SAYID & @MYLAH
mardi 14 avril - 10:15

Il avait beau s'être couché plus tard qu'à l'accoutumée - ce qui pour Sayid signifiait après vingt-deux heures trente, ces temps-ci - cela ne l'avait pas empêché de se lever à la même heure que d'habitude, avec la satisfaction d'avoir profité d'un grand lit pour lui seul. Il ne leur avait pas fallu longtemps à Simone et à lui pour convenir du fait que chacun garderait son lit, et ce même s'ils partageaient déjà la même chambre depuis le début du jeu et que traverser la pièce n'aurait été la mer à boire pour aucun des deux. Mais la vérité c'est que Sayid n'y tenait pas particulièrement, tout comme Simone, alors il n'y avait pas lieu de s'imposer quoi que ce soit qui ne soit pas strictement nécessaire. La nuit précédente pourtant le britannique n'avait pas très bien dormi, perturbé par le fait de n'avoir pas revu Claudia avant son élimination, et la sensation qu'elle avait quitté le nid comme une voleuse ... Oh il s'en remettrait, à vrai dire il s'en était déjà remis, mais il lui avait fallu plus de temps que les autres soirs pour trouver le sommeil, et un peu de temps pour s'acclimater au fait de n'avoir plus personne à ses côtés. Il préférait, mais en cinq semaines il avait eu le temps de se créer une habitude avec la présence de sa première partenaire à ses côtés, et comme chaque habitude même éphémère Sayid avait besoin de temps pour s'en détacher. Celle-ci ne devait pas être extrêmement ancrée, pour qu'après une seconde nuit tout lui semble revenu dans l'ordre. Réveillé aux alentours de sept heures et demi il était resté une bonne demi-heure de plus avant de s'extirper de sous la couette, prenant directement la direction de la salle de bain avant qu'elle ne soit prise d'assaut par les premiers candidats de la journée. Le matin il s'ennuyait rarement, parce qu'il avait fini par s'élaborer un programme qui ne variait plus beaucoup, raison pour laquelle il avait comme presque chaque jour depuis qu'il était ici pris la direction de la forêt une fois douché et habillé. Il ne déjeunait pas le matin, ou très rarement, et inutile de dire qu'il ne prenait pas la direction de la forêt dans l'idée de faire un footing. Il aimait simplement bien s'y rendre le matin, quand il ne faisait pas encore trop chaud, et quand il pouvait profiter de l'absence des autres candidats qui ainsi ne venaient pas troubler le calme qui régnait. Du moins le reste du temps, puisqu'aujourd'hui cinq minutes de balade à peine et une silhouette lui était apparue au bout du sentier, réduisant à néant ses espoirs d'être un peu seul et n'avoir pas à songer à son comportement ... Et puis Mylah. Bien que les choses n'en soient plus au stade où elles étaient au moment où ils étaient arrivés ici, Sayid ne savait toujours pas à quoi s'attendre à chaque fois qu'il croisait le chemin de la jeune femme, et cela continuait de le crisper. Il n'aimait pas s'opposer à quelqu'un verbalement, et s'il ne manquait jamais de le faire lorsque la situation s'y prêtait ce n'était jamais de gaité de cœur. Leur entrevue de la semaine précédente lui laissait malgré tout espérer qu'il n'en serait rien aujourd'hui, et bien qu'un peu contrarié de ne pas être seul il avait fait taire son envie de tourner les talons et tenté de faire un effort. « Bonjour. » Bon, ce n'était pas la folie non plus, mais c'était ainsi que Mylah avait engagé la conversation la fois précédente, et à défaut de savoir comment s'y prendre Sayid empruntait donc simplement un modèle bien rôdé. Scrutant la jeune femme avec hésitation, bien qu'extérieurement il donne simplement l'impression de l'étudier avec attention, il avait fini par reprendre la parole pour énoncer d'un ton calme « J'ai réuni tes dix-huit porte-clefs. » Enfin, il ne les avait pas sur lui, il n'avait pas vraiment de raison de se balader avec ces babioles, mais ils étaient bel et bien réunis dans un coin de son dressing, et là-dessus il pouvait aussi dire merci à Adélie, même si l'importance qu'il accordait à cela était assez dérisoire pour qu'il ajoute « Mais finalement j'ai décidé que je préférais gagner ta sympathie plutôt que de l'acheter. » Et on ne parlait même plus d'absence de condescendance, là, mais bien de sympathie. Parce que pour la première partie Sayid avait presque l'impression d'avoir déjà eu ce qu'il souhaitait ... Du moins c'était l'impression qu'il avait eu, la semaine précédente.

