Vous savez depuis que je ne suis plus une enfant je ne prends plus ce petit repas qu'on appelle goûter. De temps en temps il m'arrive d'avaler un fruit ou une barre de céréales quand je suis au boulot et je manque d'énergie à ce moment de la journée. Mais si on exclus ces rares moment je crois bien pouvoir affirmé ne pas avoir pris de grand goûter depuis que je suis gamine et la cuisinière des parents me préparait un bon gâteau, un chocolat chaud ou même de la glace en été. Et là alors que j'étais en pleine conversation avec des nanas que je connais pas plus que ça ici y a mon ventre qui grogne comme un affamé. Je pose la main dessus histoire de le faire taire. Mais bon je crois que j'ai été quelque peu grillé alors ben sans mentir je leur dis que je vais aller me chercher un truc à grignoter. J'arrive donc à la cuisine et ouvre le placard remplit de cochonnerie dont je me tiens loin habituellement, plus par goût que par soucis des calories. J'aime le chocolat mais je n'aime pas tous les gâteaux bien rempli de chocolat et bien chimique en règle générale je ne trouve aucun goût gustatif ce genre de choses, comme les mars que je trouve en face de moi et qui me font salivé d'avance. Et puis ces petits gâteaux fourré de chocolat ils ont l'air sympa eux aussi... Je prends donc les deux boites juste pour en goûter un de chaque et puis je vais regarder dans le frigo si je trouve pas autre chose de meilleur tout de même. Des fraises, bon sang des fraises. Tout le monde aime les fraises, mais là je suis tout simplement en adoration devant ces petits fruits tous rouges. Je m'installe au départ sur la table avec mes trouvailles, mais soudain j'ai quelque peu honte de manger autant surtout si quelqu'un passe. Et quelqu'un va forcément passer dans la cuisine. J'ai pas honte de grand choses, mais disons que si vous aviez eu ma mère vous aussi vous auriez légèrement honte d'être attablé comme ça. Je trouve un sac en toile qui traîne et y range mes trouvailles, plus quelques autres pour le route. Je vais me faire mon festin à l’abri des regards. Enfin des regards internes, les spectateurs je m'en fiche un peu de leur jugement. Je finis par prendre place dans les vestiaires du stade, qui sentent meilleurs que ceux d'Oxford. L'université que de bons souvenirs.... Assise à même le sol je sors de mon sac les trois paquets de gâteaux et la boite de fraise, sans oublier la chantilly que j'ai subtilisé au passage. Peut importe je vais avoir l'air d'un grosse, mais je m'enfile déjà deux trois gâteaux, avant de jeter mon dévolu sur les fraises plus chantilly à même la bouche. Et puis la je remarque Ana. Merde je pensais que personne ne pourrais avoir l'idée de venir dans cet endroit, pourquoi avoir utiliser des vestiaires quand on a un dressing et une salle de bain dans le nid. Tant pis. « ...'en 'eux  un 'eu ? » *Je lui demande alors la bouche pleine et pas certaine d'avoir été totalement comprise surtout.
