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Il y a des lieux que Mylah apprécie tout particulièrement. La chambre Marilyn, par exemple, si elle fait exception du fait qu’elle doit partager son lit avec un imbécile, qu’elle apprécie pour sa décoration sobre et le fait que des trois artistes qui servent de thème à leurs chambres, elle est celle que Mylah apprécie le plus. Elle a jeté un coup d’œil aux autres chambres et une chose est sûre : elle n’aurait jamais pu dormir dans celles-ci, tant la décoration est lourde et étouffante. Elle apprécie également le bar lounge, car il est le seul endroit qui dispose d’un piano et Mylah aime y toucher de temps à autre, quand les lieux ne sont pas occupés. Elle apprécie également le cinéma, bien qu’elle s’y rende moins souvent qu’elle le voudrait, parce que cela lui rappelle ses soirées films lorsqu’elle est seule chez elle, c’est quelque chose qui lui parle et l’un des seuls points sur lequel elle n’est pas totalement déstabilisée, ici. En contrepartie, il y a certains lieux qu’elle n’apprécie pas du tout. Les couloirs, que ce soit celui dédicacé ou celui transformé en aquarium. Parce qu’ils sont trop fouillis pour elle, et que son esprit peine à s’y retrouver. Elle a pourtant listé toutes les signatures inscrites aux murs du couloir du premier étage, mais rien n’y fait, elle continue à n'y voir que des gribouillis sans aucune logique, raison pour laquelle elle se garde bien de déposer ses prunelles sur les murs quand elle doit traverser cet endroit. Le couloir aquarium n’est pas beaucoup mieux, puisqu’elle n’est pas encore parvenue à compter le nombre exact de poissons qui se baladent là-bas. Et puis, le fait qu’il n’y ait qu’une seule et unique méduse ne l’aide pas, c’est quelque chose qui la bloque. Une seule méduse. Décidément, elle ne comprend pas la logique du maître des lieux. Désormais, elle pourra également ajouter le bassin japonais aux endroits qu’elle n’apprécie pas particulièrement. Certes, le cadre est calme et reposant – quoi que, pas pour elle – et l’endroit à peu près ordonné et soigné, mais il y a des poissons. Un grand nombre de poissons. Pas qu’elle ait peur de ces derniers, mais elle n’arrive pas à les compter. C’est pire que ceux de l’aquarium, car ils se cachent sous le petit pont ou disparaissent sous les plantes d’eau. Alors elle n’y arrive pas. Cela fait bien une heure qu’elle est ici, tentant désespérément de compter les bestioles, à deux doigts de s’arracher les cheveux quand elle prend enfin conscience qu’elle n’y arrivera jamais. Et cela la perturbe, elle se relèvera sûrement au milieu de la nuit parce qu’elle n’arrivera pas à dormir puisque son compte n’est pas bon. Il lui faut trouver une solution et vite. Un peu angoissée, elle se retrouve naturellement à faire des allers-retours par cinq pas, comme à son habitude quand, concentrée sur ses pieds, elle finit par heurter Leandro. « Pardon. » Glisse-t-elle en relevant la tête et en découvrant enfin l’identité de celui qu’elle vient de heurter. Il a de la chance, elle vient de terminer ses cinq pas, si cela n’avait pas été le cas, elle l’aurait totalement ignoré avant d’avoir fini son petit manège. « Je crois que Cupidon est obsédé par les poissons. » Pas que lui, à vrai dire. Quoi que, elle s’est plutôt le nombre de poissons qui l’obsède. Quittant sa position face à Leandro pour s’accouder délicatement au pont en bois, elle plonge à nouveau son regard dans l’eau. « Je n’arrive pas à les compter, ils sont trop nombreux et se cachent partout. » Finit-elle par admettre. Plus pour elle-même que pour Leandro, cela dit, parce que cela doit fortement intéresser son camarade, hm.

