La grotte secrète est un lieu magique où je ne me suis pas beaucoup rendu jusqu’à présent. Je crois que j’y suis allé une fois ou deux. L’eau est y assez froide. Surement trop. J’ai juste trempé les pieds dedans. Mais ça vaut le coup d’œil. Aujourd’hui, j’ai décidé de m’y rendre alors que je me promenais vers la falaise. J’aurai pu enfiler un maillot mais je ne l’ai pas fait. Je ne pense pas me baigner. Je vais juste profiter de la beauté des lieux. Je me doute que je finirai assez vite par m’embêter. Mais c’est pas grave. Me voilà depuis quelques minutes devant la cascade. J’hésite à franchir le rideau d’eau pour me retrouver entièrement dans la grotte. Mais je ne le fais pas. J’attends quelque chose sans savoir quoi. Quelqu’un peut-être ? J’entends une personne arriver vers moi. J’ai évidemment la curiosité de me retourner pour savoir de qui il s’agit. Lou. Je me retrouve face à Lou. Je ne réagis pas alors que le candidat s’approche de plus en plus de moi. Je reste un instant figé puis quand il peut presque me toucher, je traverse la barrière sans rien dire. « Salut. » Une distance nous sépare. Un rideau d’eau pour être exact. Et je crois que c’est mieux comme ça. La tentation de le toucher et l’embrasser est trop grande. Je préfère donc lui parler à distance pour garder toute objectivité. « Je ne veux pas que tu traverses la cascade. » J’imagine qu’il ne va sans doute pas comprendre les raisons. Je me vois mal lui expliquer cela. « Du moins, pas tant que tu ne m’auras pas tout dit. » Je ne sais pas vraiment ce qu’il doit me dire mais il doit me parler. Me répondre. Ou m’expliquer un peu mieux sa relation avec Tilda par exemple. Son attitude lors du prime m’a troublé et je me pose à présent des questions dont je ne m’étais jamais posées auparavant.

Il fait beau et chaud, comme d’habitude en fait. Alors j’ai décidé de me promener, tout seul. J’ai beau être entouré de 18 autres candidats, en ce moment je me sens inévitablement seul. Sûrement parce que je ne peux me confier à personne, de peur de me faire réprimander par Cupidon. En entrant dans le jeu j’avais cru que j’aurai pu gérer ça, mais ce n’est apparemment pas le cas. Il faut croire que je suis encore plus faible que je ne le pensais, et ça me troublait un peu. Et alors que je me dirige vers la grotte secrète pour m’y réfugier, j’y vois Sacha. Et je me rapproche bien évidemment de lui sans rien dire, même si bien évidemment j’avais pleins de choses à lui dire. Mais le candidat décide de traverser la cascade, instaurant une barrière entre nous. Il n’était plus qu’une image floue. Mes sourcils se froncent alors qu’il ne me demande de ne pas traverser pour le rejoindre. Pourquoi ? Je n’étais pas du genre à écouter ce qu’on me demandait, mais pour le coup je lui obéis, bizarrement. Je n’ai pas envie de contrarier Sacha. «  Tout te dire ? » Je demande, pas sûr de comprendre ce qu’il attendait réellement de moi. «  Je suis désolé pour le prime, Sacha. » je dis alors en baissant les yeux, parce que j’avais tout de même honte. «  J’aurai dû réagir autrement, je n’aurai pas dû partir. » Pas le fuir lui, du moins. «  J’étais hors de moi à cause de ce que j’ai vu et … » et quoi ? Je n’avais pas d’excuse valable, je savais que j’étais en tord. « Je n’ai pas envie de te perdre non plus. » je dis, comme pour répondre enfin à ce qu’il avait dit lors du prime. Je passe mon bras à travers le cascade, à l’aveugle, cherchant à tâton le bras de Sacha pour descendre jusqu’à sa main et entremêler ses doigts aux miens, tout en restant de l’autre côté de la barrière d’eau. J’avais besoin de sentir au moins sa présence.