* t'en veux un peu

C'est beau être l'après-midi, j'ai tout de même cette forte impression d'avoir la gueule de bois. Je n'aurais jamais, jamais dû boire. En même temps qu'est-ce que j'aurais pu faire d'autre? Les enchères étaient clairement trop hautes pour ma cagnotte. Les discussions ne volaient vraiment pas haut. C'était une soirée certainement digne de ce nom pour les autres candidats, pour ma part ce n'était qu'ennui. Il fallait tout de même que je me ressaisisse, que je trouve quelque chose, n'importe quoi, un objet, des pensées pour que le temps passe plus vite. Non parce que j'ai beau apprécier cette aventure, qui je dois le dire me fait apprendre beaucoup plus de choses sûr le comportement humain que les bouquins. Les primes ne m'aide en rien à mes recherches, quoi que si ça m'amène à dénigrer ma thèse et tout le travail que j'ai pu fournir en amont d'ici là. Il faudrait d'ailleurs, qu'en ce lundi, je revoie mes calculs. Entame ma petite séance, mon petit cours de maths. Ce n'est que lorsque je jette un coup d'oeil à l'horloge que je réalise mon retard. Plus le temps pour les nombres, je dois me préparer pour mon footing. Christa m'en avait donné l'envie après l'avoir vu courir durant ces deux semaines. J'enfile short en jean, t-shirt basique, militaire. Attrape mes chaussures de sport, me les enfilent dans les escaliers, sans tomber. Je fais un petit détour dans la cuisine pour me préparer une bouteille d'eau. Enfin prête, je démarre ma petite course, destination la grande falaise. Je suis tout de même chanceuse d'avoir ses paysages. De me sentir un tant soit peu à l'abri. Je ne crains rien ici. Il faut que j'essaye de m'en convaincre à présent. Après avoir fait un détour dans la forêt, avant de retourner à la maison, je commence une petite cueillette de champignons. Distingue les vénéneux des comestibles. Les coupent soigneusement pour les caler ensuite dans mon t-shirt. Je me dirige vers la maison avant d'être, je ne sais pourquoi, attirée par le stade. Plus précisément les vestiaires. Cela doit être la douce odeur qui émane de cette pièce. Tiens gagné. Une candidate s'y trouve avec des fraises. Voilà d'où ça vient. "Je ne parle pas cette langue." dis-je en la taquinant un peu. Je décide de m'asseoir à ses côtés et laisse glisser les champignons au sol. "Voilà la suite. J'aurais pu dire voilà le dessert, mais..." dis-je en jetant un coup d'oeil à ses mets. "Ce n'est pas très approprié d'utiliser ce terme." dis-je en esquissant un petit sourire. "Ils sont tous comestibles." Oui je préfère le préciser. "Une peine de coeur?" Oui j'aime mettre les pieds dans le plat, mais généralement lorsque l'on mange de la chantilly, des fraises c'est pour deux raisons. Soit parce que nous avons eu un acte sexuel, enfin dans la logique des choses on partage cette gourmandise avec le compagnon... Soit parce que nous sommes tristes et cherchons du réconfort dans la nourriture. Je ne sais pas ce qui est le mieux jusqu'à présent.

J'ai juste faim, tellement faim. Ça me prends comme ça, et puis j'ai des envies un peu étrange le genre de nourriture que je ne mange pas habituellement. Que je n'apprécie pas et pourtant rien que de voir le petit dessin du gâteau sur la boite j'ai juste envie de baver d'envie. Alors je me fais un petit butin préférant partir m'isoler pour manger comme une grosse. J'ai pas vraiment honte mais disons que si je pouvais me passer du regard des autres là tout de suite... Ouais franchement je serais capable de réagir d'une manière assez violente si on me jugeait parce que je mange mal. Alors je pars à la recherche d'un endroit calme et dans lequel je ne pense pas être dérangé. Je décide de élire domicile dans les vestiaires, je pense que personne ne vient ici non ? Il n y a pas vraiment d’intérêt à se changer là quand la maison est à deux pas. Je pense donc je vais être seule ou du moins le temps de manger. Je commence mon petit festin piochant dans un peu de tout, gâteau au chocolat, fraise, chantilly mise à même a bouche. Tout, j'ai tellement la bouche pleine qu'il va me falloir deux jours pour me débarrasser de tout ça. Et bien entendu c'est à ce moment là qu'on entre dans les vestiaires. Je lui propose un peu de gâteau parce que bon maintenant qu'elle est là autant qu'elle se joigne à moi, je préfère encore ça que de la voir me regarder d'un mauvais œil, comptant chaque calories que j'ingurgite comme une affamée. Bien sûr