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 Prélude à l'après-midi d'un faune. (08/04, 19H57)

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Hugo

Hugo
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MessageSujet: Prélude à l'après-midi d'un faune. (08/04, 19H57)   Prélude à l'après-midi d'un faune. (08/04, 19H57) EmptyLun 6 Avr 2015 - 18:20

- simone.

J'effleure du bout des doigts le piano qui repose sur la scène. Il n'a rien de l'instrument magnifique qu'on a dans notre hôtel mais il a quelque chose d'ancien qui lui donne un caractère que même la queue du notre ne parvient à lui conférer. Pourtant, dieu sait que j'ai passé des heures et des heures à m'exercer dessus, ces soirs où les clients viennent se détendre dans le bar lounge. Ma mère a toujours apprécié la musique, et dès ma plus tendre enfance, elle a exigé qu'on m'enseigne le solfège que je maîtrise toujours parfaitement malgré les années, ainsi que le piano. Pas vraiment parce qu'elle voulait m'ouvrir l'esprit à diverses activités en-dehors de l'école, plutôt parce qu'elle voulait pouvoir disposer d'un musicien gratuit quand bon lui semblait. Résultat, après des années et des années de cours particuliers avec un pianiste professionnel, j'avais les doigts aussi habiles qu'un musicien ayant des décennies d'entraînement dans les mains. On ne fait jamais les choses à moitié, dans ma famille, et mon éducation musicale a représenté, pour ma mère, une mission personnelle qu'elle se devait de remplir au plus vite et à la perfection. Je ne regrette pas. J'ai aimé ces soirées à jouer pour les clients, malgré que je sache pertinemment qu'elles étaient des tests inavoués. J'ai aimé me crever les doigts sur les touches, le souffle court. C'est comme la médecine, ça ne souffre aucun doute, aucune erreur, aucune hésitation, il faut être rigoureux, précis. Sauf que la musique nécessite ce qu'il me manque - la sensibilité. Le côté social du toubib mis à part, la médecine est beaucoup plus mécanique, beaucoup plus froide. C'est probablement pour ça que je ferai un bon médecin mais que je ne serai jamais un véritable musicien. Ça ne m'empêche pas de m'installer devant l'instrument, toutefois, de faire craquer les articulations de mes doigts, de tester des gammes puis de soupirer. Je sais quoi jouer, instantanément. Parce qu'il est à mes yeux l'un des plus grands. Tout doucement, concentré, j'entame le Prélude à l'après-midi d'un faune. J'en suis à environ quatre minutes et demi lorsqu'une silhouette se dessine devant moi. C'est Simone et elle s'approche. Je me contente d'un regard d'abord, parce que je suis concentré, dans une phase compliquée du morceau, et lorsque, enfin, je me détends un peu « t'as jamais trouvé ça frustrant de réparer les avions mais de ne pas pouvoir voler avec ? » je demande, sans transition. Pourquoi, je n'en sais rien. J'imagine que c'est ce que m'inspire Debussy. L'infini. Et elle, elle se cantonne à réparer l'infini des autres.
