Il traîne sa carcasse, luttant contre le sommeil. Il a d’abord privilégié l’extérieur, l’air frais et il a pu compter sur la présence de Jessica pour l’occuper suffisamment longtemps pour que son envie de dormir ne prenne pas le dessus plus longtemps. Elle a été d’une grande aide puisqu’elle l’a suffisamment divertit pour qu’il tienne encore une heure sans bailler après la fin de leur rencontre. Sauf que maintenant, il est prêt de minuit et il doit bien reconnaître que le même schéma que plus tôt se présente à nouveau à lui. Son corps est lourd, il a l’impression qu’il va s’effondrer pour dormir par terre à chaque pas qu’il fait et ses yeux peine à rester ouverts. Il décide de ne pas lutter plus longtemps, ça ne sert à rien, le nid commence gentiment à s’endormir et si la loveroom est squattée pour la nuit, il prendra place sur l’un des canapés, le salon étant vide la dernière fois qu’il y est passé. Mais dans l’immédiat, il doit squatter la salle de bain histoire de se rafraîchir un peu après son passage par la plage, le sable n’étant pas décidé à le lâcher. Il décide d’opter pour les escaliers, afin de ne pas se retrouver par hasard coincé dans l’ascenseur alors qu’il n’a pas de temps à perdre. Mais à peine a-t-il franchi la porte qui donne sur les escaliers qu’un bruit attire son attention. Il reste immobile, fronce les sourcils tandis qu’il écoute sagement ce bruit, une sorte de cliquetis qui le perturbe suffisamment pour qu’il ait besoin de connaître l’origine de ce bruit. Il entend par la suite une voix venant de plus haut, ce qui a le don de le surprendre puisqu’il ne s’attendait pas à tomber sur quelqu’un dans les escaliers, surtout à une heure pareille. Il met quelques secondes avant de reprendre ses esprits et décide d’allumer la lumière, parce que si l’obscurité ne l’a jamais dérangé, il aimerait malgré tout voir où il met les pieds histoire de ne pas chuter bêtement et de se retrouver dans la rubrique d’Akela. Et puis, la lumière le tiendra un peu plus éveillé que la pénombre, bien qu’elle ne soit pas très forte. Il se décide finalement à monter les marches pour y retrouver Gaëtane – il a reconnu sa voix – pleinement concentrée sur un Rubik’s Cube, découvrant par la même occasion l’origine des bruits qui l’ont arrêté sur sa lancée. « Salut. » Il finit par lui répondre, enfin, en arrivant à son niveau. « Je te dérange ? » Il est tenté de prendre place à ses côtés, mais elle a l’air tellement happée par son jeu qu’il n’est pas certain qu’elle puisse s’en décrocher pour accepter sa présence à lui.

Il est comme ça, Alistair, il peut s’arrêter sur un petit détail qui semble insignifiant aux yeux des autres, comme un bref cliquetis anormal en prenant les escaliers. Heureusement, il ne tarde pas à trouver l’origine de ce bruit puisqu’il s’agit d’un Rubik’s Cube manipulé par Gaëtane. Il va à sa rencontre, curieux de la trouver s’occupant ainsi, dans un tel endroit et à une telle heure. Et puis, elle a l’air véritablement concentrée sur le casse-tête, alors il a l’impression de déranger. Il préfère lui demander si c’est le cas ou non, d’ailleurs, parce qu’il n’a aucune envie de s’imposer même si son envie ne se gênerait pas, elle. Mais à priori, ce n’est pas le cas. Elle relève les yeux sur lui tandis que ses mains continuent de s’agiter pour résoudre le casse-tête. Elle lui donne ensuite une explication quant à sa présence ici, bien qu’il n’en demandait pas tant, et elle n’arrive pas à dormir puisque son rythme est décalé. « Au moins, c’est pas à cause du prime ou d’un mal de tête, cette fois. » Il relativise, puisque la dernière fois qu’elle n’arrivait pas à dormir, c’était parce que les pensées ne cessaient de s’agiter dans son esprit, suite au prime et un mal de crâne s’était greffé à l’équation. La question qu’elle lui pose par la suite le surprend. Il