Kira se réveille brutalement alors que le reste de la pièce est encore sagement endormi. Si ses mains n'étaient pas liées dans son dos, l'une d'elles viendrait se poser sur son cœur, dont les battements s'accélèrent bien malgré elle. Elle met quelques secondes à réaliser où elle se trouve, et que c'est le milieu de la nuit. Ce n'était qu'un cauchemar. Pourtant, la brune s'extirpe des draps en prenant soin de ne pas réveiller Lamine, puis attrape son gilet comme elle peut avant de filer hors de la chambre. Evidemment, il fallait qu'elle passe au-dessus de la grille d'aération, pour bien réveiller toute la pièce. Ça lui est totalement sorti de la tête, heureusement que certains ont le sommeil lourd. Et avec de la chance, personne ne s'est réveillé et donc ne la détestera. Kira traverse rapidement le couloir sur la pointe des pieds et file aux toilettes où elle se libère rapidement de l'emprise de la corde pour enfiler son gilet, avant de la remettre autour de ses poignets. Heureusement qu'elle n'a pas besoin d'être serrée mais juste enfilée, c'est déjà ça en moins. Elle quitte les toilettes à la vitesse de la lumière et appelle l'ascenseur qui ne tarde pas à s'ouvrir. Etant donné qu'elle est seule et que c'est le milieu de la nuit, elle parie volontiers qu'il ne fera aucun caprice; il n'y a vraiment aucun intérêt à l'enfermer, elle ne ferait aucun audimat avec ça. Une fois arrivée sur le toit, elle se dirige machinalement vers un fauteuil où elle s'installe en boule, ou en tout cas comme elle le peut étant donné sa situation. Il fait un peu frais, mais elle s'en fiche. Elle est venue là pour admirer les étoiles. Et lorsque son regard se pose sur ces dernières, un sourire naît sur ses lèvres. Ça fait des années que c'est comme ça, à partir du moment où quelque chose ne va pas, elle regarde les étoiles. Ça la rassure, d'une certaine manière, mais elle est incapable de l'expliquer. Tout va juste mieux avec l'astronomie. Elle reste comme ça, quelques minutes, puis elle tourne la tête lorsque l'ascenseur la prévient de la présence de quelqu'un d'autre. Ça l'étonne que quelqu'un vienne ici à une heure pareille. Le peu de lumière éclaire le visage d'Allen qui s'avance vers la jeune femme, et même s'il ne peut pas le voir, elle sourit. « Je pensais être la seule debout. » elle finit par dire en laissant ses pieds nus frôler le sol. Bon, en soi ce n'est pas rare que des candidats se lèvent la nuit ou se couchent tard tout simplement, mais l'hôtel semblait si silencieux qu'elle pensait que tout le monde dormait. A moins que... « Est-ce que je t'ai réveillé ? » elle demande, embêtée à l'idée qu'il lui réponde par la positive. Ils dorment dans la même chambre après tout, et qu'elle ait déclenché l'air de la grille ou non, de simples pas peuvent parfois réveiller quelqu'un. Mais elle espère tout de même que non, parce qu'elle s'en voudrait à coup sûr.

C'est une envie soudaine et pressante qui tira le canadien de son sommeil, alors qu'il n'était même pas endormi depuis très longtemps. Il s'assit dans un premier temps dans son lit, remonta la couverture jusqu'aux épaules d'Agata, puis entreprit de quitter son lit et d'enfiler une robe de chambre, lui qui n'aimait jamais tellement se balader dans les couloirs en caleçon. Il marcha ainsi jusqu'aux toilettes, y entra pour en ressortir quelques instants plus tard, et pensa logiquement regagner sa chambre. Oui mais voilà, il avait déjà eu du mal à s'endormir tout à l'heure, alors il avait tendance à penser que ce serait à peu près la même histoire maintenant qu'il était debout, c'est pourquoi il avait plutôt envie d'aller faire un tour sur le toit, où il pourrait profiter de la fraîcheur de la nuit et où il aurait surtout autre chose sous les yeux que le plafond de sa chambre pour attendre que le sommeil se repointe. Il monta alors dans l'ascenseur et attendit que celui-ci l'emmène là où il serait sûrement seul à une heure pareille. Une fois sur place, il marcha non loin de la piscine et entreprit de rejoindre la terrasse. Et c'est à ce moment-là qu'une voix s'éleva et qu'il eut la surprise de constater que contre toute attente, il y avait bien quelqu'un. Il reconnut alors Kira, assise dans l'un des fauteuils, et s'approcha d'elle. « Jusqu'à il y a encore dix secondes, moi aussi » qu'il répliqua dans un sourire, plutôt content à vrai dire de tomber sur quelqu'un, parce que ça n'était pas la solitude qu'il était venu chercher à tout prix en montant ici. Même à trois heures du matin, il était a priori en mesure de tenir une conversation, qui plus est avec quelqu'un qu'il ne connaissait pas encore autant qu'il le voudrait. Elle sembla en tout cas s'inquiéter du fait qu'elle ait pu le réveiller. « Euh, non, sauf si tu me dis que t'as un