@Léo

J'ai trouvé le prime plus long que d'habitude, les résultats arrivent au bon moment, je ne suis pas obligée de répondre à la question de Leandro qui se demandait s'il pouvait me plaire. Je suis heureuse d'y échapper. Les résultats tombent et c'est le binôme que formaient Hugo et Diego qui est dehors. Je lance un simple regard en biais à Léo pour savoir comment il vit la chose. Finalement, je le quitte à cause de l'agitation de fin de prime, les au-revoir hypocrites, et les autres candidats qui délaissent le plateau. En attendant, je vais m'exiler sur le balcon où je pourrais fumer en paix et augmenter mes chances d'avoir un cancer tranquillement. Je m'y attarde mais je suis bien trop lasse pour continuer à rester debout et faire la fille super vive. Je saute la case dressing, je suis tellement crevée que je suis prête à m'allonger toute habillée comme ça sur le lit et à m'endormir directement. Je fais mon entrée dans la chambre, je balance mes escarpins dans un coin et je remarque Léo déjà allongé. Je suis sûre que ce n'est pas le lit qu'il partage avec Mylah, il est bien trop mal fait pour cela.  « On va tous finir par se faire éjecter » je lâche simplement parce que je ne sais pas trop comment il vit le départ d'Hugo parce que je sais qu'ils étaient quand même proche. En tout cas, ces départs ne m'affectent pas, ou simplement par le biais de Léo quoi. Rien de plus. « Et nous les premiers» j'ajoute, comme un rappel, tout à fait sérieuse parce que Léo a cruellement manqué de discernement en se liant d'amitié avec les candidats qui squattent toujours le bas du tableau de popularité. Je croise un instant son regard, pendant une poignée de secondes, avant d'hausser les épaules avec une certaine nonchalance. J'aligne quelques pas dans sa direction. « Dors avec moi » Je lui demande alors ronronnante avant de m'affaler sur la partie libre du matelas. Je range soigneusement les pans de ma robe pour ne pas qu'ils empiètent sur son territoire.

Le prime s’achève dans une déception totale. Addil et Gekko ont sorti Hugo et c’est limite si j’hallucine pas là. Les deux mecs les plus imbuvables du coin ont réussi à mettre dehors un type cool et sans prise de tête. Ca m’laisse sans voix et j’observe les résultats, constatant qu’ils ont juste eu du cul. L’émission a dû être montée de façon à les rendre plus sympathiques sur la fin de semaine. Bref ça m’gave et dans le tas j’apprends que je récupère une rose … ouais, cool. Ce sera sûrement l’unique en fait puisqu’Hugo était une des personnes avec qui je passais la plupart de mon temps ici. La seconde étant Maha, qui débarque d’ailleurs pendant que j’évalue la commodité du matelas qui appartenait anciennement à Hugo. A vrai dire j’envisageais à la base de juste voir si leur matelas était aussi confortable que le mien pour voir si j’pouvais effectuer le transfert de propriété sans appréhension et j’ai fini par rester enfoncé dans le lit, bras derrière la tête à regarder le plafond. « J’suis déçu. » et j’hésite pas à l’exprimer. J’suis las que les gens soient pas réceptifs mais comme le dit Maha on va prochainement dégager nous aussi donc c’est pas bien grave, on se fera pas chier très longtemps. Un sourire amusé se glisse sur mes lèvres pour la véracité de sa remarque. « Ouais c’est vrai. » Mon regard vrille sur Maha dans un léger mouvement de tête axé vers la gauche, elle demeure dans sa grande robe mais beaucoup moins majestueuse que précédemment j’en déduis que c’est l’effet talons. Je continue de la fixer tandis qu’elle se rapproche. « Toi dors avec moi. Je vais crécher ici maintenant que c’est libre. » C’est plus la haine ultime avec Mylah mais si on peut dormir séparément autant le faire. La place reste vacante pour Maha du coup. Sauf que... non, j'ai failli oublier le détail Simone. Le fait qu'elle squat ici me revient à la vue de ses effectifs personnels trainant autour de nous. Je laisse échapper un lourd soupir, allant de déceptions en déceptions. « T'as trouvé comment te débarrasser Gekko ? » J'analyse le plafond toujours aussi scrupuleusement et je finis par laisser retomber mon regard sur Maha. Qu'elle n'insinue pas une nouvelle fois la possibilité de virer Mylah, j'ai déjà dit non.

