Mylah est sportive. Son corps parfait, elle ne l’entretient pas uniquement grâce à une nourriture équilibrée, mais aussi grâce à des efforts. Pour autant, elle ne se rend pas à la salle de fitness comme tout le monde, elle a une pièce spécialement réservée à ses activités physiques dans son appartement. Parce qu’il y a une chose que Mylah déteste presque autant que le désordre et les imprévus, c’est la saleté. Déjà qu’elle est capable de paniquer si elle se sent transpirer, il est hors de question que quiconque puisse la voir dans un tel état. Alors elle reste dans son coin, bien sagement chez elle, serrant des dents à l’idée de sentir ses vêtements de sport s’humidifier, se répétant sans-cesse que c’est pour la bonne cause, avant de filer à la douche pendant plus d’une demi-heure une fois sa session sportive terminée. Bien qu’elle soit sportive, il est évident qu’elle ne fera pas son jogging en plein après-midi, à l’heure où tout le monde fait le sien. Non, ce sera aux premières heures du matin, quitte à chambouler son planning pour se lever plus tôt. Parce qu’il est hors de question qu’elle apparaisse sous son mauvais jour, elle a une réputation à tenir. Et puis, le jogging ce n’est pas vraiment son truc. Elle préfère d’autres sports. Et si elle passe sur ce terrain aujourd’hui, c’est uniquement par curiosité, pour savoir quelle activité elle pourrait potentiellement exercer en dehors du jogging, parce que cela risque vite de la lasser. Hors, le choix est restreint. Elle est trop petite pour le basket. Il y aurait bien le tennis, mais elle ne l’a pas pratiqué depuis longtemps. Elle pourrait le pratiquer en solo, comme la jeune femme à quelques mètres dont elle s’approche par curiosité. Et c'est finalement elle qui l’aborde en premier. « Bonjour, Agata. C’est ça. » C’est avec le sourire qu’elle répond à son bonjour, ils sont tellement peu nombreux les candidats qui ont encore la notion de politesse. Elle se souvient principalement de son prénom parce qu’elle est la partenaire d’Allen et qu’elle a eu l’occasion de sympathiser avec ce dernier durant leur semaine survie, probablement plus qu’avec les autres. « Cela fait bien longtemps que je n’ai pas touché à une raquette de tennis, je ne suis pas sûre que le match soit équilibré. » C’est même certain qu’il ne le sera pas, vu la tenue d’Agata, elle a l’air de connaître le sujet, à l’inverse de Mylah qui n’a pas touché à une raquette depuis des années. Autant dire que la brune l’exploserait – et le terme est faible – si elles en viennent à se défier. Et Mylah n’aime pas perdre, autant s’abstenir. « Autant te dire que je vais donc opter pour l’option qui consiste à s’asseoir et parler. » Elle pourrait passer sa route comme le lui propose la jeune femme, mais Mylah n’est pas ainsi. Ou du moins, elle se force à ne pas l’être, elle est ici pour durer, il va bien falloir qu’elle s’intéresse aux autres à un moment ou à un autre. « D’autant plus que nous avons sûrement des points communs. » Et c’est l’une des raisons qui font qu’elle ne passe pas son chemin. Parce qu’il y a quelques portraits qui ont retenu son attention et celui d’Agata entre dans cette catégorie-là. Elles se ressemblent sur plusieurs points, de ce qu’elle a retenu. Filles de bonne famille, avec une famille qui leur met la pression et une façon de gérer leur vie qui peut déplaire à certains. « Je ne pense pas que tu sois là pour l’argent, alors dis-moi, qu’est-ce qui te pousse à participer à Fake Lover ? » Elle entre directement dans le sujet, curieuse, suffisamment pour que son esprit se focalise que sur une seule personne, plutôt que de papillonner sur les détails qui l’entourent et qui la bloqueront tôt ou tard.

