+ Je viens d'ouvrir les yeux, difficilement, mais je n'ai pas perdu de temps pour repousser les couvertures et sortir de mon lit en resserrant bien la veste d'Eryk autour de moi. Je ne sais pas si c'est moi, mais j'ai l'impression qu'il fait de plus en plus froid ici, c'est peut-être l'ambiance générale, l'atmosphère qui est comme ça, allez savoir. Je baille longuement en traversant la couloir avant d'arriver jusqu'à l'ascenseur que j'appelle en appuyant sur le bouton. Il met un certain temps à se montrer, assez de temps pour qu'Andreja m'ait rejoint. En fait, je ne m'en suis pas encore rendu compte, je sais qu'il y a quelqu'un à côté de moi, je sens sa présence mais je n'ai aucune idée de qui cela peut être et à vrai dire, ça m'est égal. Le fait est que je suis encore un peu endormie, les yeux dans le vague, perdue dans mes pensées, les souvenirs de mes rêves de la nuit qui s'effacent lentement. Quand les portes s'ouvrent, j'entre et lui accorde enfin un regard. « Oh, bonjour. » Je fais, un peu surprise de m'apercevoir que c'est lui, un petit sourire aux lèvres. « J'ai souri. » Je lui fais remarquer en conservant l'expression de mon visage intacte. « Et je ne me suis même pas sentie obligée. » J'ajoute d'une petite voix, l'air de rien. Bon, si, je me suis un peu sentie obligée. Déjà parce que je veux faire comme si j'étais déjà bien réveillée, alors que je ne le suis clairement pas, et puis aussi parce que je ne veux pas qu'il s'inquiète pour moi, qu'il pense que ça ne va pas. Ça va, je souris, donc tout va bien. J'appuie sur le bouton qui indique à l'ascenseur de descendre jusqu'au rez-de-chaussée et les portes se referment. « Alors, bien dormi ? » Je demande l'air de rien, pour meubler, parce que je n'ai aucune envie que le silence s'installe, je n'aime pas ça, pas du tout même.

Si Andreja n'avait ni rechigné ni même hésité avant de prendre la décision de dormir dehors lui aussi, puisque c'était le sort réservé à Pia cette semaine, il y avait un truc auquel il ne voulait en revanche pas renoncer, c'était la salle de bain. Certes il y avait les douches des vestiaires du stade, heureusement pour Pia d'ailleurs, mais Andreja lui ne les aimait pas et même n'aimait pas trop y mettre les pieds, pour des raisons qui ne regardaient que lui. Chaque matin il regagnait donc tranquillement le nid après son footing, pour prendre une douche aussi méritée que nécessaire, et récupérer de quoi apporter à déjeuner à Pia ; Du café principalement. Le tout souvent avant même que la rouquine ne se soit rendue compte qu'il avait quitté leur couette, une vraie marmotte. Mais le fait qu'il soit debout et qu'il ait eu le temps d'aller courir n'était pas forcément un gage de réveil total pour Andreja, preuve en était que quittant le dressing après avoir enfilé un jean et un polo vert il s'était dirigé vers l'ascenseur. Comme ça, sans réfléchir et alors qu'il savait très bien comment finissaient la majorité des trajets en ascenseur ici. « Oh, bonjour. » Il avait l'impression qu'on le réveillait en sursaut, comme s'il dormait debout. D'où était arrivée Jessica ? A moins qu'elle ait déjà été là ... Peu importe. « J'ai souri. » La réflexion l'avait fait sourire à son tour, légèrement, tandis qu'elle ajoutait comme pour couper court à ce qu'il pourrait demander « Et je ne me suis même pas sentie obligée. » Est-ce que c'était vrai ? Il n'avait aucun moyen de le savoir. Peut-être que non, peut-être que ce n'était que du flan, mais au fond c'était parfois en se forçant un peu qu'on finissait par se persuader alors Andreja avait décidé de s'en contenter. « Tu es plus jolie, quand tu souris. » avait-il du coup simplement fait remarquer, un léger sourire aux lèvres lui aussi. Les portes de l'ascenseur se refermaient tandis qu'elle posait à nouveau les yeux sur lui, lui demandant sur le ton de la conversation pure « Alors, bien dormi ? » Il avait penché la tête d'un côté puis de l'autre. Bien dormi c'était peut-être un peu excessif, quand on était habitué à un lit douillet depuis sept semaines dormir à même le sol, même avec un tapis, c'était un peu comme troquer une berline contre une trottinette. « Hm, oui, si on veut. » Il n'était pas à l'agonie non plus, il n'avait pas dormi sur une planche à clous, mais bon. Et il n'était pas en train de se plaindre non plus, il pourrait très bien retourner dormir dans son lit plutôt que de tenir compagnie à Pia, mais il en avait décidé ainsi. Il donnait simplement une réponse honnête à sa question. « Et toi, tu te faire à ta nouvelle partenaire ? » Il ne savait pas si Jessica et Elsa dormaient à deux ou non, à vrai dire il ne savait même pas si elles s'entendaient bien ou non, il ne suivait pas trop les relations des uns et des autres ... la preuve, avant qu'Akela n'en diffuse les images il n'était même pas conscient qu'il existait un souci entre Jessica et Pia. Et ce serait mentir que de dire qu'il ne se sentait pas un peu responsable, car la teneur de la conversation et les remarques de Siomha à ce sujet ne laissaient pas grande place au doute. L'ascenseur s'était immobilisé à nouveau, le zéro lumineux indiquant qu'ils étaient arrivés à destination « Je crois c'est la première fois je prendre le ascenseur sans qu'il se bloque. » C'était assez peu courant pour être souligné, se disait-il. Un peu trop vite sans doute, puisque la porte ne s'était toujours pas ouverte, même après plusieurs secondes d'un silence marqué seulement par le regard accusateur que Jessica posait peu à peu sur lui « Ah non, ça pas être de ma faute ! » Parce qu'il la voyait venir, là, elle allait l'accuser d'avoir parlé trop vite et de leur avoir porté la poisse. C'était peut-être vrai, ou alors les murs avaient des oreilles.

