Je suis ravi. J'ai écopé de la jolie brune qui dort à poil. Cela fait-il de moi un homme heureux ? Oui si ça avait été vrai. Les nanas ne savent que trop bien se vendre, même si je l'ai pas réclamé ou ne serait-ce que par la pensée dans une distinction tout à fait honorable je suis déçu. Bref, je me retrouve le lendemain de la dupe à faire le tour du campement car j'ai comme l'impression qu'on s'est fait voler un truc. Et pas des moindres. Notre lampe. Enfin notre lampe... c'est vite dit. A part monter une tente je suis pas bon à grand chose, j'ai juste prié une fois celle-ci terminée pour qu'aucun animal ne vienne nous dévorer pendant la nuit. Je veux bien la protéger la petite Nirvana mais on a à peu près le même gabarit donc ce sera difficile, étant donné qu'on est toujours vivants je pense avoir été entendu. J'explore, je découvre, je suis dégueulasse et je m'y plait presque. Le campement commence à se calmer, je crois que tout le monde s'installe confortablement... je devrais peut-être trouver cette fameuse lumière pour ce soir, on va pas passer une semaine à se ramasser la gueule sous prétexte qu'on a pas déniché de quoi s'éclairer. Je crois déceler une tente en mouvement. Que diable si quelqu'un se change, je m'en fou. Je dézippe et j'entre, princier. T'as pas une lampe ? Je pose mes yeux sur la belle blonde que je dérange sûrement, tout à fait à l'aise. C'est sympa ici, j'aime bien. Pas très différent de mon nouveau chez moi mais je préfère les blondes en fait.

J’ai fait une bonne pioche en ouvrant cette tente. J’ai comme l’impression d’avoir ouvert une pochette surprise sauf qu’il s’agit pas d’un cadeau tout bidon mais d’une blondinette. J’la surprends j’crois. Peu importe, si elle savait ma surprise à moi quand j’ai découvert qu’on avait plus de lampe, c’était trois fois supérieur à la sienne. « Non, Ariadne et moi, on se débrouille avec son briquet. J’ai laissé la nôtre à une autre équipe. » Equipe ? Donc pour elle les binômes formés pour les tentes étaient des équipes. Compétitrice, je note. De toute façon les mignonnes ont toujours été les plus redoutables. Elles vous attrapent avec leurs regards de biches et c’est terminé. J’me ferais pas avoir. « Ok, je vois le genre. A plus. » La politesse c’est pas dans mes gênes, pas de bonjour donc pas de merci, bref de toute façon je suis trop accablé par cette lampe. Faut que j’dépouille l’autre équipe, on va pas rester comme des rats. D’ailleurs j’ai du mal à croire qu’elle se débrouille qu’avec un briquet la nana, on le fait tous les soirs et clairement c’est la merde. La tente a encore faillit flamber hier soir. Ah, le con, j’ai oublié une info importante. Pourtant prêt à ressortir, je tente de me tourner de nouveau afin de me retrouver face à elle. « Attends c’était quelle… » Equipe. Mais ça c’était avant que je me prenne les pieds dans je ne sais quoi, en tout cas quelque chose d’assez fourbe pour que je perde l’équilibre. Dans une tentative desespérée de me rattraper à une barre en fer je me casse royalement la gueule, emportant avec moi un bout de la tente. J’comprends pas grand-chose à ma vie dans les deux secondes suivant ce moment… juste que j’ai amoché la tente vu la tendance du tissu à tanguer vers la gauche. « Ah putain. » C’est tout ce que je trouve à dire. Mon regard glisse de nouveau sur la blondinette et mon envie de me casser dans un je-m’en-foutisme total disparait. J’me sens accusé, tellement que je brandis mes mains devant moi comme s’il s’agissait de calmer une furie ambulante. Je préviens, c’est tout. « Pas de cris. Pas de pleurs, je vais tout remettre. »  J’ai l’air fin affalé dans leurs affaires, tiens.

Je vais bien tout va bien. Ca m’fait quand même bien chier de devoir remonter une tente sous prétexte que j’viens de la bousculer un chouïa. … non, bon, à bien y regarder j’y ai mis un gros bordel et je crains que la blondinette pique une crise de larmes pour avoir osé souffler sa maison tel le grand méchant loup ou un truc du genre. Mais non, elle semble pas aussi douillette qu’elle en a l’air. J’me sens con, ça va être une galère pour me relever et j’tente déjà d’anticiper mes mouvements pour éviter de tout foutre en l’air une seconde fois. Elle a plutôt l’air d’accord avec le fait que j’remette tout en place. Bizarrement ça m’étonne pas. « Attend j'prends quand même une pause pour reprendre des forces. » Finalement j’suis plutôt bien calé là, j’ai carrément flemme de me lever. Ma tête bascule en arrière quelques secondes et dans un éclair de génie j’claque des doigts, la foudre de la sainteteté m’a frappé. J’ai oublié un truc ! Dirigeant vivement mon regard vers elle, j'la fixe. « Tout va bien ? » De toute évidence non vu la façon dont elle se tient la tête. J'l’ai remarqué dans ses yeux revolver y a dix secondes mais ça m’a pas choqué. Là tout me parait évident. J'me relève soudainement plus vivace, j’ai fait une connerie là. « Merde attend j’vais chercher de la glace, j’veux pas que tu fasses une hémorragie. Préviens si tu veux tomber dans les pommes tiens attends. » J'tourne sur moi-même et attrape un tissus qui me semble être un bout de duvet. « Mets ça sous ton dos. J'reviens. » J’panique là non ? J'suis dans un tel speed que j’ai l’impression d’être dans une épreuve de Ford Boyard.« Non attend sors. SOOOOOOOOOORS. Vite, vite ! » D’un mec paniqué j’en viens à me foutre de la situation mais bon faut pas m’en vouloir j’ai pas envie de finir en cellule jusqu’à la fin du jeu, le sablier est presque écoulé. Dans ma tête du moins. J’ai l’air tellement sérieux qu’elle doit m’prendre pour un malade, en attendant j’me marre bien après ces petites secondes de stress.