elle ne comprend pas vraiment ce que je lui dis. Elle me fait sourire, d'ailleurs je devrais pas trop sourire parce que c'est franchement pas glamour. Je me dépêche donc d'ingurgiter tout ça histoire de pouvoir aligner deux mots sans avoir l'air de parler un langage extraterrestre. Elle s'installe près de moi et dépose des champignon sur le sol me disant que c'est la suite du festin, pas le dessert parce que bon j'ai déjà commencé le dessert quoi. Je ris légèrement ayant réussit à terminer ce que j'ai dans la bouche. « On peut réinventer le repas, qui à décrété qu'il fallait terminer par du sucré ? » Oui vraiment, je me suis rapidement rendu compte étant petite qu'il y avait tellement de règles qu'on nous imposait sans vraiment savoir pourquoi elle étaient là. Et si j'avais envie de manger le dessert avant le plat principale ? Et si je voulais juste me contenter d'un dessert ? Alors oui je comprends maintenant que si j'avais fait ça depuis toute petite je ferais facilement le triple de moi-même, même pire. Et puis mon cœur lui serait en piteuse état, même si faut dire que métaphoriquement parlant il l'est déjà. Elle me demande alors si c'est une peine de chœur qui m'incite à faire parler les plus bas instinct de ma personne. Celle d'un animal qui n'a pas mangé depuis trois jours faute de proie. « Euh, oui j'imagine enfin non ce n'est pas vraiment ce qui motive cette fringale. Mais ce n'est pas non plus faux. » Ma dernière histoire s'étant terminé il y a peut être deux mois et que mon coeur en est réduit à une poudre fine. Si bien que je n'ai pas vraiment encore pu me rendre compte du mal que ça à provoqué sur ma personne. Je n'ai pas vraiment pleuré, pas crié, pas détruit de vaisselle. Je me suis contenté de perdre ma respiration pendant quelques secondes et décidé qu'il fallait rebondir, qu'il fallait de nouveau respiré. « Et toi Alice, t'es partie à la chasse au champignon ? » Je lui demande faisant référence à Alice au pays des merveilles. C'est fou maintenant qu'elle m'a posé cette question je ne fais que me demander pourquoi je n'ai pas pleuré. Oh et puis je n'ai pas vraiment envie de m'attarder là dessus. Je glisse vers elle la boite de fraise, qu'elle se serve, y en a bien pour trois ici même plus.

En soit sa question était loin d'être idiote. Je recherche dans ma mémoire, au cas où j'ai l'information, au cas où j'ai le nom dans cet individu caché au tréfonds de mes souvenirs. Mais non, rien, le vide. « C'est bien la première fois que je n'arrive pas à répondre à une question. » dis-je moi-même étonnée de ne pas connaître. Première candidate à me poser une colle, elle est donc d'autant plus intéressante, celle-ci pour sûr il faut que j'y porte une plus grande attention. Que ce soit dans son comportement, ses paroles, tout. « Je n'ai donc ni tort ni raison. Entre-deux. Ça ne me dérange pas. » dis-je tout simplement. Évidemment ma curiosité est piquée au vif, mais j'ai appris à la canaliser. Je ne suis pas de ce genre à forcer sauf si c'est vraiment urgent et je ne pense pas me trouver dans cette position en cet instant. « Dis-toi seulement que la personne concernée doit se mordre les doigts. » Je pense, je devine, j'espère car si j'ai faux sur toute la ligne, bravo la délicatesse. Oh j'ai déjà fait pire, mais tout de même ce n'est pas un concours. « C'est ça. Dès que j'en vois des comestibles c'est mécanique il faut que je les ramasse. » Ne pas rajouter le fait que durant une période les champignons était mon seul choix de repas que ce soit matin, midi et soir. J'aurais pu être par la suite traumatisée et ne plus en vouloir en manger ou encore en voir de toute ma vie. Mais ce fut l'inverse total. On peut même dire que s'en est devenu un toc dont j'ai du mal à me débarrasser. Puis le fait qu'il y ait une forêt à côté n'aide en rien à résoudre ce petit problème. Je la remercie pour les fraises, qu'elle m'offre avec grande gentillesse ou peut-être qu'elle a peur de toutes les manger. C'est un risque en effet lorsqu'on a pas le moral. « Je n'ai jamais vécu de peine de coeur. » dis-je de but en blanc. J'attrape une fraise, après-coup et croque dedans. « Enfin si une. Mais je ne sais pas trop si on peut l'appeler comme ça. » Ah oui celui-là je m'en rappellerais toujours. Malheureusement. "Une vraie tête à claque." et encore je suis gentille dans mes propos. "Et le pire c'est que ce n'est même pas moi qui ai rompu!" Pourtant j'aurais dû.