J'ai l'impression qu'il est aussi surpris de me trouver là que je l'ai été en me rendant compte de sa présence quelques instants plus tôt. Je le salue et lui fais remarquer que je souris, et sans m'y sentir obligée en plus, même si je mens un peu quand même mais il ne doit pas y porter grand intérêt. Il déclare alors que je suis plus jolie quand je souris. Mes lèvres s'étendent dans un sourire encore plus large. « Je sais, merci. » Je réponds d'un air fier et bien plus réveillé qu'avant. Puis je lui pose une question plus que banale, à savoir s'il à bien dormi. Sa réponse ne me convainc pas des masses et c'est alors que me reviennent quelques rumeurs à l'esprit. « Ah mais c'est vrai que tu dors dehors avec Pia ? » Non, quand même, le pauvre. Et moi je lui demande comment il a dormi, je suis con. Mal, forcément. Ils doivent avoir froid, enfin ça doit surtout être galère pour la rouquine elle a pas le droit de rentrer contrairement à Andreja. Il est trop gentil de faire ça pour elle, de lui tenir compagnie, en bon partenaire. Moi, si j'avais été dans son cas, j'aurais laissé l'autre dormi tout seul, je tiens trop confort dont on dispose ici. Surtout que bon, c'est pas comme si j'étais très proche des deux binômes que j'ai eu depuis le début de cette aventure, donc je vois pas pourquoi je ferais ça pour eux. Comme s'il lisait dans mes pensées, Andreja me demande maintenant si je me fais à ma nouvelle partenaire. « Oh oui, très bien. Elsa est adorable. » Ça c'est mon mot, je pense que tout le monde l'aura remarqué depuis le début le temps. En fait, si je devais vraiment être honnête, là tout de suite, je lui dirais qu'en réalité je n'ai pas vraiment l'impression d'avoir une nouvelle partenaire, on fait chambre à part, on dort chacun dans nos lits respectifs, donc finalement c'est un peu comme si on était toutes les deux célibataires mais qu'on connaissait le secret de l'autre et qu'on était liées dans la nomination, un partenariat sans le côté couple comme le prince de Fake Lover l'exigerait. Alors que nous papotions tranquillement, l'engin s'est arrêté au rez de chaussée, les portes ne vont pas tarder à s'ouvrir et le jeune homme déclare que c'est la première qu'il prend l'ascenseur sans qu'il se bloque. « Moi aussi. » Et j'avoue que ça me surprend un peu mais c'est plutôt une bonne chose. Sauf que non, on a parlé un peu trop vite. Apparemment, cette machine des plus frustrante à décidé de ne pas nous laisser sortir. Andreja s'exclame que ce n'est pas de sa faute. « Mais non, bien sûr, réfléchi : on nous retient volontairement ici pour qu'on finisse ce qu'on a commencé l'autre fois. » Ça me semble évident à moi, franchement. Et oui, j'ai toujours été convaincue que c'était les techniciens qui faisaient exprès de nous retenir prisonniers de cette cage métallique. « Dans la salle de contrôle... » J'ajoute d'un air coquin en chuchotant comme si ça pouvait empêcher qui que ce soit de m'entendre avec mon micro. En fait, j'ai pas besoin de lui préciser, je pense pas qu'il soit bête, il doit s'en souvenir quand même, mais bon, c'est au cas où, on sait jamais, hm.

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