Un élément naturel me sépare de Lou. J’en conviens presque que notre rencontre n’est pas anodine. Il fallait cette cascade pour traduire la distance qui me lie actuellement au jeune homme. Depuis une semaine notre relation a évoluée. Je ne saurai dire en quoi. Les sentiments sont présents mais certains éléments se dressent contre ce qu’on pourrait appeler nous. Il y a encore deux jours, je m’étais convaincu qu’ils étaient surmontables et maintenant je me demande si finalement, je ne me suis pas emballé trop rapidement. « Oui. » Tout me dire. Etre honnête avec moi de A à Z. Car je ne sais pas si c’est le cas. Je commence à douter et c’est pas bon. J’ai donc besoin de tout entendre et de tout savoir, même si la vérité n’est pas forcément agréable à l’écoute. Lou s’empresse de s’excuser pour son comportement lors du prime. C’est un bon point. Je dois avouer avoir été frustré par sa fuite. Et ce, même s’il s’est justifié sur le coup. Je me suis retrouvé bête. Stupide même. C’est pas l’égo mais c’est juste cette sensation désagréable d’être la risée de tout le monde. J’imagine que les caméras sont souvent braquées vers nous et que les téléspectateurs suivent attentivement notre relation et je ne veux pas passer pour un imbécile ou du moins un canard. « Et tu as vu quoi ? » J’ai bien entendu mon idée sur la question. Je préfère l’entendre de lui-même et qu’il m’explique. J’ai besoin qu’il se justifie davantage. Il n’a pas pu réagir impulsivement sans raison. « Je ne comprends pas. » Mes doigts sont toujours entremêlés dans les siens mais uniquement car celui-ci les serrent forts. J’essaye de les retirer mais je n’y arrive pas. « Est-ce que tout ceci n’est qu’un jeu ? A la sortie, tu vas reprendre ta vie et m’oublier ? » Il dit ne pas avoir envie de me perdre mais je n’arrive plus à trouver un sens à cette phrase. Je ne sais plus ce que je suis à ses yeux. Un pilier dans le jeu ? Une personne avec qui il peut partager des instants de tendresse ? Une personne parmi tant d’autres…

J’ai conscience que ce ne doit pas être facile pour Sacha de comprendre ce qui se passe dans ma tête. Ce n’est pas facile pour moi, alors je n’ose même pas imaginé ce que ça doit être pour les autres. Alors je le comprends, oui. Et je ne lui en veux même pas. Je sais que je suis en tord, je sais que je fais n’importe quoi, je sais que je suis qu’un homme brisé et qu’il n’y a rien à faire contre ça, apparemment. J’avais fait n’importe quoi au prime, et je n’avais ce que je méritais. Il me demande ce que j’ai vu pour être dans cet état, et j’ai envie de vomir rien que d’y penser. Pourtant je ne cherche pas un instant à mentir à Sacha. Je lui avais prouvé depuis le début que j’étais honnête, et ça pouvait être un de mes défauts parfois, malheureusement. «  Les images de Tilda et Percy en train de coucher ensemble. » Ça me donne froid dans le dos rien que d’y penser. Et pour le coup, je sais ce que Sacha doit penser en cet instant. Et je me dois de le stopper tout de suite. «  Ce n’est pas le fait qu’elle ait couché avec quelqu’un qui me dérange, ça aurait pu être n’importe qui, Andreja, Mallaury, Alistair… Ça m’aurait rien fait. » Je lui confie. «  C’est l’élément Percy. Je ne veux pas qu’on la traite comme une souillon. » C’était mon côté beaucoup trop protecteur, tout simplement. Je ne savais pas s’il me comprendrait. J’avais toujours ce besoin de protéger les personnes auxquelles je tenais. Et souvent, ça finissait mal. Comme maintenant. Et aux dernières paroles de Sacha, je lâche automatiquement sa main, mon bras retombant le long de mon corps. Je n’y crois pas. Il ne se rend sûrement pas compte de la manière dont il me blesse avec ces quelques mots, ces quelques doutes. «  C’est ce que tu penses ? » je lâche, à demi mot, alors que j’ai un mouvement de recul. Je n’arrive même pas à le voir correctement, et c’est encore pire. Je secoue la tête de droite à gauche, j’essaye de me rendre compte de ce qui se passe dans ma tête, là. «  Après tout ce que je t’ai dit ? » Je n’étais pas du genre à parler le coeur ouvert, à faire part de ce que je ressentais, mais je l’avais fait avec Sacha, et qu’il me demande ça comme ça me peinait. Autant dire que ce n’était vraiment pas ma semaine.