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MessageSujet: Re: Prélude à l'après-midi d'un faune. (08/04, 19H57)   Prélude à l'après-midi d'un faune. (08/04, 19H57) EmptyLun 6 Avr 2015 - 23:41

J’errais depuis plusieurs minutes, sans un but, dans les nombreux dédales de l’hôtel, cherchant de quoi m’occuper ou quelqu’un, n’importe qui, à qui j’imposerais ma compagnie. L’oreille à l’affut des conversations qui m’entourent, du petit murmure jusqu’à l’éclat de voix, je captais bientôt une douce mélodie, des doigts caressants un piano avec un contrôle et une maîtrise frôlant la perfection. Ne me fiant qu’à mon unique ouïe, je me laissais guider d’un pas lent vers la seule pièce d’où pouvait provenir cette douce complainte. J’ignorais qui était l’auteur derrière cette pièce, ni même le pianiste derrière l’instrument, mais je comptais bientôt le découvrir. Sur le pas de la porte, je m’arrêtais afin de scruter à la dérobé le musicien, et je reconnus la silhouette de plus en plus familière d’Hugo, plus qu’appliqué à rendre honneur à cette petite merveille musicale que je découvrais à même la caresse de ses doigts sur les touches du piano. Je ne souhaitais pas l’interrompre, mais l’envie de m’approcher et d’observer plus encore son travail de maître sur une partition qui me semblait complexe me fit avancé jusqu’au duo en parfaite symbiose. En silence, je ne quitte pas des yeux ses mains qui s’animent sur les différentes gammes à un rythme régulier, sans connaître la moindre hésitation.  Il est le premier à briser la glace, sans introduction et interruption, aucune. « Non. » déclairais-je seulement en haussant les épaules. L’aveu que je m’apprêtais à lui faire risquait de lui en faire comprendre les raisons. « Je n’aime pas prendre l’avion. » Ma peur des espaces clos, et ce mal des transports n’aidait rien à ce que je me sente à mon aise dans l’habitacle de ces oiseaux de métal. La simple perspective d’un vol à venir me rendait anxieuse, et il valait mieux que je dorme tout au long de celui-ci, sinon, je ne le supportais pas, et la crise de panique me guettait. C’était tout à fait ironique que j’ai choisi ce secteur d’activité, mais au moins pouvais-je m’assurer que d’autres connaitraient des voyages sans pépins techniques, et qu’ils arriveraient bien à bon port. Mais ça n’était pas la seule raison. Je m’accoudais au piano, le regard rivé vers Hugo. « Le frère de mon père, mon parrain, est mort dans les attentats du World Trade Center, j’avais onze ans à l’époque. Ça m’a… légèrement marquée, disons. » Il avait été mon repère, mon confident durant toute ma jeunesse, alors que mes propres parents me négligeaient, priorisant ma sœur ainée, la chouchoute de la famille. Je le considérais plus comme mon paternel que mon propre père, et puisqu’il n’avait pas d’enfant, j’étais un peu comme sa fille. Sa mort me semblait toujours aussi inexplicable, aujourd'hui, et depuis cette époque, il y avait toujours eu ce vide dans mon cœur, une place laissée vacante par son absence.
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MessageSujet: Re: Prélude à l'après-midi d'un faune. (08/04, 19H57)   Prélude à l'après-midi d'un faune. (08/04, 19H57) EmptyMar 7 Avr 2015 - 4:23

Je suis à moitié absent, tant que je me sens incapable de singer Debussy en ne lui accordant qu'une attention partielle alors qu'il mérite plus encore qu'une attention totale. Aussi, Simone devra attendre, si elle est là pour une raison autre que d'écouter. Elle devra attendre mon signal, mon approbation, elle devra attendre que je sois disposé à détourner ma concentration du clavier. Elle est chanceuse, car le prélude à l'après-midi d'un faune est une véritable montagne russe de phases intenses, voire violentes et de phases douces. Et c'est en pleine phase violente qu'elle a fait son apparition. Mes doigts filent puis ralentissent, glissant sur les touches avec l’habileté que confère l'habitude. Et je fronce les sourcils, alors, sans pour autant lever les yeux. C'est étrange. Enfin, j'imagine que psychologiquement parlant, ça doit avoir du sens de chercher à conjurer une peur de l'avion en devenant mécanicien, c'est un très bel exemple de sublimation, mais seulement en théorie. Dans la réalité des faits, ça me semble juste étrange. Je ne hasarde aucun commentaire, toutefois, la laissant s'installer sur l'instrument en reportant mon attention sur ma mélodie. Le temps que dure la phase douce, sans que je ne sache si c'est un pur hasard ou si elle connait par cœur le prélude, elle l'utiliser à me raconter l'histoire de son parrain, décédé durant 9/11. Elle était très jeune, à l'époque, trop jeune pour perdre