jeux d'enfants
ft. Pia & Andreja

Il faisait beau, et chaud, assez pour qu'enfin il ne soit plus possible pour les candidats d'ignorer que tandis que l'hiver s'installait sans aucun doute doucement mais sûrement dans l'hémisphère nord, l'été lui arrivait à grands pas dans l'hémisphère sud et sur les terres d'Australie. Il faisait un temps à se prélasser au soleil ou à faire des longueurs dans la piscine, ou encore à sauter au milieu des vagues, et pour cette raison la partie de Mario Kart qu'il venait de disputer au salon avec sa partenaire avait rapidement été écourtée après une victoire de la rouquine, au profit d'un petit tour à l'extérieur, non sans un détour par le dressing pour enfiler respectivement maillot ou short de bain. Mais voilà qu'il était subitement question d'un gage pour le perdant de la partie de jeu vidéo, un gage dont il avait été question en début de partie mais dont Andreja avait naïvement pensé qu'il était sorti de la tête de Pia. Point du tout, et après une réflexion qu'elle prit de toute évidence un malin plaisir à étirer en longueur tandis que son partenaire attendait sa "sentence" voilà qu'elle avait décrété qu'elle ferait le trajet jusqu'à la plage sur son dos. Allons bon, le voilà qui se recyclait en taxi pédestre maintenant. Mais elle savait tellement y faire Pia, avec ses petits yeux suppliants et sa moue d'enfant triste. Cédant finalement à la requête, non sans ronchonner pour la forme et exiger une revanche le soir même pour sauver son propre honneur, il avait donc mené la rouquine sur son dos à travers le nid et jusqu'au dehors, bifurquant pourtant au moment d'atteindre la plage « Non, trop de monde sur la plage, je préférer ailleurs. » Qu'elle se rassure, il n'avait aucunement l'intention d'aller la perdre en forêt, et de toute façon puisqu'il paraissait qu'elle avait passé un certain temps dans cette forêt pendant sa semaine coincée dehors, il doutait qu'elle puisse se perdre. Mais non, c'était plutôt vers la falaise qu'il avait décidé de la mener, entreprenant de descendre doucement - histoire de ne pas précipiter leur chute à tous les deux - le sentier qui menait jusqu'à la cascade. Celle derrière laquelle se cachait une grotte qu'il n'avait visité qu'une seule et unique fois depuis qu'il était ici. Le passage sous l'eau de la cascade les avaient trempés des pieds à la tête, mais il faisait tellement chaud dehors que cela faisait un bien fou, et arrivé à destination Andreja avait tout de même fini par reposer Pia. « Il faire moins chaud, ici. » Il faisait même bon, dans ce renfoncement abrité de la chaleur et du soleil, et coupée du dehors par cette avalanche d'eau naturelle. S'adossant un instant à la paroi rocheuse derrière lui, il avait passé une main dans ses cheveux pour les débarrasser du surplus d'eau, et l'air maintenant pensif il avait reposé les yeux sur sa partenaire. Il s'en foutait qu'il n'y ait plus de partenariat qui tienne en demi-finale, elle restait sa partenaire. « Pia ? » Le ton était sérieux, presque soucieux, et en effet Andreja avait décidé de l'être, au moins pour quelques instants. « On est okay, tous les deux ? » Une partie de lui avait envie de faire comme si la semaine précédente n'avait jamais existé, pour ce qui était de Pia et lui, et cette partie là de lui avait pris le dessus pendant une bonne partie de cette semaine, il avait fait l'autruche, recommencé à se conduire avec la rouquine comme il le faisait depuis dix semaines et espérant qu'elle ne cesse pas d'en faire autant. Mais une autre partie de lui se disait que tout ne pouvait pas se régler ainsi, en quelques mots échangés sur le prime, cela lui semblait presque trop facile et il se demandait presque un peu si Pia  n'agissait pas pour lui faire plaisir, pour ne pas le blesser. Il voulait être certain qu'il n'y avait plus de malaise, quitte à lui tendre ainsi une perche pour qu'elle puisse dire ce qu'elle avait sur le cœur, si elle en avait envie.

