w/@addil
Il est tôt en ce vendredi matin et Mylah est déjà prête à débuter la journée. Elle s’affaire à préparer son petit-déjeuner, qui ne consiste en rien de compliqué, quatre kiwis mixés avec un peu de citron vert, qu'elle verse ensuite dans un verre. Elle y ajoute une paille avant de l’emporter avec elle. Les températures de Los Angeles lui plaisent bien plus que celles d’Austin et elle a donc pris l’habitude de prendre son petit-déjeuner à l’extérieur, à chaque fois que le temps le lui permet. Ainsi, vêtue malgré tout d’une veste légère, elle prend les escaliers – être coincée avec Lamine dans l’ascenseur ne lui a pas donné envie de réitérer l’expérience, et puis elle a l’habitude des escaliers, surtout – pour se rendre sur la terrasse où elle constate la présence d’Addil, présence qui est loin de la ravir étant donné l’avis bien arrêté qu’elle a sur le jeune homme. Si habituellement elle n’hésite pas à imposer sa présence quand elle a envie de disposer d’un lieu qui est déjà occupé, on ne peut pas dire qu’elle souhaite côtoyer Addil, sa première envie consiste donc à faire demi-tour et à se chercher un autre endroit pour profiter de son jus de kiwi, puisqu’elle n’est pas d’humeur pour se prendre la tête et entamer une joute verbale, elle donne déjà assez avec son partenaire pour s’infliger cela plusieurs fois par semaine. Pourtant, alors qu’elle l’observe au loin, les propos d’Allen lui reviennent en mémoire, lorsqu’il lui avait confirmé apprécier le psychologue, ce que Mylah ne comprend pas. Et comme à chaque fois qu’elle ne comprend pas, elle a besoin d’être éclairée sur la question, raison pour laquelle elle s’avance finalement en direction du brun pour s’asseoir face à lui. « Pourquoi as-tu décidé de devenir psychologue ? » Le questionne-t-elle sans un sourire ni aucune émotion, il ne faudrait pas qu’elle devienne trop agréable avec Addil, déjà qu’elle s’intéresse à lui, fait exceptionnel compte tenu de sentiments qui l’animent quand il est question du psychologue. Et plutôt que d’écouter ses théories sur son comportement soi-disant maniaque, elle préfère en apprendre plus sur sa vocation, sans qu’il ne se sente obligé de la psychanalyser.  

La terrasse était l'endroit préféré du psychologue. C'était là où il pouvait bronze tranquillement, là où il n'était pas souvent dérangé. Enfin bref il s'y sentait bien tout simplement. Il avait ses lunettes de soleil posées sur son nez, il avait fermé ses paupières, car comme d'habitude il préférait vraiment se reposer. En fait quand il venait sur la terrasse il y venait en mode détente et zen. Surtout en ce doux beau temps ce qui rendait tout cela bien plus agréable. C'est là qu'il sentit quelqu'un arriver, ce qui voulait dire qu'il n'était plus seul. Il ne savait pas trop qui était cette semaine et il se redressa tout en ouvrant ses paupières pour découvrir qui était cette personne. C'était donc @Mylah, il faut dire que l'entente entre les deux n'a jamais été bonne. Malgré le fait qu'il est entendu dire que son compagnon de tente Allen se soit rapproché d'elle il s'est bien demandé comme le jeune homme a fait pour avoir envie d'une folle pareille. Mais bon après cela ne le regardait pas il n'avait rien à dire sur le sujet de toute manière. Il pensait qu'elle allait l'ignorer, qu'elle allait le mépriser, mais au lieu de ça elle le questionna sur son métier de psychologue. Addil n'allait pas être désagréable, si elle venait engager une conversation ce n'était pas pour qu'il se monte hautain et méprisant. Il ne voulait pas faire sa Mylah lui. « J'ai toujours aimé analyser les autres. Ma petite personne m'intéressait peu avant, du coup je passais mon temps à observer les autres. Et également pour essayer de me comprendre moi, mais la psychologie c'était comme une vocation pour toi. » dit-il tout simplement. « Pourquoi cette question et surtout pourquoi est-ce que tu me portes tout à coup un certain intérêt alors qu'avant j'avais l'impression que tu me méprisais plus qu'autre chose. » dit-il avec un léger sourire sur le coin de ses lèvres.