Je l'écoute avec une certaine attention tout de même. « Je sais » je réponds simplement, sa déception se lit sur son visage presque désabusé lors de l'annonce des résultats mais c'est le jeu et on ne peut pas changer les règles aussi facilement c'est tout. On ne va pas s'en mentir, je m'en fous qu'Hugo soit dehors, mais je comprends juste que Léo a perdu une des seules personnes qu'il pouvait sincèrement apprécier ici. De toute façon, il faut se rappeler qu'à la fin, il n'en restera plus qu'un. Je demande à Léo de rester avec moi cette nuit.J'hoche docilement de la tête lorsque Léo m'apprend qu'il va dormir ici, très bien. « Il y a plein d'autres lits vides » je laisse simplement entendre en haussant les épaules parce que cela ne semble pas important. Léo m'interroge sur mon partenaire. « A quel moment tu as cru que je faisais en fonction de ce qu'il voulait ? » je l'interroge simplement de ma plus belle voix avant d'esquisser un sourire narquois, je l'avoue. « Pas besoin, il sera certainement ravi d'apprendre que je ne dors plus avec lui » je lui réponds avant de me redresser. Il serait surement capable de fuir notre lit conjugal pour nous le laisser. Si on ne trouve pas de lit, je bougerai simplement ses affaires et j'imagine qu'il comprendra non ? La vie est tellement facile dans mon monde, il faut dire. Je quitte rapidement le matelas pour zoner près de mon lit afin de quitter ma robe de princesse. Je m'accroupis près de mon côté du lit pour m'en débarrasser, la troquant contre un débardeur oversize et un short de sport, on perd un peu dans le glamour, je veux bien l'avouer. « Sinon tu comptes être directif toute la soirée ? » je lui demande un peu distraite avant de vriller mes prunelles sur Léo pendant quelques secondes parce qu'on ne peut pas dire que ses phrases soient une invitation à la discussion ou même à la négociation. « Histoire que je me prépare mentalement » je me moque en douceur avant de me jeter sur le lit pour reprendre ma place à ses côtés. Je tapote délicatement l'oreiller pour qu'il prenne la forme idéale avant de m'allonger sur le côté, tournée vers Léo. Mes prunelles inquisitrices s'en vont scruter son profil.

Je lâche un grognement pour approuver les dires de Maha. Elle a raison, on aurait pu faire le transfert depuis un bail compte tenu du nombre de lits désertés sauf qu’il n’y en a qu’un dans la chambre Marilyn et c’est celui-là. Enfin à un détail près. « De toute façon il va falloir bouger, Simone squatte celui-là. » Ce qui me fait chier d’ailleurs parce que la suite Elvis est super prise de tête avec le système de barreaux et surtout : Gigi dort là-bas. Si c’est pour se faire bombarder de questions suspicieuses ou me faire sermonner parce qu’elle aurait préféré que Maha dorme avec Lamine non merci, cette fille a trouvé comment me taper sur les nerfs et c’est plutôt fort de sa part. Maha marque un point avec sa réflexion et dans tout ça c’est vrai que Gekko est plus une victime. « Quand j’ai eu la folie de penser que t’étais docile. » Un sourire se glisse sur mon visage. Maha s’est imposée comme une princesse nouvelle génération dès notre première rencontre, il est impensable qu’elle puisse prendre en compte les désirs de son partenaire surtout avec la relation qu’ils entretiennent. « J’aurais dû le refiler à Mylah quand j’en avais l’occasion. » que je balance les yeux rivés sur un reflet au plafond. C’est une évidence, il y a un eu dysfonctionnement dans la constitution des partenariats de notre côté, on a été inversés. « Dis-moi si y a une précaution à prendre avant de dormir avec toi. » On sait jamais, Gekko peut être ravi de s’en débarrasser pour ce genre de raison en plus du fait qu’il puisse pas la voir en peinture. Mon regard la suit tandis qu’elle s’éloigne. A mon grand désespoir elle se change, d’ailleurs j’étais prêt à lui proposer de l’aide avant de constater qu’elle