SAYID & @SHAY
jeudi 02 avril - 18:36

Sayid s'était lassé relativement vite du paysage, ne remarquant déjà plus que la pollution qui stagnait au-dessus de Los Angeles, bien plus que le panorama offert par les collines et le logo Hollywood aussi typique qu'il était kitsch. Et la pollution déjà présente, c'était à n'en pas douter la meilleure des excuses au fait que Sayid en était déjà à sa troisième cigarette depuis qu'il s'était posé sur le balcon. Sa consommation de tabac avait augmenté drastiquement depuis qu'il était à Kinshasa, il ne savait pas trop comment sans s'en rendre compte elle était facilement passée du simple au double et il n'y avait bien eu que ses collègues pour le remarquer, Sadia ne manquant pas de lui répéter que c'était la clope qui finirait par le tuer, provoquant généralement un ricanement narquois de la part de Sayid, parce que le souci avec lui c'était que depuis qu'il avait survécu à la perte de ses jambes il avait tendance à croire qu'il pouvait survivre à tout, qu'il était comme la mauvaise herbe, increvable. Quoi qu'il en soit, après avoir regardé le paysage distraitement pendant un moment il s'était retrouvé à court de cigarettes, et la dernière coincée entre ses lèvres il s'était installé sur la table du balcon et avait sorti son tabac et son papier à cigarette pour en rouler quelques unes supplémentaires. Pour plus tard, ou pour dans quelques minutes au rythme où il allait. La cigarette c'était son remède contre le stress ou contre l'ennui, et l'inconvénient de sa présence ici c'était qu'il avait tendance à cumuler les deux, l'ennui parce que cela devenait récurrent pour tous les candidats ici, et le stress parce que le trop grand nombre de candidats et de caractères différents étaient un poids dont il savait qu'il ne se déferait pas tant qu'il serait ici. Il alignait ses cigarettes sur un coin de la table, il s'appliquait plus à cette besogne que lorsqu'il s'agissait de faire la vaisselle assurément, mais il n'était pas assez concentré pour ne pas avoir entendu la porte vitrée s'ouvrir et relevé les yeux au moment où Shay apparaissait sur le balcon. « Cigarette ? » Il ne savait pas trop si elle fumait ou non, il proposait par politesse et ce même si la politesse ne lui venait jamais naturellement. Comme la plupart des interactions avec les autres, en fait. « Tu nous a fait faux bond au prime. » avait-il finalement commenté d'un ton neutre. Neutre parce que ce n'était pas un reproche, après tout lui aussi avait presque eu envie de prendre ses cliques et ses claques, mais il préférait garder ce joker là pour la prochaine fois qu'un prime lui paraitrait vraiment difficile à gérer ... Un second round de paintball, par exemple. « Est-ce que ça va ? » Il avait hésité avant de poser cette question, et d'ailleurs son ton était hésitant, mais c'était le genre de question qui se posait d'ordinaire lorsqu'une personne était absente à un prime parait-il ... Et Sayid n'était pas des plus doués pour la conversation, comme Shay avait déjà pu le remarquer, alors il faisait ce qu'il pouvait.

Un petit coup de chaud m’envahie après avoir passé mon temps à lire un bouquin sur mon lit et je me dis qu’il serait peut-être temps que je prenne un peu l’air avant d’aller dîner. Pour cela, je décide de choisir la facilité et de me rendre sur le balcon. J’ai tendance à l’éviter habituellement car ne suis pas forcément à l’aise avec la fumée mais je me dis qu’avec un peu de chance, il ne devrait pas y avoir grand monde à cette heure-ci. Et effectivement, seule une personne s’y trouve. Sayid. Le garçon s’empresse d’ailleurs de me proposer une cigarette. « Non. » Je le regarde avec un air hautain du genre : « tu m’as pris pour qui ? j’ai pas besoin de ça moi ». Je suis presque offusqué par sa proposition du coup. Il aurait mieux fait de se taire. Car oui, je suis le genre de fille qui fait attention à sa santé, qui cours régulièrement et qui a une alimentation saine. Puis je bois mais avec modération. La santé c’est quelque chose que tout le monde néglige et pourtant de primordial. Le tabac, c’est le mal. « Désolé. J’ai eu un vrai coup de barre. » J’ai quitté le plateau à la base pour aller aux toilettes puis au final, vu qu’il se passait pas grand-chose et que je me faisais un peu chier, j’ai préféré aller me coucher directement. Non pas que j’étais assurée de ne pas être nominée, d’ailleurs, j’ai attendu le verdict avant de partir. « Oui, pourquoi ça n’irait pas ? » Je crois que ce soir je suis vraiment pas loquace. Ou alors Sayid n’est pas doué pour faire la conversation. C’est peut-être ça. Habituellement, j’ai tendance à fuir quand je m’ennuie mais là, je vais pas le faire. La présence du candidat ne m’indispose pas pour autant. Et puis, il essaye de converser, c’est déjà ça. Certains m’ignorent alors j’apprécie l’effort. « Jouons à un jeu. Oublie tout ce que tu sais de moi et invente-moi ma vie. Tu me choisis un autre prénom, un âge, un métier, une famille, une situation, une voiture, un animal, tout ce que tu veux. » Autrement dit, c’est un exercice pour stimuler la créativité du candidat. Je crois qu’il en a besoin. Et moi, ça va m’amuser je sens. Du moins, s’il y participe.