La forêt est un endroit qu’elle n’a jamais exploré plus de quelques minutes. Les rares fois où elle se rend ici, c’est simplement parce que cela est sur son chemin, mais elle n’a jamais véritablement cherché à approfondir sa connaissance des lieux. Il faut dire que la forêt lui laisse un goût amer ; celui des abysses. Oui, même plus d’un mois après, Mylah souhaite toujours oublier cette semaine passée en pleine nature. Elle a survécu, certes, mais elle aimerait autant ne pas revivre le même cauchemar avant longtemps. Inutile de dire que cette forêt représente donc tout ce qu’elle déteste, même si elle n’a jamais détesté la nature, elle préfère simplement s’en tenir éloignée, la plupart du temps. Le fait de n’avoir aucun confort n’est pas le seul problème, il faut ajouter à cela les animaux sauvages, les petits insectes qui grimpent sur les gens à la moindre occasion, la difficulté que représente les zones sans sentiers dessinés. Alors Mylah n’est pas friande de ce genre d’endroits. Cette forêt ne ressemble pourtant à rien de compliqué, c’est un simple sentier avec des arbres, sans aucune bête à signaler ou coin dangereux. Quoi que, pour la bête, elle n’en est pas certaine, il y avait bien un sanglier qui se baladait lors de la saison précédente. Dans tous les cas, la voilà qui traverse la forêt d’un pas lent, explorant l’endroit. La raison de sa présence ici d’une heure aussi matinale est simplement le fait qu’elle s’ennuie, pour ne pas changer. Qui plus est, aujourd’hui est un jour bien particulier, puisqu’il s’agit de son anniversaire. Vingt-six ans. Un âge pair, elle aurait dû, en toute logique, le fêter comme il se doit. Sauf que ce n’est pas ici qu’elle bénéficiera d’une fête digne de ce nom. Alors il faut qu’elle s’occupe puisqu’elle ne tient pas vraiment en place. Mais après avoir fait quatre fois le tour de l’hôtel, elle n’a toujours rien trouvé susceptible de l’intéresser pour s’occuper l’esprit quelques heures. Alors elle a pris le chemin de l’extérieur, se fixant la forêt comme objectif. Elle n’a pas encore tenté de compter le nombre d’arbres qu’il y a par ici, c’est le moment de changer cela. Occupée à dénombrer des détails insignifiants – comme les arbres, donc, mais aussi le nombre de terriers qu’elle repère ou les nids au bout des branches des arbres – elle finit par s’arrêter au bout d’un sentier quand elle est occupée à inscrire ses comptes dans le carnet qui ne la quitte jamais, afin de comparer ceux-ci à son second compte qui ne va pas tarder. Sauf que tout ne se passe pas comme prévu et qu’elle est interrompue par la présence de Sayid. Le fait qu’elle ne soit plus préoccupée par les chiffres dans l’immédiat fait qu’elle peut lui accorder son attention immédiatement. « Bonjour. » Répond-elle sur le même ton, plus polie que véritablement enjouée. Question de bonnes manières, bonnes manières qu’elle ne pensait pas que Sayid possédaient, mais force de constater que son opinion sur lui a changé ces deux dernières semaines et plus particulièrement durant la précédente. Ceci dit, elle l’observe d’un regard agacé quand il se met à l’observer quelques instants, comportement dont il s’était passé dernièrement et dont il aurait pu continuer à s’abstenir. Quand il lui annonce qu’il a réuni ses dix-huit porte-clefs, elle écarquille les yeux un bref instant, étonnée. Il est vrai qu’elle aime que l’on s’en tienne à une promesse qu’on lui a faite – bien qu’il n’y ait jamais eu explicitement de promesse entre eux – mais elle ne pensait toutefois pas qu’il irait jusqu’au bout. Elle lui en a reparlé dernièrement, abaissant de moitié le nombre qu’elle avait défini lors de leur première semaine d’aventure, mais elle ne pensait pas qu’il la prendrait au mot. « Félicitations, je suppose. » Elle suppose, parce qu’il n’a pas trouvé un vaccin contre le sida non plus, son seul atout est qu’il n’a pas peur de perdre son temps. Malgré tout, elle est ravie de voir qu’il a tenu sa parole, même si elle ne compte pas récupérer les fameux porte-clefs. Il pourrait très bien les lui donner, mais ils finiraient à la poubelle, parce qu’elle ne voit absolument pas quoi en faire, ce serait donc dommage. Elle esquisse un bref sourire à sa prochaine remarque, ne