MICAH

Qui a dit qu'une fin d'aventure devait forcement se terminer dans les larmes ? Si j'étais rerentrée dans cette maison, c'était bien évidemment pour m'amuser et non pas pour m'ennuyer comme j'avais pu le faire les dernières semaines avant mon départ. Alors oui, j'allais m'en donner à cœur joie. Ma cible ? Micah, tout simplement parce que je le savais peu prudent, et que de ce fait, cela faisait de lui la victime idéale. Mon plan était simple et j'allais d'ailleurs rapidement passer à l'action. Cassant cinq œufs, je versais le blanc de ceux ci à même le sol, créant un carrelage des plus glissant. J'étais impitoyable, et préparais déjà mon prochain coup, en attendant que ma cible pointe le bout de son nez et ne glisse sur la flaque qui était presque invisible à l’œil nu. Je l'avais placé en plein milieu de l'allée, et d'une étendue assez large de façon à ce qu'il ne puisse pas l'éviter. Et c'est ainsi que j'avais préparé plusieurs paquets de munitions derrière mon dos, avant que Micah n'entre dans la pièce. Séparés par la flaque, je lui adressais alors un regard mi suppliant, mi enfantin, qui me rendait des plus irrésistible « Micah, tu me fais un câlin ? » certes, cette action aurait pu être véritable, et tous mes talents de comédienne étaient réunis de façon à ce qu'il tombe dans le piège. J'étais diabolique, hehe. Il n'y avait plus qu'à attendre que le jeune homme soit à terre.

Pris d'une fringale sans nom, j'avais décidé de prendre congé de Zayne avec lequel j'étais installé depuis un moment, à croire que la dernière semaine m'avait rendu moins con, ou à défaut plus tolérant. Bref j'étais ainsi descendu à la cuisine afin de prendre un encas, il était bien trop tôt pour se mettre derrière les fourneaux, j'étais trop flemmard pour me faire quoi que ce soit. Et avec un peu de chance, une âme charitable confectionnerait un repas pour tous les habitants. D'ailleurs, mon visage s'illumina lorsque j'aperçus Lylou dans cette cuisine, aurait-elle été remplacé par un ovni ou pris d'une générosité insoupçonnée ? Puisque aussi loin que je m'en souvienne, elle n'était pas du genre à se mettre aux fourneaux pour les autres. La fois où elle m'avait demandé de l'aider à faire un gâteau elle n'avait voulu partager la garce. Son regard croisait le mien c'est à ce moment là qu'elle me demanda un câlin. Lylou, un câlin ? Étrange, néanmoins, j'étais tellement adorable que j'acceptais avec plaisir. Avançant tranquillement, sans soupçonner le moindre coup fourré, tel un gagnant, je sentis mon pied glisser sur une surface visqueuse, si bien que je me retrouvais les quatre fers en l'air. « ESPECE DE SALE PESTE, TU VAS ME LE PAYER ! » Hurlais-je alors que je venais de m'éclater le cul par terre, j'essayais de me relever seulement la surface glissante était tellement important que je glissais plus qu'autre chose, me mettant par la même occasion du blanc d'oeuf partout.

Micah ne tarda pas à réagir, ce qu'il pouvait être naïf. Étais-je du genre à fournir gratuitement de l'affection à autrui ? Clairement pas, moi même je ne ne serais pas tombé dans le piège si on m'avait proposé une telle chose, quoique tout dépend de la personne qui était en face. Lorsqu'il mis son premier pied dans la flaque, un sourire narquois et non dissimulé se dessina sur mon visage, telle une petite fille fière de sa mauvaise blague. Ah c'est qu'il en avait fait une belle chute ! « ESPECE DE SALE PESTE, TU VAS ME LE PAYER ! » un léger rire s'échappa alors de mes lèvres. Vu dans quelle position il se trouvait actuellement, il n'avait aucune chance de s'en tirer indemne, non, il était même plutôt vulnérable. « Attends mon chou, ce n'est que le début. » un sourire radieux se dessina sur mes lèvres alors que je me retournais pour saisir le sachet d’œufs qui se trouvait sur le comptoir derrière moi. Me retournant vers ma victime, je me mis alors à le bombarder à la vitesse d'une mitraillette. Espérons qu'il ne soit pas du genre à être allergique au jaune. Vidant toutes mes réserves sur la moindre partie de son corps, je gardais le meilleur pour la fin. Un dernier œuf en main, je m'approchais alors de son visage « C'était tellement simple ! » et pouf, je lui écrasais l’œuf en plein milieu du front avant de me relever, d'une démarche gracieuse et élégante je me dirigeais alors vers le comptoir avant de m'appuyer dessus, adressant un franc sourire au jeune homme. « T'es mignon comme ça. »

Si je n'avais pas été aussi peu méfiant, je n'aurais sûrement pas sauté à pieds joint dans le piège que m'avait tendu Lylou. C'était peut être cet élan de nostalgie qui m'avait fait croire qu'elle pouvait éprouver une once d'humanité, mais non cette jeune femme était une machine de guerre, et son plan excellemment ficelé. Alors que j'essayais de me redressé elle n'hésita pas à me narguer. « Attends un peu que je t'attrape ! » Oui bon pour ça il fallait que je réussisse à me relever et c'était loin d'être gagné. D'ailleurs, elle ne s'arrêta pas là puisque sur le point de me redresser un peu, je me pris un jet d'oeufs en plein visage. Roulant sur moi même, je me me protégeais le visage, réflexe de commando. Puis soudain, alors que l'attaque semblait terminé, je levais la tête jusqu'à ce apercevoir le visage de l'irlandaise juste au dessus du mien. Une nouvelle munition s'étala sur mon visage tandis qu'elle fanfaronnait. « La vengeance est un plat qui se mange froid ma belle ... » Je l'observais s'éloigner, alors me souriait avouant que j'étais mignon, oh oui ça je devais l'être. Je réussissais enfin à me mettre sur mes jambes, me dirigeant vers l'évier pour me rincer le visage. « Tu ne m'en voudras pas si je me débarrasse de ton gentil cadeau j'espère. » Lui tournant le dos, je me nettoyais grossièrement le visage, tandis que mes fringues dégoulinaient, et collaient contre ma peau. A pas de loup, je m'approchais de la jeune femme, me saisissant d'elle rapidement de manière à ce qu'elle ne puisse pas bouger, j'avais attrapé de la farine silencieusement et commençant à la lui verser sur elle, en riant. « Ne jamais tourner le dos à un ennemie chérie ! » Seulement, nous n'avions pas tardé à nous étaler sur le sol glissant à souhait, j'étais tombé sur le dos si bien qu'elle s'était retrouvé sur mon ventre, mes bras autour de sa taille. La farine qui la couvrait s'était retrouvé sur le sol, formant une sorte de boue visqueuse à souhait, si bien que je riais aux éclats. « T'es mignonne comme ça ! » Lançais-je à la jeune femme de la même manière qu'elle l'avait fait quelques minutes plus tôt. Riant aux éclats.