Je décide de me rendre au jardin japonais. J’aime bien cet endroit. Je le trouve reposant. Regarder l’eau qui coule. Les poissons nager… C’est alors que j’aperçois au loin Mylah, qui semble tourner en rond. Je décide d’aller voir ce qu’elle trafique. Je pensais qu’elle m’avait vu arriver…mais non. Je n’ai pas le temps de me pousser qu’elle me rentre dedans. Décidément trop concentrée dan sa marche. « Y a pas de mal. » Je ne fais pas parti de ceux qui s’énervent au moindre dérangement. Selon Mylah, Cupidon serait obsédé par les poissons. Elle se plaint alors de ne pouvoir les compter. Ils sont trop nombreux et trop rapides. Hm c’est une activité intéressante. « Tu es sure qu’il n’y a que Cupidon d’obsédé par les poissons ? » C’est que je l’ai déjà surprise plusieurs fois à examiner les poissons en plus, notamment dans le couloir. « Je ne veux pas te décevoir, mais je crois que c’est peine perdu pour les compter tu sais. J’ai déjà essayé… » Mais surement pas pour les mêmes raisons qu’elle. Je m’ennuyais juste l’autre jour et je n’avais rien de mieux à faire. « Cela doit être fatiguant d’être toi quand même. Avec ce besoin que tout soit en ordre, de tout contrôler, de ne rien laisser au hasard… » Ceci n’est pas une critique dans ma bouche, une simple constatation. Seulement je me rends compte qu’elle pourrait le prendre mal, je ne sais pas. « Enfin je dis pas que t’es…Enfin c’est pas méchant c’est…pardon. » A croire qu’elle m’impressionne, je vous jure. Je me foutrais des claques pour être aussi nul parfois.

Il faut sérieusement qu’elle songe à demander à Cupidon d’impérativement mettre un panneau informatif comprenant le nombre de poissons ainsi que leurs espèces, que ce soit au couloir du second étage ou ici. Non, vraiment, il pensait sérieusement que les gens viendraient se reposer ici sans se questionner sur les poissons ? Ou passer dans le couloir aquarium sans se soucier des bestioles qui nagent autour d’eux ? L’angelot n’est pas si intelligent et prévoyant qu’il le laisse croire, il en oublie des détails fondamentaux, alors il faut vraiment qu’elle en fasse la requête, cela en aiderait plus d’un, à son avis. En attendant, elle abdique, elle n’arrive pas à les compter, cela la dérange, alors elle se met à faire des allers-retours tandis qu’elle cherche un moyen de les énumérer, elle a besoin de les énumérer, car si elle se relève cette nuit car elle n’a pas su leur nombre, elle n’y verra rien, et elle restera là jusqu’au petit matin, quand la lumière fera enfin son apparition. Ce qui veut dire qu’elle ne bénéficiera pas des heures de sommeil nécessaires à son bon fonctionnement, qu’elle prendra son déjeuner en retard, et par conséquent son dîner aussi, de même pour ses douches de la journée et même si elle se couche, la nuit suivante, à minuit comme à son habitude, elle ne parviendra jamais à rattraper les heures de sommeil perdues à cause de ces poissons. Il faut donc qu’elle trouve une solution, c’est vital. Elle est malgré tout interrompue dans ses recherches lorsqu’elle heurte de plein fouet Leandro, elle s’excuse rapidement, il ne le prend pas mal et même si cela avait été le cas elle n’aurait pas cherché à s’excuser plus longtemps. D’autant plus qu’elle a mieux à penser, elle expose d’ailleurs son souci à Leandro, espérant qu’il soit en mesure de l’aider. « Oui, mais pourquoi cette question ? » Elle questionne Leandro quand il lui demande si Cupidon est le seul obsédé par les poissons. Et puis elle réalise. « Non, tu as raison, s’il était si obsédé que cela, il y aurait un panneau pour nous informer de leur nombre et de leurs espèces. » Pour les informer, eux, candidats. Alors, en effet, on ne peut pas dire qu’il soit particulièrement obsédé par les poissons. Mais c’est les siens, tout de même, il pourrait faire un effort. Quant à la personne susceptible d'être plus obsédé que Cupidon par les poissons, elle ne voit pas de qui il peut bien parler. « Et tu es arrivé à quel nombre ? » Le questionne-t-elle particulièrement intéressée quand il lui avoue avoir déjà essayé de les compter. Qu’elle sache, c’est important. Ce qu’il dit par la suite la laisse silencieuse, perplexe, agacée, elle l’observe sans rien dire, avant qu’il n’essaie de s’excuser. « Que je suis … ? » Elle a besoin de le savoir, elle n’aime pas rester dans le flou, il lui faut qu’il termine sa phrase. « Tu as de la chance que je commence à te cerner. » Elle déclare ensuite. Oui, elle commence à connaître son caractère, il est bien plus maladroit que méchant. Sa réflexion lui a déplu, c’est certain, mais il s’est immédiatement excusé et n’avait pas pour vocation d’être mauvais, c’est déjà cela. « Je ne comprends pas pourquoi dès que quelqu’un est minimum organisé, on perçoit cela forcément comme un défaut. » Parce que cela n’en est pas un, évidemment, ils sont bien contents qu’elle soit organisée, cela leur permet de vivre dans un environnement pas trop sale et dans lequel ils n’ont pas besoin de chercher des heures quand ils veulent quelque chose dans le réfrigérateur ou dans les tiroirs des coiffeuses au dressing. « C’est ainsi que je fonctionne, cela marche pour moi. Je ne pense pas que je serais en mesure de vivre comme la plupart d’entre vous. » Insouciants, inconscients même, ne prévoyant rien sur le long terme, s’habituant à un nouvel environnement et à de nouvelles habitudes en un claquement de doigts. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé, pourtant.

