J’avais traîné la majeure partie de la journée. Non, en fait c’est pas vrai : j’étais restée dans mon lit jusque tard dans l’après-midi et, c’est parce que mon ventre criait famine, que je me retrouvais dans la cuisine, à cette heure-ci. J’avais bougé mon cul de mon lit jusqu’à un canapé du salon, dans lequel j’étais restée allongée pendant que les autres mangeaient et reprenaient un semblant de vie après les éliminations de la veille. Personnellement, j’allais avoir du mal à reprendre le court de la compétition, après avoir vu s’en aller Baptiste et Artie. Surtout ce dernier. Je regrettais tellement de ne pas m’être plus ouverte à lui, comme il l’avait fait envers moi. Si j’avais pu prévoir son départ prématuré, j’aurai pris la peine de casser les barrières qui m’empêchaient de me lâcher et je lui aurais prouvé que j’étais prête à ce qu’il m’aime. Au lieu de ça, je m’étais isolée la semaine dernière et je sentais que, durant les prochains jours, les progrès que j’avais fais avec lui allait totalement régresser pour en revenir à mes sources. Il m’avait aidé à m’ouvrir et j’allais me refermer peu à peu : ma sociabilité très limitée allait en partir. À commencer par ce soir. Je n’avais pas voulu me mélanger aux autres pour manger, préférant rester dans mon coin, tranquille et seule. Finalement, je commençais à avoir faim. Quelqu’un avait laissé un reste de pâte avec quelques boulettes de viande. Je sortais alors l’assiette du frigo, pour la faire réchauffer. Les traits tirés, les yeux encore rouges d’avoir trop sangloté, je posais un coude sur la table, reposant ma tête sur ma main. Je restais assise sur ma chaise devant mon assiette, jouant avec une boulette avec ma fourchette. Un bruit retentit légèrement dans mon dos. En temps normal, je me serais retournée. Pas cette fois.

Toujours en mode hibernation malgré tout les efforts possible de Ruben et d'autres personne.. j'avais passé toute ma journée dans ce putain de lit à somnoler et lutter pour que Ruben me laisse tranquille dans le lit ou alors qu'il me rejoigne si vraiment ça le fait chier de me voir dans le lit. Bref je n'avais pas mangé de la journée. Je finis par poser un pied à terre mon ventre me criant qu'il était tant pour moi d'aller le nourrir. Je m'attache rapidement les cheveux avant d'enfiler un bas de jogging gris. Je baille, me gratte la tête et descend les escalier le regard fermé. Tout mon corps cri 'laissez moi tranquille sinon je vous bouffe.' Et il semble que ça marche puisque les rare personne que je rencontre ne me regarde même pas ou presque. Je me rend rapidement dans la cuisine ou je trouve une Oona aussi dévasté que moi. Je ne prend pas la peine de la saluer de toute manière je n'en ai pas envie. C'est pas parce qu'on était toute les deux très proche d'Artie que je vais tout de suite devenir sa pote et qu'on va se prendre dans nos bras pour se consoler l'une et l'autre. Non c'est hors de question et puis c'est ni son genre ni le mien alors je préfère me taire et ouvrir le frigo pour trouver quelque chose à manger. Tiens, une part de tarte au pomme.. ça devrait faire l'affaire. Je ne sais pas si ça appartient à quelqu'un. Je me tourne vers Oona le regard fermé. « C'est à toi ? » dis-je lui montrant la part de tarte. Quand bien même que ce soit à elle je la sors déjà du frigo et m'empare d'une petite cuillère en métal. Je m'assied à coté d'elle sur une chaise. Et commence à manger tranquillement en silence. Le seul bruit que l'on entend c'est celui que fait ma cuillère contre la vaisselle.

La curiosité est un vilain défaut comme on dit et pour cette fois, on peut dire que je n’en étais pas touchée. Malgré le bruit derrière moi, qui me signifiait que quelqu’un me rejoignait dans la cuisine, je ne bougeais pas d’un pouce. Je restais renfermée sur moi-même, mes cheveux cachant une grande partie de mon visage et mes boulettes semblaient tellement intéressants, puisque je ne levais pas mon nez de celle-ci. J’avais faim et pourtant je me contenter de les contempler, en les faisant rouler dans mon assiette. Il pouvait bien s’agir de la Reine d’Angleterre, ou de Madonna, je restais oui, toujours les yeux rivés sur mon assiette et c’est le cas de le dire, je n’étais pas vraiment « dans mon assiette ». Je n’en étais pourtant pas sourde et j’entendais le frigo s’ouvrir et une voix suivre immédiatement : « C'est à toi ? ». Je levais mes yeux furtivement vers la brune, bougeant mes cheveux au passage pour pouvoir la voir. « Non » Je répondais, mais cela ne servait strictement à rien, puisqu’elle était déjà en train de manger ce qui devait être de la tarte. Mes yeux se baissèrent à nouveau, et je finissais par enfin couper une boulette en deux avec le côté de ma fourchette, pour l’avaler immédiatement et d’une traite. Finalement je reposais ma fourchette dans l’assiette, tout en jetant toujours des coups d’œil furtif dans la direction de Moore. Elle n’avait franchement pas meilleure mine que moi. Ce n’est pas pour autant que j’allais compatir et me mettre à lui tenir un discourt. Elle était toujours Moore et moi toujours Oona. Le silence s’instaura alors, de nouveau, entre nous. Franchement, j’espérais qu’elle s’en aille rapidement, pour me retrouver seule comme je le souhaitais, parce qu’il faut bien le dire, sa présence me dérangeait, ainsi que l’insupportable bruit de sa cuillère contre l’assiette. Je lâchais alors un grand et long soupir, plus communicatif que jamais…