faisait preuve d’une technique de malade pour dézipper sa robe toute seule. « Oh non je l’aimais bien cette robe. » Je laisse filtrer avec un air déçu. C’est désolant comme la colocation ça vous casse un fantasme en deux spi. Bon c’est clair que pour dormir ce sera plus pratique. Et si je compte être directif ? « Oui. Non. Je sais pas. Peut-être. » Je réponds volontairement dans un sourire amusé, mon regard vrillant de nouveau sur le plafond dans une position inchangée tandis que Maha revient se poser à mes côtés. « Tu devrais plutôt te préparer à ça. » Je me tourne sur le côté, roulant à demi sur Maha, un bras négligemment passé par-dessus elle. « Je suis en manque d’affection. » que je souffle pour me justifier. Il y a une part de vrai, aussi incroyable que ça pourrait paraître à la plupart de mes camarades je suis pas un mec habitué à être seul. Là un mois et demi ça commence à faire long et forcément ils sont pas beaucoup à se porter volontaire pour me faire un câlin donc j’me porte volontaire tout seul.

J'avais oublié que Simone dormait là. D'ailleurs, comment ça se fait ? A cause d'Hugo ? Je suis complètement à l'ouest, il va falloir que je me mette à jour ici. « Sinon on fait un vote, on est deux contre un, majorité » je propose très sérieusement alors parce que oui, je tiens quand même à mon idée biaisée de la démocratie dans ce jeu, histoire de lui laisser un espoir pour son lit, à Simone. L'idée de devoir changer de chambre m'agace un parce que je m'y étais habituée, à notre petit courant d'air à chaque fois qu'on circule. Mais on ne peut pas la virer, cela ne se fait pas ... hm. « Donc ça n'a pas dû durer très longtemps » je réponds avec tranquillité parce que Léo a tout de suite compris que j'avais tendance à faire comme je le sens sans demander l'avis des autres. En tout cas, on ne pourra pas dire que je ne suis pas satisfaite de ne plus dormir avec mon partenaire, même si on aurait pu se bouger avant quand même. Je ne vais pas non plus appuyer sur ce point, parce qu'on sait que j'ai raison, comme souvent quoi. « Franchement je te l'avais dit » je balance moqueuse parce que j'adore lui rappeler ô combien il aurait dû utiliser son ticket d'or et qu'il le regrette. J'aime bien cette idée. Je profite de ce léger flottement pour changer de tenue, une plus adaptée à la situation. La remarque de Léo me tire un simple rictus. « Parce qu'elle couvre pas grand chose ? » je demande alors, roulant des billes avant de me tourner dans sa direction. Heureusement, ce n'est pas une robe de "cagole", plutôt classe, mais fendue, et avec le mouvement, on peut observer mes jambes, effectivement. « Non, aucune » je balance rapidement avant de le rejoindre. Je suis parfaite, même quand je dors. Je plaisante, c'est boon. Sans trop m'y attendre, Léo me fait un câlin, réduisant l'espace entre nous, j'arque simplement un sourcil face à son explication, je laisse même échapper un léger rire. Oui, c'est pour dire ô combien j'y crois. « Pourtant pendant la semaine dans les abysses tu n'avais pas le même discours, je cite "pour infos, je ne fais pas dans le manque d'affection" » je lance, narquoise en tentant vaguement d'imiter sa voix bien que mon timbre soit encore trop haut. Oui, je me souviens encore de ce moment où j'avais eu le malheur de lui prendre le bras, il m'avait tout de suite refroidi et pour le reste de l'aventure aussi, d'ailleurs. Je le regarde avec un air faussement blessé pour lui signifier que ce moment de rejet est gravé à vie dans ma mémoire, puis la seconde d'après, je suis passée à autre chose. « Te cherche pas d'excuse, je sais que tu ne peux pas te passer de moi » je fanfaronne avec un certain sarcasme. De mon seul bras libre, puisque l'autre est replié entre Léo et moi, je l'entoure aussi. Le bout de mes doigts s'en va dessiner des figures imaginaires sur son épiderme, au niveau du bas de son dos.