« Oui, mais pourquoi cette question ? » Hm la réponse me semble évidente. Je crois que je n'ai pas besoin de lui répondre, elle fera le lien toute seule. Et oui en effet. Je parle bien d'elle.  « Non, tu as raison, s’il était si obsédé que cela, il y aurait un panneau pour nous informer de leur nombre et de leurs espèces. » Euh oui bien sur. J'en déduis que c'est ce qu'elle aurait aimé, un tableau récapitulatif avec le nombre de poissons, probablement leur espèce, leur poids, toute la chronologie familiale tout ça tout ça. Je ne saisi pas bien l'intérêt d'avoir autant de détails sur les êtres qui vivent dans ce ruisseau, mais soit, cela a surement son importance pour la demoiselle. " La production ne doit même pas le savoir elle même, je veux dire, ils se sont surement reproduit depuis, certains ont du mourir. " Tout ça tout ça. Elle souhaite savoir alors à combien j'en étais arrivé. " Hm j'ai du m'arrêter à 25. Mais c'est possible que j'ai compté plusieurs fois les mêmes, parce que bon, c'est assez dur de les différencier. " N'est ce pas. On ne peut pas vraiment dire qu'ils aient des signes distinctifs. Je ne sais pas, genre une pastille de couleur différente sur chaque poisson. C'est alors que je me montre un peu trop effronté. J'ose lui parler de sa manie à vouloir tout contrôler. Je me rends compte que ce n'est pas forcément quelque chose qu'on aimerait s'entendre dire, alors je m'excuse immédiatement. Certains n'ont pas de problème avec ça, ils sont francs, sans se soucier de vexer la personne en face ou que ça puisse la blesser, mais je ne suis pas comme ça. Je ne veux pas vexer les gens.  Je ne veux que leur bien moi vous savez. " Que tu es... " Vite Leandro, vite, trouve quelque chose. Psychorigide ? Obsessionnelle ? Non non... " Fin que c'est pas bien tu vois. " Oui, c'était ça le sens de ma pensée. Qu'elle ne le voit pas comme un reproche. C'est juste une interrogation de ma part. Mais bon heureusement, elle ne m'en veut pas, déclarant qu'elle commence à me cerner. Oui maintenant elle doit savoir que je suis juste maladroit, mais pas bien méchant. Enfin j'espère que c'est ça qu'elle sous entends. " Un minimum organisée...? C'est un peu un euphémisme quand même...non ? Je veux dire, je me considère comme quelqu'un d'organisé, mais toi... " Oui j'aime bien aussi que tout soit rangé. Il n'y a qu'à voir mon lit ou mon dressing, tout est bien rangé, plié, aucun bordel, aucunes fringues qui traînent. " C'est un peu obsessionnel, mais si ça fonctionne pour toi, tant mieux. C'est le plus important. " Oh bah oui. " Je me disais juste que ça ne doit pas être évident tous les jours...Surtout ici, avec le nombre de candidats bordélique...Puis je ne sais pas, dans une relation de couple aussi ça doit... ça doit être plus compliqué non ? " Il faut pouvoir trouver une personne qui supporte de sortir avec quelqu'un d'aussi maniaque.