quelqu'un. Surtout quelqu'un qui comptait à ce point. Je ne dis rien, toujours, me contentant de lever un regard insondable jusqu'au sien, avant de retirer toute mon attention sur la dextérité de mes doigts. Pendant un temps, on reste silencieux tous les deux, mais je crois que la musique parle pour nous, jusqu'aux notes douces qui s'emparent à nouveau du morceau. Il est définitivement majestueux de beauté. « Mon père était en déplacement à New-York à ce moment-là. Il aurait dû s'y trouver, mais il a eu la bonne idée d'aller voir l'une de ses maîtresses à la place. » Il ne l'a jamais avoué officiellement, prétextant un rendez-vous inopiné auquel il avait dû se rendre en retardant le reste de son programme, mais ni ma mère, ni moi ne sommes dupes. Personnellement, je me fous pas mal de la façon dont il organise sa vie sexuelle, je suis simplement content qu'il ne soit pas mort ce jour-là, parce qu'étant mineur, à l'époque, c'est ma mère qui aurait repris les rennes du conglomérat et elle aurait foutu n'importe quoi. Elle n'a aucun sens des affaires. « Si tu pouvais lui dire quelque chose, là, tout de suite, qu'est-ce que ça serait ? » je demande à nouveau, d'une voix blanche et dépourvue de ma morgue habituelle. Pas à mon père, évidemment, je parle de son parrain.
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MessageSujet: Re: Prélude à l'après-midi d'un faune. (08/04, 19H57)   Prélude à l'après-midi d'un faune. (08/04, 19H57) EmptyMer 8 Avr 2015 - 17:11

Je ne suis pas une musicienne, je maitrise à peine quelques morceaux de guitare que mes proches amis ont eu la patience de m’apprendre. J’ai pourtant une grande affection pour la musique et je sais reconnaître le talent là où j’en vois. Mon silence se fait respectueux alors qu’Hugo attaque une mélodie que je connais sans réellement être capable de l’identifier, un air qui ne m’est pas inconnu, sans m’être entièrement familier. J’apprécie l’écoute je me fonds dans le rôle de la spectatrice dévouée. C’est pour cette raison que je n’interromps pas sa prestation, jusqu’à ce que lui-même daigne prendre la parole pour me questionner. Ma réponse est claire et concise, n’ayant pas envie de partir dans des explications sans fin alors que je suis loin d’être le centre d’attention. Ce morceau grandiose prend toute la place de par son ampleur, et notre absence de paroles, à la suite de ce cours échange, ne confirme que son importance. Observatrice, je trace sa silhouette de mon regard alors qu’il est absorbé par son jeu. Ses traits se contractent parfois, lors des passages plus élaborés, lui donnant un air tendu, mais se relâchent dès le moment où le calme revient. Sa voix s’élève à nouveau, et il m’avoue que son propre père aurait pu être du nombre des victimes de cet incident qui a changé le visage de l’Amérique, tel qu’on le connaissait à l’époque. La nature libertine de cher géniteur lui avait épargné cette fin tragique, mais je ne parvenais pas à savoir ce qu’en pensait réellement Hugo. Cet air imperturbable sur son visage, qu’il affichait pratiquement en permanence, restait pour moi un grand mystère que je comptais bien percer à jour. Un travail de longue haleine, car le candidat tend à me surprendre par certaines de ces remarques et gestes, ces derniers jours. Comme à cet instant précis où ses paroles sont empreintes d’une certaine empathie, à des lieux de ce timbre arrogant dont il a l’habitude. « Que je l’aime et qu’il me manque. » La même rengaine que tant de personne avant moi avaient prononcé par le passé, mais qui résumait si bien ce sentiment d’absence qui nous accompagnait en permanence, lors de la perte d’un être cher. La simplicité à l’état pure. « J’aimerais tant lui demander s’il est fier de moi, et lui poser une tonne de questions… mais il n’y a rien de plus significatif que ces quelques mots. » Même si j'étais convaincu qu'il le savait déjà. Je restais persuadé qu’il veillait sur moi, qu’il s’était octroyé la place d’ange gardien et qu’il me supportait dans les pires moments comme dans les meilleurs. Je ressentais parfois sa présence, son aura autour de moi, mais je me gardais bien d’en parler. Disons que j’évitais de mettre mes croyances de l’avant, puisque je considérais que ça devait demeurer dans le domaine du privé. « Tu as déjà songé à ce que ta vie aurait été, ou ce qu’elle serait devenue, si ton père s’en était tenu à son véritable emploi du temps, cette journée-là ? » Si cette question avait traversé mon esprit, j’imagine qu’elle avait surement joué en boucle dans la sienne à une certaine époque. Quand on frôlait la mort, ou que l’un de nos proches l’évitait, ça mettait beaucoup de chose en perspective.
