+ Je ne me sens pas très bien aujourd'hui, et ça dure depuis ce matin. Je suis restée tranquille, souvent allongée ou assise à attendre que ça passe. Je dois être un peu fatiguée, ou ce n'est qu'un coup de mou passager, une journée comme ça, où ça ne va pas, ça arrive à tout le monde. Je décide tout de même de me bouger un peu à l'approche du prime. Bientôt, on va se ruer vers la salle de bains et je n'aurais plus la place ni le temps de me préparer. Je quitte donc le canapé dans lequel j'étais affalée pour me diriger en douceur vers les escaliers que je compte gravir tout aussi lentement. Je me sens encore un peu vaseuse et j'ai toujours l'étrange impression que le décor tangue autour de moi, mais ce n'est plus qu'une très légère sensation qui, j'essaye de m'en persuader, va finir par disparaître, et si possible avant le début de la soirée, oui, ce serait le mieux. Mais je sais bien qu'il ne faut jamais compter sur les soucis pour tomber au bon moment. Le regard dans la vague, je m'assois péniblement sur une marche, m'agrippant comme je peux à la rambarde froide. « Ça va aller... » Je me murmure à moi-même, tentant de m'en convaincre alors que je sais que ça ne fonctionnera pas autant que si c'était quelqu'un d'autre qui me le disait. C'est con, mais ça marche ce genre de trucs, juste une voix quand ça ne va pas. Enfin, ça marche avec moi en tout cas. Et comme s'il répondait à l'appel, Noah apparaît dans mon champ de vision. Je lui adresse un sourire un peu plus faible que d'habitude, un regard un peu moins présent, qui lui demandent sincèrement de ne pas s'inquiéter et de simplement venir me tenir compagnie sur cette marche pas très confortable.

J'aime pas quand ça me tombe dessus, comme ça, que je m'y attends pas, que ça m'assomme. Je me sens nulle, pitoyable. Ouais, vraiment, je fais pitié. Mais qu'est-ce qu'on peut y faire quand ça va pas, ça va pas. Peut-être que c'est ma nomination d'office, un simple coup de fatigue parce que même si c'est les "vacances" je me couche pas forcément à des heures raisonnables et je me bouge autant, voire plus que si j'étais chez moi. Oui, ça doit être la fatigue, c'est tout. Mais je me suis déjà reposée presque toute la journée, et j'ai pas fait grand chose hier non plus, enfin, ça allait bien mieux qu'aujourd'hui. Je m'échoue sur une marche de l'escalier en espérant que ce petit vertige passe. C'est rien, c'est rien, ça va aller, ça va toujours. Mais oui, et y a même Noah qui vient me tenir compagnie. Ah, parfois je me dis que j'ai de la chance d'avoir un partenaire aussi gentil, même s'il m'agace un peu par moment, à se dénigrer, à se rabaisser, à rien faire. Au moins, il est là quand ça va pas, c'est déjà ça. Il me demande si ça va en asseyant près de moi. « Oui, super, super bien. » J'essaye de prétendre dans un faux sourire alors que je fais inconsciemment non de la tête. Je viens la poser lourdement sur son épaule, le pauvre, il va devoir rester là à me supporter maintenant, parce qu'il est trop gentil pour inventer une excuse bidon et me planter là, toute seule alors que non, ça ne va clairement pas si bien que ça, non. « Parle-moi un peu de toi, s'il te plait, je me rends compte que je te connais même pas. » Oui, tant qu'à faire, puisqu'on est là. Parce que c'est vrai ça, je sais pas grand chose sur lui, à part son prénom, son secret, son âge approximatif, la façon dont il a l'air de se voir, le fait qu'il ait un chat, un job, et voilà. Bon, en fait, c'est déjà pas mal, mais il doit bien y avoir d'autres trucs qui le définissent, c'est obligé, sinon je le plains, ce pauvre gars.