Elle fait traîner ses jambes dans l'eau, sans pouvoir se décider à se jeter dans la piscine, chat paresseux. Le soleil lui chauffe doucement les épaules et elle réalise pour la énième fois à quel point c'est énorme d'être là, en Australie, en train de se demander si on saute dans l'eau de la piscine creusée, à remous s'il-vous-plaît. Ça ne lui arrive jamais, à Pia, de se poser ce genre de question. Elle habite dans l'appartement d'un ami, alors pour la piscine personnelle on repassera. Doit bien y avoir une piscine municipale quelque part, mais ça n'a pas la même saveur. Elle s'est remise de la cuite monumentale qu'elle a pris avec Adnan il y a deux jours, après avoir passé une journée complète dans le noir, à avoir l'impression qu'on lui martelait le crâne avec différents instruments de torture. C'est le trou noir. Des trous dans sa tête comme dans un gruyère. Elle a du mal à se rappeler de ce qui a été dit, il faudrait qu'elle tente de voir du côté du brun si lui a plus de mémoire. Il vaudrait peut-être mieux pour eux qu'il n'en ait pas. Elle entend la porte s'ouvrir et son regard vient s'échouer sur Ghika. Un sourire se dessine sur ses lèvres instantanément. « Salut, le roux. ». Elle vient replier ses jambes sous son menton, avant de reporter son regard sur lui. « J'me sens trop conne, tu sais. J'ai rien vu venir. T'es sûr que t'es médecin, et pas acteur ou j'sais pas quoi ? ». Il a bien joué, Ghika. D'une manière tellement grossière qu'ils n'ont eu aucun doute quand à la véracité de ses faits et gestes. Elle se sent bernée, un peu. Surtout stupide, parce qu'après tout lui n'a jamais prétendu être gay. C'est juste eux qui en sont arrivés à cette conclusion, un peu trop rapidement sans doute.

Il a pris une boîte de bonbons de la buanderie et il va aller s'allonger sur un matelas gonflable. Il espère que personne ne les occupera ça serait dommage de devoir renverser quelqu'un pour profiter d'un peu de confort ou alors il devra faire un échange de bon procédé, des bonbons contre une place. Et Ghika n'est pas prêteur quand il s'agit de sucreries. Alors quand il découvre que la piscine est inoccupée, à l'exception d'une paire de jambes, celles de Pia. Une Pia qui le salue et qui vient retirer ses jambes hors de l'eau. Il essaye de ne pas tiquer à ce mouvement typiquement défensif inconscient de la jeune femme. « Salut toi ! » Elle confirme ce qu'il pensait, c'était avant tout l'ego des candidats qui allait souffrir de sa révélation. Elle a l'air de le prendre plutôt bien, elle en plaisante même. Cela apprend à Ghika une chose à son sujet, elle a un ego oui, mais il est bien placé. « Je dois te l'avouer je crois... je ne suis pas vraiment médecin, mais j'ai beaucoup regardé Urgence, Grey's Anatomy et Docteur Quinn alors je crois que je t'ai toujours donné des bons conseils. » Il s'assoit à côté d'elle, tant pis pour le matelas gonflable il attendra. Il pioche un bonbon et le croque à pleine dent avant de tendre la boîte à Pia. « Tiens, prends en un. Non, pas celui-là, prend plutôt celui en forme de bague en gélatine. Tu l'avais dit : « Si tu les préférais pas plus fourni au niveau de l'entrejambe je t'épouserais ». Je ne les préfère pas plus fourni au niveau de l'entrejambe alors... le temps d'un bonbon sois ma fiancée. » déclare-t-il en souriant de son sourire de gosse un peu perdu. Il s'amuse avec quelqu'un qui ne lui montre aucun signe d'agressivité ou de rancoeur alors qu'elle est l'une de celles avec qui il a la meilleure relation. Pia est une amie, une vraie. Et, le temps d'un bonbon, il espère qu'elle sera sa fiancée.

