INDIA

Le 7 novembre. C’est une journée particulière. Très particulière pour moi. L’anniversaise de mon père. Il fête ses 53 ans. D’habitude, je lui envoie toujours une lettre. Je sais que je ne devrais pas. Que c’est mal. Mais pourtant, je le fais. Je me dis qu’il doit se sentir terriblement seul en ce jour. Et ça m’énerve de ressentir ça. Limite de la compassion. Je me déteste. Qu’est ce qui ne tourne pas rond chez moi ? Du coup, je suis un peu perturbé aujourd’hui. La tête ailleurs. Moins joyeux. Perdu dans mes pensées. Tellement distrait, qu’alors que je m’étais installé dans le canapé de la cave à vin, un verre en main, j’ai réussi à exploser la bouteille sur le sol. M’en renversant dessus au passage. « Et merde ! » Fais chier. Ce n’est pas possible d’avoir deux mains gauches. Je suis un peu énervé, alors je ramasse ça rapidement, et forcément du coup, je me coupe. « P’tain ! » Voilà qu’un peu sang coule en plus sur mon tshirt. C’est pas possible. Bon remarquez, avec le vin, un peu plus, un peu moins. Du coup, j’enroule mon pouce dans mon haut, pour arrêter le saignement. J’ai que ça sous la main, et merde, tant pis. C’est alors que je vois India entrer dans la pièce. « A ta place, je ne m’approcherais pas, je suis un danger ambulant. »

Aujourd'hui j'ai fait une chose que je n'aurai jamais penser faire mais je l'ai fait et et je crois que je le ferai encore si la situation se présentait à nouveau. Je ne sais pas trop ce que ça impliquera mais je ne me vois pas faire autrement. Je crois que c'est une étape importante dans ma reconstruction, si tant est que je puisse me construire et que je ne finisse pas par sombrer à nouveau. Et moi je vois ces choses arriver. Je pense que j'ai plus de risques de sombrer que de chances d'être heureuse à nouveau, c'est plutôt évident, ça part dans ce sens mais si je peux éviter de descendre plus bas je prends. En tout cas j'aurai ce poids en moins, ce poids non négligeable. En tout cas il est question d'en prendre du poids puisque j'ai envie de préparer quelque chose à manger et j'ai besoin de vin pour la préparation. Je descends à la cave lorsque j'entends quelqu'un crier, se plaindre je ne sais pas bien les deux peut être. Lorsque j'entre je découvre Lewis. Lewis qui a son t-shirt tout tâché et le doigt enroulé dans le t-shirt. C'est sans doute à cause de ça le petit cris. « A ta place, je ne m’approcherais pas, je suis un danger ambulant. » Je hausse légèrement les épaules. « C'est pas un problème ça...  » Je m'approche du coup. Je ne vois pas pourquoi je devrais reculer. « Qu'est-ce qui t'arrive ? Je peux t'aider ? » Il n'a pas l'air très bien et il doit y avoir quelque chose qui cloche, il y a des éclats de verres sur le sol, une bouteille qui a vraisemblablement explosé vu tout le vin éparpillé sur le sol. Bon, ça ce n'est rien. « Tu t'es blessé ? Laisse moi voir... » Il y a du vin sur son t-shirt mais je suppose qu'il s'est coupé, c'est même une certitude.