En temps normal, la présence d’Addil lui aurait provoqué une grimace d’exaspération avant qu’elle ne se décide à tourner les talons. Pourtant, Mylah a l’habitude d’imposer sa présence, car elle part du principe que cet hôtel appartient à chacun d’entre eux et qu’elle peut disposer des lieux comme elle le souhaite, sans se soucier des autres. Certes, dans certains cas de figure elle n’oserait pas s’incruster, mais lorsqu’elle aperçoit un candidat seul, elle ne voit pas où est le problème. Si l’on recherche la solitude, il vaut mieux s’enfermer dans les toilettes, tant cela semble être un concept impossible ici. Sauf que le candidat face à elle n’est autre qu’Addil, un des candidats avec qui le courant ne passe pas et il est peu probable que cela puisse changer un jour. Sa première idée consiste donc à détourner les talons pour chercher un coin plus tranquille, là où elle ne risque pas de passer son petit-déjeuner à se battre verbalement avec un autre candidat. Et puis, les propos d’Allen il y a de cela deux primes lui reviennent à l’esprit, quand il lui avait avoué apprécier le candidat, ce qu’elle n’a pas compris, tant cela lui semble impossible. Addil ne lui a pas fait une bonne impression, loin de là même, il fait partie de ceux qu’elle fuit comme la peste, moins elle est près de lui, mieux elle se porte. Et ces derniers temps, elle a plutôt bien réussi à ignorer le psychologue. Elle aurait pu continuer sur sa lancée, faire demi-tour sans demander son reste, mais elle a besoin de comprendre comment on peut l’apprécier, tant il lui semble détestable. Alors elle vient prendre place face à lui et le questionne immédiatement sur son travail, puisqu’il s’agit de la seule chose qu’elle connait de lui – si l’on fait abstraction de son caractère insupportable. Elle écoute sa réponse, silencieuse, et esquisse un léger sourire moqueur quand il lui apprend que c’est également pour essayer de se comprendre lui-même qu’il s’est lancée dans cette profession. « Et tu es parvenu à te comprendre finalement ? » Elle demande, retenant la seconde partie de sa phrase qui consiste à lui préciser qu’il est bien le seul à être parvenu à un tel effort. Des efforts, il faut qu’elle fasse des efforts, alors elle se tait bien qu’un sourire moqueur se dessine brièvement sur ses lèvres, sourire qui fait place à un soupir d’exaspération quand Addil reprend la parole. « Je te méprise toujours. » Précise-t-elle, il ne faudrait pas qu’il pense que les choses se sont soudainement arrangées et qu’elle le perçoit comme quelqu’un d’agréable alors que c’est tout l’inverse. D’autant plus que s’il y a une personne ici qu’elle méprise, c’est bien Addil, il se situe même avant son partenaire. « J’essaie simplement de comprendre comment on peut t’apprécier. » C’était si bien parti, pourtant. « Mais je peux arrêter de m’intéresser à toi, si cela te dérange, ce n’est pas un problème pour moi. » Elle y arrivera sans peine, elle n’a pas un besoin irrépressible d’apprendre à cerner le candidat et à tenter de lui trouver de bons côtés. Elle aurait apprécié de comprendre pourquoi certaines personnes lui témoignent de l’affection, mais si cela nécessite d’entrer en conflit avec Addil, elle s’abstient, c’est une guerre sans fin qui la fatigue plus qu’autre chose. Et sur ce, elle lui laisse le choix, parce qu’elle préfère toujours quand ce sont les autres qui abdiquent.