moyen de contrôler la partie de mon corps qui m'a incité à quitter mon lit pour rejoindre les toilettes. » Il lui sourit à nouveau, insinuant évidemment par là que c'est dans un premier temps pour aller satisfaire un besoin naturel qu'il s'était levé, même si ça n'était pas la confession la plus glamour qu'il aurait pu lui faire. « Auquel cas je pense que je serais pas très rassuré » ajouta-t-il cette fois dans un léger rire, avant de s’asseoir à son tour dans un fauteuil après l'avoir rapproché du sien. Parce que tant qu'à discuter, autant ne pas le faire à dix mètres l'un de l'autre. « Je pensais me recoucher, mais j'ai eu envie d'en profiter pour prendre un peu l'air » qu'il reprit par la suite, parce que sans ça elle risquait de se demander pourquoi il était ici alors que c'était les toilettes qu'il était à la base parti rejoindre. Le canadien leva quelques instants le nez au ciel, constatant à ce moment-là que la vue était particulièrement plaisante, ainsi donc qu'il avait bien fait de ne pas se recoucher. « Et toi, pourquoi t'es montée ? » Peut être parce qu'elle avait l'habitude de venir quand tout le monde dormait, pour profiter du calme environnant. Ou alors parce que comme lui elle était sujette à quelques troubles du sommeil. Ça arrivait même aux meilleurs, n'est-ce pas.

Qu'est-ce que c'est difficile de trouver une position confortable sur ce fauteuil. Tout ça parce que ses mains sont liées, ça complique vraiment tout. En l'espace de quelques secondes, soit le temps pour Allen de la rejoindre, elle a déjà changé deux fois de position. Mais ça a l'air d'aller maintenant, ou en tout cas pour le moment. Elle est à moitié assise sur l'une de ses jambes, tandis que l'autre se balance doucement dans le vide, laissant simplement ses orteils effleurer le sol. Allen lui avoue alors avoir pensé la même chose qu'elle, soit qu'il n'y ait personne de réveillé à cette heure-ci. Si ça se trouve, des tas d'autres candidats sont debout, mais ils ne le savent pas. « Alors peut-être que dans dix secondes quelqu'un d'autre débarquera. » elle imagine sans trop y croire. C'est déjà une sacrée coïncidence qu'ils se retrouvent tous les deux là à plus de trois heures, si une troisième personne venait se rajouter elle trouverait ça bizarre quand même. En tout cas, elle est rassurée, ce n'est pas la grille d'aération malencontreusement déclenchée qui est la raison de sa venue sur le toit. Un léger rire s'échappe des lèvres de la brune lorsqu'Allen lui révèle non sans une touche d'humour pourquoi il s'est levé. « Je ne peux rien révéler, désolée. » elle soupire le plus sérieusement possible, prétextant donc avoir le pouvoir de contrôler la vessie du candidat. Pourquoi pas, après tout, ça pourrait très bien être son secret si un tel pouvoir existait. Personne n'aurait l'idée d'aller la buzzer là-dessus. Elle joue donc la fausse carte du mystère, prouvant que c'est en pleine nuit qu'on retrouve les conversations les plus intéressantes. « T'as très bien fait. » elle souffle en levant la tête vers le ciel lorsqu'il lui dit avoir eu envie de prendre l'air. Il aurait eu tord de se recoucher sans profiter un peu de la vue que le toit offre sur les étoiles. C'est un véritable poème vivant pour Kira, une symphonie silencieuse dont elle n'est jamais déçue. Ses iris clairs retrouvent le visage d'Allen alors qu'il lui demande pourquoi elle est montée. « J-- j'ai fait un cauchemar. » elle avoue à demi-voix. Elle a l'impression de ressembler à une enfant avec cet aveu, mais il n'y a pas d'âge pour faire des cauchemars, tout le monde en fait. « A chaque fois que j'en fais un, je regarde les étoiles. Ça m'apaise. » elle ajoute alors qu'un nouveau sourire se dessine sur ses lèvres. C'est peut-être à partir de ce moment qu'elle a compris que c'est ça qu'elle voulait faire de sa vie, lorsqu'elle s'est pour la première fois réfugiée dans l'astronomie pour tenter d'oublier un cauchemar. « Mais bon, t'as sûrement pas envie de m'entendre déballer ma science sur le ciel étoilé. » elle conclut dans un léger rire. Non parce que s'il ne l'arrête pas, elle est capable de le bassiner avec ça toute la nuit, et il ne pourra jamais se rendormir. Sauf si elle l'ennuie tellement qu'il s'endort sur place, mais bon, elle espère quand même que ça n'arrivera pas. « C'est comment le Canada ? Ça a l'air sympa, j'ai toujours eu envie d'y aller. » elle lâche soudainement. Elle sait peu de choses sur Allen, alors elle utilise les informations dont elle dispose pour lancer un sujet de conversation. En fait, elle sait qu'il vit au Canada, mais elle ne sait même pas où exactement. De toute façon, dans sa tête c'est partout pareil. C'est pour ça qu'elle a vraiment besoin d'y aller, quelques photos sur internet ça ne suffit pas.