Sérieusement Maha se préoccupe pas des gens, y a vraiment qu’elle qui compte et ça a le don de me faire rire. Je me marre quand elle exprime l’idée de dégager Simone à la majorité. « Arrête, déjà qu’elle est triste. » Je balance ça sans conviction parce que pour le coup je m’en fou. C’est pas mon problème mais par principe ce lit restera celui de Simone et on ira camper ailleurs. C’est moi qui décide même si Maha est indomptable, enfin presque car j’aime penser que je peux réussir à l’influencer. « Non, quelques secondes à peine. » Je la rassure dans mon extrême bonté puisqu’elle m’a exprimé dès notre première discussion qu’elle me regarderait crever sans problème si ça pouvait la sauver elle. J’aurais dû me douter dès cet instant qu’on s’entendrait bien. « Piapiapia. » Ca caricature assez bien la rengaine que me rabâche Maha au sujet du ticket d’or mais c’est une chose sur laquelle on ne pourra malheureusement pas revenir. J’dirais même que je me suis presque habitué à avoir une partenaire comme Mylah. Au début j’étais content parce que je la trouvais canon mais quand j’vois Maha dans cette robe ça me conforte dans l’idée qu’elle l’est tout autant, d’ailleurs je l’observe sans aucune gêne. J’aimais bien la robe qu’elle portait ce soir, c’était dans le sexy subtil et ça lui correspond bien. « Ouais. » Je réponds tout naturellement. « Enfin pas sûr que ton pyjama couvre beaucoup plus. » Je note à titre indicatif. Elle me signale qu’elle n’a aucune manie pendant son sommeil, dommage pour elle parce que moi je m’étale et je m’improvise même à une démonstration. Non en réalité je suis civilisé et je sais dormir avec une personne à mes côtés mais j’ai envie de contact. Elle me ressort mot pour mot –quoi que j’en doute mais ça y ressemble- ce que j’ai pu lui dire dans les abysses, y a pas à dire je suis surpris. « Tu t’en souviens ? Je suis désolé d’avoir brisé ton cœur ce jour-là. » L’air détaché que j’attache à ces paroles leur enlèvent le peu de crédibilité qu’elles auraient pu se trainer. Ma main de libre vient caresser le haut de sa chevelure pour la réconforter car visiblement elle en a besoin. « En même temps il fallait pas me demander de te porter dès notre première conversation.» Son expression de fille blessée et me fait sourire car j’suis trop habitué pour relever maintenant. Elle prend la confiance –enfin elle l’a prise depuis déjà bien longtemps- mais en même temps qu’est-ce que je peux dire, elle a raison. « Surtout que j’ai plus le choix. » J’hausse les sourcils comme si je me faisais à mon sort. Je plante mon regard dans le sien tandis que je sens le contact agréable de ses doigts sur ma peau. Mes paupières se ferment doucement, je serais prêt à m’endormir si Simone menaçait pas de se pointer à chaque minute passante… et si j’étais pas encore entièrement habillé. « Mais ça me va. » Je finis par concéder, mes doigts venant jouer distraitement avec ses cheveux.

