@leandro

Elle a pris ses petites habitudes Agata, depuis le début de l’aventure. Elle a besoin d’avoir certaines choses qu’elle peut planifier, que toute sa journée ne se passe pas hasardeusement. Presque tous les matins elle est sur ce même terrain de tennis, très tôt, comme elle le fait toujours. Elle pousse ses limites contre une simple machine. Le terrain de tennis est très certainement l’endroit où elle passe le plus de temps par semaine, en dehors de son lit. Cela l’aide à garder ses idées en place, de ne pas trop dévier de sa ligne de pensée habituelle. Elle peut jouer des heures sans s’arrêter, mais elle se met souvent des limites à ne pas dépasser. Elle ne mange pas beaucoup Agata, et son corps ne peut endurer tout ce qu’elle lui fait parfois subir. Elle pose sa raquette contre les poteaux qui tiennent le filet, éponge son front avec le bracelet destiné à cet effet. Alors qu’elle boit une gorgée dans sa bouteille d’eau, qui n’est plus si fraîche, après deux heures passées sur le court, elle aperçoit Leandro s’approcher doucement. Elle lui adresse un grand sourire et un signe de la main pour le saluer. « Tu viens pour jouer contre moi c’est ça ? » Elle plaisante, mais elle aimerait bien, elle n’a pas encore trouvé d’adversaire potentiel dans le nid. « Mais j’imagine que ça ne doit pas être évident pour toi, avec la cigarette tout ça … » Elle n’en pense pas un mot, mais elle essaie de le convaincre, de trouver un moyen pour qu’il dise oui, même s’il l’aurait peut-être fait avant qu’elle n’enchaîne. « Dis-moi, ça vient d’où « Leandro » ? » Ce qui n’a aucun rapport avec le tennis, mais elle se rappelle se l’être demandé l’autre jour, et maintenant qu’il est devant lui, il faut qu’elle le lui demande.

Si l’on cherche Agata le matin entre neuf heures et onze heures, on la trouvera certainement sur le terrain de tennis. Elle n’a pas d’adversaire, mais s’épuise contre une simple machine qui lui envoie des balles. C’est déjà mieux que rien, et elle sait s’en contenter. Pour autant, elle ne dirait pas non si quelqu’un acceptait de jouer contre elle, ce serait bien mieux que cette machine dont les coups ne sont pas très variés. Au bout de plus d’une heure à jouer, elle fait une légère pause histoire de de s’hydrater un peu quand elle aperçoit Leandro s’approcher non loin du terrain. Sa raquette posée contre les poteaux elle s’approche de lui pour le saluer, elle a peut-être trouvé en lui un potentiel adversaire. Elle le taquine légèrement sur le fait qu’il fume, et qu’il n’a peut-être pas assez de souffle pour l’affronter. « Tant mieux. » ajoute-t-elle dans un sourire lorsqu’il lui dit de ne pas en être à cracher ses poumons. Mais il est encore jeune aussi. Un large sourire vient fendre ses lèvres lorsqu’il accepte de jouer contre elle. « Oh mais le lance balles est très sournois tu sais. » dit-elle, lorsqu’il lui dit que c’est facile de gagner de cette façon. « Mais tu as raison c’est bien mieux de jouer contre un adversaire, un vrai, cela fait des semaines que je n’en ai pas eu. » Qu’il soit bon ou non, elle s’en contentera. Maintenant qu’il est là devant elle, elle repense à une question qui a émergée dans son esprit quelques jours auparavant. Elle se demande d’où vient le prénom Leandro, et par extension quelles sont ses origines. « Oh d’accord, je pensais que c’était dû à tes origines. Mais c’est joli Leandro, j’aime bien. » C’est exotique, pour elle en tout cas. « Oh non pas du tout. C’est pour rappeler les origines de ma mère, ses parents étaient Italiens. » Ils ont encore de la famille en Italie, même s’ils ne s’y rendent pas si souvent que sa mère le voudrait, mais l’emploi du temps de son père ne le permet pas. « Je te propose un marché, à chaque fois que l’un de nous envoie la balle hors du court, celui-ci doit révéler quelque chose sur lui. » Elle ne veut pas un détail banal, quelque chose qui sorte un peu de l’ordinaire, ou qui soit assez personnel, même si elle n’est pas en mesure de lui demander une telle chose. Il peut aussi refuser.

Un lance balle c’est très sournois apparemment. Mouais. Il n’a quand même pas une très grande force de réplique. Il suffit de renvoyer la balle dans le cours, et bah c’est bon, point gagné. Bon après il est clair qu’il peut te fatiguer si tu mets une vitesse rapide, au bout d’un moment, tu risques d’être largué. Cela m’étonne quand même qu’elle n’ai pas eu d’adversaires depuis deux semaines. « Tu veux dire que t’as trouvé personne pour jouer avec toi ? T’as demandé au moins ? Parce que cela m’étonne. » Elle ne doit pas être la seule à aimer le tennis dans le jeu. « T’aurais dû me trouver alors. » Oui parce que moi j’aurais accepté avec plaisir. Même si je ne suis pas très doué. Elle m’interroge alors sur mon prénom. Pensant que c’était lié à mes origines. Oui généralement c’est le cas quand on prénomme son gosse, mais les miens non. Je ne suis ni brésilien, ni italien, et pourtant me voilà porteur du prénom de Leandro. Mais bon, je ne vais pas m’en plaindre, je l’aime bien. Comme Agata apparemment. « Ah c’est italien Agata ? » Je n’en savais rien. « Et tu parles italien ? » Que je lui demande alors curieux. Elle me fait alors une proposition, dès qu’on envoie la balle hors du cours, on doit révéler quelque chose sur soit. Houlala. « Hm, dans une heure, je risque de ne plus avoir aucuns secrets pour toi. » Que je rajoute en plaisantant, parce que bon je risque souvent de la mettre dehors oui. Surement beaucoup plus qu’elle. « Et si on la met dans le filet, ça compte aussi ? » Parce qu’il est fort probable que pas mal atterrissent dans le filet aussi. « Non ça ferait un peu trop quand même. » J’attrape une raquette, vire le lanceur de balle du milieu du terrain, et me met en position. « Vas y, je te laisse servir. » Quel gentleman je fais. Premier point, et je la remets dans le filet, hm. 15-0. Deuxième service, y a du progrès, on doit faire deux trois échanges, et bam, je la mets dehors. Zut. « Non mais c’est parce que c’est le début ça, il faut que je m’échauffe… » Bon en attendant je dois trouver quelque chose à lui confier. « Tu sais que ma passion secrète c’est le chant. En plus de ça, je joue de la guitare aussi. »  Bon ok c’est pas le scoop du siècle, mais on vient de commencer. Je ne vais pas d’entrée lui révéler mes plus noirs secrets. On va y aller par pallier. Un match c'est long.