pouvant s’empêcher de laisser échapper un « tu as de la patience. » qui n’a pour vocation d’être blessant, mais il s’agit d’une simple constatation. Ils fonctionnent sur le même principe quand il est question d’humour ; ils n’en ont aucun. Et Mylah, bien qu’étant désagréable, n’est pas méchante pour autant, il s’agit là d’un fait, rien de plus. Lui-même lui avait avoué être patient lors de leur rencontre au casino. Mais il est vrai que s’il souhaite s’attirer sa sympathie, il y a encore un peu de travail. Elle ne le déteste plus, elle apprend à le côtoyer, mais elle n’en ferait pas son meilleur ami pour autant, alors le voilà prévenu. Pas que son idée soit impensable, il faudra simplement qu’il y mette beaucoup d’énergie. « Et je peux savoir comment tu comptes t’y prendre ou ta stratégie doit rester secrète ? » Le questionne-t-elle, d’une voix légèrement plus douce, mais pas chaleureuse pour autant. « Car si tu comptes sur le fait que je sois perdue pour passer pour le preux chevalier qui vient à mon secours, je peux d’ores et déjà t’annoncer que cela est raté. » Parce qu’elle possède un certain sens de l’orientation et que le jour où elle sera perdue n’est pas encore arrivé. Mais soit, peut-être qu’il avait une autre idée sur la façon de s’attirer sa sympathie, encore faudrait-il qu’il la partage.

Cela ne ressemblait en rien à sa forêt, à cette jungle à la végétation luxuriante en bordure de laquelle il vivait depuis ces deux dernières années ... Ce n'était même pas comparable, parce que ce que la production de Fake Lover appelait forêt n'était que quelques sentiers joliment dessinés, que l'on avait entouré d'arbres et dans lesquels on avait espéré que quelques animaux viendrait élire domicile pour donner plus d'authenticité à l'ensemble. Mais pour autant Sayid savait s'en contenter, c'était le meilleur endroit du nid pour trouver un peu de tranquillité et avoir l'impression de s'évader un peu de l'hôtel ... C'était factice, bien sûr, mais pourtant le britannique s'y raccrochait autant que possible tant il avait la sensation de commencer à étouffer un peu, ici. Il avait moins de mal qu'au début avec les gens, il trouvait peu à peu son rythme de croisière, mais les lieux eux commençaient à lui sortir par les yeux. La réserve commençait à lui manquer, pour de bon. Contrairement à ses promenades matinales habituelles Sayid n'avait cependant pas profité longtemps de sa solitude, reconnaissant la silhouette de Mylah presque à l'instant où il avait posé les yeux dessus ... C'est qu'il l'avait assez étudiée, à force. « Bonjour. » Un début de sourire, satisfait, s'était étiré sur les lèvres ; C'était peut-être la première fois que cela lui arrivait, l'impression de viser juste en débutant une conversation avec la jeune femme. Même s'il ne s'agissait que de dire bonjour. Il avait cependant rapidement repris sa neutralité habituelle, parce qu'il avait toujours la sensation que c'était ce qu'il devait faire avec Mylah, pour parvenir à obtenir autre chose que son agacement, ou son mépris. La scrutant quelques instants sans rien dire de plus, presque machinalement, il avait fini par revenir sur cette histoire de porte-clefs ... Parce qu'il ne s'était pas donné tout ce mal pour rien, qu'on se le dise, cela n'avait peut-être pas grande importance pour Mylah mais pour lui oui. Parce qu'il ne pouvait pas ne pas tenir un de ses engagements, c'était psychologique, il avait besoin de se tenir aux choses qu'il promettait peu importe leur utilité. « Félicitations, je suppose. » Il ne s'attendait pas spécialement à ce qu'elle réagisse, il avait lui-même conscience de l'inutilité de ses porte-clefs, objectivement ... Mais malgré tout il était un peu agacé. Parce qu'il respectait sa part de leur accord, et que la sienne était normalement de faire un effort d'amabilité. Au lieu de cela, et alors qu'il confiait préférer gagner sa sympathie honnêtement, elle répondait « Tu as de la patience. » et lui donnait l'impression de redevenir la nana condescendante des premières semaines, celle qui l'avait agressé sans raison dès la première fois qu'elle lui avait adressé la parole, et qui par nature, ne lui accordait pas la moindre importance. « C'est si difficile de m'accorder un