Sayid n'était pas un as pour ce qui était d'engager la conversation, préférant généralement se contenter de suivre le mouvement et d'enquiller sur la personne face à lui, aussi proposer une cigarette c'était à peu près tout ce qui lui était venu à l'esprit lorsque Shay avait débarqué sur le balcon et qu'il s'était senti obligé de ne pas l'ignorer ou lui en donner l'impression en ne prononçant aucun mot. Obligé non pas parce qu'il n'avait aucune envie de converser avec elle particulièrement, mais parce que quelque soit la personne ou le contexte, choisir la sociabilisation plutôt que le silence relevait pour Sayid d'une corvée qu'il s'infligeait pour tenter de paraitre un minimum civilisé. La réponse de la jeune femme s'était pourtant faite abrupte, un « Non. » presque moralisateur que Sayid avait ignoré pour la simple raison qu'il y était habitué. A ces gens qui ne fumaient pas et se croyaient donc supérieurs, comme si la couleur de ses poumons définissait la valeur d'une personne. Sayid n'avait pas honte de ses vices, surtout pas de celui-là, mais puisque la blonde avait choisi son camp il n'avait pas insisté, allant même jusqu'à écraser son propre mégot dans le cendrier en gage de bonne volonté. Sans aucune intention en revanche de cesser son activité en cours il continuait de rouler ses cigarettes avec concentration, mais avait pourtant trouvé la volonté de commenter la désertion de la jeune femme lors du précédent prime « Désolé. J’ai eu un vrai coup de barre. » Il avait simplement hoché la tête, n'attendant de toute façon pas qu'elle lui raconte en large et en travers pour quelle raison ou à quel point, s'il n'aimait pas raconter sa vie c'était en toute logique parce qu'il n'avait que faire de celle des autres, la plupart du temps. Il lui avait quand même demandé si ça allait, parce que c'était le genre de choses qui se faisaient, mais surprise elle lui avait répondu « Oui, pourquoi ça n’irait pas ? » et lui s'était senti un peu stupide. Même lorsqu'il essayait de poser les bonnes questions il tombait mal, de toute évidence. Ayant l'air de se refermer un peu il avait simplement marmonné « Comme ça. » avant de se remettre à ses cigarettes sans plus rien dire. Shay lui avait semblé plus aimable la dernière fois, aujourd'hui il la trouvait un peu incisive et il n'était pas certain d'avoir envie de s'aventurer sur ce terrain-là en le devenant lui aussi. Reste que si elle décidait elle-même de fermer la conversation on se doutait bien que ce n'était pas sayid qui s'acharnerait à la relancer, le silence lui convenait entièrement à lui et il avait déjà de quoi s'occuper entre les mains. Néanmoins il n'avait été qu'à moitié surpris lorsque Shay avait repris la parole, le silence il n'y avait qu'à lui que cela ne semblait pas pesant « Jouons à un jeu. Oublie tout ce que tu sais de moi et invente-moi ma vie. Tu me choisis un autre prénom, un âge, un métier, une famille, une situation, une voiture, un animal, tout ce que tu veux. » Il avait relevé les yeux vers elle, lentement, se demandant au juste comment elle pouvait passer d'aucun effort de conversation à cela en l'espace de quelques secondes. Comment voulait-on qu'il arrive à suivre et à s'adapter, lui. « Ce que je veux. » avait-il répété machinalement, tout en se disant à lui-même qu'il n'aurait pas beaucoup de mal à oublier tout ce qu'il savait d'elle, pour la simple et bonne raison qu'il ne savait presque rien hormis son prénom, sa nationalité et vaguement ce qu'elle faisait dans la vie. « Tu t'appelles Johana. Tu es encore jeune mais tu refuses qu'on dise ton âge parce que tu as peur de ressembler à ta mère au fil du temps, tu ne l'as pas vue depuis longtemps d'ailleurs ta mère, elle déprime seule dans une banlieue abandonnée depuis que papa est parti avec la prof de yoga. Avant tu voulais devenir actrice mais après une