n’a pas vraiment fait attention au ciel. « Ça peut aller, oui. Pourquoi ? » C’est un peu difficile de juger si le ciel est dégagé ou non vu qu’il n’y a que la lumière de la lune pour l’éclairer, mais globalement, à part quelques nuages, c’est plutôt dégager, oui. Quant à savoir pourquoi elle pose cette question, il ne tarde pas à obtenir une réponse. C’est parce qu’elle a vu le sable sur ses vêtements, et elle suppose qu’il vient de l’extérieur. « Oui, tu as raison, j’étais à la plage et le sable ne m’a pas épargné. » Il annonce en jetant un regard sur ses vêtements, avant de reculer de quelques marches pour secouer d’un revers de main ceux-ci, histoire d’enlever encore un peu de sable sans pour autant le déplacer sur Gaëtane. C’est surtout son pantalon et le bas de ses manches qui ont pris, puisqu’il a jugé utile de s’asseoir sur le sable. Elle lui parle ensuite d’étoiles et de constellations et il ne voit pas vraiment le rapport, mais ça ne le dérange pas plus que cela. « Celles de la chambre stellaire sont si moches que ça ? » Il ne sait pas si c’est sa chambre officielle ou non, mais qu’importe, vu le peu de candidats qu’il reste, les déménagements d’une chambre à l’autre pour bénéficier d’un lit de libre sont désormais monnaie courante. Lui n’a jamais admiré les fausses constellations de la chambre stellaire, ou alors une fraction de secondes en passant dans le couloir, mais il s’imagine que ça ne vaut pas les vrais. Elle termine ensuite le Rubik’s Cube, avant de lui poser à côté d’elle. « J’ai jamais réussi un de ces trucs. » Et elle, elle les réussit en quelques minutes. Encore une preuve que son cerveau ne réagit pas comme celui des autres, bien que ça ne le dérange pas. Il se décide ensuite à prendre place sur le même escalier qu’elle, laissant le cube marquer la distance entre eux. Et il se tait. Parce qu’il ne sait pas vraiment quoi lui dire, en fait. Il doit reconnaître qu’il a été quelque peu perturbé par la question du détecteur le concernant, la réponse l’a gêné, il comprend un peu mieux la situation dans laquelle a pu se retrouver Gaëtane après le sien, de détecteur. « Au fait, j’aime bien ta nouvelle couleur de cheveux. » Il annonce finalement, trouvant là un sujet parfait pour échanger des banalités. « Tu as prévu quoi pour la suite ? Le blond ? Tu n’as jamais été blonde, si ? » Ça fait beaucoup de questions à la suite, trop de la part d’Alistair qui n’est pas du genre à questionner autant. Mais il est vrai qu’il ne sait pas comment agir, ça le dépasse un peu.

Il ne lui demande pas les raisons de sa présence ici, tout simplement parce qu’il est mal placé pour poser cette question quand lui est le premier à être debout une bonne partie de la nuit et à traîner dans des lieux plus surprenants les uns que les autres. Il ne le lui demande pas, mais elle lui donne malgré tout une explication. Elle n’arrive pas à dormir, car elle est complètement décalée dans son rythme. Bon, ça arrive à tout le monde de ne pas trouver le sommeil et il faut qu’elle relativise, ce n’est pas à cause d’un mal de tête cette fois-ci, c’est plutôt bon signe. Elle lui pose ensuite une question sur le temps qu’il fait à l’extérieur, elle a remarqué le sable sur ses vêtements. Il s’en débarrasse un peu tout en répondant à son interrogation, avant qu’elle parle des étoiles et des constellations. Il ne saisit pas vraiment le rapport, il demande simplement si celle de la chambre stellaire sont si moches que ça pour qu’elle lui dise cela. À priori, non, elles sont plutôt bien, mais ça ne vaut pas les vraies. « Je suis bien d’accord. » Il n’est pas un expert en ce qui concerne les constellations et tout ce qui touche au ciel, il doit reconnaître que rien ne vaut les véritables étoiles et non pas des imitations en plastique. Bon, encore une fois, ce n’est pas un expert et il