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MessageSujet: Re: Prélude à l'après-midi d'un faune. (08/04, 19H57)   Prélude à l'après-midi d'un faune. (08/04, 19H57) EmptyJeu 9 Avr 2015 - 2:16

Je me revois, gamin, devant l'écran dernier cri de notre villa de Los Angeles, assister en téléspectateur aux attentats de 2001. Je me revois, immobile face aux images, alors que ma mère courrait dans tout le rez-de-chaussée, hurlant de rage et d'angoisse, tentant d'avoir mon père au téléphone. Je me revois, largement conscient de ce qui était en train de se passer malgré mes douze ans à peine, suivre d'un regard qui peinait à rester impassible, les silhouettes se jeter du haut des fenêtres de l'une des tours, sans parvenir à reconnaître en l'une d'elle le corps supplicié de mon père. On n'a pas été les premiers qu'il s'est empressé de rassurer, lorsqu'il a été mis au courant du drame et du fait qu'il était supposé faire partie des victimes, mais au moins, on a su rapidement qu'il était indemne. Je ne sais pas trop comment j'aurais réagi, si on m'avait annoncé qu'il était mort. Est-ce qu'aujourd'hui, quatorze ans après les faits, si j'avais pu lui parler une dernière, je lui aurais dit ça ? « Je t'aime papa, tu me manques » ? Je n'en ai pas la moindre idée. Probablement pas. J'ai hérité de sa retenue et de sa tendance à l'insensibilité. Peut-être que j'aurais fait l'effort, si ça avait été ma mère, qui aime qu'on la cajole même si ça sonne faux. La vérité, c'est que même aujourd'hui, si l'un de mes parents disparaissait, voire les deux, je m'en remettrais facilement et rapidement. Je suis un terre-à-terre, pas tourné vers l'amour ou la sensiblerie. Je m'inquiéterais plutôt des détails pratiques, sans les pleurer. Pas en privé, du moins. Parce qu'un jeune homme qui perd ses parents et qui reste de marbre, ça fait mauvais genre. Peu importe, de toute façon, parce qu'elle est celle qui a perdu quelqu'un. Pas moi. Je me dis que si elle tenait et tient toujours à ce point à son parrain, c'est qu'ils partageaient quelque chose et de très fort. De ce genre d'amour qui surpasse l'objectivité. Je suis certain qu'il lui répondrait qu'il est fier d'elle, simplement parce qu'il l'aime et qu'il la veut heureuse et épanouie, peu importe son choix de vie. Enfin, j'imagine. Je n'ai pas tellement d'expérience dans ce genre de relation, pour être honnête. À nouveau, je redresse les yeux l'espace d'un instant. Et je ne réponds rien. Je me contente de me concentrer sur la musique, le regard rivé sur mes doigts et sur les touches, faisant appel à toute ma mémoire pour me remémorer chacune des notes. C'est l'un des morceaux que j'ai le plus joué, que j'ai appris en premier, que j'ai répété en boucle. Il est imprégné en moi jusque dans le bout de mes doigts mais j'aime la distraction que me donner l'air concentré me permet. Ça m'évite de parler. Je n'ai guère envie de me lancer dans une séance confidence avec Simone, ni avec personne d'autre. Mais j'imagine que ce n'est