Je suis pressée que cette journée se termine. Qu’on soit le 8. Sans parler qu’outre l’anniv de mon parternel, je suis aussi stressé par les nominations. Ma partenaire risque de partir, et ça m’énerve aussi. Mais ça demain ça ne changera pas, elle le sera tout autant. J’ai décidé de prendre un verre de vin, pour décompresser. Sauf que patratra. On ne peut pas faire plus boulet que moi je crois là. La totale. Je casse une bouteille – onéreuse ça se trouve – je me renverse du vin sur le Tshirt, et en prime je me coupe avec un p’tain bout de verre. Si je faisais attention aussi. Mais non j’y suis allé en mode bourrin, alors forcément. J’ai le pouce enroulé dans mon Tshirt, lorsqu’India entre dans la pièce. Je lui conseille de ne pas s’approcher, ça vaudra mieux. On ne sait pas ce qui peut lui arriver en ma présence. J’ai tendance à attirer les emmerdes. Je sais pas, l’étagère de bouteilles là serait foutu de nous tomber sur la gueule. Surtout que je suis pas dans un bon jour. Elle s’approche quand même. « Tant pis, à tes risques et périls. » Je l’aurais prévenu. S’il m’arrive quelque chose ? « Rien, ce n’est pas ma journée. » Je sais pas pourquoi j’ai envie de casser d’autres trucs, mais volontairement cette fois. Elle veut voir ma blessure. « Oh ce n’est pas grand-chose, juste une stupide coupure. » Ça ira, je survivrais « En cette stupide journée. » Stupide, stupide, stupide journée. Mais je concède quand même à lui montrer. « Tu vois ? C’est rien. » Bon ça saigne toujours ceci dit. « Te dérange pas pour moi. Tu faisais quoi ? » Bah ouais je présume qu’à la base elle venait ici dans un but particulier. Là je la dévie de ses occupations avec mes conneries.

Habituellement je passe mes journées à chercher comment les occuper, je finis par lire dans le meilleur des cas. Et là, là on peut dire que je n'ai pas eu le temps de m'ennuyer clairement pas. Si je devais faire le bilan de ma journée ou utiliser un seule mot pour la qualifier jusque là je ne suis pas certaine d'être capable de le faire. J'ai besoin d'un peu de calme, j'ai surtout besoin de me recentrer un peu, faire la cuisine me semble être une bonne idée mais j'ai besoin de vin donc je descends en chercher à la cave. Sauf qu'à la cave il y a Lewis qui ne semble pas être de très bonne humeur et c'est étrange lui qui est toujours joyeux et souriant. En tout cas il me dit de ne pas m'approcher mais je m'en fiche. Je n'ai pas peur. Je ne vois pas ce qu'il peut m'arriver. « Tant pis, à tes risques et périls. » Oui voilà tant pis, je hausse les épaules, il n'y a rien à dire à ça. Mais j'aimerais bien savoir ce qu'il se passe. « Rien, ce n’est pas ma journée. » Je fais la moue, le pauvre, je ne sais pas tellement quoi dire, je veux dire je ne suis pas sûre d'être très douée pour réconforter les gens. En tout cas il s'est coupé et j'aimerais bien qu'il puisse me montrer. « Oh ce n’est pas grand-chose, juste une stupide coupure. En cette stupide journée. » Je fais la moue. « Il s'est passé quelque chose de spécial ?  » Je ne sais pas si je fais bien de lui poser la question mais après tout il n'est pas obligé de répondre de toute façon, pas du tout. Je regarde son doigt qu'il me laisse regarder, ça saigne encore. Ce n'est pas très profond. « Appuie encore un peu...  » Pour arrêter le saignement, de toute façon fichu pour fichu j'imagine que ce n'est pas si grave. C'est mieux qu'il arrête de se vider de son sang. « Te dérange pas pour moi. Tu faisais quoi ? » Non mais je ne serais pas là si ça me dérangeait. C'est quoi cette manie ? « Je venais chercher une bouteille de vin mais ce n'est pas important, je peux rester avec toi. Sauf si ... sauf si tu préfères que je te laisse tout seul. » Je ne vais pas m'imposer je sais que ça peut être ennuyeux d'être avec quelqu'un quand on a juste envie d'être seul.