Paraît que le soleil influe sur le moral. Que les rayons du brûlant attirent les éclats des sourires et met de la lumière dans le regard, quelque chose comme ça. Elle sait pas si c'est vrai Pia, pas si c'est la faute du soleil mais elle est bien. C'est peut être aussi parce qu'elle vient de battre Andreja à Mario Kart, et gagner c'est important pour la rouquine, ça l'est presque autant que le jeu en lui même. Elle sait pas trop quoi lui donner comme gage, elle y réfléchit alors qu'ils enfilent leurs maillots pour aller se choper des coups de soleil qui sentent trop l'été alors que chez eux c'est le froid qui s'empare des trottoirs. Elle le laisse attendre un peu, parce que ça l'amuse de le voir comme ça, pendu à ses lèvres, attendant la sentence. « J'veux que tu me portes jusqu'à la plage. ». Elle finit par lâcher enfin, la malice au coin des yeux. Elle voit qu'il commence à protester mais elle coupe court en lui faisant sa tête de chat aux yeux humides, parce que ça marche plutôt bien d'ordinaire. Un sourire satisfait s'étale sur son visage alors qu'il se baisse et qu'elle saute sur son dos. Elle accroche solidement ses jambes autour de sa taille et ses bras autour de son cou, fière de pouvoir toiser le monde du haut de son taxi improvisé. « Non, trop de monde sur la plage, je préférer ailleurs. ». Elle hausse les épaules sans rien répondre. Elle s'en fout, Pia, il peut bien l'emmener où il veut comme ça. C'est sans doute lui qui va craquer en premier parce qu'après tout elle va finir par peser son poids sur ses épaules la rousse. Elle tourne la tête et regarde l'océan. Elle finit par reporter son attention sur la cascade vers laquelle ils se dirigent. Elle se rappelle Pia qu'il y a une grotte derrière, parce qu'elle y a été une fois. Elle se rappelle pas vraiment de l'endroit, elle sait juste qu'elle y avait croisé Eryk et qu'il y avait des dessins sur les parois. Elle se met à rire lorsqu'ils passent sous le rideau d'eau sans trop savoir pourquoi, simplement parce qu'elle est bien. Elle descend de sa monture de fortune et se passe la main dans ses cheveux dégoulinants. Elle hoche simplement la tête lorsque son partenaire relève la fraîcheur des lieux. Ce même sourire idiot sur les lèvres alors qu'elle vient s'adosser contre la roche à ses côtés. « Pia ? ». Pia, Pia, Pia. Elle sait pas si ça résonne ou si c'est dans sa tête seulement. Elle se souvient qu'on lui avait demandé si elle aimait son prénom, lors de son interrogatoire public. Elle l'aime son prénom Pia et elle l'aime aussi quand il sort de sa bouche à lui. « Quoi ? ». Elle demande, promenant son regard le long des traits soudain soucieux de son partenaire. « « On est okay, tous les deux ? ». Elle se tait un instant sans le quitter des yeux, comme si elle réfléchissait. Et elle y réfléchit, Pia, c'est vrai. Elle se demande si ils sont okay. « Je crois. ». Elle finit par dire, venant gratter un de ses tatouages du bout des doigts comme si il allait se décoller avant de redresser la tête finalement. « Je crois qu'on l'est. ». Elle rattrape son sourire pour venir le remettre à sa place, rassurante. Elle veut pas qu'il s'inquiète, Andreja. Elle est assez grande pour porter ses états d'âmes, elle veut pas lui faire partager le fardeau. C'est inutile. Ce serait égoïste. Elle finit par soupirer, scrutant les pupilles de celui qui avait fait son quotidien pendant deux mois. Ça lui fait mal au cœur de se dire que bientôt c'est fini, tout ça, eux deux peut être. Elle a pas envie d'y penser Pia. Elle veut pas gâcher les derniers moments qu'il leur reste à tout les deux. Elle rapproche son visage du sien, un peu hésitante, timide comme une gosse avant de venir finalement lui voler un baiser du bout des lèvres puis reculant la tête. « J'en avais envie. ». Elle en avait envie comme elle en avait besoin et ça aussi c'est égoïste mais elle n'a jamais prétendu être une sainte Pia. Elle finit par détourner le regard et fait mine de s'intéresser aux peintures rupestres comme si ces mots faisaient office de conclusion.