+ @Diego.

C'est l'heure de faire la lessive, ça fait une semaine et demie, et Sailor n'a déjà plus de vêtements propres. Il faut dire qu'elle est loin d'avoir la garde-robe de Gigi ou de Ranja, alors elle finit vite par être à court de petites culottes ou de tee-shirts. Alors elle jette tout dans un panier, dans la chambre, dans le dressing, bordélique comme elle est, elle en a laissé traîner partout. Et elle file à la laverie. Ouvrant une machine, elle jette toutes ses fringues dedans, et referme la porte. Sailor attrape alors le paquet de poudre de lessive, et se dirige vers la machine, avant de se prendre les pieds dans le panier vide posé dans le chemin, et s'étaler par terre, dans un nuage de lessive. « Ouille ! » s'exclame-t-elle en tombant, atterrissant sur ses avant-bras. Elle se redresse avec une grimace et constate les dégâts : on dirait qu'il a neigé, dans la laverie. De al lessive partout, sur sa tête, sur ses fringues, sur le carrelage, et le paquet éventré de lessive gît plus loin, répandant son contenu joyeusement. « Oh non, quelle idiote... » fait-elle à elle-même, avec un rire nerveux, riant du ridicule de la situation. Et puis la porte s'ouvre sur un candidat, et elle secoue les mains pour l'empêcher d'entrer, toujours assise par terre. Elle se précipite alors vers le cagibi, rampant à moitié sur le sol pour se relever. « Attention ! J'ai renversé de la lessive partout, vous allez marcher dedans ! J'arrive, je vais nettoyer, je suis dans le placard, je cherche- » s'exclame-t-elle en disparaissant dans le placard à balais de la laverie, dans le bazar régnant à l'intérieur. Et puis elle finit par s'extirper du placard en brandissant son graal. « Un balai, je cherchais un balai, et le voilà, » fait-elle avec un sourire, les cheveux tout blancs de lessive en poudre, pieds nus. Le candidat, donc, c'est Diego, le type aux mots compliqués et au métier mystérieux. « Oh, bonjour, » le salue-t-elle, balai à la main.

Je suis quelqu'un de méticuleux, précis, soigné, aimant que chaque choses soient à se place bien positionnés, bien faites, brefs quasiment parfaites… Ainsi, deux fois par semaine, j'emmenais mes affaires à la laverie, histoire d'avoir toujours du rechange. Sauf que ce jeudi-là, rien ne se passa comme prévu. Quand j'arrivais sur place, j'étais ébahi, la salle c'était transformé en une espèce de paradis de la lessive. Il y en avait partout, un paquet éventré jonchant le sol et une voix stridente sortant d'un placard à balais. Au fond, j'évitais donc de marcher dedans, attendant que la fautive se dénonce. Fautive portant le doux nom de Sailor. Dire que cela me surprenait serait mentir, au contraire, ce genre d'incident était bien du genre de la jeune femme, pétillante, un tant soit peu dispersée. Je lui jetais un faux regard noir et balançais :

Sailor, sailor, sailor, tu aurais quand même pu faire attention…

Cela avant d'éclater de rire afin de lui montrer l'ironie de mes propos. Ce genre de bêtises, cela pouvait arriver à tout le monde. En attendant, la laverie se tranformait de plus en plus en une pseudo banquise. Ainsi, voulant limiter la catastrophe, je me permettais :

Tu veux de l'aide peut-être…

Plus vite la laverie était nettoyée, plus vite on pourrait faire notre lessive, libérer les lieux avant de devenir le risée de tout le nid et reprendre comme si de rien n'était nos petites activités. En plus qui sait se petit moment, nous permettra peut-être de faire mieux connaissances et de casser les préjugés que les deux premières semaines nous avait permis de faire l'un vis-à-vis de l'autre.