Léo n'est apparemment pas d'accord avec mon idée et évidemment il n'hésite pas à le faire savoir. Apparemment Simone ne serait pas bien ce soir. « Ça lui passera » je réponds alors, on peut mesurer à quel point je peux être compatissante quand je m'y mets. « Et toi aussi non ? L'argument ne tient pas » je réponds en toute légèreté.  « Je peux savoir pourquoi tu es toujours contre mes brillantes propositions ? » je siffle alors un vague rictus plaqué sur mon minois de poupée. Surtout que j'essaie simplement de nous simplifier la vie: qu'on ne bouge pas, mais monsieur ne semble pas être d'humeur conciliante ce soir. C'est apparemment lui qui dirige. Je décide de lui laisser deux secondes d'espace afin d'enfiler une tenue plus confortable mais Léo trouve toujours à redire. C'est l'un de ses nombreux talents, mais je le savais depuis longtemps. Evidemment, je ne vais pas mettre une burqa pour dormir alors je me meurs déjà de chaud ici. « Très bien, donc tu t'en plaindras pas » je lâche parce que je crois que je viens d'arriver à bout de ma petite démonstration. Même en tenue de combat, comme celle-ci, il a le loisir d'observer mes jambes. Aller, c'est cadeau. Deux secondes plus tard j'ai Léo qui se la joue tactile, je ne peux pas m'empêcher de lui souligner l'une de ses réactions la première semaine de jeu. Monsieur est en manque d'affection, on ne peut rien lui dire j'imagine. Il s'excuse tardivement tandis que je continue pendant encore quelques secondes à battre outrageusement des cils. « Menteur» je réponds en roulant des billes lorsque j'ai l'impression d'être une gosse lorsqu'il caresse le sommet de mon crâne, mais je le laisse faire. J'écoute la suite et un sourire s'étire largement sur mes lèvres. « J'avais visé trop haut pour la première fois » je me moque bien qu'il m'est bien arrivé plusieurs fois depuis de feindre des crampes au mollet pour que Léo me porte jusqu'à mon lit. Bon maintenant ça ne marche plus, je dois redoubler d'inventivité avec lui, ça commence à se compliquer. J'étire un simple sourire à ses réponses alors que le dos de mes ongles parcourent son dos très largement, de haut en bas. « Bientôt sept semaines et déjà dépendant » je ronronne avec satisfaction. « Mais je vois que tu le vis bien » j'ajoute quand même parce que c'est la réalité, il ne lutte pas trop non plus. « Bon par contre je veux un peu plus d'émotion que maintenant quand je partirai » j'exige tout de même avant de coller mon front contre son buste avant de resserrer un peu mon emprise sur lui. Oui, Léo étant la seule personne à qui je pourrais manquer, un peu de drame ne fera de mal à personne.

Je soupire, Maha venant encore une fois de renverser mon argumentation. Si je suis toujours contre ses supposées brillantes propositions elle elle me fracasse toujours mes oppositions. « Pour la satisfaction que ça me procure. » J’aime émettre l’inverse de ce qu’expriment les gens en général donc elle n’échappe pas à la règle et je dirais même qu’il y a un plaisir supplémentaire avec sa petite personne. Notamment avec cette histoire de robe dont je suis déçu mais je vais m’en remettre ça va, de toute façon j’ai pas le choix face à l’adjudant-chef. Oui je me victimise, c’est pour mieux régner ensuite. « Je vais m’arrêter pour l’instant. » Maintenant qu’on partage le même lit j’aurais le loisir de remettre le sujet sur le tapis chaque soir, les représailles peuvent attendre demain. J’adopte mon air paternaliste qui va de pair avec l’opération que j’opère sur son crâne. « Jamais. » Ironie seulement. « Je me donne pas de la peine pour n’importe qui. » Globalement le monde peut aller se faire foutre s’il n’est pas rentré dans mes bonnes grâces, sauf que Maha y est aujourd’hui donc ses caprices de princesse même si je les renie au final j’essaie d’y trouver une solution. Je suis trop bon, je sais. Elle me doit bien ce câlin pour me récompenser de tous mes efforts. « C’est long sept semaines, j’trouve ça légitime. » Elle se rend pas compte et en enfermement ça l’est encore plus, on doit pas