Elle ne comprend pas la question de Leandro. Ou plutôt, elle ne voit pas qui il pointe du doigt comme étant la seconde personne obsédée par les poissons, après Cupidon. Bien qu’on ne puisse pas dire que l’angelot se préoccupe réellement de ses animaux, puisqu’il semble s’être contenté de les balancer dans un bassin comme de simples éléments décoratifs, rien de plus. D’ailleurs, en y pensant, elle n’a jamais vu personne nourrir ceux de l’aquarium au second étage, il est probable que ceux-ci connaissent le même sort. Ainsi, elle peut officiellement dire que Cupidon s’en fiche de ses animaux, ainsi que d’eux, candidats, sans quoi il aurait fait quelque chose pour eux, en leur donnant de plus amples informations sur les espèces qui vivent dans ce bassin, mais aussi au second étage. Il la déçoit, c’est certain. Leandro met en lumière un point auquel elle n’avait pas encore songé, étant bien trop obnubilée par le fait de compter les poissons : peut-être que certains sont morts et d’autres sont nés. Ce qui veut dire que le compte ne sera jamais le même. « Oh mon dieu, c’est vrai, je n’y avais pas pensé. » Elle dit, avec effroi. Elle y aurait pensé un jour ou l’autre, le jour où elle aurait su le nombre d’individus compris dans ce bassin, là elle aurait enfin songé au fait que la vie suit son cours, avec le nombre de naissances et de décès que cela implique, oui, même chez les poissons. Il s’est déjà essayé à les compter, et elle est curieuse de savoir à combien il est arrivé. Vingt-cinq. Un frisson lui parcours l’échine, dieu sait qu’elle déteste les chiffres impairs. « Oui et c’est bien cela le problème, ils se ressemblent tous, au moins ceux du couloir aquarium peuvent être facilement différenciés. » Puisqu’il s’agit d’espèces littéralement différentes parfois, changeant de couleurs, de formes ou de grandeurs, c’est bien plus pratique à compter même s’ils ne cessent de bouger. En plus, il n’y a pas d’obstacles comme ce petit pont qui peut en cacher dessous, ou les plantes d’eau sous lesquelles ils peuvent se cacher. « Et ils sont beaucoup plus jolis que ceux-ci. » Termine-t-elle en jetant un coup d’œil sur le bassin. Ceux-ci, on dirait qu’ils sont là pour être péchés, rien de plus, ils sont basiques, ils ne se démarquent absolument pas. Elle cesse bien vite de penser aux poissons quand Leandro touche un point sensible, c’est-à-dire son caractère. Les reproches – puisqu’elle perçoit ses propos ainsi – qu’il lui fait n’ont rien de nouveau, elle les a entendus mille fois de la bouche de ses proches, mais elle persiste à croire qu’ils exagèrent. Dans tous les cas, elle insiste pour que Leandro termine sa phrase. Elle est quoi ? Ce n’est pas pour lui tomber dessus s’il a le malheur de lui dire quelque chose qui lui déplait, mais c’est que sa phrase est incomplète et qu’elle déteste cela. « Et pourquoi cela n’est pas bien ? » Demande-t-elle, curieuse qu’il éclaircisse sa pensée. Il s’est aventuré sur un terrain dangereux, elle ne compte pas le lâcher avant qu’il précise sa pensée. Toutefois, elle sait que cela n’avait rien de méchant, elle commence à cerner les caractères de chacun désormais, Leandro est un peu le maladroit de la bande. Il ne faudrait toutefois pas qu’il continue ses reproches, malheureusement, c’est ce qu’il fait, la traitant même d’obsessionnelle. Un vieux disque qu’elle a déjà entendu. « Tu as envie de faire trempette, Leandro ? » Lâche-t-elle, l’air de rien, en jetant un nouveau coup d’œil au bassin. Parce qu’il y prend le chemin s’il continue ainsi. Enfin, il revient à la raison pour lui certifier que si cela marche pour elle, c’est le plus important. « Exactement. » Souffle-t-elle en reposant ses prunelles sur le jeune homme. « Et si cela fonctionne pour toi d’être comme tu es, c’est aussi le plus important. » Ou comment lui faire comprendre qu’elle, elle ne s’est pas permise de le juger. Mais soit, s’il y a une chose qu’elle apprend dans cette émission, c’est de ne pas détourner les talons dès que quelqu’un la vexe. D’autant plus qu’elle garde en tête que ce n’est pas le comportement habituel de Leandro. Qui, pourtant, continue avec ses réflexions indiscrètes. « Cela ne l’est pas, en effet. J’ai l’impression de constamment repasser derrière les gens, mais si je ne le fais pas, un nouvel écosystème se serait probablement développé dans la cuisine. » Oui, rien que cela. « Quant à ta question sur la relation de couple, je suis tentée de te dire que cela ne te regarde pas vraiment. » Pas du tout, même. En plus de lui dire de but en blanc qu’elle est obsessionnelle, voilà qu’il sous-entend qu’elle ne doit pas avoir une vie affective très remplie. « C’est compliqué, oui. Comme la plupart des relations de couple. » Qu’elle concède, non sans esquiver un minimum. De toute façon, il ne s’agit que de la vérité, il n’y a qu’à voir les statuts matrimoniaux de certains candidats. « Tu as déjà été engagé dans une relation ? Sérieuse, j’entends. » Sans quoi il n’est pas à même de comprendre sa précédente réflexion. Et puis, elle a bien le droit à sa question personnelle, elle-aussi.