pub pour un yaourt, un été à suer dans un costume de mascotte pour centre commercial et quatre-vingt trois castings ratés tu as décidé de te reconvertir dans le dressage de perroquets. Tu en as un à toi, tu l'as appelé Coco parce que tous les perroquets s'appellent Coco. Il n'est pas très obéissant mais il secoue la tête quand tu lui demandes si tu as raison, alors ça te suffit. Tu as décrété que les hommes étaient tous des porcs du coup tu as tendance à les faire fuir dès qu'ils approchent, et ta mère te demande quand est-ce que tu vas te caser à chaque fois qu'elle te téléphone, c'est à dire une fois par mois, puisque tu oublies toujours de l'appeler toi-même. » Sans mentir, c'était probablement la phrase la plus longue que Sayid ait dit de toute sa vie, il en avait presque de quoi être saoulé de sa propre voix, là. Son ton en tout cas était resté calme, d'une neutralité à toute épreuve, tandis qu'il énonçait son petit discours, et sans plus de cérémonie il avait refermé son paquet de tabac, avant de relever les yeux vers Shay « Parce que je n'ai pas de conversation tu pensais aussi que je n'avais pas d'imagination ? » Ce n'était pas parce qu'il n'ouvrait pas beaucoup la bouche que rien ne se passait jamais dans sa tête, à vrai dire c'était même tout le contraire parce que le cerveau de Sayid ne se mettait pour ainsi dire jamais sur pause, il était toujours en ébullition, et c'était souvent tout un calvaire de gérer cela tout en en disant le moins possible. « A ton tour. » avait-il finalement annoncé. Elle serait aussi à côté de la plaque que lui, peut-être même plus, mais si cela pouvait lui faire plaisir.

La conversation avec Sayid n’est pas des plus chaleureuses. Certains propos sont là pour la forme et d’autres sont des banalités. Du coup, ça donne une ambiance pas forcément géniale et un froid presque gênant. Pour autant, j’en suis à moitié coupable. Je n’ai pas été des plus coopératives et mon ton était un peu sec. J’imagine que ça a suffi à créer un blanc. Néanmoins, je l’ai bien assez vite comblé en proposant un jeu. Une animation des plus surprenantes qui donnera un nouveau tournant à ma rencontre sur le balcon avec Sayid. Du coup, je lui donne pour consigne de m’inventer une autre vie en oubliant tout ce dont il connaît de moi. Il y réfléchit un peu puis commence le jeu. Il me renomme ainsi Johana, prénom qui pourrait bien m’aller quand j’y pense. Il m’imagine aussi plus jeune mais refusant de dévoiler mon âge. Il décrit une mère dépressive et un père presque chaud lapin. Puis ensuite il m’imagine un peu trop ambitieuse du genre je voulais être actrice mais je finis dresseuse de perroquet. Hm.. pas très flatteur. Néanmoins, je ne peux m’empêcher de lâcher un rire franc et éclatant quand il me ressort que j’ai décidé d’en adopter un et que je l’ai appelé Coco parce que tous les perroquets s’appellent Coco. Il me ressort mes propres propos et ça m’amuse. J’aime aussi le fait qu’il décrive l’oiseau comme pas obéissant mais sachant remuer la tête quand je lui demande si j’ai raison et le fait que ça me suffise. J’imagine amplement la scène et j’avoue, que cela pourrait s’avérer réaliste. Je baisse en revanche la tête quand il décrit ma relation avec les mecs car il est vrai que mon estime pour l’espèce masculine n’est pas très haute bien que je ne qualifierais pas tous les hommes comme des porcs non plus. En attendant, je suis fortement impressionnée par le descriptif du candidat. Il y a mis le paquet et je ne peux que le féliciter. « Et bien... » Que dire après ce long récit ? « Ravie de connaître Johana. » Inutile de préciser que je ne suis pas Johana. C’est une autre personne qui peut me ressembler sur certains points comme ne pas me ressembler du tout sur d’autres points. Mais le but n’était en aucun cas d’essayer de trouver qui j’étais. L’objectif était simplement