Le soir, il m'arrive régulièrement d'avoir envie de me balader à l'extérieur. Cela fait du bien de respirer de l'air pur, de s’oxygéner les poumons avant d'aller se coucher et surtout, cela me fait du bien de marcher un peu plus que pour les trajets "cuisine- salle de bal-chambre". Aujourd'hui, j'ai cette envie et après avoir mangé mon assiette de légumes, avoir débarrasser ma table et laver mon assiette, je prends la direction du jardin dans un premier temps. Un jardin dans lequel je ne m'attarde pas trop. Je préfère opter pour le belvédère et la vue presque magique qu'il nous offre lorsque le soleil se couche ou se lève. Dans ce cas-ci, ce sera le coucher. Je marche à une allure modérée tout en veillant à ne pas être en retard pour le spectacle. Lorsque j'atteint finalement mon objectif, je me rends compte que je ne suis pas la seule à avoir eu envie d'évasion.  Kira se tient là, devant moi. Déjà tournée en direction du soleil.  Elle ne met pas beaucoup de temps avant de remarquer ma présence et de virevolter pour me faire face et m’accueillir. Elle m'annonce de sa voix mélodieuse que j'arrive juste à temps et cela tombe plutôt bien puisqu'il s'agissait de mon objectif. «Tant mieux, c'est pour cela que je venais» Une balade traditionnelle m'aurait tout à fait convenue mais le couché de soleil, c'est un bonus. Tout comme la discussion avec Kira que j'estime ne pas connaître suffisamment. Je n'ai pas aussi souvent fréquenté la jeune femme que je l'aurais souhaité et ça n'est pas la seule qui me laisse cette impression, comme si j'étais passée à côté d'une multitude de personnes fantastiques sans avoir la possibilité -ou sans la saisir- de les apprécier à leur juste valeur. Je me place aux côtés de la candidate lorsque je l'entends me poser une première question sur mon mariage.  Qu'est-ce que ça fait dans le fond d'être mariée ? D'être l'épouse d'un homme que l'on a accepté de chérir jusqu'à la fin de nos jours. «Quand j'avais plus ou moins ton âge, je ne pensais pas du tout que j'allais me marier.» je lui précise parce que c'est important de savoir que je n'ai pas toujours penser être une épouse idéale. J'ai même longtemps imaginé rester seule et me contenter de la danse.  «Mais lorsque j'ai épousé Jack, c'est comme si j'avais été transformée. Au début, je passais tout mon temps à dire "mon époux" ou mon "mari" tellement j'étais fière d'avoir trouver l'homme idéal.» Il était devenu mien, j'étais devenue sienne et théoriquement, rien ne pouvait venir changer cela. J'étais folle de joie au début de mon mariage et j'étais vraiment certaine que Jack était celui qu'il me fallait. «Mais les années ont passées et notre couple n'est plus ce qu'il a été.» Nous ne sommes plus invincibles. Je dirais même que nous sommes fragiles. Kira me surprend par sa deuxième question, je n'ai jamais entendu quelqu'un poser cette question de façon aussi direct. Je mets un moment à répondre parce que j'hésite dans la réponse à formuler. Dois-je dire oui ? Non, enfin c'est plus nuancé qu'une réponse de trois lettres. «Ici, dans l'aventure je suis heureuse oui. Je m'épanouie et je n'ai pas passé une seule mauvaise journée depuis que je suis là. Dans ma vie à l'extérieur, je pensais que je l'étais. Je me suis souvent voilé la face en me disant que les nouvelles règles qu'il a installé dans notre couple me conviennent mais ça n'est pas vrai.» Ce qu'elle doit entendre par là, c'est qu'à l'extérieur, même si j'essaie d'être optimiste, on ne peut pas vraiment dire que je transpire le bonheur par tous les pores de ma peau. «Tu aimerais te marier Kira ?»