La plage est mon endroit préféré pour me balader, un endroit calme où le seul son que l'on entend, est celui que les vagues font en s'échouant sur le sable. Un endroit qui m'apaise, qui m'aide à passer le temps lorsque les autres candidats ont autre chose à faire que de s'occuper ou de discuter avec moi. L'un des seuls endroit où la solitude ne me dérange pas tellement. Les mains dans le fond des poches, le regard perdu dans le vide, je marche sans trop savoir où je vais. J'aligne mes pas mais je ne réfléchis pas et bon sang, ça me fait un bien fou. Dans un premier temps, j'essaie d'oublier cette nomination qui m'est tombée sur le coin de la tête hier. C'est mon objectif du moment et c'est assez efficace jusqu'à maintenant. C'est la voix de Eryk, au loin, qui m'attire. Je mets quelques secondes à comprendre ses paroles, je fronce les sourcils et baisse les yeux en direction du sol. Des lettres. Un mot. Des mots. Des mots en anglais, la langue que parle depuis bien longtemps maintenant même si celle-ci n'est pas ma langue maternelle. «Désolée, pardon, pardon.» Je me morfonds en excuse tandis que je tente d'enlever mes pieds de là sans faire trop de dégâts. Je m'en veux parce que je sais à quel point ce genre de message est important. «J'savais pas que tu avais des enfants.» Je ne savais pas que l'on était autant à venir s'impliquer dans un jeu comme celui-ci tandis qu'une véritable vie de famille nous attends à l'extérieur «T'en as un seul ? plusieurs ? Ils sont comment» En gros, j'attends de lui qu'il me dise tout au sujet de ses gamins.

Parfois, je me dis que je suis trop distraite concernant la vie de mes petits camarades. Ça m'étonne pas que je sois incapable de trouver leur secret si je ne sais même pas des choses essentielles de leurs vies. Comme le fait qu'Eryk ait des enfants par exemple. J'ignore tout à leur sujet jusqu'à ce qu'il m'en parle et lui, il semble savoir bien plus de choses au sujet de ma fille. Pourtant nous n'en avons pas réellement parlé, d'où tient-il ses infos ? Peut-être est-il plus curieux que moi, tout simplement. Etant donné que c'est le moment de me rattraper, de noter certains détails de son existence dans un coin de mon esprit, je retiens qu'il a deux jumeaux. Une fille, un garçon. Warren et Emma. Et ils ont six ans. Ce ne sont pas des renseignements qui me paraissent difficiles à oublier, je devrais m'en souvenir.  Il m'en dresse un bref descriptif, ils ont l'air amusants. Mais épuisants. «Oh oui,je vois tout à fait !» que je m'exclame alors tandis que je prends la décision de m'asseoir sur le sable pour continuer à discuter. Nous avons le temps n'est-ce pas ? «Est-ce que tu les vois souvent ? » Je suis curieuse de savoir si il est un papa appliqué dans l'éducation de ses enfants ou si ça n'est pas du tout le cas. Puis après, je me demande où se trouvent leur mère parce que je n'ai jamais parlé de sa vie sentimental avec Eryk. Il est peut-être même encore marié que j'en sais rien du tout. Mon regard se perd rapidement sur son annulaire, rien. «Et hum.. t'es plus avec leur maman ? » Je ne lui demanderais pas pourquoi et comment, ça ne me regarde pas vraiment. J'aimerais juste savoir ce qu'il en est de sa vie amoureuse. «Amalys. le corrigeais-je dès qu'il eu cité ce qu'il pensait être le nom de ma fille. «Lys, c'est plus court.» Et plus simple à retenir également, je l'aide à ne plus déformer le prénom de ma fille. «Elle est très calme, très réfléchie.» Pour une enfant de six ans, elle m'a toujours impressionnée. Bien entendu, il lui arrive de faire des bêtises mais en règle générale, je ne dois jamais me plaindre de son comportement. «Elle est bien plus sage et bien plus maligne que moi. Enfin, je veux dire, quand j'avais son âge.» J'idéalise ma fille, c'est ma merveille. Mais ce ne sont pas des mensonges, c'est la vérité.

 «Et si on s'asseyait ? » lui demandais-je en sentant que cette discussion prendrait de la longueur, ce qui n'était pas pour me déplaire. Au contraire. J'avais à mon goût, pas encore suffisamment parler avec Eryk et ce moment au bord de l'eau me paraissait idéal pour ce genre de moment-là. Attentive comme je le suis rarement, j'écoute tout ce qu'il me dit. Je trouve ça intéressant, je le trouve intéressant et cela me pousse naturellement à lui poser plusieurs questions. J'espère qu'il ne va pas me trouver trop chiante parce que ce n'est pas du tout ce que je veux.  «Ce n'est pas trop dur de devoir les partager ? » J'en serai incapable. Je ne peux pas partager ma fille, je ne peux pas la confier à quelqu'un d'autre. Sauf pour l'émission, parce que je ne pouvais pas faire autrement mais dans ma vie quotidienne, je ne me vois pas me lever et me coucher sans elle à mes côtés.  «Tu ne l'aimais plus ? » J'aurais pu lui demander ce qui les avaient à divorcer mais je préfère me baser sur les sentiments. Souvent, je me demande comme l'on fait pour ne plus aimer quelqu'un quand on l'a aimé pendant des années. Je n'ai pas encore d'expérience dans ce domaine mais ça me parait compliqué d'oublier quelqu'un avec qui l'on a partagé tellement de moments.  «Je... J'crois qu'il ne sait même pas qu'il est son père. Il n'a aucune importance » Il n'avait pas d'importance pour moi, il n'a été qu'un mec parmi d'autres, quelqu'un qui m'aidait à passer le temps quand mes parents préféraient pouponner ma petite soeur. Il n'était qu'un amusement et je ne voulais pas qu'il fasse partie de la vie de ma fille alors je ne lui en ai simplement pas parlé. C'est un peu égoïste, j'en ai bien conscience. Il a entendu parler de ma grossesse, comme beaucoup de gens dans la ville où je vivais mais je lui avais fait croire qu'il n'avait pas été le seul. Je lui avais fait croire qu'il y en avait eu d'autres, beaucoup d'autres pour qu'il me laisse vivre ma vie tranquille. Pour qu'il ne se mêle pas de l'éducation de mon enfant justement. «Merci, les prénoms de tes enfants sont jolis aussi. Les idées venaient de qui ?» Souvent les choix se font à deux lorsque l'on est en couple mais je me dis que l'idée doit bien provenir d'une seule personne à la base. «Oh t'sais, je n'étais pas du tout comme Lys lorsque j'étais petite. Mes parents me trouvaient trop tête en l'air, j'étais en permanence perdue dans un univers différent. Un univers amusant. » Les rêves, pour faire simple. J'avais tendance à m'enfermer dans le monde des rêves et cela avait tendance à agacer mes parents qui me demandait sans cesse de garder mes pieds sur terre. «Puis je n'étais pas aussi maligne qu'elle. Non vraiment, j'ai eu beaucoup de chance» que j'articule avec un léger sourire dessiner sur mes lèvres. «Mais bon, mon choix de la garder a déjà été assez difficile, la situation que mes parents m'ont imposés par la suite alors je suppose qu'avoir une enfant difficile aurait été le malheur de trop.» que je lui dis en riant.