S’il s’est passé quelque chose de spécial pour que je sois dans cet état ? « Non mais c’est juste que j’ai pas envie qu’Alienor parte… » Oui bon certes c’est vrai, mais c’est juste une toute petite partie ça. Puis je le sais depuis mardi. De ça, India doit comprendre, puisque son partenaire est nominé aussi. Je crois d’ailleurs que ça l’atteint encore biiien plus. Un peu trop.  Pour elle, je lui souhaite vraiment de rester. Je détesterais qu’on ait à la ramasser à la petite cuillère après. Il y a eu assez de pleurs de sa part comme ça je trouve. Si on pouvait éviter d’en rajouter, ça serait pas mal. Ceci dit quitte à choisir, mon côté égoïste préfèrerait que si ça doit être l’un des deux, bah ça soit ma partenaire qui reste. Mais bon je pense que c’est un sentiment normal. « Puis c’est l’anniversaire de mon père aujourd’hui…Mais c’est stupide… » Oui je répète beaucoup le mot stupide faut croire. Y a pas que la journée qui est stupide, je suis stupide. Non mais y a qu’a voir, faut le faire pour tout casser, se tacher, puis se couper. Encore heureux, ce n’est pas grand-chose, c’est superficiel, rien qui mérite quelques points. Manquerait plus que je doive sortir quelques heures pour qu’un médecin me soigne. Je préfère éviter. Appuie encore un peu qu’elle me dit. Je m’exécute. En attendant, qu’est ce qu’elle faisait là India ? Elle devait bien venir pour une raison particulière, avant qu’elle ne tombe sur le boulet que je suis.  « Je venais chercher une bouteille de vin mais ce n'est pas important, je peux rester avec toi. Sauf si ... sauf si tu préfères que je te laisse tout seul. » Elle venait chercher du vin, dans une cave à vin, oui ça me parait logique. Ma question était un peu con. « Non non tu peux rester, tu me déranges pas, au contraire. Je préfère avoir quelqu’un avec qui parler. » C’est toujours mieux que de rester tout seul dans ce lieu plutôt sombre, à boire. Non pas que je comptais me saouler à la base, non non. Ça serait un peu pathétique quand même. Et je suis pas ce gars là. Juste un petit verre ou deux. Au final ça sera aucun, vu que tout a fini par terre.

« Non mais c’est juste que j’ai pas envie qu’Alienor parte… » Je fais la moue, oui bon ça je peux le comprendre parfaitement. Je n'ai pas envie qu'Ivan parte non plus, j'imagine qu'il le sait. Mais je ne pensais pas que ça pourrait le mettre lui, dans un tel état.  « J'espère qu'elle va rester parce que si tu fais cette tête là tout le temps après ça va être trop triste. T'as pas le droit de faire cette tête toi...  » Je secoue la tête. Si lui fait cette tête là ma tête à moi elle risque d'être cauchemardesque, c'est un peu monsieur sourire de l'émission, il m'a appris et tout et... Non mais il ne peut pas y avoir que ça.  « Et je t'aime beaucoup mais je n'ai aucune envie de devenir ta partenaire.  » Non non non, parce que ça voudrait dire qu'Aliénor et Ivan partiraient et ce n'est pas du tout envisageable. Hors de question, en plus elle est sympa Aliénor, elle ne peut pas partir non plus. « Puis c’est l’anniversaire de mon père aujourd’hui…Mais c’est stupide… » Oh. Stupide ? Bon c'est sans doute plus logique qu'il soit mal. Je ne suis pas entrain de remettre en doute son attachement pour sa partenaire mais bon. Je ne sais pas vraiment quoi dire, parler, ne pas en parler.  « Il ... n'est plus là ?  » Son père. Bon, je ne sais pas si j'ai bien fait mais au pire je ne me vexerai pas s'il ne souhaite pas en parler. Je peux comprendre sans le moindre problème, mais peut être que lui ça peut l'aider, moi pas trop mais après tout j'en sais rien, je n'en parle pas réellement de la mort. En tout cas j'examine sa blessure rien de bien grave, je ne suis pas médecin mais ce genre d'accident domestique je sais y faire. Après tout je me coupe moi même très souvent, c'est ce qui arrive quand on fait la cuisine, ou qu'on est souvent perdue dans nos pensées. Quant à moi si je suis là c'est pour du vin, c'est aussi simple que ça. Rien de bien original en somme. Je ne traîne pas trop par ici. « Non non tu peux rester, tu me déranges pas, au contraire. Je préfère avoir quelqu’un avec qui parler. » Tant mieux je n'avais pas trop envie de filer finalement. Le laisser tout seul et tout. Je lui souris.  « D'accord, si tu veux je peux ouvrir une bouteille, on a pas tous les jours l'occasion de boire du vin français hors de prix après tout. C'était pas un grand cru que tu as cassé quand même ? Quoi que, c'est pas grave, s'ils sont là de toute façon.  » Je hausse les épaules et l'attrape par le bras pour l’entraîner s'asseoir loin des débris de verre et tout, je ramasserai tout à l'heure, ça ne presse pas.  « Donc, on va parler. Je n'ai pas d'idées parce que tu sais moi en général j'ai tendance à mettre les pieds dans le plat à chaque fois. Hum, laisse moi réfléchir... Aliénor. On peut parler d'Aliénor ? Ce n'est pas trop "sensible" ? Sinon je peux trouver autre chose... Oui. Hum. tu vas rentrer directement à Etats-Unis en sortant d'ici ?  » Je n'ai jamais prétendue être douée pour trouver des sujets de conversations il faut dire.