n’est pas capable de passer des heures couché à terre en regardant le ciel comme certains peuvent le faire, même s’il ne dit pas non à une telle vision l’espace d’une dizaine de minutes. Il observe sa camarade terminer le Rubik’s Cube avant de le déposer à ses côtés. Il doit avouer qu’il n’a jamais réussi à finir le moindre de ces casse-têtes, sa patience ayant des limites. Il prend place à ses côtés tandis qu’elle lui propose de lui expliquer la technique qui lui permettrait de finir un de ces jeux, à moins qu’il ne trouve pas cela très intéressant. « J’en ferais pas une passion, mais je ne trouve pas cela totalement inintéressant non plus. » Il avoue. Non, clairement, il ne se voit pas concourir pour la place de grand gagnant au championnat du monde de Rubik’s Cube, mais il n’est jamais réticent à l’idée de découvrir une nouvelle activité susceptible de l’occuper. « Donc je veux bien que tu m’apprennes, à l’occasion. » Vu le peu de patience dont il peut parfois faire preuve, ce ne serait pas négligeable de partir avec de bonnes bases. Il reste silencieux par la suite, ne sachant pas vraiment quoi lui dire. Il faut dire qu’il est un peu gêné avec elle, maintenant, la faute au détecteur. Alors il opte pour une conversation bateau, profitant de sa nouvelle couleur de cheveux pour mettre un terme au silence. Ça lui va bien, ce rouge, même s’il a une préférence pour le roux entre toutes les couleurs qu’elle a déjà expérimentées. Il lui demande aussi ce qu’elle a prévu par la suite, il propose le blond. Il ne croit pas l’avoir déjà vu blonde. Elle lui apprend qu’il s’agit de sa couleur naturelle. « J’ai de la peine à t’imaginer en blonde. » Réflexion très pertinente pour la jeune femme, mais il est vrai qu’il a de la peine à la visualiser totalement blonde, vu qu’il a tout de même eu un aperçu avec sa précédente couleur. Ceci dit, le blond lui fait un peu peur car cela lui permet de se rapprocher de celle qu’elle était autrefois, avant de perdre la mémoire. « Ça t’arrive de vouloir te souvenir de tout, parfois ? » Il finit par lui demander, un peu maladroit, puisqu’il se doute que ce n’est pas un sujet qu’elle a forcément envie d’aborder. Il a cru comprendre, au fil des semaines, que se souvenir était une mauvaise chose pour elle, mais pour autant, il serait tout de même agréable de replacer le puzzle de sa vie, non ? Un nouveau silence les enveloppe, mais c’est Gaëtane qui le brise cette fois-ci en s’excusant pour le détecteur et en ajoutant par la suite qu’ils sont à égalité, maintenant. « En effet. » Enfin, la question posée à Gaëtane était plus personnelle que la sienne, puisqu’il a simplement avoué que la candidate était susceptible de lui plaire. Mais la question posée à Gaëtane évoquait carrément la possibilité d’une relation amoureuse et ça, ça le dépasse. Sans parler de la seconde question le concernant, ainsi que Mallaury, qui lui a malgré tout fait mal à l’égo. « Concernant la question qui était sur moi… » Il pourrait se montrer plus précis, mais il sait pertinemment que Gaëtane doit savoir à quelle question il fait référence. Il n’arrive pas à la prononcer à haute voix, tant ça le gêne, aussi surprenant que cela puisse paraître. « Tu peux me le dire, que tu as répondu oui pour ne pas me vexer. » Il termine, esquissant un bref sourire. Il dit cela dans l’espoir de dédramatiser la situation, parce qu’il ne sait pas comment Gaëtane ressent la chose, mais lui n’est pas à l’aise avec cela. Ce n’est pas un secret d’état qu’il n’est déjà pas à l’aise avec les relations amicales, alors quand on s’intéresse à sa vie amoureuse et aux potentielles personnes qui peuvent l’intéresser, il est sur la défensive, en plus d’être gêné. Et ce n’est pas un beau mélange, alors il a besoin d’en parler sur un ton plus léger, car comme l’a dit Siomha, c’est un cas désespéré.