que justice de lui répondre, à présent. Alors je le ferai. Plus tard. Après. J'expire en même temps que je laisse tinter les dernières notes du prélude, et le silence retombe dans le bar, lui donnant un aspect étrange, une atmosphère d'abandon. Je me redresse sensiblement, les doigts refermés en poings sur les genoux, et en reportant le regard sur Simone, je hausse vaguement les épaules. « Toute ma vie dépend de la sienne, alors bien sûr que je me suis déjà posé la question » je commence alors. C'est impossible que je ne me sois pas posé la question, que ma mère ne se soit pas posée la question, que les conseils d'administration tout entiers de chacune des entreprises de mon père ne se soient pas posés la question. Il est bien trop précieux. Surtout à l'époque, puisque j'étais encore très jeune. « S'il était mort, ce jour-là, ma mère aurait été obligée de diriger ses entreprises à sa place, puisque j'étais mineur à l'époque. Mais comme elle n'aime pas particulièrement le boulot de PDG, elle aurait laisser les conseillers de mon père faire tout pour elle. Et en attendant que je sois capable de succéder correctement, ils se seraient occupés de me former dans les différentes branches qu'on exploite. » En réalité, la finalité, ma finalité, n'en se serait pas retrouvée modifiée - c'est le chemin pour y arriver qui aurait été bouleversé. Un peu. J'étais de toute façon destiné à devenir PDG, alors quelle que soit la façon dont j'accède au poste, ça ne change rien. Ou presque rien. « Je serais, à l'heure actuelle, en train de bosser, chez moi, avec une femme et des enfants, certainement pas à m'afficher dans un jeu de télé-réalité. » je conclus avec un rictus sarcastique. Je dis des enfants, mais un seul suffirait, en réalité. C'est simplement histoire de transmettre mon sang et mon nom le plus vite possible. Tant que deux générations sont vivantes, on me laisse tranquille, mais s'il ne restait que moi, on aurait attendu de moi que j'assure ma descendance au plus vite. Aussi, au moins un garçon, ça serait l'idéal. Je me fiche pas mal que mon héritier soit une héritière, je ne les estime pas moins capables de diriger des affaires, mais mon nom disparaîtrait, alors. De mon côté, en tout cas. Mais les autres côtés ne sont pas à prendre en compte, mes cousins n'ont rien à voir avec le business, hormis les petits boulots qu'on leur a donné dans l'hôtel ou à la banque. « Tu crois que tu serais différente, s'il était toujours là ? » j'interroge. Peut-être, peut-être pas. On n'en saura jamais rien. Mais la question mérite d'être posée, je suppose. La vie est tellement improbablement infinie et multiple, le moindre choix, le moindre événement peut tout changer, tout faire basculer. Ça fout le vertige.  « Donne-moi quelque chose à jouer » j'exige alors, reposant les doigts sur les touches bicolores du clavier de l'instrument. Peu importe quoi, je maîtrise suffisamment le solfège que pour pouvoir improviser quelque chose sur une mélodie que je connais un minimum.