« J'espère qu'elle va rester parce que si tu fais cette tête là tout le temps après ça va être trop triste. T'as pas le droit de faire cette tête toi...  » Quoi, j’ai pas le droit d’avoir un jour sans moi ? J’sais bien que je suis le bout en train de service, celui qui est censé communiquer sa bonne humeur, m’enfin je ne peux pas l’être non plus 24h/24 tous les jours. Même s’il est vrai, qu’il est rare de me voir en  bad, ou de mauvaise humeur, ou quoi. Je suis pas du genre à me morfondre toute la journée sur mon sort. Même quand je suis pas au mieux, généralement j’essaie de ne pas de le montrer. Surtout que c’est un sentiment qui a tendance à être contagieux, au même titre que la joie, alors non non. Là je suis juste un peu…m’enfin ça va passer. « Rho, tu peux bien me la prêter deux minutes quand même. » que je dis pour la taquiner. Tenez, regardez, voilà que je souris, alors que j’enchaine. « T’as tort, parce que t’sais pas ce que tu rates. Je serais un bien meilleur partenaire qu’Ivan. Déjà je suis le plus beau, il va de soit. » Qu’est ce qu’il ne faut pas entendre hein. Evidemment, je ne suis pas sérieux deux secondes. Puis je n’ai aucunement envie de l’avoir en partenaire non plus, parce que ouais, ça voudrait qu’on aurait perdu les notre, et ça, non non. En plus bon…elle serait pas des plus joyeuses, vous vous imaginez si elle doit pleurer toutes les nuits ou quoi ? Bref, je lui avoue alors plutôt la véritable raison de mon état (pas que ma crainte de voir partir Alienor soit fausse, du tout), qu’aujourd’hui c’est l’anniversaire de mon père. « Non non il est toujours là, bel et bien vivant. » Alors que beaucoup le voudraient mort. Moi-même je ne sais pas. Peut être que cela aurait été mieux s’il avait perdu la vie il y a dix ans de ça. Clairement, en fait. « Mais dans ma vie il ne l’est plus depuis longtemps. Il est en prison. » Et pas près d’en sortir. Heureusement. Pendant ce temps, je garde mon tshirt en guise de compresse pour arrêter le saignement de ma blessure superficielle. La douleur ne me gêne pas, elle fait partie intégrante de ma vie. India se propose d’ouvrir une bouteille. « Hm d’accord, mais tu éloignes la bouteille de moi alors, ça vaudra mieux. » Faudrait pas que j’en casse encore une. « Honnêtement j’en ai aucune idée de ce que j’ai cassé. Je suis pas un très grand connaisseur de ce côté-là. » Je crois que je ne saurais pas faire la différence entre un vin à 20$, et un à 1000$. Elle cherche un sujet de conversation. Alienor ? « Je n’ai pas envie de mentir, alors…ouais, un autre sujet. » Parce que y a des caméras et tout, alors je peux pas parler librement, et puis non. Qu’est ce qu’ils ont tous d’abord avec elle ? Elle doit être la troisième ou quatrième personne à l’évoquer. Dans le genre, elle te plait ? « Je sais pas, je pense rentrer chez moi directement oui. Je ne vois pas où j’irais. A moins que je ne gagne du fric là…Peut être que je pourrais me permettre de visiter un peu. »  Mais sinon j’ai pas franchement les moyens de crécher à Paris ou d’aller faire un tour à Londres quelques jours, tout ça. Même si ça serait cool. « Et toi ? »