Ce n'était donc pas à elle tant mieux. Si ça avait été à elle j'aurais entendu la voix d'Artie qui m'aurait dit d'être gentil avec elle. D'ailleurs cette voix allait bientôt raisonné dans ma tête. Non je ne suis pas folle, j'ai juste tendance à prendre les choses trop à cœur quand sa tourne autour de gens qui compte pour les autres je m'en fiche. Et soyons claire si Oona n'avait pas ce lien avec Artie je ferais même pas attention à elle. Elle est aussi transparente qu'un esprit. Mais malheureusement elle n'est pas capable de rester silencieuse alors qu'il est claire que j'ai pas l'intention d'engager une conversation avec elle. Alors pourquoi elle soupire aussi bruyamment. « Je te dérange peu être ? » dis-je d'un ton sec. C'est là qu'Artie parla dans ma tête me disant d'être plus gentille avec elle. Je soupire à mon tour. Je sais qu'il aurait aimé qu'on s'entende toutes les deux mais je ne suis pas certaine que ce soit le cas un jour.. Peu être dans mille ans qui sait. Mais pour l'instant ça risque pas d'arriver. Je sais pas m'occuper de moi, je sais pas m'occuper des gens alors je vais pas lui faire tout un grand discours lui disant à quel point je partage sa peine. Non c'est pas du tout mon dada. « Tu feras quoi en sortant du jeu ? » dis-je pour meubler les silences. Bien qu'elle n'a qu'une envie me voir partir de la cuisine. Mais ça n'arrivera pas, mais elle, elle peut aller manger sur la terrasse ou même dans son lit si ça lui chante mais qu'elle me fasse pas chier en me demandant de me casser. Non. Elle peut ne pas répondre à ma question parce qu'au fond j'en ai rien à faire, c'est juste pour être 'gentille' que je lui dis ça. Rien de plus. On peut passer notre temps à se regarder comme des chiens de falliance ça changera rien à mon existence.

« Je te dérange peut être ? » Quelle question ! Je savais qu’elle avait la réponse et que cette question était franchement ridicule. Ca se lit sur mon visage qu’elle me dérange, mais je ne peux pas la virer comme ça. De toute manière, je ne pourrais pas le faire, parce que Moore n’est pas du genre à obéir aux ordres des autres… Je ramenais une deuxième fois mes cheveux derrière mes oreilles et je tournais légèrement ma tête vers elle. Sans un mot, je lui lançais simplement un regard qui en disait long, mais qui trahissait ce que j’avais fais presque toute la journée : dormir et pleurer. Je ne l’avouerais pas de vive voix, mais cette première journée sans Artie était « horrible », dans le sens où le peu que j’avais pleuré, et bien, je n’avais jamais pleuré autant. Mais au-delà de ma propre tristesse, Moore devait aussi être très affectée par le départ du Sir. Je baissais les yeux, puis revenais sur mon assiette. « Tu feras quoi en sortant du jeu ? » Un de mes sourcils se releva de surprise, bien que je ne le fusse pas : elle n’en avait rien à foutre de savoir ce que je ferais bien en sortant du nid et personnellement, je n’avais aucune envie de lui répondre. « Parce que ça t’intéresse peut-être ? » Lui répondais-je, avec une certaine pointe de sarcasmes. Je piquais avec les dents de ma fourchette, le tas de pâtes que j’avais devant moi, pour en avaler une bouchée. Durement n’empêche, parce que je les sentais passer dans ma trachée une par une. J’eu un premier frisson, priant pour que ces pâtes ne repassent pas par où elles étaient entrées. Ca me tuerait. Je posais ma fourchette sur le côté, regardant de coin la jeune femme à mes côtés. Je préférais vachement les silences qu’au son de sa voix.