+ CLÉMENTINE

Chaque Dimanche, c'était toujours le même problème, j'arrivais dans mon dressing et me perdait dans la contemplation d'un rien, un vide intergalactique. J'étais absolument nul lorsqu'il s'agissait de sélectionner mes vêtements. En fait non, ça ne s'arrêtait pas aux vêtements, mais également aux objets, à la décoration, à la musique. Oui, non, j'avais des goûts peut-être un peu trop prononcé pour le kitsch et le ringard, alors forcément, je ne faisais jamais une grande impression partout où je passais. Mon truc à moi, c'était les tee shirt "fruités". Vous savez, le genre avec un motif pamplemousse se répétant sur tout le haut. Oui, je sais, pas terrible, quoique ça revenait à la mode il me semblait. Enfin, j'avais tout de même conscience que je ne pouvais pas franchement porter ce genre de choses sur le plateau de Fake Lover, endroit où la plupart des candidats étaient tous plus classes les uns que les autres. Et après mes vaines tentatives, j'avais fini par capituler, allant jusqu'à voler un tee shirt la semaine dernière pour ne simplement plus faire aucun effort. Pourtant, cette semaine, j'avais décidé de reconquérir mon public, oui, tenté que j'en ai un. J'étais encore quelque peu sceptique quant à la tenue que j'allais revêtir, mais je comptais bien sur l'aide de Clémentine que j'avais spécialement convoqué pour l'occasion. Clémentine, elle était jolie, et elle sentait bon, c'est donc qu'elle devait avoir de supers goûts, vous voyez ? Enfin il me semblait. Pour dire vrai, je ne regardais jamais réellement les tenues des autres, de peur de me sentir ridicule. « Ce... C'est pas glorieux, hm ? » lui dis-je en désignant une pile de mes vêtements où un pull vert sapin avec une tête de cerf trônait sur le dessus. « Tu crois que c'est encore rattrapable ? » La question valait tout de même une petite réponse, aussi négative soit-elle. J'avais besoin d'être fixé.

C'était connu j'avais des goûts catastrophiques pour à peu près... tout. Musique, vêtement, bref j'étais une cause perdue, du moins c'est ce que je m'étais toujours dit. J'essayais pourtant de faire des efforts, mais quand on n'a pas de goût, on n'a pas de goût, et rien ne pourrais jamais changer ça. C'était pour ça que je m'étais dit que Clémentine était probablement la mieux placée pour m'aider. Elle était jolie Clémentine, et tout le monde l'aimait bien, donc ça me semblait évident. Je lui montrais donc mon musée personnel des horreurs, et autant vous dire que j'avais pu sentir ce frisson parcourir son échine comme si c'était sur la mienne, huhu. Non, mais c'était pas aussi horrible, si ? Je suis sûr qu'elle exagérait ! Je savais que j'avais mauvais goût, mais pas au point d'en rendre son déjeuner tout de même. (...) Enfin j'espérais. Non ? Elle me parlait d'une certaine Cristina, et, n'étant pas du même pays qu'elle, je me voyais contrait de faire naviguer ma tête de droite à gauche. C'était qui celle là, et qu'est ce qu'elle avait à voir dans notre affaire ? Toujours est-il que d'après la blonde, j'aurais probablement causé sa pendaison. « Oh la pauvre... » soufflais-je comme si c'était effectivement arrivé. Sauf que non. Mais bon, les images de cette fille -dont je ne connaissais d'ailleurs pas l'apparence- pendue, ça me donnait tout de suite une idée de la gravité de la situation. Cependant je n'étais pas une cause perdue d'après la jeune femme. « Vraiment ? Pourtant là où je travaille, Renée elle dit que mes pulls ressemblent à ses anciens paillassons. Je me suis toujours dit qu'elle devait bien les aimer, mais quelque chose me dit que, d'un coup, ça n'est pas le cas. » Elle me disait donc ça comme étant une critique, hm. Ils étaient bien mes pulls non ? Apparemment, j'avais faux. Tout faux. « Même mes tee shirt avec les fruits ? Ils sont drôles pourtant. » Je suis sûr qu'on pouvait facilement en faire quelque chose ! En tout cas, elle n'aimait franchement pas mon pull à tête de cerf. « T'es sûre ? Parce que j'avais fait une affaire en l'achetant ! » Bien oui, ça serait bête quand même, non ? Quand je vous dis que ça n'était pas gagné.

Je n'avais aucune idée de qui était cette Cristina, réellement, c'était une célébrité ou quelque chose du genre ? En tout cas, je ne lui souhaitais évidemment aucun mal. Clémentine me demandait si je ne voulais pas qu'elle se pende, et j'hochais la tête un perplexe. « Oui. Enfin, je suppose. » Parce que bon, au final, je ne la connaissais pas, elle pouvait très bien être tout à fait monstrueuse. Je lui racontais ainsi ce que la vieille dame -enfin l'une- racontait de mes vêtements, et d'après la jolie blonde, ça n'était pas franchement un compliment. J'avais toujours pensé qu'elle attachait une valeur sentimentale à ses paillasson, mais maintenant que j'y repensais, ça me semblait presque évident. Pourtant elle était gentille avec moi, cette dame... Bon par contre, elle voulait également jeter mes tee shirt avec les fruits, ça j'étais déjà un peu plus embêté. « M-Mais si on jette tout... Je vais plus rien avoir à me mettre. » lâchais-je finalement comme une évidence avant d'ajouter « J'ai pas trop envie de me balader torse nu pour le reste de mon aventure, ou alors de rentrer chez moi dans cette tenue... » Parce que je pouvais très bien être éliminé ce soir, et qu'il fallait principalement que je pense à faire ma valise. Clémentine se débarrassait donc du pull en me disant qu'il fallait que je porte des vêtements plus sobres. « J'ai ça aussi, oui, je crois. » j'avais quelques simples tee shirt blanc ou gris dans mon armoire, mais c'était un peu barbant non ? Comme accoutrement, j'entends. « Et du coup... Je mets quoi pour le prime ? Parce que j'ai toujours pas choisi... et que je ne voudrais pas trop sortir n'importe comment. J'avais pensé à une chemise, mais... » Mais c'était trop compliqué de choisir.