de tester l’originalité du garçon et je dois avouer être agréablement surprise. « C’est exact. » Je ne vais pas cacher au candidat le fait qu’il n’a pas beaucoup de conversation et que je le testais un peu. Ça ne sert à rien. Je ne suis pas du genre à mentir. « Mais tu as une imagination débordante. » Cette fois-ci, je lui offre un grand sourire presque encourageant. J’imagine qu’il doit surement me trouver un peu lunatique du genre je suis froide puis quelques minutes plus tard je suis rayonnante. Mais je suis comme ça. Et il faut faire avec. En attendant, c’est à mon tour de participer à l’exercice que j’ai inventé. Je me mords un peu les lèvres tout en arquant un sourcil comme si ça pouvait m’aider à trouver des idées. Puis une dizaine de secondes plus tard, je décide de me lancer. « Tu ne donnes jamais ton vrai prénom. Non. Il doit rester secret. Tu veux juste qu’on t’appelle Edgar. Pourquoi Edgar ? Car c’est le nom cliché du fumeur de cigares.  T’as lancé ton entreprise à Cuba. Rien de plus normal. Et c’est ce que tu cherchais. Une couverture. C’est pas vraiment toi qui la gère cette entreprise, toi, t’as d’autres choses bien plus importantes à faire. En réalité, tu fais partie de la CIA. On t’as envoyé sur cet île en mission d’infiltration comme pleins d’autres agents depuis la baie des cochons. Tu dois surveiller le gouvernement et Raul Castro. Pas évident du tout. Il y a souvent des débordements. Pour autant, t’as une vie de luxe : une superbe villa avec piscine, des gouvernants, une belle voiture mais t’es pas vraiment heureux. T’es seul. T’as pas vraiment d’amis. T’as aucune nouvelle de ta famille. La seule personne dont t’es vraiment proche c’est ton chien : Météores. Tu l’as appelé comme ça car t’as toujours été fan du manga Saint Seiya et des météores de Pégase. Et cette vie de rêve en apparence ne te convient pas. T’es pressé d’en finir et de quitter cette maudite île. » Je pense pas que toute cette histoire tienne la route. Elle est un peu abracadabrantesque mais en tous les cas, elle me plait assez.

Oh ça, Sayid ne parlait peut-être pas beaucoup par nature, parce qu'il manquait de conversation et préférait donc généralement laisser les personnes en face de lui se charger de mener une discussion comme ils le souhaitaient, mais pour autant il ne manquait pas d'imagination ... Il suffisait simplement de lui trouver quelque chose qui lui donnerait matière à s'exprimer sans devoir réfléchir à chaque mot, et se sentir obligé de faire avancer la conversation sans savoir où la mener. Là il n'y avait pas besoin, il ne menait pas la conversation puisqu'il se contentait de répondre à une consigne donnée par Shay. Ça il savait faire, sans trop de souci. « Et bien ... Ravie de connaître Johana. » Lui ne savait pas s'il serait vraiment ravi de la connaître à sa place, mais bon rien d'étonnant si elle faisait fuir les hommes étant donné que Sayid n'était rien de plus que cela. Mais on se doutait bien que le britannique ne faisait jamais rien sans une idée derrière la tête, certains ne s'imaginaient d'ailleurs pas jusqu'à quel point, même si en l'occurrence cette fois-ci il ne s'agissait que de pouvoir poser la question suivante « Et du coup, y'a aucun moment où j'ai été dans le vrai ? » parce qu'il n'était pas aussi intéressé par la vie factice de cette soi-disant Johana que par ce qu'il pourrait apprendre de véritable concernant celle de son interlocutrice. Laquelle devait sans doute s'être dit en le mettant au défi que puisqu'il n'avait aucune conversation il serait sans doute tout aussi incapable d'accéder à sa requête. « C’est exact. Mais tu as une imagination débordante. » Et la voilà qui souriait, maintenant, alors qu'elle lui donnait l'impression de tirer la tronche sans raison particulière deux minutes plus tôt ... Il ne comprenait rien. Et cela l'agaçait, un