On ne pouvait pas dire qu'Adélie prenait du plaisir à manger, elle avait un régime alimentaire stricte qui impliquait bien souvent de se mettre à table pour déguster des plats sans saveurs n'ayant pour seule vertu que celle d'entretenir sa santé. Le moindre écart pouvait ruiner des années et des années de sacrifice, elle plus que les autres, elle en avait conscience.  Jusqu'ici, la rouquine avait plutôt bien tenu ses engagements ne s'accordant que très peu d'écart dans un jeu où les tentations sont si grandes. Aujourd'hui pourtant, elle n'a pas envie de faire attention, elle est d'une humeur radieuse et ne laissera pas son régime alimentaire lui gâcher son plaisir. Il est peut être un peu trop tard pour préparer un brunch dans les règles de l'art, tant pis, elle allait se faire un festin de roi en guise de déjeuner. Elle prend le chemin des cuisines d'un pas déterminée, faire la cuisine ne l'a jamais dérangé, si en plus elle peut se faire plaisir elle ne compte pas s'y rendre à reculons. Lorsqu'elle fait son entrée dans la pièce, un autre candidat traîne dans les parages. Elle reconnaît là la frimousse d'Allen, un candidat avec qui elle n'a jamais pris le temps de converser et ce même si on ne parle de lui qu'en bien. « Pourquoi faire les cent pas dans la cuisine alors que je peux te préparer quelque chose ? ». Elle questionne un sourire malicieux au coin des lèvres, elle ne lui laissait pas vraiment le choix, il ne pouvait pas lui refuser. Ce n'est pas le genre de proposition que l'on décline aussi facilement surtout qu'Adélie savait se montrer très persuasive lorsqu'on lui refusait quelque chose. La française s'approche de sa démarche aérienne presque sautillante des fourneaux avant d'adresser à son camarade un regard soupçonneux. « Tu n'as pas mangé au moins ? Sinon, tu contrarierais tous mes plans ». Elle n'avait pas pensé à ce petit détail fâcheux qui pouvait bien tout gâcher, il n'était pas encore très tard, la probabilité pour qu'il ait déjà déjeuné était mince mais le brun pouvait très bien avoir des habitudes différentes des siennes. « Je suis disposée à prendre les commandes ». Elle ajoute s'accoudant au plan de travail plantant son regard bleu ciel dans les prunelles de son camarade. Adélie était bonne cuisinière, son petit côté touche à tout y était sûrement pour beaucoup, elle était capable de réaliser toute sorte de plat si toutefois Allen ne se décidait pas à lui demander quelque chose de trop compliqué.      

  Adélie peut bien s'amuser à sauter des repas, son organisme lui fera payer un jour ou l'autre en la rappelant à l'ordre dans les heures qui suivent. Son ventre grognera jusqu'à ce qu'elle abdique et se mette à nourrir le petit monstre qui l'habite. Oui, elle le confesse, elle a oublié de prendre son petit-déjeuner, volontairement, il était bien trop tard lorsqu'elle s'est réveillée dans son lit dans la suite Elvis. Elle a jugé inutile de manger préférant attendre midi tapante pour descendre à la cuisine afin de se préparer un bon petit plat dont elle seule à le secret. Elle a même décidé de partager avec Allen puisqu'en arrivant dans la pièce elle remarque que son camarade a l'air complètement désemparé face au frigo, elle ne va pas le laisser en pleine détresse, elle n'est pas de ce genre là Adélie. Elle se propose alors pour lui préparer un repas au lieu de le laisser faire les cent pas dans la cuisine en prenant cet air de chien battu complètement dépité devant l'ampleur de la tâche. Sa réponse eu le mérite de lui arracher un sourire, même s'ils n'avaient jamais eu le temps de passer du temps ensemble elle était intimement convaincue qu'elle n'aurait aucun de mal à parler avec son camarade, ces premiers mots venaient de confirmer son sentiment. « Alors on dirait que je tombe à point nommé ». Elle ajoute, se postant clairement en sauveuse de son camarade, on ne dirait pas comme ça mais elle a le sens du sacrifice. Doubler les doses en préparant un bon petit plat allait sûrement lui demander beaucoup d'énergie, hm. Elle se rassure lorsqu'il lui annonce qu'il n'a pas encore eu le temps de manger, il faut dire qu’apparemment la française venait de le couper dans son élan. Bas voyons, tout ce qu'il faut pas entendre ici. « Oh pardon, ce n'est pas vraiment l'impression que ça m'a donné vu d'ici. ». Elle réplique d'un air faussement désolée, elle sait bien que son camarade était tout sauf en train de cuisiner lorsqu'elle est entrée dans la cuisine. A moins qu'il soit le seul être humain à faire la cuisine par télépathie simplement en regardant le frigo pendant de longues minutes, dans ce cas cet homme était un génie. Loin d'elle l'idée de remettre en cause les talents de son camarade, elle doutait qu'une telle chose était humainement possible. S'accoudant au plan de travail, la jeune femme était prête à prendre les commandes alors qu'Allen lui assurait être disposé à ne pas jouer les difficiles. Elle le croit sur parole, du moins jusqu'à ce qu'il décide de faire la liste des aliments qu'elle devait bannir de son plat. Pas de viande, ni corps gras, ni féculents et encore moins de légumes verts. La jeune femme l'écoute attentivement, esquissant même un sourire lorsqu'il lui assure qu'il mange de tout. « Je crois que nous n'avons pas la même définition du mot difficile, toutefois je pense avoir trouvé exactement ce qu'il te faut ». Elle annonce avant de se lancer en quête du parfait repas pour Allen, elle attrape la corbeille de fruit non loin d'elle et la tend à son camarade. « Et voilà, bon appétit, ne me remercie pas, ce n'était vraiment pas dur à préparer. ». Elle explique tirant sur la corde de la modestie. Il n'avait rien dit sur les fruits ce qui tombait bien puisque la production s'assurait toujours qu'il ne manque jamais de vitamines. Bien sûr elle n'était pas sérieuse et s'empresse de reprendre. « Ou alors tu fais des efforts surhumains et tu me laisses te préparer une blanquette de veau. Tu t'en sens capable ? ». Ce n'est qu'une proposition comme ça mais c'était toujours mieux que de se contenter de fruit au déjeuner. « Oui je sais c'est un nom un peu farfelu mais je ne sais pas s'il y a une traduction en anglais pour ce plat mais fais-moi confiance et tu ne seras pas déçu. ». Elle confesse son regard papillonnant aux quatre coins de la pièce cherchant toujours si le plat qu'elle lui proposait avait un nom en anglais, auquel cas son camarade allait devoir la croire sur parole et attendre bien sagement qu'elle prépare ce plat typiquement français.