Il s’est déjà essayé aux jeux de type casse-tête, mais on ne peut pas dire que ce fut un grand succès. Il est patient que lorsque cela est nécessaire, Alistair, alors les casse-têtes, ça lui passe un peu au-dessus de la tête, il doit l’admettre. Mais s’il part avec une bonne base, une base qui parviendra à lui faire gagner du temps quand il s’agira de résoudre un jeu du type Rubik’s Cube, il ne dit pas non. Il est peu probable qu’il devienne un féru de ce genre de choses, mais il ne dit pas non à apprendre, d’autant plus que le temps commence à se faire long par ici et qu’un cours particulier de Gaëtane l’occuperait l’espace d’une heure ou deux, ce n’est pas négligeable. Visiblement, sa réponse fait plaisir à sa colocataire, compte tenu du sourire un peu plus radieux qu’à l’accoutumée qu'elle affiche. Il évoque ensuite sa couleur de cheveux, ne sachant pas vraiment quel sujet évoquer, la faute à son malaise actuel. Il apprend par la même occasion qu’elle a été blonde, mais qu’elle ne souhaite pas le redevenir puisque cela lui rappelle celle qu’elle était avant son accident, avant son trou de mémoire. Il en vient à se demander si, parfois, elle n’aimerait pas se souvenir de tout. Ça lui arrive, oui, de se poser des questions sur ce qu’il s’est passé, mais elle a peur de ce qu’elle pourrait y apprendre. Cela veut dire que personne ne lui en a parlé pour elle ? C’est bizarre, tout de même. « Personne n’est en mesure de t’aiguiller ? » Ça le surprend. Bien que Gaëtane ne soit pas la personne la plus entourée qu’il existe, il suppose tout de même qu’elle a des proches, des parents, une amie, n’importe qui susceptible de l’aiguiller sur la personne qu’elle était autrefois. Peu entourée, certes, mais toujours plus que lui, il pense. Peut-être qu’il ne devrait pas lui poser ce genre de questions, mais il n’a pas pu s’en empêcher. S’il voit que cela le met mal à l’aise, il s’excusera platement. « Obligée ? » Il finit toutefois par demander, à la suite de ses paroles. « Je ne comprends pas qu’ils aient ce pouvoir sur toi alors que tu es en âge de vivre ta vie comme tu le souhaites. » Et par ils, il entend le personnel de l’hôpital, ce genre de personnes sur lesquelles elle lui avait déjà touché un mot. Il fait le raccourci dans son esprit et suppose que ce sont les mêmes personnes qui peuvent l’obliger à redevenir comme avant. Elle ajoute par la suite qu’elle ne veut mettre personne en danger. « Oh. » Il rétorque simplement, ne sachant pas quoi dire d’autre. Il a de la peine à s’imaginer la jeune femme dangereuse, vraiment pas même, elle est la dernière qu’il aurait inscrite sur une liste de personnes capables d’être dangereuses. Mais il préfère ne pas en demander plus, même si sa curiosité a été piquée à vif. Il ne compte pas fouiller dans son passé, d’autant plus qu’il a compris qu’elle ne peut pas vraiment en dire plus. « Je t’envie, en fait. J’aimerais bien oublier quelques années de ma vie. » Ouais, enfin, s’il s’écoutait, il garderait que les douze premières de sa vie et oublierait totalement les autres. C’est bizarre, d’envier quelqu’un qui ne se souvient pas d’une partie de sa vie. En toute logique, c’est le contraire qui devrait se produire, on devrait plaindre cette personne de ne pas parvenir à mettre des images sur quelques années de sa vie. Il finit par en revenir au détecteur, ce satané détecteur qui le met à mal depuis quelques temps, autant quand il s’agit de ses réponses à lui que lorsqu’il est concerné, comme lors de celui de Gaëtane. Parce que oui, il a avoué qu’il pourrait être séduit par la jeune femme, alors peut-être que des candidats se sont imaginés que la suite logique de tout cela serait une relation amoureuse. Alistair n’a jamais caché qu’il se sent bien avec la française et qu’effectivement, elle pourrait le séduire, mais de là à s’imaginer avoir le moindre geste affectueux avec elle, il a de la peine. Tout d’abord parce qu’il ne pense pas que ça lui plairait à elle – il reste persuadé que son affection n’est pas réciproque, comme c’est le cas avec quelques candidats – et puis parce qu’il n’est pas venu ici pour cela. Alors il préfère mettre les choses au clair : si elle a menti pour ne pas le vexer, elle peut le lui avouer, il ne le prendrait pas mal. Parce qu’il a vraiment de la