+ HUGO

Par chez moi, il était plutôt facile de faire des exercices. En même temps, mon travail restait assez physique puisqu'il fallait souvent que je transporte pas mal de matériaux pour fabriquer ou retaper les cages des animaux. Mais ça ne me dérangeait pas, et puis même si je ne m'en servais pas franchement, mon corps n'en était que satisfait. J'avais donc enchainé les tours de terrain sans faiblir mon rythme, me disant qu'il ne fallait pas que je me relâche car si cette semaine dans les abysses m'avait permis de maigrir un petit peu -pas comme si j'avais eu le choix- il fallait maintenant que je reste plus ou moins en forme ce qui allait s'avérer être compliqué. J'aimais le sport, oui, mais on ne pouvait pas dire que j'étais le plus grand sportif du monde non plus. Poussant un léger soupir, je me laissais donc tomber sur l'un des bancs, essuyant mon front encore humide alors que mes prunelles bicolores se reportaient sur l'horizon, où un gars semblait s'avancer. Je ne l'avais pour ainsi dire jamais vu jusqu'ici... en même temps nous étions tellement nombreux, et j'avais déjà bien du mal à retenir les prénoms de chacun, qu'il m'était simplement impossible de mémoriser tous les couples. Enfin je n'étais pas non plus à plaindre, et je me doutais que le temps ferait que je réussirais à me rappeler de tous les visages sans froncer des sourcils à chaque fois que j'en croiserais un. Mais ce garçon là, non, il ne me disait décidément rien. Nous n'étions que la première semaine de toute façon, alors ça n'était pas la mer à boire. En tout cas, il n'avait pas l'allure d'un sportif, du moins, pas de ceux qui devaient fréquenter ce genre d'endroits au quotidien. « Tu t'es perdu ? » lui demandais-je alors, un peu maladroitement. Bon, ça n'était pas franchement ce que j'avais voulu lui demander, mais maintenant que c'était sorti tel quel, il allait falloir faire avec et tenter de se rattraper par la suite, hm.

En général, lorsque je courrais, je n'avais besoin d'aucune autre distraction. Le sport en équipe, ou à plusieurs ne m'intéressait pas, principalement parce que je n'étais pas de ceux ayant besoin de quelqu'un d'autre pour se motiver. Pas besoin d'une meute pour vivre non plus. Alors forcément, je ne proposais jamais à qui que ce soit de m'accompagner, pas même les personnes avec qui j'étais le plus proche. Elles le savaient très bien, que ces moments là étaient ceux dont j'avais besoin pour m'évader, pour ne plus avoir à penser à quoi que ce soit d'autre que ça. Ce moment. Cet instant. Et parfois, ça pouvait être incroyablement libérateur, comme considérablement compliqué. Parce qu'il n'était pas aussi simple de tout abandonner, de laisser ses pensées à la porte d'entrée, non, ça demandait bien plus de courage qu'on ne le pensait. Les problèmes avaient le maitre mot sur chacun d'entre nous, et la personne qui prétendrait le contraire serait hypocrite envers elle même. Je vivais avec. Aussi après avoir enchainé quelques tours de terrains, je préférais enfin me poser, retrouver de quoi réfléchir un tout petit peu. A ce jeu, à cette vision d'un tableau plus grand. Je me demandais comment tout ceci allait finir, ce qu'il allait advenir de moi une fois dehors, une fois libre. Si je me sentais bien ici ? Oui, non, tout dépendait de quoi l'on parlait et du point de vu que l'on choisissait d'adopter. C'était sur ces pensées que le brun s'était avancé, écouteurs ancrés aux oreilles, l'allure presque un peu trop fière pour appartenir à cette partie du monde. Il était exactement là où il devait être, clamait-il, et si cette phrase ne m'avait pas forcément intrigué au préalable, je m'étais simplement dit que j'avais fait une erreur de jugement. En même temps, lorsqu'on le comparait à Conan, le grand black ou notre déchu chef d'équipe, il n'y avait pas de quoi s'étonner non plus. Mes prunelles se perdirent un court instant sur le terrain avant que je ne me baisse pour attraper ma bouteille d'eau située à mes pieds. Le soleil tapait un peu trop fort cette après midi là, et je pouvais sentir ma température corporelle grimper à la vitesse de la lumière. Boire ne ferait que retarder l'échéance, il allait me falloir plus que ça, une douche par exemple. Après quelques gorgées, mes prunelles se posaient une nouvelle fois sur le candidat, retournant ainsi à la réalité. « Pardon, tu disais ? » Décidément, je marquais des points aujourd'hui.

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