peu, parce que c'était déjà compliqué pour lui de suivre quelqu'un de "normal" alors quelqu'un de lunatique c'était un véritable casse-tête. Il lui avait en tout cas retourné l'exercice, c'était maintenant à elle de lui inventer une vie de toutes pièces, et même si quatre-vingt dix pourcents étaient bien trop tirés par les cheveux pour être réalisable elle avait néanmoins mis le doigt sur quelques vérités, au milieu de toutes ces inepties. « C'est ce que tu penses ? Qu'on est forcément pas heureux quand on est seul ? » n'avait-il pu s'empêcher de demander d'un ton curieux, parce que la réponse à cette question l'intéressait particulièrement. Au fond il savait bien que lui n'avait pas un rapport normal à la solitude, qu'elle le rassurait là où elle en angoissait d'autres. « Il n'a pas l'air très recommandable, cet Edgar. » un sourire narquois s'était étiré sur ses lèvres, tandis qu'il terminait de rouler sa dernière cigarette et les rangeait toutes dans son sachet de tabac, avant de lui-même le ranger dans une des poches de son pantalon cargo et de reposer les yeux sur Shay. Peut-être que c'était l'image qu'elle avait de lui aussi, qu'il n'avait pas l'air recommandable. « Tu as une imagination encore plus débordante que la mienne. » Parce que là, avec on histoire de faux, nom, de CIA et d'espion politique, elle gagnait face à lui sans aucun doute.

La Johana que Sayid a inventé n’est pas moi et j’ai envie de dire, heureusement. Je suis assez fière de ce que je suis devenue aujourd’hui même si ma vie n’a pas toujours été un fleuve tranquille. Loin de là. Cette Johana est plutôt un exemple d’échec. Et ça ne me correspond pas. Même au niveau du caractère. Je ne sais pas si c’est l’avis que Sayid s’est fait de moi mais si c’est le cas, j’ai de quoi m’inquiéter. Sa question ne me rassure pas d’ailleurs. A t’il dépeint sa vision qu’il se faisait de moi à travers cette Johana ? « Pas vraiment. Ne te fies pas aux apparences. » Peut-être que j’ai l’air de ça, après tout, je ne sais pas trop. Je n’espère pas. J’espère dégager toute autre chose. En tous les cas, il va devoir se faire à l’idée que je ne suis pas Johana. Tout comme je me ferai surement à l’idée qu’il n’est pas Edgar, la personne que je lui dépeints. Je me doute très bien que ce Sayid ne partage pas grand-chose avec cet homme irréel. C’est juste fictif. J’ai laissé mon imagination divaguer. Le tout n’est surement pas très crédible d’ailleurs. Y’a pas d’histoire de dinosaure ou de licorne mais ça reste un peu tiré par les cheveux. Sayid revient sur quelque chose qui semble lui tenir à cœur. Il me demande si je pense qu’on n’est pas heureux quand on est seul. J’avoue être surprise et troublée par cette question. J’y réfléchis à deux fois avant d’y répondre. « Je ne sais pas. » Réponse un peu lâche, je l’admets. Mais je me reprends vite en pensant à moi et mon expérience de vie. « Sur le long terme, oui, j’imagine. » Il y a un moment où tu ressens un manque forcément. La solitude est appréciable mais que temporaire. Du moins, c’est ma vision des choses. « Non, effectivement. » Je ne recommanderai pas vraiment Edgar non plus. « Tu penses qu’il est heureux, toi, cet Edgar ? » J’en reviens à sa question d’avant qui m’a pas mal troublée. Evidemment, dans ma description du personnage, j’ai déclaré que Edgar n’était pas heureux de sa vie. Mais si je n’avais rien dis, qu’est-ce que Sayid en aurait pensé ? Une vie de luxe où tout n’est que mensonge et où tu n’as aucun vrai repère ni relation sincère, ça mène vraiment au bonheur ? Je ne pense pas pour ma part. « Je regarde beaucoup de films, c’est pour ça. » Enfin j’imagine que c’est pour ça que j’ai beaucoup d’imagination. J’y trouve pleins d’idées et je mixe le tout à très faible quantité. Je n’irai maintenant pas avouer que cet Edgar provient d’un film car ce n’est absolument pas le cas.