Lewis il ne peut pas être triste. Il ne peut pas parce que lui il sourit tout le temps, et c'est bizarre de le voir triste. Bien sûr il a le droit d'être triste mais c'est nul qu'il le soit, vraiment trop nul je trouve. « Rho, tu peux bien me la prêter deux minutes quand même. Et bien ça va parce que finalement il sourit et moi aussi du coup mais je reprends bien vite mon sérieux et secoue la tête bien déterminée à la garder rien que pour moi, cette tête. « Non, il faut la mériter cette tête, tu ne la mérite pas...  » Non pas du tout, lui il doit sourire, en plus il est plus beau quand il sourit. En tout cas il est hors de question qu'on devienne partenaires lui et moi. Je n'ai rien contre lui mais non, je garde le mien et il garde la sienne. « T’as tort, parce que t’sais pas ce que tu rates. Je serais un bien meilleur partenaire qu’Ivan. Déjà je suis le plus beau, il va de soit. » Je me mords légèrement la lèvre pour m'empêcher de trop rire, et c'est délicat, enfin je sais qu'il plaisante mais je ne peux pas le laisser dire ça. « Impossible, c'est impossible, il n'y a pas de meilleur partenaire qu'Ivan. Et je ne peux pas faire de commentaires sur le physique parce que c'est pas mon genre de comparer les hommes. Mais tu as déjà vu ses yeux ? » Et un nouveau sourire, non mais bon ça va je le taquine aussi et puis bon c'est vrai qu'il a de beaux yeux Ivan. Et puis je n'ai pas envie de penser à l'éventualité d'être confrontée à son départ parce que j'aurais bien le temps d'être triste à ce moment là. Et non, je n'ai pas envie d'être triste, pas du tout. Enfin il s'avère qu'il n'est pas bien parce que c'est l'anniversaire de son père et c'est délicat parce que j'hésite à demander, enfin le fait pas je suis un peu gênée. « Non non il est toujours là, bel et bien vivant. Mais dans ma vie il ne l’est plus depuis longtemps. Il est en prison. » Oh, d'accord, je comprends du coup, oui enfin c'est délicat. « Tu étais proche de lui ?  » Oui bon peut être que je devrais changer de sujet parce que je ne sais pas si c'est une bonne idée tout ça, pas du tout, non, enfin. « Laisse tomber tu n'es pas obligé... enfin...  » Peu importe, je, je sais pas trop où me mettre maintenant. En tout cas pour changer de sujet je lui propose d'ouvrir une bouteille, après tout il semblait être là pour ça donc autant que je puisse me rendre utile puisqu'il n'a pas besoin de moi pour sa blessure. « T'inquiète pas je la garde précieusement avec moi et pour le vin ce n'est pas grave, je te propose ce Bordeaux, je ne sais pas du tout s'il est bon mais l'étiquette me plait bien...  » Oui je choisis mes vins à l'étiquette, enfin non la plupart du temps mon père les choisit et m'en rapporte toujours quand il vient dîner après tout il est plus français que moi. Je vais récupérer deux verres propres débouche la bouteille sans la briser et nous sert deux verres. En tout cas il ne parlera pas d'Aliénor et je n'insiste pas, je me contente de hausser les épaules, c'est mieux oui. Mais bon c'est quand même assez révélateur du coup. En tout cas il ne va sans doute pas visiter l'Europe avant de rentrer chez lui. Quant à moi... « J'en ai aucune idée, ça dépendra de quand je sors et... tout un tas de choses je pense même si Paris me tenterait bien... Je ne sais pas trop...  » Oui voilà, je ne sais pas. Ça dépend, de tout et Paris seule, j'en sais rien ça dépendra de mon état à ce moment là je crois, oui voilà surtout de ça.