peu de crédit ? » Son ton restait monotone mais ses lèvres elles s'étaient pincées, légèrement, parce qu'au fond il détestait quand ses tentatives pour faire des efforts ne payaient pas. Il ne comprenait pas ce qui avait changé depuis la semaine passée, pourquoi d'un pas dans la bonne direction elle lui donnait l'impression d'en faire deux dans l'autre sens, sans qu'il n'ait rien changé à son comportement depuis ... Il avait l'impression qu'elle se fichait de lui. Ce n'était probablement pas le cas, au fond s'il était capable de raisonner correctement il s'en rendrait sans doute compte, mais ça il n'avait pas l'esprit assez clair pour s'en rendre compte. Il avait l'impression qu'elle le menait en bateau, que peut-être elle n'avait jamais eu l'intention de faire des efforts avec lui. Alors il ne comprenait pas, pourquoi d'un seul coup sa voix redevenait plus douce tandis qu'elle demandait « Et je peux savoir comment tu comptes t’y prendre ou ta stratégie doit rester secrète ? » Il l'observait, cherchant à savoir si elle était premier degré ou non. Il ne savait jamais, alors aucun moyen pour lui de savoir si la question de Mylah était sérieuse ou bien si elle se moquait de lui. Sa raison lui disait qu'elle était sérieuse, parce que la blonde l'était pratiquement tout le temps, mais la petite voix dans un coin de sa tête recommençait à lui susurrer que peut-être elle jouait, simplement. Il la détestait, cette voix, c'était toujours elle qui réduisait ses efforts à néant. « Car si tu comptes sur le fait que je sois perdue pour passer pour le preux chevalier qui vient à mon secours, je peux d’ores et déjà t’annoncer que cela est raté. » Elle te dit que tu es inutile, tu vois pas ? Stop. Il avait dégluti, tentant silencieusement de reprendre un minimum de contrôle sur lui-même, et de ne plus se laisser parasiter par ses pensées négatives. Serrant son poing droit il avait dégluti à nouveau, et fui le regard de Mylah tandis qu'il répondait « Je n'ai pas encore décidé. Ce n'est pas important, je suppose. » Parce que peu importe comment il s'y prenait elle semblait avoir déjà décidé que cela ne serait pas suffisant. Il aurait du s'en tenir aux porte-clefs, à leur accord initial, c'était toujours comme ça quand il essayait de prendre des libertés par rapport à ce qu'il avait prévu ... Il n'était pas fait pour l'imprévu, il le savait pourtant. « Je viens ici tous les jours, je n'espère pas sauver qui que ce soit. » Il se sentait obligé de préciser cela même si cela n'avait aucun intérêt, parce qu'elle semblait être dans le faux en pensant qu'il était là pour elle alors qu'il n'avait aucun moyen de savoir qu'elle serait là. Le raisonnement de Mylah était inexact, il se sentait obligé de le faire remarquer.

La présence de la jeune femme dans cette forêt s’explique par un ennui qui se fait de plus en plus récurrent. Pourtant, il lui en faut peu, elle n’est pas du genre à s’adonner à toutes sortes d’activités pour faire passer le temps, au contraire, elle reste aux quelques-unes qu’elle connait et qui lui réussissent. Mais le fait est, qu’ici, elle n’a pas son bureau, elle n’a pas ses dossiers, elle n’a aucun contrat à honorer, ni à chercher, ce qui représente la moitié de ses journées, elle ne peut donc que s’ennuyer, puisqu’elle ne peut s’adonner à ce qui l’occupe la majeure partie du temps.. Heureusement pour elle, plutôt que de se tourner les pouces sur un canapé, son esprit décide qu’il est temps pour elle d’analyser plus en profondeur cette forêt dans laquelle elle ne s’est, jusqu’ici, jamais aventurée. Un peu traumatisée par les abysses, il faut l’avouer, cette forêt ne représente pas un environnement familier pour elle, contrairement au reste de l’hôtel qui fait office de repère. Mais soit, elle a des arbres et des buissons à compter, c’est quelque chose qu’elle n’a pas encore pu faire, il est temps de remédier à cela. Munie de son inséparable carnet, elle griffonne le plan de la forêt, elle annote le nombre d’arbres, de buissons, de sentiers, des informations ô combien utiles à ne pas douter, jusqu’à ce qu’elle arrive au bout du sentier et qu’il soit temps pour elle de faire demi-tour et de s’attaquer à une autre allée d’arbre, mais le hasard en a décidé