Il est vrai qu'à une heure comme celle-ci, où lui même était censé être dans son lit et pas sur le toit, Allen ne s'était pas attendu à tomber sur quelqu'un. Pour autant, passer un peu de temps avec Kira avait toutes les raisons d'être agréable, ils se connaissaient certes peu mais ce serait l'occasion de rectifier ça. « Peut être, oui. En tout cas, tout le monde semblait dormir à poing fermé quand j'ai quitté la chambre » qu'il affirma après la supposition de sa camarade, et dans un fin sourire. Ils dormaient dans la même chambre, c'est pour ça qu'il avait partagé cette impression avec elle, et pour ça sûrement que la candidate avait par la suite cherché à savoir si c’était elle qui l'avait réveillé. Il ignorait où elle voulait précisément en venir, mais de toute façon il savait ce qui l'avait tiré du lit, et ça n'était rien de plus qu'une envie pressante. A moins bien sûr que sa camarade puisse contrôler ce genre de choses, et il la trouvait justement un peu trop mystérieuse tout à coup. « Ah parce qu'en plus, y'a tout un complot autour de ça ? C'est rassurant » s'amusa-t-il après sa réponse, évidemment sans prendre tout ça au sérieux, parce qu'il aimait mieux se dire que personne ne pouvait influer d'une quelconque manière sur sa vessie, hein. Il lui confia en tout cas être venu prendre l'air, et apprit à ce moment-là que sa camarade, elle, avait fait un cauchemar. « Ça m'arrive aussi de temps en temps, seulement je sais pas toi mais moi j'arrive presque jamais à m'en souvenir. » Et ça n'était certainement pas plus mal, quand on y réfléchissait. Il n'avait en tout cas aucun mal à comprendre qu'elle soit montée ici pour se changer les idées. « C'est vrai que c'est un joli spectacle » énonça-t-il sincèrement, non sans noter à cet instant que Kira semblait véritablement fascinée par le ciel. Ainsi ne fut-il pas surpris de l'entendre évoquer l'idée de lui en parler. « Au contraire, tu m'as rendu curieux, et puis comme ça j'aurai pas perdu mon temps, je me recoucherai un peu moins bête. » Il lui adressa un sourire un peu plus large, pour l'inciter à lui faire partager ses connaissances en la matière si elle en avait envie, car lui ne s'était peut être jamais tellement intéressé à tout ça, n'empêche qu'il ne demandait qu'à ouvrir son esprit à de nouvelles choses. « Ça te passionne, je me trompe ? » lui demanda-t-il finalement, comme pour lui faire comprendre qu'il n'y voyait rien de saugrenu, à vrai dire il aurait plutôt tendance à l'admirer si elle le sortait de son ignorance au sujet des étoiles. Sa camarade reprit en tout cas la parole, cette fois pour l'interroger au sujet du Canada, ce qui sur le moment le surprit un peu, peut être parce que jusqu'ici personne n'avait manifesté de réel intérêt pour ce détail. Mais en parler, ça lui ferait plaisir, après tout il était fier de là où il venait. « Différent de ce que certains s'imaginent sûrement. Car je serais pas étonné que la plupart des gens pensent que l'hiver y dure