Eibhlin a les nerfs. C'est même pas la peine de lui parler, elle risque fort d'être désagréable. Franchement, quand les autres fêtent encore leur entrée dans le jeu, elle, elle écope déjà d'une nomination d'office à cause d'une putain de roulette russe qui était plus clémente l'année passée. Bah ouai, elle a regardé l'émission l'année passée. Elle est pas teu-bé. La roue était moins dure que ça. Bref, là elle se réfugie dans le dressing où elle va pouvoir passer ses nerfs sur ses fringues de bobo-bohème et peut-être même envoyer valser deux ou trois valises de personnes qu'elle ne connaît absolument pas, c'est pour ça qu'elle s'en branle. Elle est en train de ranger ses vêtements dans la partie qui lui est réservée. Enfin, elle jette plutôt ses vêtements en boule. Elle rangera plus tard, ou pas d'ailleurs... Elle n'a pas entendu qu'une personne était rentré. Elle sent juste une présence près d'elle. Un mec qui l'aborde. Elle lui lance un regard noir, avant de se rendre compte de ce qu'il lui dit. Pourquoi avec elle non plus ? Quoi ? Il a perdu 2000 euros et il pleurt sa mère et toutes les larmes de son corps ? C'est une blague ? Et puis comment il le sait hein ? Ca se sait déjà partout ou bien quoi ? « Putain, j'suis vénère là, ça se voit pas ? Alors putain, c'est clair qu'elle a pas été cool nan ! » Putain est vraiment son injure préférée, c'est clair. Elle parle, enfin ça ressemble plus à de l'agressivité, mais bon. Il a bien remarqué qu'elle était énervée alors c'est pire que simplement elle n'a pas été cool. Elle détourne son regard pour continuer à passer ses vêtements de sa valise à la penderie alors que peut-être même, elle partira d'ici une semaine. « Et puis comment tu l'as su ? Vous êtes déjà en train de vous foutre de ma gueule c'est ça ? » Qu'elle commence. « Ahah très drôle, j'suis morte de rire ! » Qu'elle continue, en tapant des mains. « Quoi, t'as perdu un peu d'argent et ça te fais chier hein ? On peut échanger si tu veux ! » Qu'elle finit, en roulant un peu plus loin. Elle pousse un paravent à côté d'elle qui se casse la gueule du coup. Elle le rattrape en vol, pour le replacer n'importe comment.

Eibhlin s'enflamme, évidemment. Nan, mais il faut la comprendre, ça la fait chier quand même d'être nominée alors qu'ils viennent tout juste d'arriver quoi. Alors qu'on arrive là, à côté d'elle, pour lui parler de ça, ça la fait gravement chier. Et quand c'est le cas, elle se fait entendre. Même si elle ne sait pas qui est ce mec, qu'est-ce qu'il lui veut exactement, en fait. Non, mais quand même quoi. Mais finalement – apparemment - elle s'est trompée. Il ne vient pas là pour se  foutre d'elle. Elle le regarde avec une moue. Pourquoi il est là alors, si ce n'est pas pour ça ? Parce qu'elle n'aurait pas hésité, elle, si la situation n'avait pas été celle-ci. Déjà il l'appelle cocotte ce qui lui fait faire une grimace. Soit. Ce n'est pas pour autant ce qui choque là. Non, il est dans le même cas qu'elle, enfin c'est ce qu'il dit. Elle fronce les sourcils. Donc il est nominé d'office tout comme, non, mais, normal quoi. La roulette s'est fait plaisir à ce qu'elle voit. Il lui dit un truc sur le fait qu'elle gueule. Non, mais, il faudra s'habituer à ça, parce que c'est pas demain la veille, qu'elle va se mettre à parler normalement de toute manière. Alors elle réagit aussi vivement que quelques minutes plus tôt : « QUOI ? T'es nominé aussi ? Ah putain merde... » Bah ouai, merde pour lui quand même. « Attends. Ca veut donc bien dire qu'en une soirée - même pas - la roulette a nominé deux personnes. Putain, mais c'est une vraie pute ! » Qu'elle balance comme ça. Pire qu'une garce ; une vraie salope ! « On craint à mort mec ! » Qu'elle dit, avec une grimace, parce qu'elle ne peut pas accuser quelqu'un à leur place. C'est eux qui ont tourné la roue. On ne les a pas forcé. Elle souffle. Il se présente. Elle lève les