pour le moindre petit bruit suspect. J'ai le sommeil très léger et c'est ce qui explique pourquoi je dors aussi mal depuis le début de mon aventure. En tout cas ce soir, je ne dérogerai pas à la règle et je me réveille en sursaut après avoir entendu quelqu'un s'agiter dans la maison. En temps normal, je me fait réveiller par le bruit d'un de mes compagnons de chambre qui se lèvent pour aller dans les sanitaires mais rien ne semble s'agiter dans la chambre hivernale. Le bruit provient du couloir, un chant qui s'élève au loin et qui s'éloigne peu à peu. Je descend en furie dans la cuisine pour découvrir l'auteur de ce tapage et je tombe nez à nez avec Eryk en pleine chorégraphie. La scène est assez cocasse et je dois me retenir de rire devant le ridicule de la situation. Non je ne dois pas rire, je reste quand même profondément irritée qu'il m'ait réveillé. « Tu rigoles j'espère ? Tu faisais autant de bruit qu'un troupeau de cerf en rut. ». Il fait l'innocent et se jette des fleurs. Il est particulièrement fier de ses talents artistiques. Quel grand showman il fait celui-là. Il me soupçonne même d'avoir une ouïe ultra développée. « Tu as découvert mon secret, bravo, d’ailleurs en ce moment même j'entends le bruit d'un candidat qui a besoin de se faire un petit plaisir solo dans son lit. Mais chut, ne le répète à personne. »  lui mentis-je en ponctuant ma dernière phrase d'un petit rire. Lui avoir une belle voix ? Non je ne crois, non. « Me faire réveiller par le Hugh Grant du pauvre, quel honneur ! » que je lance en levant les yeux au ciel. Et maintenant il essaye de me faire croire que c'est pas si mal que ça puisque le nid de nuit c'est génial. J' aurai vraiment tout entendu ce soir. Il a du culot le Eryk. Il a l'air surpris quand je lui demande de me faire à manger. Il me doit bien ça, je ne vois pas pourquoi il bronche. « Oui mais je suis pas exigeante tu sais, un sandwich au fromage fondu ça m'ira parfaitement. ».  S'il ne connaissait pas encore mon amour pour le fromage il allait pouvoir s'en rendre compte aujourd'hui. « Je te laisserai sentir mon haleine après ça si tu veux. ». Pas très élégant, non ? C'était tout moi.  

Lorsque je suis quelque peu énervée, je n'ai plus de limites et encore moins dans ma façon de m'exprimer. J'aimais décrire ce que je ressentais ou ce que je pensais avec un vocabulaire plus ou moins imagé. Même si parfois tout cela se révèle être ridicule. Le coup du troupeau de cerf en rut, moi je trouve ça plutôt mignon mais notre artiste nocturne ne l'entend pas de cette oreille. « Parce qu'il n'y a que les biches en chaleur qui entendent les troupeaux de cerfs en rut, voilà pourquoi je suis la seule à me plaindre. » répliquais-je avec un vocabulaire toujours aussi élégant. . Jamais je ne lui dirai que j'ai le sommeil léger, je ne veux pas qu'il pense qu'il ait raison. Quoiqu'il en soit, il semble convaincu que mon ouïe soit sur-développée. Quand j'évoque la possibilité que je puisse entendre un candidat se faire plaisir dans son lit, il mentionne automatiquement Ghika. Je comprends pas trop. « Pourquoi ? Il a quoi Ghika ? ». Oui, il a quoi Ghika ? Eryk ne doit pas savoir ce qu'il dit à propos du garçon car il n'avait pas l'air d'être très porté sur le sexe lorsque je lui ai parlé. Je peux aussi très bien me tromper, je ne suis pas encore au courant de tout ce qui se passe dans le nid. « J'irai pas jusque là, je te rassure je le trouve pas sexy Hugh Grant » lui confiais-je avec un clin d’œil complice. Il était un peu trop vieux pour moi le petit Hugh alors je ne voyais pas comment je pourrai arriver à fantasmer sur lui. Pour se faire pardonner je lui demande de me faire à manger vu qu'il ait dans la cuisine, autant en profiter. Un sandwich au fromage fondu, c'est pas la mort non plus. Il risque pas de le louper. « Tu vois quand tu veux. ». Il s’exécute comme un bon petit soldat et s'active à me préparer mon sandwich. Il veut poursuivre notre discussion en me demandant si j'ai d'autres passions. « Euh … je sais pas, le dessin, les animaux et la danse. » Tous les animaux exceptés les chiens avec lesquels je garde de très mauvais souvenirs.