Imma ne regarde pas beaucoup de film, sa culture cinématographique se résumant d’ailleurs à peu de chose. Si peu dont des navets africains, qu’elle avait espéré être seule dans ce cinéma. Elle débarque, l’écran blanc sur lequel se projetait déjà un film. À la « porte », elle s’étire et remarque la présence de Ronan, il ne passe pas inaperçu. Comme elle. Expulsant un souffle, elle s’éclipse un instant, pour revenir dans la salle avec un peu plus d’aplomb, les mains derrière le dos. Doucement elle passe les sièges pour venir s’asseoir à côté de lui naturellement. Il est gentil Ronan, elle ne comprendra pas ceux qui le dise pas bien. Peut-être même pas fréquentable. Ce sont ceux qui s’arrêtent aux apparences, qui ne voient pas au-delà. Elle connait ça. Il dit quelque chose, qu’elle ne comprend pas, alors Imma fronce ses sourcils, seule interrogation pour lui signifier qu’elle ne sait pas de quoi il parle. Pas de sa bouteille assurément. D’ailleurs elle est assez triste, elle lui en avait ramené une comme un cadeau. Certes elle contribuerait à son alcoolisme évident, mais elle sait que parfois ça peut penser les plaie, aider à aller mieux. Parole d’un sage. C’est qu’en plus il n’a pas l’air bien. Imma avale sa salive. Elle ne sait que dire, que faire sur le coup, alors qu’il parle de mariage et de garce. Enfin non il ne parle pas, il marmonne. Elle le regarde avec ses grands yeux perdus. Alors elle sort la bouteille de derrière son dos et la lui offre tout de même au pirate. Elle ne sait même pas si c'est du vrai rhum. « Elle est où » Qu’elle souffle, autant pour son alliance que cette garce, sans pourtant s’immiscer réellement dans sa vie et forcer ce qui fait mal.

Elle n’aura pas de réponse, elle ne saura pas de quoi il parle. Elle n’en demande pas plus. Elle se contente de bouger sa tête à l’affirmative lorsqu’il lui demande si ça va mieux. Parce que oui ça va mieux, quand l’ambiance n’est pas à la simulation de guerre, même si pas méchante. Ca faisait tout de même peur. Elle a bien compris qu’il faisait référence au paintball du prime. Alors la bouteille, c’est comme un remerciement. Un remerciement pour tout et puis elle sait que ça lui fera plaisir. Elle ne peut d’empêcher d’en sourire légèrement, baissant la tête pour ne pas trop le montrer. Et aussi parce qu’elle fait la curieuse sur quelque chose qui ne la regarde pas. Elle a bien compris qu’il avait dû être marié et qu’il n’était plus avec madame. Sauf que sa réponse l’étonne de trop. « oh » Qu’elle fait, avec de gros yeux, étonné et gênée d’entendre ça. Pas choqué, mais presque. Elle n’aurait pas dû poser la question. Elle sent la chaleur lui monter aux joues. C’est le mot sucer, certainement. Elle détourne alors un instant son regard, avant de le reposer sur la bouteille qu’il lui tend. « Non, pour toi » Qu’elle répond, en la repoussant vers lui. Elle ne boit pas. Il n’a qu’à se dire qu’il boit pour eux deux. Ca ne la gêne pas elle, qu’il boit. Tant qu’il ne devient pas violent. Mais il n’est pas très gentil à propos d’Addil. « Non. Il est gentil avec moi. » Qu’elle souffle, un brin embarrassé de dire ça. Sa voix se fait moins affirmée, un peu mélancolique. « Il ne me juge pas, je crois. » C’est comme ça qu’elle jauge les gens, à l’idée qu’ils se font d’elle et à leur manière de la regarder. C’est comme Ronan, il ne la regarde pas mal. N’insiste pas sur ses défauts. C’est gentil. « C’est pour ça que tu dors pas ? » Qu’elle reprend au sujet de sa garce comme il dit. C’est parce que c’est leur anniversaire de mariage normalement ? Elle n’oserait lui demande si c’est pour ça qu’il se noie dans l’alcool.

Il lui parle de son partenaire. En fait à la base il lui parle de sa femme, insiste sur son côté garce, mais ça la gêne. Elle n’attise pas de haine, bien qu’elle lui ait apporté une bouteille, pas forcément sage décision. Alors elle se concentre sur son partenaire. Il dit qu’il a l’air con, qu’il ne l’a pas aidé. Elle ne trouve pas ça très gentil de dire ce genre de chose, pour autant elle ne dit rien. Elle hausse les épaules. Addil est venu la voir, ça lui suffit, c’est cette attention qui compte. Alors certes il n’a pas fait comme lui – Ronan – mais il a été gentil avec elle tout de même. C’est bien ça qui compte oui. Elle n’aime pas être le centre de la conversation. Alors elle revient sur la dame de Ronan ou plutôt son ex-dame apparemment. Il n’a pas l’air bien, rongé par quelque chose de plus important que l’alcool en lui-même. C’est peut-être pour ça qu’il ne dort pas, parce qu’il pense toujours à cette femme qu’elle imagine – elle ne saurait dire pourquoi – blonde. Malgré la boisson, il sait dévier la conversation. Elle souffle, posant ses yeux sur le grand écran devant eux. « Parce que c’est difficile parfois » De s’endormir, s’entend. À cause de nuisance extérieures ou bien même carrément internes : des choses qui lui trotte toujours dans la tête. Repliant ses jambes contre son buste, elle pose sa tête sur ses genoux couverts parce qu’anormalement blancs. Sa remarque la fait légèrement sourire, avant que sa question ne la fasse tomber dans un profond mutisme. Pour tout avouer, elle ne s’attendait vraiment pas à ce genre de question avec lui. Provenant de lui, c’est même totalement absurde, mais ce n’est pas ce côté décalé qui la gêne. C’est la question en elle-même. Après un silence, elle bouge sa tête de droite à gauche. « Non » Une espèce de sourire ponctuant une évidence restait sur ses lèvres charnues. C’est qu’en fait, elle n’oserait jamais dire à haute voix qu’elle n’a jamais eu de petit copain dans sa vie. Mais c’est normal après tout, qui voudrait bien d’elle ? Elle se le demande, qui voudrait se montrer avec la fille qu’elle est. Doucement elle pose ses yeux sur Ronan. « Tu l’aimais beaucoup ? » Une question bête, mais qui la détourne de la réponse précédente. « C’est quoi son deuxième prénom ? » Parce que son premier est assurément garce.