les trois quarts de l'année, qu'on y est tous bûcherons et qu'on s'y déplace en luge ou à dos d'ours polaire. » Il lâcha un rire à cette idée, pas du genre à s'offusquer pour deux ou trois idées reçues, sachant qu'il avait toujours essentiellement côtoyé des canadiens, qu'ainsi donc les éventuels lieux communs associés à son pays ne lui étaient que rarement arrivés aux oreilles. Et lorsque c'avait été le cas, il s'en était toujours amusé. « Là-bas, en réalité, y'a pas deux coins qui se ressemblent. Moi par exemple je suis de Calgary, dans l'Alberta, une ville très ensoleillée mais où il arrive qu'il fasse très froid. On a même déjà eu de la neige en plein mois d'août. » Les températures y atteignaient facilement des extrêmes, mais c'était bien évidemment les hivers qui y étaient les plus rudes. La neige, elle, tombait surtout entre novembre et mars, et à ce niveau-là ils avaient aussi eu droit à quelques records. « Ma mère, elle, a longtemps vécu en Colombie-Britannique et elle m'en a toujours parlé comme d'une région sèche où il n'y a jamais vraiment d'hiver. Ce qui est étonnant, c'est que ces deux provinces sont très proches l'une de l'autre. » Lui, il n'avait jamais visité l'endroit où sa mère avait vécu avant de se marier, mais ça faisait partie des rares choses qu'elle lui avait confié, des rares choses grâce auxquelles il avait un jour eu le sentiment de partager une relation un tant soit peu normale avec elle, alors il aurait du mal à l'oublier. « Au Canada, tu peux aussi bien trouver des forêts alpines que des champs de glace, ou encore des baies paradisiaques. C'est un peu plusieurs pays en un seul, si tu veux, et moi je m'y suis toujours beaucoup plu » ajouta-t-il dans un sourire, sans trop savoir si c'était le genre d'informations qu'elle espérait recevoir. Il n'avait peut être pas été tout à fait objectif sur la fin, parce qu'il était effectivement attaché à l'endroit où il avait toujours vécu, un endroit où il avait toujours trouvé qu'il faisait bon vivre, oui. « Si un jour tu décides d'y aller, je serais ravi de te faire découvrir certains coins. Et aussi de te faire goûter à quelques unes de nos spécialités locales, en espérant que tu n’aies rien contre l'érable, parce que là-bas on en met partout, que ce soit en beurre ou en sirop. Ouais, même dans nos sandwichs. » C'était d'ailleurs probablement un autre cliché très répandu au sujet des canadiens, le fait qu'ils raffolent tous du sirop d'érable, et le fait est qu'il était plutôt véridique, celui-ci. Oh il devait certainement y en avoir pour ne pas être tellement fans, mais en règle générale, il avait toujours eu l'impression que les canadiens aimaient ça comme les anglais aimaient le thé. « Je suis sûr que ça te vend tout de suite un peu moins de rêve que la partie sur les baies paradisiaques » s'amusa-t-il pour finir, conscient que la perspective d'être rapidement écœurée n'était pas la plus réjouissante qui soit, même si elle comptait parmi les gourmandes.

