@Sayid + Après une journée plutôt... Active et sportive, j'avais mangé un repas plutôt équilibré, pour changer des repas habituels. Un salade, rien que ça. En soit, ce n'était pas grand chose, mais les choses simples avaient tendance à me combler de bonheur. De toute façon, cette semaine, j'étais sur un petit nuage. J'avais été sauvée par le public, avec une grande majorité en plus. Non, il ne fallait pas que je me repose sur mes lauriers. Mais j'espérais vraiment ne pas être nominé cette semaine. Oui, maintenant, j'avais bien compris que j'avais une partie du public de mon côté, mais pour combien de temps ? Et puis, ça dépendant aussi de contre qui je tombais. Mais pour le coup, j'espérais juste pouvoir rester tranquille à ce niveau-là. Bref, j'avais envie de me détendre, de profiter de ma semaine. Et pour cela, j'avais bien envie d'un bon verre de vin. Pourquoi pas après tout. Je me rendais au bar lounge, pour profiter, pour me détendre. Je passais de l'autre côté du bar à la recherche d'une bonne bouteille de vin blanc. Ce petit plaisir simple que je m'étais plutôt refusée pour le moment. Je faisais les placards, les frigos, et trouvais finalement ce que je cherchais. En me relevant, je voyais Sayid qui passait la porte du bar à son tour. Je souriais en attrapant un verre. « Hey ! » lui dis-je avec un sourire. Je posais le verre sur le comptoir et partais à la recherche d'un tir bouchon. « Je te sers quelque chose ? » M'improvisant barman, je trouvais cela naturel de lui proposer un verre. Je savais qu'il s'était senti mal à cause de ma nomination, mais maintenant c'était passé. De toute façon, je n'avais pas l'intention de lui en vouloir, mais encore moins maintenant que j'avais été sauvée. Je me servais et prenais un deuxième verre pour Sayid. « Alors, tu passes une bonne semaine ? »

C'était quand même hallucinant le temps qu'ils pouvaient tous perdre dans cette baraque, c'était même carrément indécent le  fait qu'on sélectionne des gens pour se tourner les pouces, que les téléspectateurs soient à fond, et que la production et la chaine brassent des millions grâce à ça ... Sayid trouvait ça injuste, injuste parce qu'à la réserve chaque centime était précieux et chaque occasion de faire les comptes aussi l'occasion de se reprendre leurs galères financières en pleine face. Et pourtant il était là, participant à la machine de production qui faisait de Fake Lover l'émission qu'elle était. Et il avait un peu honte. Honte de s'abaisser à cela par simple besoin d'argent, honte de vendre ce qu'il était en pâture à des inconnus par appât du gain, mais il estimait ne plus vraiment avoir le choix. Celui qui avait décidé que l'argent ne faisait pas le bonheur ne voyait assurément pas son quotidien et son mode de vie menacés par le manque de fonds nécessaires. Cogitant sur tout cela Sayid s'était retrouvé il ne savait trop comment à l'entrée du bar de l'hôtel, et n'était sorti de ses pensées qu'en entendant une voix familière s'adresser à lui « Hey ! » Redescendant sur terre Sayid avait posé les yeux sur sa partenaire comme s'il s'étonnait de la trouver là, alors qu'en réalité il ne la suivait pas à la trace, et par conséquent il n'y avait pas un endroit où il s'attende à la voir plus particulièrement qu'à un autre. Plaquant en tout cas un sourire de circonstance sur son visage, celui qu'il se devait et tentait de plus en plus de rendre, il s'était avancé sans se presser jusqu'au comptoir derrière lequel la jeune femme s'affairait déjà à se servir un verre, lui proposant alors « Je te sers quelque chose ? » tandis que Sayis se demandait s'il lui fallait se montrer raisonnable ou non. Il avait déjà bien tâté du whisky après le prime de dimanche, en compagnie de Joey, et s'il avait le plus grand mal à se montrer raisonnable quand il était question de tabac, il se contentait maintenant tout à fait du dicton qui liait boisson et modération. Il était loin, le temps où il buvait beaucoup par simple désir de provoquer ses géniteurs. « La même chose que toi. » avait-il pourtant fini par répondre, utilisant sans vergogne la solution de facilité. Et puis c'était un bon compromis, le vin, c'était être raisonnable mais sans l'être trop, c'était se donner bonne conscience sans se frustrer entièrement. Tirant un des tabourets du comptoir pour s'y installer, Sayid avait observé Claudia faire sans rien ajouter, la scrutant pensivement parce qu'il avait l'impression d'avoir loupé un wagon avec elle, il ne savait pas trop comment. Et c'était compliqué parce qu'avec elle il ne pouvait pas faire semblant, pas comme avec les autres en tout cas. « Alors, tu passes une bonne semaine ? » Il s'était saisi du verre qu'elle avait fait glisser jusque devant lui, observant un instant son contenu avant que son regard ne remonte vers la jeune femme et qu'il ne hausse légèrement les épaules « Pas mauvaise. » Disons qu'il n'avait pas à se plaindre, elle était même meilleure que la précédente maintenant que les effets néfastes du paintball avaient terminé de se dissiper, mais ce n'était pas non plus l'éclate totale, quoi. « Toi ? » Assurément meilleure que la précédente aussi, il n'avait aucun doute là-dessus non plus. Pourtant ils n'étaient pas débarrassés de l'épée de Damoclès de nominations, il faudrait attendre jeudi pour ça, mais jeudi cela semblait tellement loin quand on passait ses journées à tourner en rond. Portant son verre à ses lèvres il en avait bu une gorgée, sachant déjà ce qu'il s'apprêtait à dire mais tentant de trouver une formulation acceptable « Je vais pas arrêter de tourner la roulette. » Il préférait que ce soit dit, qu'elle ne se fasse pas de faux espoirs parce qu'il n'avait pas encore mis à mal sa chance cette semaine. « J'attends jeudi au cas où, pour te laisser un peu de répit, mais ... » Mais il en revenait toujours à la même chose, il avait besoin d'argent, et cette roulette était pratiquement le seul moyen d'espérer en avoir. « Et tu devrais toi aussi, on est là pour jouer après tout. Et ça sera pas la fin du monde, le jour où on sortira. » Il avait presque eu envie de dire qu'il avait hâte, mais il n'avait pas envie de passer pour défaitiste ou faisant de l'anti-jeu. Mais il n'allait pas nier non plus qu'il n'était ici pas du tout dans son élément, quand bien même il tentait de s'adapter peu à peu. « Mais ma cagnotte est misérable, là, et je vais pas te cacher que c'est le seul truc auquel je pensais en m'inscrivant ici. » Au pognon, donc. Il ne savait pas comment elle voyait les choses, elle, après tout entre lui et Addil elle avait empoché dix milles euros supplémentaires et comptait parmi les cagnottes les mieux loties des candidats, mais ce n'était pas le cas de Sayid. « Tu as le droit de me trouver intéressé. » C'était souvent ce qui se disait des gens qui avaient l'argent comme objectif principal. On ne se souciait que rarement de savoir pourquoi, de se demander si cet argent n'était pas une nécessité bien plus qu'un caprice ... Dans le cas de Sayid ce n'était pas un caprice, en tout cas.