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MessageSujet: Re: Prélude à l'après-midi d'un faune. (08/04, 19H57)   Prélude à l'après-midi d'un faune. (08/04, 19H57) EmptyVen 10 Avr 2015 - 21:48

Je n’avais que peu de souvenirs de cette sordide journée. Je crois que mon inconscient avait volontairement tenté d’effacer les moindres images que je conservais de cette date si particulière, pour me protéger, peut-être, mais surtout pour me permettre d’oublier. Ce qui n’allait jamais se produire. La panique générale s’était vite emparée de la populace, et je me souviens que les cours avaient tout simplement été annulées dans mon petit patelin. À la maison, il n’y avait que mon père, le regard rivé sur l’écran de télévision, le visage exempt de toute émotion. Ma mère, absente, était nul je ne sais où et à vrai dire, ça n’avait tellement pas d’importance dans cette histoire. Quant à ma sœur, probablement dans sa chambre, à se foutre du reste du monde, comme à son habitude. Il n’y avait donc eu que lui et moi pour faire face à l’immensité de ces évènements. Plus les heures avançaient, et plus je me souviens avoir vu l’inquiétude laisser ces traces sur son visage. J’ignorais ce qui accaparant tant son esprit, à l’époque, mais tout porte à croire que ses pensées étaient dirigés vers son frère, qu’ils savaient dans l’un de ces vols. Mais l’espoir fait vivre, et je crois que mon père espérait un miracle, même si les chances s’amenuisaient d’heure en heure. Il fallut plusieurs jours avant que la nouvelle se confirme, que le couperet tombe sur notre famille. Mon oncle, mon parrain, n’était plus. Disparu dans les décombres d’un des attentats le plus marquants de l’histoire des États-Unis. J’ai perdu le fil des évènements après que l’on m’eut appris la terrible nouvelle. Il y a eu la rage, les crises de larmes, les hurlements, les terreurs nocturnes. J’ai perdu l’appétit, cessé de dormir, je crois même avoir momentanément choisi de garder le silence. Le seul être au monde à qui je voulais parler avait quitté ce monde, emportant avec lui mes maigres espoirs d’un avenir meilleur. Je faisais mon deuil, à ma façon. Mais je n’étais pas seule à pleurer sa mort : mon paternel, lui, venait aussi de perdre quelqu’un. Son frère et son meilleur ami. C’est probablement la seule période où je fus proche de ce dernier, car il comprenant ma douleur et la partageait. Mais il n’était pas lui, et même s’il restait mon géniteur et mon père, de surcroit, jamais il ne saura combler la place laissée vacante par son ainé. Les paroles n’étaient pas nécessaires dans cette période de presque recueillement, et je laissais la musique enveloppée, les doigts experts d’Hugo caressant les touches avec une dextérité que seul des années de pratique aurait pu lui conférer. Nos regards se croissent, plus d’une fois, mais nos bouches restent muettes jusqu’à ce que la mélodie se meure, une fois la dernière lancée achevée. Le candidat m’explique ce qu’aurait été sa vie si son propre père avait péri, ce jour-là, à l’instar de mon oncle. Visiblement à la tête d’un véritable empire, rien n’aurait pu être laissé au hasard, vu les circonstances. Des décisions auraient été prises, sur son avenir et son présent, son éducation, son argent, sa vie en général, le tout lui offrant bien peu de liberté quant à l’issue finale. Mais est-ce que tout ceci aurait eu une incidence sur la finalité de la chose? Son destin avait été tracé avant même sa naissance, et je ne crois pas que quoique ce soit aurait pu y changer quelque chose. Il me donnait l’impression de vivre dans une bulle dorée où il ne manquait de rien et où il était à l’abri de tout, mais d’un autre côté. Je trouvais la chose triste, mais me gardait bien de lui en glisser un mot. « Oui, j’en suis même convaincu. » lui répondis-je quand la conversation dériva à nouveau vers moi. « Une autre