peine à s’imaginer qu’elle ait pu être honnête sur une telle question. Sauf qu’il se trompe, honnête, elle l’a été, car elle est incapable de mentir. « Oui, j’ai cru comprendre cela vu ton pourcent d’honnêteté. » Huitante pourcents si ses souvenirs sont bons, c’est pas mal du tout. Lui n’a pas eu le mérite d’être honnête à ce point, récoltant qu’un faible cinquante pourcents. Enfin, il est le premier à admettre qu’il a menti et que le détecteur n’a pas repéré son mensonge de toute façon. Et puis, même sans le détecteur, il ne doutait pas une seule seconde de la franchise de Gaëtane, elle lui a toujours semblé, malgré sa timidité, d’une sincérité à toute épreuve. Elle explique ensuite qu’elle trouvait que répondre non, c’est trop restrictif. Il est vrai que c’est le problème avec le détecteur, il n’existe pas de juste milieu. Les propos qu’elle tient par la suite le laisse sans voix, il doit bien l’admettre. Elle n’a pas juste dit cela par dépit, pour donner une réponse, non, elle a réfléchi à cette hypothèse, s’il a bien compris. « Je… Je vois. » Et pour une fois, il reste un peu sans voix. Parce qu’il ne sait plus vraiment comment se comporter. Lui qui habituellement ne ressent pas vraiment la gêne, le voilà affreusement gêné de tenir une telle conversation. Heureusement qu’elle détend l’atmosphère en ajoutant qu’en plus, il s’intéresse un peu au Rubik’s Cube. « Oui, ça fait de moi l’homme parfait. » Il répond, esquissant un bref sourire. Voilà, parce qu’il s’intéresse à ce casse-tête, c’est le gendre idéal. Siomha s’est plantée sur toute la ligne, quelle idiote. Finalement, elle lui dit qu’elle espère que ça ne le gêne pas trop. Ça le fait doucement sourire, la façon dont les rôles se sont inversés en l’espace de deux semaines. « Oh non. » Il répond dans un premier temps, même si c’est un petit mensonge. Disons que maintenant, il ne sait pas comment se comporter avec la candidate, alors oui, il est un peu gêné. « Je suis dans la même situation que toi, en fait, j’ai de la peine à imaginer que mon prénom ait pu être associé à cette question. » C’est ce qu’il avait cru comprendre lorsqu’ils avaient eu une conversation similaire à la suite de son détecteur à lui. Elle avait de la peine à imaginer qu’on puisse poser une question qui mêlait séduisante et son prénom. Là, c’est pareil pour lui. S’il peut comprendre qu’on le considère comme moche – il y a que des mannequins nés dans ce nid – il a de la peine à s’imaginer qu’on l’associe à relation amoureuse. Ce n’est pas qu’il est totalement réfractaire à celles-ci, simplement il n’est pas habitué à en vivre.

En réalité, il y a des gens susceptibles de l’aiguiller. Mais ils n’ont pas le droit. Et il est désolé pour elle, vraiment. Quitte à ne pas se souvenir d’une partie de sa vie, autant que personne ne puisse nous éclairer plutôt qu’il s’agisse d’une volonté de ne pas le faire ou de ne pas pouvoir le faire. Parce qu’elle sait que certains pourraient l’aider à restituer son passé, mais ils ne le font pas. Cela doit être une situation horrible. Alors il préfère ne rien dire, affichant simplement un air désolé sur le visage. Elle ajoute ensuite qu’elle n’est pas sûre d’avoir envie d’apprendre qu’elle est responsable ou quelque chose ainsi. Ce n’est donc pas vraiment un mal, au final, que personne ne l’éclaire, c’est donc ça ? « Pour ce que ça vaut, je ne pense pas que tu serais ici si tu avais eu une grande responsabilité. » Si effectivement cet accident avait été de sa faute, qu’elle peut également se montrer dangereuse au point de blesser les autres, il doute fortement qu’elle aurait eue l’autorisation de se rendre ici. Certes, il y a un staff médical et des personnes s’occupant de la sécurité, ils sont aussi filmés chaque heure du jour, mais le principe est là : si elle a effectivement besoin d’une surveille accrue, elle n’aurait jamais pu participer à cette émission. Enfin, c’est son point de vue, il s’avance un peu trop. D’ailleurs, il s’en excuse. « Enfin, je m’avance un peu trop je pense, désolé. » Il essaie de la rassurer, mais il ne doit pas oublier qu’il ne connait rien de son histoire et que malgré son envie de la rassurer, il ne peut pas se permettre d’avoir ce genre de paroles quand il ne connait pas le fin mot de l’histoire. Parce qu’il a