Spoiler:

Elle n'arrive pas à se souvenir si Allen était encore dans son lit lorsqu'elle s'est levée. Elle imagine que oui, au vue de la chronologie des événements, ce qui voudrait dire qu'elle n'a réveillé personne en sortant de la chambre. Un soupir de soulagement s'échappe de ses lèvres à cette idée. Elle peut désormais profiter pleinement du moment présent sans une once de culpabilité. « Tu en sais déjà trop. » elle annonce, toujours très sérieuse. Et oui, ça se pourrait bien qu'il y ait tout un complot sur le contrôle de la vessie d'Allen. Contre toute attente, Kira arrive à garder ce petit air mystérieux, même si au fond elle n'a qu'une envie, c'est de rire. Il y a encore cinq minutes, elle n'aurait jamais imaginé avoir une telle discussion, surtout avec Allen. Comme quoi, même quand on ne se connaît pas on peut parler de tout et de rien. Ça la fait sourire de voir qu'il ne se moque pas d'elle et de son cauchemar, parce qu'elle a un peu l'impression d'être une gamine là, à ne pas être allée se recoucher. Elle pourrait, mais elle n'en a pas envie en fait. Elle est bien là. « Moi ça dépend. Quand ils n'ont pas de sens, je les oublie super vite. Mais quand c'est réaliste, je peux te les raconter des mois, voire des années plus tard. » elle explique en hochant la tête. Par contre, les rêves, c'est une toute autre histoire, bien plus simple : elle les oublie tous. Mais parfois elle se dit que c'est peut-être mieux comme ça. Allen apprécie la vue, ce qui en soi n'a rien de bien étonnant. Elle ne connaît personne incapable d'apprécier un ciel étoilé. Par contre, elle connaît des tas de personnes qui n'ont aucune envie de l'entendre balancer des faits sur l'astronomie, mais de toute façon si on ne le lui demande pas elle ne le fait pas. Elle est donc agréablement surprise qu'Allen ait envie d'apprendre deux trois trucs là-dessus. « Depuis toute petite. J'ai toujours su que c'était ce que je ferais de ma vie. » elle répond dans un sourire. Kira se met à réfléchir, elle se doute qu'il est loin d'être bête, mais elle ne peut pas non plus lui balancer des informations à base de chiffres et termes scientifiques qu'il ne comprendrait pas. « Tu savais que les étoiles ne sont pas toutes de la même couleur ? En fait, ça dépend de leur température à la surface. Si c'est inférieur à quatre mille degrés celsius, l'étoile est rouge. Si c'est supérieur à sept mille degrés, elle est bleue. Et entre, elle est jaune. Enfin, ça c'est la couche dominante, parce qu'elles ont un peu toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, et des rayonnements invisibles aussi. Et aussi, grâce à cette couleur dominante, on peut savoir leur âge. » elle commence à expliquer. Elle est à deux doigts de lui raconter comment naissent les étoiles, comment elles explosent, mais elle préfère s'arrêter là pour le moment. Elle n'aime pas trop monopoliser la conversation, c'est pour ça aussi qu'elle lui demande à quoi ressemble le Canada. Elle n'y connaît pas grand chose, elle sait juste que c'est beau, qu'il fait froid, qu'ils aiment le sirop d'érable, et quelques trucs que Robin racontait dans How I Met Your Mother. En gros. « Quoi, vous ne vous déplacez pas à dos d'ours polaire ? Mon monde s'écroule là, on m'a menti. » elle s'exclame, avant de rire. Allen n'a pas totalement tord, elle imagine forcément des bûcherons quand elle pense au Canada. Mais elle est persuadée qu'il y en a quand même beaucoup, en tout cas plus que chez elle. Bref, fini les clichés, elle préfère écouter ce qu'Allen a à dire sur son pays, sa famille. Elle hoche la tête lorsqu'il lui parle de Calgary, qu'elle ne connaît pas, hausse les sourcils quand il mentionne la neige en août. Décidément, tout le monde est familier avec la neige dans cette émission, elle va vraiment finir par être jalouse. Kira essaye d'imaginer les paysages qu'il lui décrit, et bien évidemment tout est beau. Elle a envie d'y aller, maintenant, tout de suite. Bien sûr, elle a envie de retrouver son Irlande, mais dans l'immédiat ce sont les forêts alpines, les champs de glace et les baies paradisiaques dont elle a envie. « Sache que cette invitation est désormais ancrée dans ma mémoire, je vais venir au Canada et tu seras obligé de me montrer tout ce que tu viens de me dire. Et je ferai une overdose d'érable, mais j'en serai consciente, alors c'est pas grave. » elle annonce alors qu'un nouveau sourire naît sur ses lèvres. Et elle goûtera tout, beurre, sirop, qu'importe. Elle se sent assez courageuse pour en manger tous les jours, sous toutes ses formes. Enfin, elle dit ça maintenant, mais elle en aura probablement marre au bout de deux jours. « Détrompe-toi, tu peux même rayer les baies paradisiaques de la liste, on ira au musée de l'érable à la place. » elle lance, le menton levé. Elle n'est absolument pas au courant de l'existence d'un tel musée, mais elle se dit que ça doit bien exister. S'il y a un musée du papier peint, il y a forcément un musée de l'érable. « Non, les raye pas, je veux vraiment les voir. » elle souffle d'un air très sérieux. Il a sûrement compris qu'elle plaisantait, mais ça ne coûte rien de le confirmer. « Y a un pays que tu rêves de visiter ? » elle demande alors en penchant la tête. C'est le genre de questions qui définit souvent une personne, ça. Bon, elle elle aimerait visiter tous les pays du monde - ou presque, la Corée du Nord ne la tente pas plus que ça - mais tout de même.

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