J’ai clairement envie de savoir ce qui a fait fuir Lou lors du prime alors que je lui disais des choses vraiment primordiales. Qu’est-ce qui était plus important que ma déclaration, finalement ? C’est un peu comme ça que je l’ai pris. Tilda et Lou entrain de coucher ensemble. C’est bien ce qu’il me semblait. Je baisse la tête à la fois satisfait de connaître la vérité mais aussi troublé et déçu. Je ne voulais pas que ce soit ça. Je lui déclare alors que je ne comprends pas avant qu’il ne m’explique davantage la situation. Il prétexte que Percy n’est pas assez bien pour la candidate. « Si demain Andreja couche avec Tilda ça ne te fera rien ? » C’est ce qu’il a dit mais je veux l’entendre le redire. Je veux qu’il soit sincère et qu’il y pense sérieusement. N’a-t-il pas tout simplement des sentiments plus forts pour la candidate que ceux qu’il éprouve pour moi ? C’est ce que je commence à me demander. J’ai peut-être mal compris sa relation avec Tilda. Je ne sais pas. Si ça se trouve, il joue avec nous deux depuis le début et au final, il nous oubliera après l’aventure, du moins, il m’oubliera. J’ai vraiment besoin de savoir la vérité. Trop de doutes m’ont envahi. « Je ne sais pas. J’espère que non. » Lou me lâche la main dont il s’était emparé plusieurs secondes auparavant et je comprends que mes mots l’ont touché. Ce n’était vraiment pas le but. J’ai sans doute parlé trop vite. Après tout ce qu’il a pu me dire sur ses sentiments, ça ne peut pas être vrai. J’ai paniqué et commence à me rendre compte de mon erreur. « Je suis désolé. » Mon bras entier traverse l’eau et se pose sur l’épaule du candidat afin de le retenir. Ma main se glisse derrière sa tête tandis que j’avance un peu, à la limite de me faire mouiller. Je ne veux pas qu’il parte. Je ne voulais pas le blesser. « J’ai beaucoup souffert en amour et je… je veux juste me protéger. » Alors parfois, j’en fais sans doute trop. J’imagine des trucs alors que je ne devrais pas. Je prononce des mots hors de ma portée. Ce n'est pas une excuse. Il faut juste que Lou comprenne mes doutes et mon incertitude.

Je n’allais pas mentir, avouer à voix haute la raison de ma colère me donnait l’impression d’être complètement ridicule. Pourtant, c’est la vérité et je ne peux rien contre ça. J’aurai pourtant bien aimé pouvoir contrôler ce qui se passait dans ma tête, mais je n’étais pas maître de moi-même dans ce genre de situation. Je ne réfléchis pas bien longtemps alors que Sacha me pose une question à laquelle j’avais déjà répondu en donnant mes explications. «  Non, ça ne me ferait rien si Andreja et Tilda couchaient ensemble. » Je dis. Ils iraient même bien ensemble, ces deux-là. Mais bon, je préférais ne plus penser à Tilda vu notre relation actuelle. Et je n’étais pas sûr que ça s’arrange un jour. C’était bel et bien la fin entre le meilleur binôme encore en jeu, vraisemblablement. Et ça me faisait vraiment du mal. Même plus que ce que Sacha me dit là. J’en lâche sa main, ayant un mouvement instinctif de recul. Je n’étais plus sûr de comprendre grand chose à tout ça. Pourquoi était-ce si compliqué ? Il s’excuse, mais sa tombe dans l’oreille d’un sourd. Pourtant je me laisse faire alors qu’il me retient avec son bras. Pourquoi est-ce qu’il avait instauré cette fichue barrière d’eau entre nous, aussi ? Et à ses dernières paroles, je m’approche, un peu inconsciemment. Je me fiche pas mal qu’il m’ait demandé de ne pas traverser la cascade, je le fais. Enfin, je ne traverse pas complètement, je reste pile en dessous de la cascade, me fichant pas mal de me faire mouiller, mais au moins ça me permet de me rapprocher de Sacha. Je dépose instinctivement une de mes mains sur sa hanche, comme pour m’assurer de sa présence. Il a beaucoup souffert en amour, et au fond je le comprends. C’est normal qu’il doute, du moins je le suppose. «  Qu’est-ce qu’il faut que je fasse pour que tu arrêtes de douter ? » Je lui demande en posant mon regard bleu dans le sien, toujours sous la cascade, en oubliant presque que j’étais trempé de la tête au pied.