Elle sort du placard en brandissant son balai et Diego fait semblant d'être fâché, mais bon, elle a tellement entendu sa mère faire ces remarques que ca lui passe au-dessus. Elle est juste gênée d'avoir foutu le bazar dans la laverie, en fait, sachant que les candidats en ont besoin quotidiennement et qu'elle n'a pas trop envie qu'on lui tombe dessus. Alors elle hausse les épaules, en désignant la poudre de lessive, le paquet, la machine. « Beh je faisais attention mais j'ai du mal à évaluer les distances des fois et puis y'avait la panière dans le chemin et j'étais en train de lire les dosages sur le paquet de lessive et puis... » fait-elle d'un air dépité, sans pour autant trop se laisser abattre. C'est comme ça, des boulettes, elle en fait assez pour le savoir, d'un côté. Mais la situation est simple, claire, et vraiment idiote, au final. « Enfin, voilà, » ponctue-t-elle en posant le balai à côté d'elle. Diego est venu avec son panier de linge, mais il propose quand même de l'aider, ce à quoi elle hoche la tête. « Oh bah si tu proposes moi je veux bien mais je crois que y'a qu'un seul balai, ou alors, tu peux prendre la balayette, ou alors je sais pas, avec du papier absorbant, mais c'est pas évident, c'est de la poudre, ou peut-être aller chercher un aspirateur mais je sais même pas si on en a un ici... » fait-elle en retournant fouiller dans le placard. Ca serait volontiers qu'elle accepterait qu'on l'aide, parce que là, y'en a vraiment partout, et elle aimerait bien réparer sa bêtise avant qu'un candidat mal luné ne se pointe et ne vienne se mettre en colère.

Le désarroi, présent sur le visage de Sailor en était presque touchant. Elle cherchait tant bien que mal à effacer sa bêtise, ce qui l'a poussait à accepter mon aide. Comme ça, il n'y avait qu'un seul balai dans le placard de la laverie… Heures ment que dans la cuisine, j'avais aperçu un aspirateur, celui-ci pourrait sans doute se révéler plus efficace. C'est d'ailleurs ce que je lui disais :

Un aspirateur ? Il y en a un dans la cuisine. Je vais le chercher je reviens dans 5/10 minutes. En attendant essaye de faire des tas de lessive pour que ce soit plus facile à balayer.

Cela dit, je m'empressais d'aller chercher, le dit appareil, puis revenait et commençait à nettoyer la pièce, non sans aide de la part de Sailor. La pièce propre, il était enfin temps de commencer la lessive, vu les dégâts qu'elle avait provoqués, je me proposais encore une fois de l'aider :

Ah une bonne chose de faite… Dis-moi, tu m'as l'air un peu perdue, tu veux que je t'aide à faire ta lessive ? Voir même que je la fasse à ta place… Cela ne me gêne absolument pas…

J'étais de bonne humeur ce jour-là et puis plus vite, cette épisode lessive serait bouclé, plus vite on pourrait passer à autre chose. Ce qui n'était pas pour me déplaire.

Diego propose, alors elle accepte, c'est plutôt sympa, et toute seule, elle ne s'en sortirait pas avant un petit moment. Alors elle hoche la tête, et propose des outils de travail, comme la balayette, avant qu'il ne déclare savoir où se trouve l'aspirateur, ne propose d'aller le chercher, et lui dise de faire des petits tas en attendant. Beaucoup de choses en une seule phrase, elle a l'habitude, mais pas vraiment que quelqu'un montre tant d'engouement à l'idée de ramasser les bêtises de quelqu'un d'autre. « Oh, euh, d'accord, alors, » fait-elle, les bras ballants. Il disparaît et elle s'exécute avec son balai, formant des tas comme l'avait décrit le candidat plus tôt. Ca serait sans doute plus facile à ramasser, oui. Alors quand il revient, le ménage se fait drôlement plus rapidement, et vite, la laverie retrouve sa propreté initiale. « Merci pour le coup de main ! » s'exclame Sailor une fois le travail terminé, en reposant le balai à sa place dans le placard. Et puis il propose carrément de faire sa lessive. C'est son jour de bonté ou il a une passion pour les corvées ménagères ? Alors elle secoue la tête et les mains, poussant sa panière vers la machine. « Oh non non non, ça ira, je sais faire, vous inquiétez pas, et puis y'a deux machines de libres, alors... j'espère juste qu'il reste assez de lessive, et que je n'ai pas tout renversé par terre... » fait-elle, pour ensuite saisir le paquet de lessive et regarder son contenu. Réduit de moitié, certes, mais contenant toujours une quantité honorable de poudre. « Ah non, c'est bon, voilà, » fait-elle en remplissant le petit tiroir à lessive et tendant le paquet à Diego. Et puis sincèrement, elle avait beau avoir vécu longtemps en communauté pendant ses séjours à l'hôpital, elle n'est pas vraiment sûre d'avoir envie qu'un type qu'elle ne connaît que depuis trois semaines, plus vieux, touche à ses sous-vêtements comme ça.

(désolée du retard )