yeux au ciel. « En temps normal non... Mais ouai du coup maintenant, ça m'intéresse un peu. Enchanté et tout le tralala... Moi mon prénom est écrit là ! » Qu'elle dit en levant le doigt vers effectivement, son prénom écrit sur son coin de penderie. « E-I-B-H-L-I-N, ouai ça s'écrit comme ça, mais ça se dit EVE-LINN ! » Elle sent qu'elle devra faire souvent la leçon. Ca va vite la saouler aussi avec ça, mais bon. Elle ajoute : « Cherche pas, c'est irlandais ! » Et les irlandais ont été complètement ouf pour inventer des prénoms. Qui s'écrivent d'une façon, mais qui ne se prononce absolument pas comme ça. Enfin, c'est l'irlandais quoi. Elle étudie des langues étrangères. On dit parfois que le français c'est dur, mais l'irlandais quoi. Elle se tourne et elle vient se reposer contre sa penderie. « Et t'es plutôt du genre c'est un coup dur, mais j'suis trop irrésistible et j'ai des beaux cheveux alors je sais que je vais rester parce que les petites pucelles vont voter pour moi... Ou t'es plutôt du genre je crains tellement du pâté et je sers tellement un rien et mon prénom est tellement pourri que j'vais me faire virer dès la première semaine ? » Elle demande comme ça, ça l'intéresse. Voir comment il prend le truc quoi !

Donc ouai, en vrai, il pense comme elle. C’est une grosse pute qui fait chier sa mère. Pourtant, elle ne peut s’empêcher de se trouver conne. De le trouver con aussi et elle ne se prive pas de le lui dire. Ouai, ce sont deux gros boulets qui ne savent pas que jouer c’est risqué. Même ici. Surtout ici, où ta place n’est jamais définitive quoi. Enfin, elle se trouvait bien partie pour que la sienne reste définitive. Bah ouai, elle avait fait une bonne petite entrée, pas du tout remarqué. Parfois, ça a du bon de faire le papier peint, non ? En tout cas, soudainement, elle sent en elle un regain d’intérêt pour son prochain. Ce qui est franchement rare et tellement, qu’il devrait en profiter le Paquito. Ou un prénom comme ça. Non quand même, parce qu’il ne sait même pas la chance qu’il a de ne pas l’entendre dire de vraies conneries, parce qu’elle n’en dit pas là. Elle veut vraiment savoir comme il réagit à cette nomination. Voir comment il gère ça. Elle, pas super bien pour tout avouer, mais ça on avait comprit. Il dit alors qu’il n’est ni l’un, ni l’autre de ses propositions. En même temps normal, c’était des cas particuliers qui voulaient simplement dire soit tu le prends bien, soit tu le prends mal, c’est tout. Faut pas chercher midi à quatorze heures avec elle, non plus. Bon, tout ce qu’elle s’est en deux minutes, c’est qu’il ne se sent plus au niveau de ses cheveux. Elle lève les yeux au ciel parce qu’elle n’en a rien à faire, en vrai, quoique elle les trouve awesome aussi. C’est classe les mecs aux cheveux longs. Aussi classes que les nanas aux cheveux extra-long ! (Elle quoi). Bref. Il préfère penser que l’on vote pour ce qu’il est et parce qu’il a sa place ici, autant que n’importe qui. Elle lève un sourcil. C’est tellement naïf de penser ça. Non, mais, quand on le regarde, il ne transpire pas la naïveté. Ca ma ferait presque marrer. « Ouai, enfin faut pas te leurrer hein ! On s’en fout de qui t’es et de ce que tu prouves ou tout le tralala de pucelle. Si tu restes, c’est parce que les minettes te trouveront ‘Oh trop beaaau’ ! ou ‘oh trop mystique ou j’sais pas quoi’» Merde, elle aurait pu faire partie de ces minettes non ? Enfin, quelque année plus tôt, elle aurait pu ouai, mais plus maintenant. Ce temps est révolu et c’est tant mieux quand même quoi. La te-hon sinon. Deuxième bref. Il pense que ça fait juste partie du jeu. Elle secoue sa tête de haut en bas, comme pour montrer son accord. Et puis il dit qu’il ne s’en fait pas pour eux deux. Il ne la connaît pas, ok, c’est cool. D’ailleurs, elle veut souligner cette fin de phrase ! « Oooooh ! Tu ne t’en fais pas pour nous deux ! C’est trop mignon ! » On va dire qu’à première vue, il n’est pas la joie incarné, ni la gaité, ni la gentillesse. Comme elle quoi. Du coup, ça irait même jusqu’à lui faire plaisir, mais non quand même pas. Faut pas déconner. Et puis c’est à son tour de parler de son ressentiment face à ça. Donc lui, il ne le prend pas si mal que ça. Elle, c’est peut-être différent. Elle a un petit cœur quand même. Plus mou qu’elle laisse paraitre. Se faire nominer alors qu’en plus, on est entré dernière dans le nid, ça lui fout un sacré coup au moral. Sur l’instant là, ouai. Parce que demain, ça ira déjà mieux, évidemment. Elle hausse les épaules, en faisant une moue. « Oh tu sais, les gens sont imprévisibles tu vois. J’avoue, je flippe un peu. Ca fait peur non ?... Ouai, non, en fait, j’suis comme toi… » Pour pas épiloguer quoi. En vrai, elle ne sait pas bien. Elle oscille entre la flippe d’avoir sa grosse tête dans le clan des nominés et en même temps, sa fierté et sa très grand estime de soit, tellement grande qu’elle se dit que non seulement elle sera sauvé, mais en plus avec beaucoup d’avance. « Tu veux pas aller faire une opération commando avec moi ? On détruit la roue sans faire de trace, on la crame et on crache sur sa tombe ! » Ouai, tout ça. C’est une bonne idée non ? « J’déconne… » Qu’elle lâche en suite, en soufflant. Dieux que ça la fait chier !

« Ouai. » Qu'elle répond tout simplement. Bah ouai, tant qu'à faire c'est cool d'avoir une bande de minette à son luc. Si elle pouvait être le fantasme d'un maximum de mecs dont les hormones commenceraient tout juste à s'agiter, ça serait terrible. Mais ce n'est clairement pas elle. Si une horde de nana pouvait aussi voter pour elle par passion, çe serait fun, mais ça ne se fera pas. Merde, c'est elle qui doit espérer en ses chances de convaincre par sa personnalité et tout. Elle parle de détruire la roue. Elle ne déconne pas totalement en fait. S'ils n'étaient pas dans un jeu téléviser, avec des tonnes de caméras qui les matent et un maître de jeu aussi intelligent, elle l'aurait détruit même à la minute où le résultat est tombé. Elle ne peut pas, parce qu'elle n'a pas envie d'être pénalisé, tout comme Pavel. Il serait partant, mais dans les même condition qu'elle. Pas là, au risque de se reprendre une putain de nomination s'ils restent ce dimanche. Non, du coup elle se tient tranquille. Elle passe un peu ses nerfs sur ses vêtements, rien de bien méchant. Du coup, elle secoue doucement sa tête de droite à gauche, visant à lui dire que non, ils ne peuvent malheureusement pas le faire. Encore moins ce qu'il est en train de lui énoncer après. « C'est clair, mais j'suis pas un génie et t'as pas l'air d'en être un non plus. Alors truquer la roue, ça craint... » Elle ne dit pas qu'il a l'air con, mais ce n'est juste pas écrit génie sur son front. Fou, impulsif, peut-être, mais pas génie. Il lui dit que s'il rentre, ça sera la guerre. « Si t'as besoin d'un soldat... » Elle esquisse un sourire. C'est vrai qu'elle ferait bien la guerre également et blesser des gens au passage, ça ne lui fait absolument pas peur. Le hic, c'est que dire soldat, ça veut dire être à ses ordres. Ouai, nan, il ne doit pas connaître les irlandais et encore moins l'irlandaise qu'elle est. Le jour où elle se soumettra à quelqu'un, sa mère viendra lui souhaiter ses dix-huit anniversaires qu'elle a de retard ! Donc ouai, elle peut être un soldat, mais un soldat prêt à se rebeller n'importe quand. « Enfin, tant que tu t'en prends pas à moi, tout devrait bien se passer. Non, parce que bon, ça serait con de me chercher... » Elle esquisse un nouveau léger sourire. Elle ne sait pas s'il l'a bien cerné, mais elle n'est pas à classer dans les jeunes demoiselle sans personnalité qui se laisse marcher sur les pieds. Oh non, que ce soit un mec de cinquante kilo tout mouillé, ou un gars baraqué de quatre vingt dix kilos, c'est pareil pour elle.