Depuis le début, je sais pertinemment que Lou est attaché très fortement à sa partenaire Tilda. Mais jusqu’à présent, il m’avait semblé comprendre qu’il n’éprouvait rien d’autre qu’amicale à son égard. Une amitié certes ambigüe mais un lien qui ne s’apparente pas au notre. Sauf que maintenant, je me pose des questions. Et s’il ressentait quelque chose de plus qu’amical envers Tilda et qu’il avait un avenir en couple avec elle ? Je crois que je ne le supporterai pas et que je ne ferai pas le poids. « D’accord. » Est-ce que je le suis réellement ? J’en sais rien. Je ne sais pas si je dois le croire. Il m’a l’air sincère mais je ne suis sûr de rien en ce moment précis. Alors je préfère lui demander clairement si il ne me mène pas en bateau depuis le début. J’espère évidemment que non mais un doute subsiste à présent. Un doute qui s’estompe peu à peu face à sa réaction. Je me rends compte que je psychose totalement. Lou est sincère. Je n’aurai pas dû douter de lui. Je le regrette quasiment aussitôt même si je sais qu’au fond, c’est légitime de ma part de me poser des questions à son égard. Je suis perdu et je ne veux pas souffrir. Alors je me protège et je fou des putains de barrières entre lui et moi et ce, même si j’en ai pas envie. Sauf que voilà, il arrive un moment où je me rends compte que cette barrière, si je l’éclate pas, elle va définitivement me faire perdre mon Lou et c’est pas ce que je veux. Alors ma main traverse instinctivement l’eau pour retenir le jeune homme que j’ai vraisemblablement blessé. Je me rapproche de lui et il finit par en faire de même. Je frissonne lorsque sa main vient se déposer contre ma hanche. Puis, mon regard se noie dans le sien lorsqu’il me demande ce qu’il doit faire pour que j’arrête de douter de lui. « Je ne sais pas. » Je réponds du tac-au-tac sans réfléchir en baissant mes prunelles alors que si, je sais pertinemment ce que je veux de lui. Mon regard remonte à nouveau et subitement vers ses iris comme si je venais d’avoir une illumination. « Sans doute me dire qu’on peut avoir un avenir ensemble. » Il est toujours question de ça, finalement. C’est les putains de propos qu’il a tenu la semaine passée qui ont instaurée cette foutue distance entre nous. Ça ne sert à rien de le nier et il faut se rendre à l’évidence ; notre relation est vouée à l’échec si on n’a pas d’avenir ensemble et au contraire, elle pourrait repartir de plus belle et même évoluer si c’était le cas. Mais je ne sais pas. J’ai besoin qu’il me dise ce qu’il en pense.

Je détestais la dimension dramatique que tout cela prenait. Moi qui aimais les choses simples, faciles, qui ne me prenais pas la tête. Et bien c’était raté. J’aurai pu partir, me contenter d’abandonner face à tant de complication, de doute et de questionnement. Mais je reste là, sous cette cascade, tout simplement parce que je tiens à Sacha. Je tiens à lui plus que je ne le devrais. Peut-être qu’au fond, je devrais le laisser partir. Le laisser avoir une histoire avec quelqu’un qui serait prêt à emménager avec lui à Philadelphie. Mais je suis beaucoup trop égoïste pour ça. Je le veux pour moi. C’était normal après tout, non ? Alors je m’avance, je pose une de mes mains sur sa hanche pour m’assurer qu’il ne prenne pas la fuite, pour m’assurer qu’il resterait là, avec moi. Il m’avait blessé en disant qu’il doutait de moi, il n’y avait aucun doute là-dessus. Mais ça me donnait envie de justement lui prouver qu’il n’avait aucune raison de douter. Je garde mon regard dans le sien alors qu’il me dit qu’il faut que je lui dise qu’on peut avoir un avenir ensemble. C’était donc ça, le problème. L’avenir. Et c’était sûrement un des points qui nous rendait si différent, Sacha et moi. Il pensait à l’avenir, et moi pas. Jamais. À chaque fois que j’avais prévu quelque chose pour mon avenir, mes plans étaient tombés à l’eau, ou j’avais tout simplement changé d’avis sur le moment. Alors j’avais appris à ne plus me soucier du futur, et à profiter du présent. J’imagine déjà mon ex en Espagne rire comme une baleine devant sa télé face à cette scène. Un avenir… Est-ce que j’étais capable de lui promettre un avenir ? J’aurai aimé pouvoir le lui promettre à 100%. Réellement. «  Je pourrai… m’arrêter plus souvent par les Etats-Unis. » je lui dis alors, malgré le fait que ce soit un des pays que j’aimais le moins. Il m’a dit lui-même au prime qu’il ne me demanderait jamais d’arrêter de voyager, et je n’avais bien évidemment pas l’intention de le faire. «  J’ai envie que ça marche mais… comment est-ce qu’on va faire ? » Je lui demande, comme s’il avait une réponse déjà toute faite en tête. Peut-être que c’était le cas, après tout. Je m’approche un peu plus de lui, seulement pour ne plus me retrouver sous la cascade et arrêter de me prendre de l’eau sur la tête. J’étais déjà assez trempé comme ça.

