Ghika doit bien l'avouer il commence à se sentir un peu abruti par l'émission. Lui qui est habitué à un rythme d'apprentissage élevé, le fait d'être enfermé dans le nid et de ne pas pouvoir être confronté à des gens comme lui finit par le frustrer. Oh, ne le pensez pas complètement méprisant, c'est juste qu'il se rend bien compte que les gens du nid n'ont pas grand chose à voir avec les doctorants qu'il fréquente au quotidien. C'est rafraîchissant par moment et à d'autres il faut le connaître c'est perturbant. Dans le musée Ghika espère surtout tomber sur un moment où la vitrine laisse apercevoir un indice sur un secret. Les statues et autres œuvres d'art à la gloire de Cupidon le laisse franchement de marbre, mais qu'y faire il ne peut pas passer sa vie à la bibliothèque alors autant accorder un peu de variété à son esprit en fréquentaint aussi le musée. Il n'y croise pas grand monde mais ce n'est pas très important cela lui donne plus de chance d'être le seul à découvrir l'indice en cas d'animation de la vitrine. Apparemment ce ne sera pas le cas aujourd'hui, puisqu'il vient d'apercevoir Lou dans une des allées du musée. Bon... sa solitude étant rompue, Ghika ne peut faire comme s'il n'avait pas vu le marin, non seulement ce n'est pas très poli mais en plus de ça, il n'arrive pas à se souvenir d'à quand remonte leur dernière conversation. « C'est marrant je pensais pas que tu viendrais admirer des statues de Cupidon en tenue d'Adam alors que tu as Sacha à disposition ! » lâche Ghika un peu narquois mais pas méchamment. C'est juste qu'il trouve leur couple assez étrange. Probablement parce qu'il voyait les deux garçons comme des alphas et qu'au final ils étaient passés sur le dernier prime pour un petit couple tranquille qui se fait des cadeaux... tout ce qu'il aime en somme.

Je ne passe pas beaucoup de temps dans le musée. Si bien que je me dis que personne ne passe beaucoup de temps dans le musée. Je pense stratégiquement. Si personne ne passe beaucoup dans le musée, ça veut dire que le musée est souvent vide. Et s’il est souvent vide, ça veut dire que je peux m’y réfugier sans risquer de rencontrer de candidat. Cette semaine pour moi rimait avec solitude et mélancolie, alors autant dire que j’étais de très mauvaise compagnie. J’en avais bien conscience. Cependant, je ne suis pas seul. Ça aurait été trop beau. Il y a Ghika, que je remarque seulement au dernier instant, alors que je marche dans une des allées du musée. Et je ne peux pas m’empêcher de sourire, légèrement amusé, par les premières paroles de mademoiselle Ghika. «  Les statues n’ont pas besoin d’être déshabillé, tu comprends. » Je dis du tac au tac, même si bon, je préférais clairement voir Sacha en tenue d’Adam que des statues, il n’y avait aucun de doute la dessus. Et j’étais certain que c’était également le cas de Ghika. J’enfonce mes mains dans les poches de mon jean, posant mon regard bleu sur le jeune homme. «  On pourrait demander à Sacha de faire la statue ici sinon, je suis certain que beaucoup plus de personnes viendraient ici. » Je rajoute, riant intérieurement à l’idée de voir Sacha dans la même position pendant des heures et des heures sous les regards de braise de certains candidats.

Ah bah oui, évidemment. Lou est un fainéant et il n'a pas envie de perdre son temps à s'embêter avec des vêtements. Le Lou sauvage est un animal qui n'a pas la patience de déshabiller sa proie, il veut qu'elle soit nue et offerte à ses assauts. Évidemment ! Ghika ne sait même pas pourquoi il aurait pu être surpris par cette réponse. « Je suis sûr que Sacha fait un très bon boulot à te facilier la tâche. » de ne pas avoir besoin d'aide pour se foutre à poil s'entend. Ghika n'est pas prude, mais cette romance lui semble relativement étrange, un peu comme si c'était calculé, Sacha et Lou ne vont pas vraiment ensemble, quoiqu'ils se ressemblent un peu au fond. Mais c'est déjà assez de considérations accordées à ce couple de bonshommes. Apparemment non puisque Lou, amoureux des étoiles pleins les yeux, semble prêt à exposer le corps de son partenaire de sauteries aux yeux du monde entier. Merci, mais non merci. Ghika se passe volontiers de ce genre de visions. « Je crois que je viens de comprendre le proverbe « l'amour rend aveugle »... Je veux dire... Sacha c'est pas non plus Mister Univers, je vois mal les foules se précipiter dans le musée pour admirer sa plastique. » répond-il un peu narquois. Bon il faut admettre que Sacha n'est pas laid, loin de là, mais est-ce que Ghika irait jusqu'à le transformer en œuvre d'art vivante ? Certainement pas.