Oups, je n’aurais peut être pas dû lui faire remarquer que le nombre de poissons pouvait être fluctuant. Faudrait pas aggraver sa frustration. Mais donc ouais, ils sont nombreux, et se ressemblent tous. Pas comme ceux de l’aquarium dans le couloir, fait elle remarquer. Et ils sont bien plus moches. « En même temps ceux là, ils sont plus du genre à être péché. » D’ailleurs, si j’avais une canne à pêche à disposition, je pense que je m’y mettrais. C’est une activité que j’aime bien, même si cela fait plusieurs années en réalité que je n’ai pas eu l’occasion de pêcher. J’y allais avec mon père. Maintenant qu’il n’est plus de ce monde, ça a perdu de son intérêt. C’est alors que je me risque à parler de sa personnalité maniaque. Mais cela pourrait être vu comme un reproche alors que ce n’est pas du tout le cas. J’essaie de m’expliquer, mais en plus je crois qu’on ne s’est pas compris. « Non non justement, je disais que je ne voulais pas que tu crois que je pense que ce n’est pas bien… » Parce que loin de moi l’idée d’émettre un jugement. Chacun est comme il est. C’est juste que je m’imagine que ça ne doit pas être simple tous les jours. J’ose utiliser le mot obsessionnel, je crois que je n’aurais pas dû. Pfff, faut toujours bien choisir ses mots avec elle. Trop susceptible. « Hm ça ira, je te remercie. Je préfère voir les poissons de loin. » Aucunement envie d’aller les rejoindre. « Et si cela fonctionne pour toi d’être comme tu es, c’est aussi le plus important. » Je m’avance sur des terrains mouvants quand même. Faut croire que j’aime ça galérer. « Au moins t’as pas à te plaindre de moi sur ce point là, je nettoie toujours derrière moi. » Je suis Mr Propre. J’ai ça pour moi au moins, hein, hein ? Parce que là je sens qu’avec mes questions elle m’aime plus trop. Enfin aimer… Je ne sais pas vraiment de base ce qu’elle pense de ma personne. Disons qu’elle doit me tolérer. C’est difficile à dire avec elle. Si seulement je pouvais lire dans les pensées… Bien que là il n’est pas difficile de se rendre compte qu’elle n’apprécie que moyennement mes questions. Mais c’est juste que je m’intéresse à elle, et je cherche à en savoir plus. Est-ce un crime ? « T’as raison…Rien ne me regarde... » Que je dis en regardant mes pieds. Avec elle, j’ai toujours l’impression de dire quelque chose de travers. Elle n’est jamais très encline à partager, peut être que je devrais me contenter de la pluie et du beau temps. Oui, il y aurait surement moins de risques pour que je dise une bêtise, et qu’elle tente de me noyer dans l’eau du jardin. « Plus ou moins…Cela dépend sérieux pour qui… » Parce que j’ai déjà eu des relations suivies, mais disons que ça n’a jamais été l’amour fou. « Mais ma plus longue relation ça doit être…14 mois. » Le plus long que j'ai supporté, et puis j'ai fini par la quitter, parce que ça ne menait à rien.