«Non, il faut la mériter cette tête, tu ne la mérite pas...  » Ah ouais ? Parce qu’elle a le monopole de la tristesse ? Genre y a qu’elle qui a le droit d’être triste, mais nous autres, non, on n’a pas assez de raisons pour ça ? « Bah moi je suis sur que je la mériterais. Mais t’as de la chance que j’en veux pas. » Genre c’est de la chance tiens je te la laisse. Je lui dis ensuite qu’elle a tort de ne pas me vouloir comme partenaire, parce que je suis le meilleur, et le plus beau – en toute modestie, bien sur. « Impossible, c'est impossible, il n'y a pas de meilleur partenaire qu'Ivan. Et je ne peux pas faire de commentaires sur le physique parce que c'est pas mon genre de comparer les hommes. Mais tu as déjà vu ses yeux ? » C’est juste qu’elle ne veut pas me vexer, mais va, j’sais bien qu’il est plus beau. « Bah quoi ? Ce sont des yeux. » Non j’ai rien remarqué de spécial. Il a deux yeux, comme tout le monde. Mais sinon… Je ne doute pas qu’elle l’ai noté elle, si il avait un beau regard ou quoi. Tout ce que je vois à chaque fois moi quand je le vois, c’est sa touffe de cheveux. J’ai toujours envie de prendre un ciseau et les lui couper. Mais bon je crois que c’est une autre des caractéristiques qui fait que la demoiselle craque pour lui. Outre le fait qu’il soit merveilleux et tout le tralala. De mon côté je suis un peu plus réservé concernant le bonhomme, disons que depuis qu’on a vu qu’il joue sur deux tableaux, je suis pas persuadé qu’il soit la meilleure chose pour India. Mais bon, ce ne sont pas mes affaires. Bref, je lui confie que mon père est en prison. « Tu étais proche de lui ? Laisse tomber tu n'es pas obligé... enfin...  » J’hausse les épaules. « Non c’est bon. » Cela ne me dérange pas de lui répondre. « Ouais j’étais proche de lui, c’est ça le pire. Je le vénérais, je voulais être lui plus grand… » C’est surement pour ça que j’ai du mal à lâcher l’affaire. A le sortir de ma vie complètement. A le voir comme le monstre que tout le monde décrit. Et qu’il est surement. « Je crois que j’aurais préféré qu’il ne fasse jamais parti de ma vie. » Je ne sais même pas si c’est vrai ce que je dis, si je le pense réellement. Parce que malgré tout les 13 premières années de ma vie ont été heureuses. Et puis tout à basculé ce fameux jour. Bref il est question d’ouvrir une nouvelle bouteille. D’accord, mais je lui laisse le loisir de s’en occuper et de me servir, ça vaudra mieux. « T’as raison l’étiquette a l’air plutôt cool. » Oh bah oui donc ça ne peut qu’être un bon vin. Et puis si ça vient de Bordeaux, c’est qu’il doit être excellent. C’est connu non ? Puis comme Bordeaux c’est la meilleure ville du monde. J’attrape finalement le verre qu’elle me tend. Je la remercie. « J'en ai aucune idée, ça dépendra de quand je sors et... tout un tas de choses je pense même si Paris me tenterait bien... Je ne sais pas trop...  » Je me demande si Ivan fait parti des facteurs à prendre en compte. « C’est vrai, de toute façon, on a encore le temps de voir venir. » Disons au moins une semaine. Bien plus pour elle j’en suis sur. Je ne la vois pas partir de si tôt. « Si tu devais choisir une seule ville où habiter. Hormis la tienne bien sur, ça serait laquelle ? »