Elle est contente de voir Ghika, Pia. Tout comme elle l'aurait été avant d'apprendre qu'il les avait tous berné. Elle se sent stupide d'être tombée dans le panneau, idiote d'avoir été comme les autres incapable de déceler quoi que ce soit. Mais elle ne croit pas qu'elle lui en veut.  « Je dois te l'avouer je crois... je ne suis pas vraiment médecin, mais j'ai beaucoup regardé Urgence, Grey's Anatomy et Docteur Quinn alors je crois que je t'ai toujours donné des bons conseils. » Elle sourit doucement, fichant son regard dans celui du rouquin.  « Je sais. Ça, c'était pas aussi bien joué, si tu veux mon avis. ». Quoi qu'elle y a cru Pia, quand il le lui a dit la première fois que leur route s'est croisé, alors qu'elle manquait de rentre son estomac et de cracher ses poumons à cause de l'anxiété. Elle pose un regard intéressé sur la boîte qu'il tient entre ses mains tandis qu'il vient s'assoir à ses côtés. « Tiens, prends en un. Non, pas celui-là, prend plutôt celui en forme de bague en gélatine. Tu l'avais dit : « Si tu les préférais pas plus fourni au niveau de l'entrejambe je t'épouserais ». Je ne les préfère pas plus fourni au niveau de l'entrejambe alors... le temps d'un bonbon sois ma fiancée. ». Elle rit franchement, avant de se saisir de la dite bague. Elle l'enfile, gamine prête à jouer son jeu, avant de reculer sa main et d'écarter les doigts pour l'admirer un peu. « T'aurais pu en trouver une un peu plus classe, quand même. On va dire que je m'en contente, mais c'est bien parce que c'est toi. ». En vérité elle s'en fou bien, Pia, que ce soit la bague de fiançailles la moins chère du marché. C'est qu'un jeu, et puis de toute façon elle est cool, sa bague, elle doute que quelqu'un en ai eu une aussi originale un jour. Elle ose pas la croquer, du coup, alors elle se saisi d'un autre bonbon pour venir le déposer sur sa langue. Elle le mastique consciencieusement, laissant le silence s'installer un court moment avant de reprendre.« Je sais pas pourquoi t'as joué ce jeu là, mais je m'en fou. T'avais sans doute tes raisons, alors voilà. ». Elle est un peu solennel, la rouquine, comme si elle tenait à le rassurer. « Mais le reste, Ghika, j'veux dire.. C'est vrai, hein ? ». C'est vrai qu'elle se pose la question et c'est sans doute stupide mais elle n'arrive pas à passer outre. Elle veut bien que ce rôle du garçon aux jupes soit un jeu, elle s'en fou, mais elle ne veut pas que le reste ne soit que ça.

Elle détruit ses espoirs de grande récompense et reconnaissance du milieu cinématographique sans même s'en rendre compte. C'est bien parce qu'il est armé contre la déception que Ghika n'explose pas en sanglots à ce moment-là. « Tant pis, j'attendrais la prochaine fois pour un Oscar... » fait-il la mine faussement boudeuse avant d'afficher un grand sourire en se rappelant de la première fois qu'il s'était fait passé pour un étudiant de médecine. C'était un plus gros mensonge que ce qu'il avait fait pendant les sept semaines de l'aventure, il avait bien verbalisé un statut qu'il n'avait pas cette fois-là. « Pour les diamants faudra attendre ! Mais dis-toi que si tu finis un jour coincée sans nourriture contrairement à toutes les fiancées du monde tu pourras manger ta bague et être un peu moins sujette à l’hypoglycémie qu'elles. » réplique-t-il quand elle critique sa bague en plaisantant. Il peut pas faire mieux pour l'instant, parce qu'il n'a aucun moyen financier et surtout parce que la première bijouterie est à des centaines de kilomètres ou quelque chose comme ça. Et puis s'engager dans des fiançailles avec Pia, aussi rocambolesque qu'épouser la fille d'un prêtre et d'une bonne sœur puisse paraître, n'est pas encore dans ses plans. Il l'aime beaucoup, Pia, mais bon pas vraiment du genre d'amour qui fait demander en mariage. Quand elle s'interroge sur la véracité de sa personnalité il est touché en plein cœur. Ça l'emmerde que les gens dont il était le plus proche puissent penser qu'il a totalement falsifié sa personnalité ou qu'il leur a menti. « J'ai toujours été honnête, dans mes amitiés, dans mes coups de gueule. Je n'ai fait que vous laisser le choix de voir ce que vous vouliez, en dehors de ça mon caractère n'a pas grand chose de différent de celui que vous avez connu pendant sept semaines. Je m'habille juste normalement, au fond c'est la seule chose que j'ai vraiment faite, j'ai mis des fringues que j'aurais jamais porté habituellement. C'était marrant au début, un peu moins quand il a fallu continuer de réinventer chaque semaine... » confie-t-il en espérant qu'elle comprenne. Il n'aime pas vraiment cette situation, il savait que c'était inévitable au moment où il a choisi de laisser planer le doute sur sa sexualité. Mais les réactions des gens lui en apprennent beaucoup sur leurs personnalités, ce qui le rend plus... apaisé. Il n'a pas fait tout ça pour rien.