Elle n’avait pas pensé au fait que le nombre de poissons puisse constamment changer, inutile de dire qu’elle fera une fixette sur cela, désormais, il faudra qu’elle vienne les compter régulièrement pour noter la progression du nombre de poissons, ou l’inverse, si certains viennent à passer l’arme à gauche. Enfin, encore faudrait-il qu’elle trouve un moyen de les compter, sachant qu’ils se ressemblent tous. Ceux de l’aquarium sont bien plus agréables pour cela, et en plus ils sont plus jolis. Il est vrai que ceux qui se trouvent à leurs pieds n’ont sûrement rien de décoratif, à la base. « Oui, certainement. Ce bassin aurait plus eu sa place aux abysses qu’ici, étant donné le standing de l’hôtel. » Pense-t-elle à voix haute. Même s’ils étaient fournis en nourriture durant leur semaine survie aux abysses, il aurait presque été logique de leur fournir un bassin avec des poissons et quelques cannes à pêche. Et même s’il n’y a aucune canne à pêche à portée, les poissons de ce bassin dénotent un peu avec ce qu’on peut attendre d’un hôtel de luxe. Il aurait fallu des espèces plus exotiques. Quand il se lance sur le sujet de sa personnalité, il prend le mauvais chemin, Mylah étant très susceptible concernant celle-ci, bien qu’elle commence enfin à se rendre compte que quelque chose cloche, mais elle n’en est pas encore au point de se l’avouer et encore moins de l’avouer aux autres, bien que les propos de Leandro fassent leur effet. « Hm, d’accord. » Répond-elle sceptique. Ce n’est pas l’impression qu’il lui a donnée, mais entre ce qu’on lui dit et ce qu’elle veut comprendre, il y a parfois un gouffre. Dans tous les cas, c’est une façon pour elle de clôturer le sujet, elle n’a aucune envie de continuer à s’énerver pour cela, encore moins contre Leandro qui lui a fait plutôt bonne impression jusqu’ici. Elle lui fait toutefois comprendre qu’il faut qu’il se taise sur ce sujet, s’il ne veut pas se retrouver à côtoyer les poissons. « Dommage. » Souffle-t-elle avec un léger sourire. C’est que l’image qui lui vient en tête est plutôt sympathique. Leandro en vient à préciser qu’elle n’a pas à se plaindre de lui concernant le ménage. « C’est vrai. Et ton dressing est agréable à voir, aussi. » Elle lui accorde, d’une voix presque enjouée, parce qu’il est vrai que même si elle n’est pas constamment derrière lui et qu’elle ne sait pas s’il nettoie effectivement la vaisselle qu’il utilise, par exemple, elle a bien remarqué que son compartiment au dressing était en ordre. Il faut dire que ce n’est pas difficile, la plupart étant un bazar complet, elle lutte chaque jour pour ne pas prendre les choses en main, se rappelant toujours que ce ne sont pas ses affaires et qu’elle n’a donc aucun droit d’y toucher. Dans tous les cas, sa réflexion sur le fait qu’il est sûrement difficile de vivre avec une femme comme elle la laisse sceptique, raison pour laquelle elle lui rétorque immédiatement que cela ne le regarde pas vraiment. Elle laisse échapper un léger soupir quand il joue à Caliméro, fixant son regard sur ses pieds, il manque plus que le bonnet d’âne et l’image est parfaite. Mais ainsi, il lui fait presque mal au cœur, oui, presque, à tel point qu’elle se décide finalement à s’expliquer. Rien ne le regarde, pas si sûr, elle a déjà partagé quelques informations avec lui, plus que certains n’en ont jamais eu. « Non, c’est simplement que je n’ai pas l’habitude d’évoquer ma vie privée avec quelqu’un que je connais depuis un mois. » Et pourtant, ce n’est pas faute de côtoyer Leandro plus souvent que d’autres, il  fait même partie de ceux qu’elle apprécie, elle pourrait logiquement s’épancher sur sa vie privée avec lui, plus qu’avec quelqu’un avec qui elle n’a jamais discuté plus de cinq minutes au détour d’un couloir. « Ou d’évoquer ma vie tout court, ce n’est juste pas dans mes habitudes. » Vu qu’en général sa vie à elle est éclipsée derrière celle de son père et qu’elle n’est qu’un accessoire aux réceptions auxquelles elle est conviée, son choix d’entreprise ne faisait pas encore l’unanimité. Pas assez haut standing. Quoi qu’il en soit, il s’est permis de lui poser des questions poussées, elle peut bien se permettre d’en faire de même, et la voilà qui le questionne sur sa vie privée, c’est un juste retour des choses. Cela commence bien, sa première réponse est loin d’être précise et Mylah aime la précision. Heureusement, il reprend la parole et se montre un peu plus bavard. « Et pourquoi cela n’a pas duré plus longtemps ? »  S’hasarde-t-elle à demander. Elle n’est pourtant pas friande de ce genre de potins, mais il l’étonne, elle le voyait assez jeune et insouciant sur ce plan-là, pas du genre à avoir la même copine pendant plus d’une année. « Tu me dois bien cela. » Elle termine, avec un léger sourire, parce que c’est vrai, il peut bien lui parler un peu plus de lui, même si cela implique sa vie privée, il ne s’est pas gêné pour faire une analyse de son caractère quelques instants plus tôt.