expérimenté cela avec Paloma, qui s’est un peu trop avancée en parlant de lui, et les voilà réduits à s’envoyer des banalités d’usage. Alors il préfère nuancer ses propos car effectivement, il s’avance un peu trop. Elle ajoute ensuite que c’est un peu compliqué et qu’elle ne peut pas en parler pour l’instant. « Oui, je comprends. » Il n’a aucune envie qu’elle connaisse le même sort de Jaheim, parce qu’elle en aura trop dit sur son secret. Oh non, surtout pas, alors autant qu’ils cessent cette conversation dès maintenant. Il peut comprendre, en effet, qu’elle ne puisse pas trop en dire. Lui aussi aimerait en dire plus s’il le pouvait, expliquer à certains pourquoi il est ainsi renfermé sur lui. Mais il sait qu’il ne peut pas, au risque de voir son aventure écourtée. Alors il ne va pas agir de la même manière avec Gaëtane, en l’obligeant à parler pour satisfaire sa curiosité. Et puis, depuis le temps, il a prouvé qu’il n’était pas du genre insistant ou trop intrusif. Ils en viennent ensuite à discuter du détecteur, faisant écho à une conversation qu’ils ont déjà eue en début de semaine dernière. Cette fois, les rôles sont inversés. C’est lui qui ne comprend pas comment son prénom a pu être associé à une telle question. Pourtant, il lui semble avoir été clair, contrairement à certains, il ne prend pas le Lover dans le nom de l’émission au pied de la lettre. Alors, certes, il n’a jamais exclu de trouver quelqu’un qui réussirait à l’attirer et à l’intéresser dans cette émission, mais il a également dit, lors de son casting, que s’il n’est pas en mesure de trouver l’amour à l’extérieur, il y a peu de chance qu’il le trouve ici. Alors oui, la question l’a mis mal à l’aise, parce que s’il n’a jamais caché que Gaëtane l’intéresse, ce n’est pas pour autant qu’ils en sont là. Malheureusement, elle ne peut pas l’aider sur ce point, car elle en vient à lui rappeler que c’est déjà difficile pour elle de se faire des amis. Il est vrai qu’elle lui avait déjà parlé de ce point. Il hoche simplement la tête, histoire de lui montrer qu’il se souvient effectivement de cette conversation. La phrase qu’elle débute par la suite le laisse pendu à ses lèvres. Il est libre de ne pas la croire, parce qu’elle sait qu’elle ne croit personne dans ce cas-là, mais… Oui, mais ? Il attend sa phrase en l’observant, chose relativement rare chez lui qui se montre plus fuyant. Elle termine sa phrase en déclarant qu’elle pense que Siomha a tort, qu’il n’est pas un cas désespéré. Pourtant, c’est bien ce que l’animatrice a sous-entendu, en le gardant pour la fin. Bon, certes, il est plutôt content que ce ne soit ni Felice, ni Mallaury et ni Gaëtane qui aient hérité de cette comparaison, parce qu’il les apprécie et n’aurait pas apprécié que Siomha se permette de les traiter ainsi. Encore moins Mallaury qui a déjà pas franchement pris la réflexion sur son physique de la meilleure des manières. Mais Alistair est plutôt habitué à être considéré comme un cas désespéré, alors autant que ça tombe sur lui, même si ça ne lui fait pas franchement plaisir. « C’est gentil. » Il répond dans un premier temps. Parce que même s’il se doute que certains candidats doivent partager l’avis de l’animatrice – lui le premier, en fait – il doit reconnaître que ça le touche malgré tout de savoir que certains ne sont pas du même avis. Encore plus quand il s’agit de quelqu’un qu’il apprécie. « Mais je dois t’avouer qu’elle n’a pas tout tort, je trouve. » L’optimisme à toute épreuve d’Alistair. Oui, elle n’a pas tout tort, c’est un fait. Mais elle aurait pu s’abstenir d’une telle rubrique qui n’avait pour but que de heurter les plus sensibles. Enfin, ça se saurait si la blonde était quelqu’un d’agréable. « Et je ne trouve pas que tu sois si étrange. » Pour ce que ça vaut et pendant qu’il donne son avis sur la question, hm. Certes, Gaëtane l’est un peu, personne ne peut le nier, mais ça n’empêche pas la candidate d’être attachante et sympathique, ce que beaucoup ne sont pas malgré le fait qu’ils entrent dans la catégorie ‘’normaux’’. « Siomha est juste frustrée. » Peut-être qu’elle n’est pas assez payée pour ce qu’elle fait, ou qu’elle a moins d’attention que ses co-animateurs. Mais oui, elle est frustrée pour déverser sa haine de telle façon, il campe sur ses positions.