autrement en mettant Sayid sur sa route. Le britannique ne tarde d’ailleurs pas à engager la conversation, évoquant les porte-clefs qu’il devait réunir. Il a réussi et elle ne sait guère comment accueillir la nouvelle, alors elle se contente de le féliciter, puisqu’elle suppose que c’est de circonstance. Pas qu’elle réduise ses efforts à néant, simplement elle ne voit pas l’intérêt de le congratuler durant de longues minutes parce qu’il a su faire preuve de patience en s’asseyant devant une machine à sous et en tirant la poignée suffisamment de fois pour finalement décrocher les dix-huit porte-clefs. Il a de la patience, c’est certain. Que ce soit en s’affairant pour récolter la petite vingtaine de porte-clefs, mais aussi pour gagner sa sympathie, car même si ces deux dernières semaines leur relation s’est améliorée, ils sont encore loin d’être de vieux amis. Sauf qu’elle aurait dû s’abstenir de parler, puisque la réaction de Sayid ne se fait pas attendre. « Cela dépend, c’est si difficile de ne pas te sentir agressé à la moindre parole ? » Car c’est ainsi qu’elle perçoit les choses compte tenu de sa réaction, ajoutée à celle qu’il y avait eu lors de leur première rencontre aux abysses où il n’avait pas été particulièrement aimable. Pas qu’il le soit devenu beaucoup entre temps, ceci dit, c’est la constatation que Mylah fait à cet instant même. « Il me semble n’avoir jamais dit que je ne t’accordais pas un peu de crédit. J’ai juste noté le fait que tu sois patient, car je ne t’apprends rien sur le fait qu’il faudra plus que quelques jours avant que nous soyons en mesure de discuter comme de vieux amis, mais, contrairement à d’autres, tu n’as pas lâché l’affaire. » C’était plutôt un compliment venant d’elle, s’il fallait vraiment mettre un terme dessus. Elle, elle aurait lâché l’affaire bien plus vite que lui s’il n’avait pas fait quelques efforts, mais il semble les réduire à néant, s’il continue sur ce chemin glissant, elle ne tentera plus d’être aimable avec lui et ils en reviendront à leur animosité dès début. « Enfin, tu es libre d’interpréter mes propos comme cela t’arrange, ce n’est plus de mon ressort. » Elle parle, il fait ce qu’il veut de ses propos, voilà tout. Elle ne va pas s’excuser parce qu’il a été vexé, alors qu’il n’y avait pas matière à être vexé. Elle tente un ultime effort, lui parlant de son plan – s’il en a un – pour gagner sa sympathie, curieuse de savoir comment il compte s’y prendre et parce qu’elle a besoin de plus de précisons, avant de tenter un trait d’humour – ce qui est très rare venant de sa part – en évoquant le fait qu’il ne pourra pas l’amadouer en lui montrant le chemin de l’hôtel, puisqu’elle n’est pas perdue. Sauf que ses propos n’ont pas l’effet escompté et Mylah roule des yeux, lassée et totalement découragée, il a réussi son coup. « Si tu le dis. » Soupire-t-elle en haussant les épaules, tandis qu’elle avance de quelques pas pour marquer une distance avec Sayid, mais surtout parce qu’elle hésite à poursuivre son chemin sans s’excuser de mettre un terme à leur conversation si agréable. Elle n’a pas la patience nécessaire pour tenter de comprendre le fonctionnement et l’esprit de Sayid, il lui apparait comme bien trop compliqué, elle a conscience qu’à chaque fois que l’un d’eux fera un pas vers l’autre, celui-ci reculera de deux pas. Ils n’arriveront à rien, il faudrait qu’ils cessent de se voiler la face. Mais voilà qu'elle réagit aux prochaines paroles de Sayid, se retournant vers lui pour le gratifier d’un regard qui n’est pas noir, mais qui n’est pas chaleureux pour autant. « C’est ta façon de me faire comprendre que je suis sur ton territoire ? » Le questionne-t-elle, d’une voix neutre, tout comme les expressions sur son visage. Elle aussi, elle peut décider d’interpréter ce qu’on lui dit comme cela l’arrange, elle lui en fait la démonstration, peut-être qu’ainsi il comprendra mieux où elle voulait en venir quelques instants plus tôt. « Tu n’as qu’à le dire si je dois partir. » Et par là, elle entend si elle doit cesser de piétiner avec lui pour tenter d’apprendre à le connaître, s’il répond par l’affirmative, ils en reviendront définitivement au point de départ, la balle est désormais dans son camp.