vie m’attendait avec lui, différente en tout point de celle que j’ai vécu avec ma famille. Il comptait payer mes études, m’encourageait même à tenter ma chance à l’étranger. Il souhaitait que je réalise mes rêves et faisait tout en son pouvoir pour que j’y parvienne. » Homme solitaire, sans femme ni enfant, la seule famille qu’il lui restait était celle de son frère, la mienne. Il avait beaucoup d’estime pour nous, mais détestait la façon dont mes parents me traitaient. Il tentait, tant bien que mal, de palier à leur manquement. Pour lui, il était inadmissible de mettre un enfant au monde si ce n’était pas pour l’aimer inconditionnellement. Voilà la raison pour laquelle il m’aimait profondément, me considérant comme sa propre fille. « L'argent de son héritage aurait pu me permettre d’y arriver quand même, mais mes parents ont dilapidés une partie de celle-ci…  » Ma mère, majoritairement. Tout ça pour satisfaire au caprice de ma sœur ainée. Elle m’avait tout volée, tout jusqu’à la dernière goutte. Même l’argent d’un mort! Je les détestais pour ça, et plusieurs autres choses aussi. Mon père avait eu la brillante idée de mettre ce qui restait de côté dans un compte privé à mon nom, mais le tort était déjà fait. J’haussais finalement les épaules. « Ça n’a plus vraiment d’importance, aujourd’hui. » Et d’une certaine façon, c’était vrai. J’avais refait ma vie loin de leur pestilence et je m’en sortais plutôt bien, même si c’était loin d’être le paradis. Je travaillais à la sueur de mon front, mais au moins, je ne me faisais pas vivre par mes propres parents, ahem (petite pensée pour ma sœur chérie). J’avais honte de ma famille, mais je crois que la chose était tout à fait réciproque. « Vivaldi. » lui proposais-je, quand il me demanda, ou plutôt m’ordonna de lui transmettre l’une de mes envies musicales. Je ne lui imposais pas le choix de la mélodie, ne doutant pas de ses capacités à me transporter bien loin de mes sombres réflexions.

mon cerveau enrhumé m'empêche de pondre des trucs intéressants, désolé Arrow
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MessageSujet: Re: Prélude à l'après-midi d'un faune. (08/04, 19H57)   Prélude à l'après-midi d'un faune. (08/04, 19H57) EmptySam 11 Avr 2015 - 3:48

Je crois que j'attendais cette réponse. Parce qu'elle parle de cet homme comme d'un repère et d'un repaire pour l'enfant qu'elle était avant qu'il ne disparaisse, comme d'un parent que les vrais n'ont jamais réussi à égaler. Le genre de personne qui peut changer, bouleverser une vie et qui, de toute évidence, s'apprêtait à le faire avec la sienne. Je l'écoute, le regard posé sur elle, parce que j'ai horreur de parler à quelqu'un sans le regarder droit dans les yeux, malgré que ça gêne souvent les autres. J'ai l'air impassible, comme toujours, parce que la chape d'indifférence qui régit ma vie a besoin de plus que ça pour se dilater et laisser s'infiltrer des émotions que je ne ressens pas ou très peu. Pourtant, je l'écoute, je fronce les sourcils, mécontent de ce qu'elle me confie. Oui, je crois que je suis mécontent. Je n'aime pas lorsque tout part en vrille, lorsque tout ne suit pas son cours. Ça m'agace, cette façon dont ses plans ont été contrecarrés d'une façon aussi ridicule et brutale. Elle conclut avec cette fausse résignation qu'ont les gens qui sont las de parler de ce qu'ils ont raté et je n'insiste pas. Je me contente de lui demander ce qu'elle veut que je joue ensuite. Parce que si elle compte rester là, j'aime autant ne pas lui imposer un supplice musical. Vivaldi. Hm, pas mon préféré, pas du tout mon préféré, même. La musique baroque, classique, et quasiment tout ce qui a précédé le romantisme, en réalité, ce n'est pas trop mon truc. Ça m'ennuie, la plupart du temps, à quelques exceptions près. Parce qu'évidemment, il y a les plus grands, les noms incontestables tels que Bach