La proposition d’Agata est tentante, mais Mylah se voit contrainte de refuser. Son niveau de tennis est loin d’être bon, autant dire qu’elle va s’abstenir de jouer contre quelqu’un qui semble avoir un niveau bien meilleur que le sien, elle aimerait autant éviter d’être humiliée. Même s’il ne s’agit que d’un sport, Mylah ne le supporterait pas, et bien même si son adversaire est la personne la plus gentille et douce du monde. Ça ne l’aiderait pas à digérer la défaite. Elle esquisse un bref sourire à la remarque d’Agata avant de répondre « Si tu savais. » en haussant les épaules. Pas de sous-entendu bizarre comme évoquer le sport de chambre, simplement Mylah est douée dans d’autres domaines, plus généralement les sports de combat, aussi surprenant que cela puisse paraitre. Et c’est bien pour cette raison qu’elle s’abstient de le signaler, parce qu’elle sait que de tels sports semblent dénoter avec son physique angélique. Mais il a bien fallu qu’elle apprenne à se défendre en vue de son travail, et la boxe lui a semblé l’idéal. Alors elle faisait venir un entraîneur privé durant plusieurs mois, jusqu’à être perfectionnée. Maintenant, elle se contente d’un mannequin qui trône au milieu de sa pièce réservée au sport. Et il y a le tir, aussi, qui n’entre pas forcément dans le sport de combat, mais dont elle s’abstient de parler, tant la possession d’armes peut être un tabou pour certains. Quoi qu’il en soit, Mylah n’a aucune envie de passer son chemin et prend place sur le banc, au côté de la brune. Agata et elles ont des points communs, elle en est sûre pour avoir deviné quelques indices lors de sa présentation, alors elle ne passera pas son chemin si elle a l’occasion de discuter avec quelqu’un qui lui ressemble, quelqu’un qui ressemble à ceux qu’elle a l’habitude de fréquenter, contrairement à d’autres candidats dont les caractères ne l’aident pas à faire la conversation. Mylah entre rapidement dans le vif du sujet en demandant à Agata ce qui la pousse à participer à cette émission puisqu’à première vue, il ne s’agit clairement as d’un besoin d’argent comme c’est le cas pour beaucoup.  Si elles se ressemblent sur le point qui consiste à avoir une vie parfaitement organisée dans les moindres détails, leurs motivations à se rendre ici diffèrent. « Si je comprends bien, tu n’es plus sûre que cette vie te convienne ? » Elle a dit qu’elle ne savait pas si elle était faite pour l’aventure, mais pas explicitement que sa vie actuelle ne lui convenait plus, pourtant c’est ce que Mylah a cru déceler dans ses paroles. Peut-être parce que cela la renvoie à sa conversation avec Allen la semaine dernière, quand il lui a demandé si elle ne pensait pas se réveiller un jour en voulant autre chose. Et comme Agata semble avoir une vie qui ressemble de près à celle de Mylah, elle a besoin de savoir. Parce qu’elle ne veut pas se réveiller un matin sans savoir ce qu’elle veut réellement. À travers les paroles de la brune, ça l’inquiète elle. « C’est la même chose pour moi, je n’ai pas l’habitude de fréquenter des gens d’un milieu différent, en dehors de mon travail. » Elle confirme son hypothèse. Il n’y a que dans son travail qu’elle rencontre des personnes d’une classe sociale différente à la sienne et puis que c’est toujours temporaire, elle n’a pas le temps de s’intéresser à eux. « Mais je ne suis pas sûre de vouloir changer cela puisque j’y suis habituée. » Elle continue, haussant légèrement les épaules. Ce n’est pas qu’elle ne supporte pas de se mêler à la classe dite moyenne, simplement elle ne sait pas comment réagir en leur compagnie, parce que ce n’est pas ce dont elle a l’habitude. Sans surprise, Agata lui retourne la question. « Il parait que cette émission peut m’aider à régler un problème que j’ai. Ne me demande pas lequel, je ne sais pas moi-même, ce n’est pas moi qui me suis inscrite. » Au fond d’elle, bien-sûr qu’elle le connait ce problème, mais elle n’est pas prête de l’accepter. Rose pense que vivre dans un univers inconnu, avec des gens de toutes origines qui ne vivent pas comme Mylah ne pourra que l’aider, mais la blonde n’est pas du même avis. « Et si j’ai finalement accepté, c’est parce que mes parents me mettent la pression et que j’avais besoin d’être loin d’eux quelques temps. » C’est un peu humiliant, à vingt-six ans, d’admettre que ses parents dirigent encore pour elle, mais elle sait qu’Agata est en mesure de la comprendre mieux que quiconque.