C'est quand une question plutôt légitime hein ? Qui a décidé qu'on devait finir par du sucré ? Moi en tout cas aujourd'hui je crois que je vais finir par du salé, à base de champignon. Quoique je suis pas certaine d'avoir le droit de manger des champignon ? Si j'avais été dans le monde réel j'aurais téléchargé une appli pour ça. Tant pis. Elle m'avoue que c'est bien la première fois qu'elle est incapable de répondre à une question. Je souris, serait-elle une sorte de QI sur patte à l'instar d'un Einstein ? Elle doit être copine avec Gaëtane, madame Larousse. Elle me demande si c'est une peine de cœur qui motive cette fringale. Ce n'est pas totalement vrai mais pas faux à la fois. Parce que je suis en pleine crise de cœur. Et le genre double. Entre mon ex et Lou qui … bref. Il semblerait que la demoiselle adore avoir raison, trouver les solutions, les réponses. « Si t'avais eu tord, tu m'aurais piqué mes gâteaux c'est ça ? » Je miaule, moue toute mignonne à l'appuie. J'ai même pas envie de savoir comment elle réagit quand elle a tord d'ailleurs. Est-ce qu'il s'en mord réellement les doigts lui ? Là bas où il se cache derrière des malade. J'ai entendu dire qu'il était au Liberia pour ebola. Peut importe, je pense qu'il est trop occupé pour regretté de ne pas m'avoir réellement aimé. Je ne sais pas si on peu regretter une chose pareil de toute manière. « J'espère bien. » Je lui réponds dans un regard complice. Oui j'espère bien dans un sens qu'il ne cesse de penser à moi et qu'il regrette amèrement son comportement. Et quand au cas de Lou... c'est autre chose encore. La petite Alice est partit à la chasse au champignon donc, elle m'avoue que c'est un geste mécanique de sa part. « Moi je saurais même pas différencier les comestibles des autres. Enfin à part l'amanite tue-mouche. » Dont elle aime s'approcher si je me fie à son twitter. En même temps j'ai plutôt grandis entouré de Louboutin et Miu Miu, ça je peux différencier, même si mon œil d'experte en à prit un coup à force de s'habiller avec du coton synthétique ! Je lui propose alors mes fraises, plus parce que je veux pas tout manger que parce que je suis généreuse. Parce que clairement je suis pas le genre généreuse. Je peux faire preuve de tolérance et avoir un acte de bonté mais de là à être appelé généreuse... non il ne fait pas exagérer. Elle m'annonce qu'elle n'a jamais eu de peines de coeur. Elle a bien de la chance ou pas en faite. Moi je trouve ça plutôt vivifiant. Elle tempère me parlant d'un type en particulier qui n'en valait pas vraiment la peine d'après ses dires. « Je crois que je n'ai eu que des peines de cœurs. » Je lui dis alors d'un ton assez flou, le regard dans le vague. J'ai eu de belles histoires, torrides, passionnés mais toutes on un point commun : une chute terrible. Et je crois que le problème ça doit être moi. « Et pourtant je continue de tomber amoureuse, encore et encore. » Un cercle vicieux. « Le dernier en date m'a trompé. Enfin pas trompé dans le sens il s'est tapé une autre nana, limite ça j'aurais préféré. Non il m'a juste fait miroité une personnalité qui ne lui était pas propre, il a réussit à me duper. Pire encore il m'intimidait, personne ne m'intimide normalement ! Mais lui il avait cette emprise assez bizarre sur moi. Il jetait des petites réflexions ici et là juste pour qu'au final je me sente minable. Des choses anodines et insignifiantes auxquelles je ne prête aucune importance. Mais dans sa bouche ça semblait tellement vrais. Je l'idolâtrais un peu trop aussi. C'est le genre de médecin superstar qui préfère sauver des petits africains plutôt que d'avoir un poste avec salaire à quatre zéro dans un hôpital de renommée. J'arrivais même pas à lui trouver des défauts quand on était ensemble, coiffures parfaite, dent parfaite, un amant fabuleux, drôle, charmant... mais un putain de connard! » Je termine en fourrant trois gâteaux de ma bouche, un soupire venant combler le silence.