ou Mozart qu'il est impossible de répudier malgré leur appartenance respective au baroque et au classicisme. Comment ne pas aimer la Toccata et Fugue ? Ou... et bien la totalité de l'oeuvre de Mozart ? Il faudrait être fou pour ne pas reconnaître le génie là où il illumine comme les étoiles. Pourtant, j'ai toujours préféré la musique de l'époque du romantisme ou de l'époque moderne, comme Debussy, que je viens de jouer. Mais si je lui ai demandé de me donner un nom ou un morceau, c'est bien parce que je veux jouer quelque chose qui lui plait à elle et pas à moi. Ou alors, elle n'y connait absolument rien et m'a simplement balancé le premier compositeur un peu connu qui lui a traversé l'esprit. Je n'exclus pas encore complètement cette possibilité-là. D'un autre côté, elle aurait parfaitement pu me proposer une chanson actuelle que j'aurais simplement retranscris sur le clavier. Bref, peu importe. Je réfléchis quelques secondes, à ce que j'ai envie de jouer, à ce que je me sens capable de jouer, jusqu'à arrêter mon choix. Je m'emploie alors à restituer dans ma mémoire les trois mouvements du quatrième concerto des Quatre Saisons. L'hiver. Le seul que j'écoute avec un minimum d'enthousiasme. Principalement pour l'allegro non molto, le premier mouvement, que j'aime bien reprendre au piano, ainsi que le troisième mouvement, l'allegro, dans une moindre mesure toutefois. Bien qu'à l'origine, les Quatre Saisons soient des concertos pour violon. Je glisse les doigts le long des touches, les effleurant à peine, jusqu'à trouver celles qu'il me faut et en pinçant les lèvres, je recommence à jouer. C'est simple au début. Simple et calme, mais pas apaisant, pas doux comme Debussy. Ce n'est pas le genre de musique qui est supposée faire rêver - elle dresse les poils, elle accélère le cœur, elle laisse tremblant sur son siège, parce qu'elle fait repenser à toute une vie. J'essaie de la rendre à Simone de la même façon qu'elle parvient à me toucher moi, totalement captivé par les gestes tantôt vifs, tantôt suaves de mes doigts sur le clavier de l'instrument. Peut-être qu'à défaut d'utiliser une sensibilité que je n'ai pas pour parfaire ma musique, je me nourris de ce qu'elle me raconte. Ce n'est pas mon histoire que je joue, c'est celle de Simone. De Simone et de son oncle. Mon éternelle quête de perfection m'y oblige presque et je crois que la seule personne que j'ai écouté aussi sincèrement depuis le début du jeu, c'est Ranja. Parce qu'on était pareils et que ça me plaisait. Aussi, je laisse à nouveau s'installer un silence hurlant qui ne me gêne pas, que du contraire. Les quatre petites minutes que durent le premier mouvement semblent passer comme si elles n'étaient que quatre secondes et lorsque j'immobilise les doigts, un instant durant, je me surprends à expirer beaucoup, beaucoup trop. « Parle-moi d'un de tes rêves » je l'invite, au même moment où je me lance dans le deuxième mouvement. Infiniment plus doux que le premier, il m'évoque un enfant qui part tout seul à la découverte d'une maison beaucoup trop grande pour son petit corps, traînant derrière lui son meilleur ami en peluche. Peut-être Simone, en fin de compte. Simone qui a évoqué des rêves que son parrain voulait qu'elle réalise. Elle en parle comme si elle avait été contrainte de renoncer à tout, à absolument tout. Pas seulement à ses études ou son avenir à l'étranger, mais aussi à ses souhaits secrets, à sa vie rêvée. Mais j'imagine que la femme qu'elle est aujourd'hui nourrit toujours des ambitions, utopiques ou non, j'imagine qu'elle se laisse encore parfois aller à s'imaginer ailleurs, avec d'autres personnes, dans une autre vie.



(mais non t'inquiète, c'est bien I love you )

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Prélude à l'après-midi d'un faune. (08/04, 19H57)

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