avoir la même notion du temps. Comme d’habitude Maha se lance des fleurs au travers de ses propres réflexions mais elle n’a pas complètement tort dans l’ensemble. Je me suis attaché à elle du moins à l’intérieur de ce jeu, en même temps ça n’a rien de surprenant. Elle fait la maline mais y a des raisons de penser que c’est réciproque, les mêmes que les miennes puisque, bon, au départ ça peut ressembler à un choix par défaut. Elle évoque son possible départ, je tends à penser que je dégagerai avant elle mais soit, que ce soit l’un ou l’autre le survivant se retrouvera plutôt seul dans tous les cas. « T’inquiète pas, j’arriverais à être ému face à tes larmes de tristesse. » Si elle veut du drame je peux lui en offrir à condition qu’elle y mette un peu du sien, mais ça j’en doute pas puisqu’elle sera la première attristée de devoir me quitter si jamais ça venait à arriver. Je lui offrirai une sortie à la hauteur de sa théâtralité. Glissant mon bras coincé contre le lit sous Maha afin de venir l’encercler, je resserre mon étreinte à hauteur de la sienne d’une main au milieu de son dos et l’autre en son bas en mesurant pour la première fois son corps tout frêle. « Tu vois là, comme ça, tu pourras pleurer confortablement. Et même essuyer tes yeux sur mon t-shirt puisque je suis plutôt conciliant. » Aller cette fois-ci je l’admets volontiers puisque c’est pour la bonne cause. Déposant doucement mon menton sur le haut de sa tête, je demeure à regarder ce qui s’offre à moi, c'est-à-dire pas grand-chose, en profitant de l’instant. Parce que moi, là, j’suis plutôt bien.

Léo m'annonce sans pression que c'est simplement par pur plaisir. Il est sérieux ? « T'es grave, tu en as conscience ? » je commente simplement en roulant des billes avant de lui offrir un sourire vaguement désabusé. Il fait simplement cela par esprit de contradiction. Finalement, cela ne m'étonne pas tellement plus. Il décide qu'en même de s'arrêter là. «Tu fais bien puisqu'on en arrivera toujours au même point; j'ai raison » je siffle alors avec ironie bien évidemment. Je l'écoute et j'esquisse une grimace moqueuse. Donc je ne suis pas n'importe qui. Je bats encore des cils de satisfaction. « Je suis une privilégiée » je laisse entendre de ma voix caressante en me calant un peu plus contre lui. Le pire étant que j'en ai un peu conscience parce que je sais que Léo se comporte un peu différemment avec les autres quand même. Je l'avais remarqué il y a quelques semaines. « Je dois être chanceuse » j'ajoute même avec une pointe de sarcasme alors qu'il surenchérit. J'hoche en douceur la tête parce que sept semaines, ça commence à être conséquent. Je suis rarement restée plus de sept semaines dans ma vie coincée dans un grand domaine, j'ai des tendances hyperactives qui me poussent à voyager, à voir du monde. Là, c'est bien plus dur d'évoluer avec une partie de la population que je ne peux pas trop supporter. « Oui, tu as raison » je souffle alors, bien plus sérieuse cette fois et ça me coûte de le dire. « Et ici, c'est particulier » j'ajoute quand même. Tout est plus intense, condensé. Je lui annonce que je vois le voir super triste et déprimé lorsque je passerai définitivement les portes du sas, sans retour possible. Oui, je veux un départ marquant, pour changer. Léo, tout de suite, fidèle à lui-même, me balance que ça doit aller dans les deux sens. Apparemment je suis sensée pleurer le jour de notre séparation ici, une moue narquoise s'affiche sur mon doux minois alors que je capte brièvement son regard parce que ce qu'il dit n'a aucune crédibilité. J'imagine qu'il n'y croit pas lui même en plus. « Tu m'as fait promettre de ne plus faire la fragile, tu ne te souviens pas ? » je lui balance avec une innocence toute feinte parce que dès je peux montrer ce que je ressens, il se fout de ma gueule, oui oui, j'ai toujours cela en mémoire. Je retiens tout, il devrait le savoir, maintenant. Il s'installe plus confortablement dans le lit, je le laisse bouger sans rien dire et je finis par sentir ses bras contre mon dos.
