@CLAUDIA - LE 27/03 À 15H00

Cette porte, je ne la connais que trop bien. Il s’agit de la porte d’entrée de la galerie des glaces. J’ai ouïe dire qu’elle ne s’ouvrait pas de l’intérieur. Du coup, cela fait plusieurs jours que je l’ouvre sans réellement y entrer et sans fermer la porte derrière moi. J’aurai bien trop peur de me retrouver coincée dans cette immense galerie. Pourtant, j’ai envie d’essayer. Je suis tentée. Mais je me retiens toujours. Sauf que là, lorsque j’entends quelqu’un presque pleurer de douleur, je n’hésite plus et m’enferme dans cette galerie. Je n’ai plus d’autre choix que trouver la sortie. Je prends mon courage à deux mains et avance en positionnant mes bras tel un mime. Je ne souhaite pas me blesser. Je crois que je ne supporte plus les coups tout simplement. J’avance doucement mais surement puis, me retrouve face à une candidate assise par terre la main sur le front. Je crois qu’elle s’est  vraiment fait très mal. Je le comprends parfaitement. Les vitres sont tellement propres qu’il est très simple de s’y cogner la tête brusquement. Il suffit de foncer dans une direction sans prendre garde et paf, accident. « Hé ma belle, je suis là. Je viens t’aider. » Je m’agenouille sans hésiter en souriant à celle qui a été deux semaines auparavant ma chef d’équipe. Aujourd’hui, je crois que c’est elle qui a besoin d’aide. Elle semble vraiment pliée de douleur et désespérée aussi. J’imagine que cela fait un petit bout de temps qu’elle tourne en rond. « Ça fait longtemps que tu es là ? » Déjà que j’ai dû mettre deux minutes à arriver jusqu’à elle, j’imagine que oui. Je n’aperçois même pas une seule porte pouvant m’indiquer la sortie d’ici. « C’est quand même idiot que dans une galerie des glaces, il n’y ait pas de vraies glaces. Un glaçon aurait apaisé la douleur. » La technique la plus ancienne mais la plus efficace pour traiter une bosse. Là, en l’occurrence, on se trouve très loin des cuisines donc c’est impensable pour moi de faire demi-tour et de revenir avec le nécessaire. Je crois que j’en aurai pour une heure. Du coup, je me dis qu’il va falloir que je la sorte de là et que je l’emmène à l’infirmerie directement. Enfin la soigner plutôt. « Je suis sûr qu’à deux on peut trouver la sortie. A mon avis, il faut trouver le moyen d’aller là-bas. Il y a de la couleur. » J’imagine que les rideaux en papier crépons qu’on peut entrevoir au loin ne sont pas disposés là pour rien. C’est un indice de taille qui pourra probablement nous mener à la sortie de ce labyrinthe de glace. Je l’espère, du moins.