À écouter la candidate lui annoncer les raisons pour lesquelles elle participe à une telle émission, la curiosité de Mylah s’accentue. Elle veut tenter une nouvelle aventure, rencontrer des personnes qui ne sont pas issues du même milieu qu’elle, tout simplement découvrir autre chose que sa petite vie organisée. Si elle ne remet pas en cause l’envie de changement – bien qu’elle ne le comprenne pas – c’est surtout la façon dont la jeune femme évoque ces raisons qui poussent Mylah à lui demander si cette vie lui convient réellement ou si, au contraire, Agata réalise que ce n’est pas le cas. Agata lui ressemble, raison pour laquelle elle ne comprend pas pourquoi la jeune femme voudrait changer de vie. Leurs vies sont plutôt bien comme elle sont, l’organisation est la chose la plus importante qu’il existe et elles ont la chance d’être dotées de ce talent, c’est la clé du bonheur pour Mylah. Un sourire s’affiche sur les lèvres de la blonde quand elle constate qu’elle s’est trompée. « Oui, je vois. Mes excuses. » Pour avoir mal compris les propos de la jeune femme. Elle n’aime pas passer pour plus bête qu’elle ne l’est, et c’est l’impression qu’elle à cet instant. Et puis, dès qu’il y a un malentendu, elle aime s’excuser puisque son interlocuteur a dû prendre la peine de reformuler ses propos. « C’est toi ou tes parents qui sont dans le monde politique ? Ou les deux ? » Elle questionne, par réel intérêt. Son père est sénateur, autant dire que le sujet la touche directement. Quand à Agata, elle est avocate si les souvenirs de la blonde sont bons, mais rien ne l’empêche d’être impliquée en politique avec un métier pareil. L’une des raisons qui ont convaincue la brune de participer à une telle émission, c’est aussi la possibilité de rencontrer des personnes issues d’un milieu différent du sien puisqu’elle a rarement l’occasion d’en rencontrer. C’est la même chose pour Mylah, bien que cela ne la dérange pas plus que cela. Ceci dit, il est vrai que leur milieu est restreint.  « Il l’est, c’est un fait. » Pas besoin d’avoir fait de grandes études pour le constater. Il suffit de jeter un coup d’œil autour de soi, tout simplement. Bien-sûr, ça ne s’applique pas à cette émission puisque, cette saison, ils semblent particulièrement nombreux à venir d’un milieu aisé. Mais à l’extérieur, si l’on se balade dans les rues, rares sont les personnes aisées par rapport à la moyenne de la population. Quant aux raisons qui poussent Mylah à participer à cette émission, elles sont compliquées. D’elle-même, elle ne se serait jamais inscrite, n’y voyant pas le moindre intérêt. Mais elle a voulu faire plaisir à sa meilleure amie et s’est rendue au casting. Parce qu’une fois que Mylah est engagée dans quelque chose, pas question d’abandonner, même si cela ne lui plait pas. Si Rose l’a inscrite ici, c’est simplement parce qu’elle estimait que vivre avec des gens qui ne sont pas comme elle ne pourrait que l’aider et potentiellement apaiser son esprit.  « Non, ils sont capables de me le dire, mais je ne suis pas d’accord avec eux. » Elle rétorque à Agata sans plus de précisions. Puisqu’elle n’est pas d’accord avec eux, elle ne voit pas l’intérêt d’exposer leur théorie. Agata se permet de dire que la télé-réalité ne lui semble pas être la solution adéquate, ce à quoi Mylah esquisse un bref sourire, puisqu’elle est d’accord avec cela, étant donné qu’elle n’a jamais été attirée par ce genre d’émission. « Ce n’est pas l’aspect télé-réalité le plus important, mais le fait d’être forcée de vivre en communauté. Il y a un enjeu, ici, ce que je ne peux pas trouver ailleurs. » Autant dire qu’elle n’aurait jamais pris la peine de vivre en communauté ou de tenter la moindre expérience dans ce sens. Fake Lover, c’est différent, elle est obligée d’abandonner ou d’être éliminée et puisque Mylah ne vient qu’avec un objectif, qui est celui de gagner, il y a un enjeu qui l’aide à supporter la situation. De plus, cette émission est une sorte de rébellion envers ses parents pour la blonde, pour montrer qu’elle peut aussi faire ce qu’elle veut, et qu’ici, ils ne pourront guère lui mettre la pression. Elle n’est pas étonnée par le fait qu’Agata connaisse cela, mais la question de la jeune femme la laisse muette un instant. Elle n’a jamais pensé à cela. Oh, elle s’est posé la question, mais jamais plus de quelques secondes, sachant qu’il s’agit d’un terrain dangereux puisqu’elle n’a aucune réponse.  « Je ne sais pas. Peut-être, mais je n’ai pas envie d’y penser. » Qu’elle finit par dire, avec une légère moue. Elle est déstabilisée, ce n’est pas malin. D’ici quelques instants, son esprit tentera de se raccrocher à un détail insignifiant pour ne plus penser à cela.  « Et de ton côté ? » Elle demande, pour ne plus se concentrer sur son cas à elle, tandis qu’elle se met à taper du pied nerveusement, comptant les frappes à terre pour obtenir toujours le même nombre à chaque fois qu’elle change de pied.