+ SACHA

Cette matinée avait été plutôt calme, et moi, j'avais été bien trop pensif pour mon propre bien, continuant de ressasser ma conversation avec Gaëtane, la veille. Le mieux étant probablement que je ne pense pas trop à la suite, quitte à être pris au dépourvu en sortant du nid. C'était le jeu non ? Je devais accepter de ne pas pouvoir tout prévoir, d'autant plus que pour le coup, mon destin devait être probablement bien plus tracé que je ne me l'imaginais en cet instant. Oui tout devait déjà être écrit, et je n'en avais pas conscience. Il allait falloir que j'attende encore un petit peu pour ça. Je n'étais même pas certain de vouloir en entendre parler, ça risquait même d'être difficile à assumer une fois l'extérieur rejoint. Il fallait que j'arrive à focaliser mon attention sur autre chose... Alors, j'avais simplement décidé de faire mon footing habituel à travers les bois. Courir me faisait le temps d'un instant oublier tous mes problèmes, qui j'étais, ce qui me définissait et tout ce qui m'entourait. Je n'étais plus qu'une personne parmi toutes les autres et je trouvais largement mon bonheur dans cette normalité absolue. Pourtant j'avais bel et bien conscience que ça n'était pas la vérité, que je me mentais à moi même. Je n'avais plus rien de normal, et ce depuis quelques années déjà. C'est la silhouette de Sacha, marchant le long d'un sentier qui attira mon attention. Ma première envie fut de courir dans ses bras, mais je me rappelais bien vite du coup qu'il m'avait fait lors du prime dernier, me faisant croire qu'il m'avait apporté des gâteaux alors qu'au final, tout ce que j'avais eu, c'était un "pauvre" câlin. Je sais, je suis exigeant, mais il m'avait beaucoup manqué cette semaine, si bien que j'espérais que ce manque était également partagé. Enfin, il avait Lou à l'extérieur, donc je me disais qu'il avait largement eu le temps de m'oublier. C'était certain que ça allait être comme ça de toute façon, j'étais habitué moi. « Ah non, non, non ! Je dois t'éviter encore un peu pour que tu crois que je te boude, donc il faut pas qu'on se parle maintenant. » lui dis-je en ralentissant lorsque j'arrivais à son niveau. Oui, bon, tout mon plan venait de tomber à l'eau, mais j'étais faible, je ne vous apprenais rien.

Genre Adnan me snobe quand il me voit passer à côté de lui dans les bois. Je suis outré et en même temps amusé car ça se voit qu’il fait semblant de me bouder. Je sais pas trop pourquoi d’ailleurs. Pour m’embêter, peut-être ? « Trop tard ! On se parle déjà. » Et je lui fais un câlin américain comme je sais si bien les faire et ce, même si y’a un peu de sueur sur mon débardeur puisque j’ai un peu couru. « Mais m’en veux pas pour les gâteaux, Lou me les a fait gouter, ils sont dégueulasse ! Il m’a dit que Tilda va les aimer mais moi je suis pas vraiment convaincu. Elle veut des diamants, elle. Puis arrêter de grossir aussi je crois. Le mioche prend beaucoup de place. » Dans le ventre de Tilda, j’entends. Je fais une fixette dessus je crois depuis quelques semaines. En même temps, c’est une des premières femmes enceintes que je vois je crois. Ça m’intrigue tout ça et limite je l’envie car ça doit être une sacrée expérience ce qu’elle est en train de vivre. « D’ailleurs, tu l’appellerais comment toi ? Et tu veux des enfants, au fait ? » Après tout, il a presque le même âge que moi et vu que je désire en avoir, j’imagine que c’est pareil pour lui. Ou peut-être pas encore, je sais pas. « Et au fait, Mckayla elle m’a trop pris au pied de la lettre la dernière fois. Elle fait l’autruche maintenant, t’as vu. » Blague du jour, rebonjour. « Dis, c’est quand qu’on dévoile les secrets ? » Rien à voir mais tant que j’y pense, autant questionner Adnan. Il est quasiment toujours au courant de tout lui. C’est genre le mec le plus attentif que je connaisse je crois. Du coup, il sait aussi un peu tout ce qui se passe autour de lui. Et malheureusement, c’est pas trop mon cas. « Tu me fais un topo de qui sort avec qui ? Je suis perdu. » Y’a des nouveaux couples maintenant je crois et une semaine, quand on y pense, c’est long, il peut s’en passer des choses ! Et il s’en est passé apparemment.