Le futur, ça a toujours eu tendance à m’effrayer. Je n’aime pas y penser et prévoir les choses. J’ai toujours plus ou moins vécu au jour le jour. Tout ça car je sais que ma profession est risquée et que du jour au lendemain je pourrai disparaître. Néanmoins, plus le temps passe et plus je ne pense plus au danger auquel je me confronte quand je suis dans le vide ou quand je joue avec le feu. J’essaye d’envisager d’autres choses. Peut-être fonder une famille. J’aimerai bien avoir un gosse et une personne que j’aime au quotidien. Surement pas tout de suite mais dans les années à venir. Alors je me dois d’être raisonnable à présent et de tout faire pour y parvenir. C’est pourquoi, je tiens à ma relation avec Lou. Je m’imagine vraiment faire un bout de chemin avec lui. Mais je ne sais pas si c’est possible. Tout semble incompatible. Je me suis raccroché aux moindres éléments et à présent je doute plus que jamais. J’ai besoin que Lou soit là et qu’il me dise que lui aussi pense qu’on peut avoir un avenir ensemble. Il déclare alors après un petit temps de réflexion qu’il pourrait s’arrêter plus souvent aux Etats-Unis. Un léger sourire s’affiche sur mon visage même si je suis intimement persuadé que ça ne suffira pas à faire perdurer notre relation. Alors comment on va faire ? Telle est la question. « Je pourrais peut-être essayer de te suivre. En Thaïlande par exemple. Je pourrai trouver un chapiteau. Ou alors, je me fais embaucher par un restau sur une plage pour cracher du feu tous les soirs. Je pourrai devenir une star du feu thaïlandaise, qui sait ? » Je délire un peu trop là. Je sais que ce n’est pas le meilleur moment pour plaisanter mais je crois qu’il y a pas de remède miracle ou de solution clairement écrite. « Je n’aime pas que ce soit compliqué. » J’ai sur l’instant l’impression de parler comme Andreja et pourtant, je ne doute pas que Lou me comprendra. Il doit surement penser la même chose et être lassé de toutes ces complications entre nous. Quoi qu’il en soit, je brise la distance que j’avais instaurée plus tôt pour le prendre dans mes bras. J’ai besoin de ça. Vraiment. Rien à foutre qu’il soit trempé. D’ailleurs, mes mains se glissent dans ses cheveux mouillés tandis que ma tête reste collée contre la sienne.

J’ai envie que ça marche. Vraiment. Et je le lui fais bien évidemment savoir. Je pourrai même passer plus souvent par les Etats-Unis, même si ça ne m’enchante pas trop. J’ai vécu un certain temps à New York, et je ne sais pas… j’avais tout simplement l’impression que ce n’était pas fait pour moi. Je préférais un milliard de fois la Thaïlande ou la Nouvelle-Zélande… Qu’importe. Et malgré le sérieux de la situation, je ne peux pas m’empêcher de rire lorsqu’il me parle d’être une star du feu thaïlandaise. «  Je suis sûr que tu feras fureur là-bas. » Je réponds alors avant de rajouter : «  Mais je ne vais pas rester longtemps en Thaïlande, j’ai prévu d’aller en Amérique du Sud… Au Pérou très probablement. » C’était mon plan, oui. J’étais resté assez longtemps en Thaïlande comme ça. Je n’y pouvais rien, je ressentais toujours ce besoin de bouger. «  Tu es sûr que tu ne regretteras pas si tu me suis… ? » J’ose alors demander, plongeant mon regard dans le sien. C’était la dernière chose que je voulais. Que Sacha ait des regrets pour avoir abandonné quelque chose qu’il aimait pour moi. Et c’était pour ça que je ne pouvais pas me permettre de lui demander quelque chose de ce genre, et que s’il venait, je voulais que ce soit par sa seule volonté. Je ne voulais pas gâcher sa vie, ni le rendre malheureux. Peut-être qu’il n’aimerait pas autant que moi de bouger de pays en pays tous les trois mois. C’est compliqué, j’en ai conscience. Et je déteste ça autant que lui, il n’y a pas à dire. Je me serre contre lui lorsqu’il me prend dans ses bras alors que nos fronts se heurtent. Je ferme un instant les yeux alors que mes doigts longent sa hanche lorsque je sens ses mains dans mes cheveux. «  Je n’aime pas ça non plus. » je lui avoue sans problème alors que mon autre bras qui n’est pas sur sa hanche l’entoure, ma main restant dans son dos, le rapprochant encore plus de moi. Il n’y avait pas à dire, je détestais me compliquer la vie. Mais peut-être que ça en valait le coup, cette fois. Que Sacha en valait le coup.