« Ne t'endors pas, tu n'as pas le droit » je lui rappelle parce que je n'ai pas envie qu'il sombre maintenant. Je dis ça parce qu'il serait du genre à faire cela.  « Je n'ai pas encore sommeil » je balance parce qu'il me parait évident qu'on va se caler sur mon cycle.

« J’vois pas de quoi tu parles. » Mon sourire communique le contraire mais je ne m’estime pas « grave ». Ce n’est pas le mot que j’aurais choisi à sa place. J’aime la contredire par plaisir et pour le coup je ne vais pas m’arrêter là. J’abdique, certes, mais seulement pour ce soir. « Ca c’est ce qu’on verra. » Je la défie par-delà son air moqueur. Au fond Maha est plus ou moins privilégiée telle qu’elle le prétend, je me trouve plutôt patient et tolérant avec elle à tel point que même ses caprices ne m’agacent pas comme ceux de Gigi peuvent le faire. J’apprécie sa personnalité, c’est comme ça, parfois ça matche et parfois non. Là en l’occurrence je dirais qu’il s’agit de ça et non pas de chance comme elle l’exprime. C’est une emmerdeuse, elle part déjà avec un avantage et comme en plus elle en a dans le cerveau ça lui confère encore plus de crédit. La seule chose jouant en sa défaveur c’est son manque de blondeur au niveau de la chevelure mais ça… ça se corrige. « Une privilégiée chanceuse… ça fait de toi quelqu’un d’exceptionnel dis-moi. » Je me moque légèrement. Je ne pense pas être quelqu’un de si difficile que ça à atteindre, Maha par exemple l’est beaucoup plus car si moi j’ai déjà peu d’affinités je trouve que je m’en sors bien par rapport à elle. Mais que voulez-vous n’est pas populaire qui veut. Bref, y a quand même un souci quelque part puisqu’après sept semaines de jeu nos rangs respectifs au classement de popularité –pour ne citer qu’eux- n’ont pas grimpé. Pourtant l’environnement est propice aux rapprochements mais on dira qu'on a été sélectifs. Maha avoue que j’ai raison, ça a le don de me surprendre sur le coup. Un simple « Mh. » vient confirmer mon approbation avec ce qu’elle raconte puisque je suis de son avis. « C’est tellement improbable. » que je lâche sans réelle maitrise. La plupart des gens se côtoyant ici ne se seraient même pas adressé la parole en temps normal, si encore ils avaient été amenés à se croiser un jour. Nous les premiers, nos mondes sont à l’opposé l’un de l’autre. J’ai pas encore pensé à la sortie du jeu, on verra au moment venu mais si ça peut se faire dans les larmes d’un drame type soap américain je dis pas non. Sauf qu’apparemment je me contredis, je le sais mais elle n’est pas censée le savoir même si mon cinéma se lit dans mes yeux. « Mh … non. » Et sinon elle enregistre tout ce que je dis pour me ressortir des extraits de conversations quand ça l’arrange ? Parce que là je suis soufflé, elle a une sacrée mémoire. « Tu comptes dresser mon sommeil à la baguette ? » Je m’amuse de la situation parce que Maha veut vraiment prendre le pouvoir sur tout, même de la chose qui m’est la plus précieuse. « Et tu t’endors vers quelle heure ? Que je sache combien de temps il faudra que je fasse semblant d’écouter car j’imagine que depuis le temps que tu partages ton lit avec Gekko t’as du stocker pleins de choses à raconter. » Autrement dit je vais en avoir pour un moment avec les petites conversations pré-sommeil qui n’en finissent pas mais ça va c’est Maha donc c’est supportable, on parle pas de Sailor.