Au moins, ça avait le don de me faire rire, ce que Ghika disait là. Ça changeait de ma phase dépression. Clairement. Et je ris encore alors qu’il me dit que Sacha me facilite la tâche pour le déshabiller. Oh, s’il savait. Je hausse pourtant les épaules, parce que ce n’était pas comme si tout était rose en ce moment. Tout était compliqué, et ça me minait le moral. «  Tu ne crois pas si bien dire. » Je lui réponds en souriant alors que j’en viens à imaginer Sacha exposé ici en tenue d’Adam. Et bien évidemment, ça me fait rire. Mais bon, je garde ça pour moi. Parce qu’il fallait avouer que ce serait un peu ridicule, comme situation. Par contre, je me mets réellement à rire aux dires de mademoiselle Ghika. Mister Univers… Je n’avais jamais dit qu’il l’était, clairement pas. «  Moh, le pauvre chou. » Je dis avec ironie en parlant de Sacha. «  Il a tout de même ce qu’il faut là où il faut, c’est l’essentiel. » je fais remarquer, et il ne dirait pas le contraire. parce que si Sacha n’était pas Mister univers, il restait très agréable à regarder. Et ça, ce n’était pas parce que l’amour rendait aveugle.

Le sourire aux lèvres, Ghika répond quasi-immédiatement à Lou, qui vient d'admettre qu'il était dans le vrai sans savoir à quel point.  « Oh si je n'ai aucun doute. Sacha a été dans le milieu du cirque il a dû fréquenter des mecs qui font des numéros de changement de costumes éclairs et prendre des cours pour faciliter la tâche à ses conquêtes. » Quoi ? Ce n'est pas si improbable ! Sacha en costume de pingouin qui passe derrière un rideau et qui ressort en complet léopard etc ? Ghika trouve ça assez plausible. Quant à l'attirail de Sacha...  « Je préfère te croire sur parole qu'aller vérifier par moi-même. » lance un Ghika sincère. Qu'on se le dise, Ghika est exigeant et encore plus quand il s'agit de voir les parties intimes d'une personne. À ce niveau-là c'est presque de la rigueur militaire.  « Et du coup t'as décidé d'emménager avec Sacha plutôt que faire un ménage à trois et demi avec Tilda ? » Ghika ne comprend pas vraiment ce qu'il se passe entre la jeune femme et son partenaire. Il aurait pu en parler avec elle, c'était de Tilda qu'il était le plus proche dans leur couple, mais l'occasion ne s'était pas présentée ou du moins il n'avait pas trouvé le timing convenable. Parce que Tilda traverse des choses en ce moment dont il n'a jamais pu faire l'expérience et qu'il ne veut pas la prendre à part, lui poser la question et se barrer, ou même lui donner l'impression que c'est ce qu'il fait. Avec Lou à la limite il s'en fiche qu'il pense qu'il est à la pêche aux informations. C'est pas comme s'ils étaient proches et des études ont prouvé qu'il est plus facile de parler à une personne dont on est pas proche donc...

L’explication de Ghika sur le changement de costumes éclairs me laisse un peu perplexe, il avait toujours une manière de voir les choses. Parce que personnellement, j’avais beau avoir de l’imagination, quelque chose comme ça ne me serait jamais venu à l’esprit. «  C’est une possibilité. » Qu’est-ce que j’en savais, après tout ? Il avait peut-être raison, même si ça me paraissait peu probable. Je n’avais pas vraiment d’avis sur le sujet. J’hausse les épaules alors qu’il me dit qu’il préfère me croire plutôt que d’aller vérifier lui-même. Tant mieux, je préférais garder ces choses là pour moi, de toute manière. Je n’étais franchement pas du genre à partager, au contraire. Et puis il me pose une question qui me fait arquer un sourcil, alors que je tourne la tête vers lui, arrêtant d’admirer cette statue sans intérêt. «  Je ne vais emménager avec personne. » J’annonce alors. Ni avec Sacha, ni avec Tilda et ce qu’elle avait dans le bide. Moi j’allais retourné sur mon navire, et tout le monde le savait. Et puis, en quoi ce sont ses affaires ? Je ne sais même pas pourquoi je lui ai répondu.