ft @Leandro

Mes yeux s'ouvrent doucement sur une nouvelle journée. A en croire l'obscurité et le silence qui règne dans la chambre, il doit être tôt. Très tôt. Et je constate pourtant, après avoir tâtonner l'autre côté du lit que Leandro n'est déjà plus là. Je ne l'ai ni entendu bouger, ni senti partir ... Dans la plus grande discrétion, j'imite mon partenaire et délaisse mon lit, quittant la chambre sur la pointe des pieds. Cette journée commencera comme toutes les autres. Après avoir fait un détour par le dressing pour enfiler mon maillot, je me rends à la salle de bain. Classique. Mon allure ne doit pas être très attirante à une heure pareille, je n'imagine même pas à quoi doit ressembler ma coupe de cheveux mais je suis bien contente de ne croiser personne dans les couloirs. Baillant encore de la courte nuit que je viens de passer, je pousse délicatement la porte de la salle de bain. Mon ouïe m'indique de façon fiable qu'un autre candidat est également présent puisque l'eau s'écoule dans les douches, douches sur lesquelles je n'ai pas encore posé mon regard puisque je préfère le diriger vers le miroir. Je m'appuie à l'aide de mes mains sur le rebord du lavabo, me penchant au maximum pour visualiser mon portrait. Je suis effrayante. L'une des mes mains s'éloigne du lavabo et vient doucement étirer la peau sous mon oeil, cherchant à trouver un visage sans aucune cerne. C'est pas gagné. Ce n'est qu'après quelques minutes que je décide de tenir compte de la présence de cette autre personne et que je décide de faire entendre ma voix. «Leandro, c'est toi ?» Je connais peu de gens qui se lèvent si tôt alors ça ne me parait pas improbable de tomber sur mon partenaire. «Tu trouves pas que j'attrape des rides ?» Peu importe qui c'est, je suis curieuse d'avoir son avis sur la question. De mon côté, je n'ai toujours pas réussi à décrocher mes iris du miroir.

Je me réveille doucement. Il est tôt. Comme le plus souvent, Mackenzi, ma partenaire, dort encore à poings fermés. Tout comme la plupart de mes camarades de chambre. Il n’y a qu’un fou comme moi pour se lever aussi tôt. Enfin…On est quand même quelques uns dans le jeu. Je me lève discrètement, pour ne pas la réveiller, et file direction la salle de bain. Passage oblige tous les matins, c’est la première chose que je fais après me lever. Enfin d’abord, pipiroom, et ensuite douche. Je suis en maillot de bain, parce que je ne la prends pas tout nu, trop de témoins. Mais je commence à en avoir marre de me doucher avec, ce n’est pas pratique.  Pourquoi n’ont-ils pas fait de cabines individuelles, à l’abri des regards indiscrets et des caméras ? Bon je sais pourquoi, mais quand même. Je profite de l’eau chaude tranquillement, sans personne pour m’embêter, lorsque j’entends la voix d’une candidate. Je reconnais immédiatement celle de ma partenaire. Je ne l’avais pas entendu arriver. « Tout juste ! » C’est alors qu’elle me demande si je ne trouve pas qu’elle a prit des rides. Hm la question piège. Dans ce genre de situation, la très grande majorité des femmes attendent simplement d’être rassurés, peut importe si on dit la vérité ou non. Justement, vaut mieux mentir d’ailleurs. Parce que c’est vrai qu’elle a quelques petites rides autours des yeux mais… C’est plus adorable qu’autre chose. Et puis elle les avait déjà en venant dans le jeu à vrai dire, donc techniquement, elle ne les attrape pas, elles étaient déjà là… « Mais non…Puis t’as à peine la trentaine, c’est pas maintenant que tu vas t’inquiéter de ça. » Il est beaucoup trop tôt. « T’es encore dans la fleur de l’âge. » Oui. Je sors de la douche, et me sèche les cheveux avec une serviette. A côté de Mack, je me regarde alors dans la glace, en touchant quelques cheveux de devant. « Quand t’arriveras à avoir autant de cheveux blancs que moi, là tu pourras t’inquiéter. » que je dis en plaisantant. Non mais c’est vrai. On raconte que je fais plus jeune que mon âge, mais paradoxalement, à 24 piges, j’ai déjà plein de cheveux blancs. Et ils ne datent pas d’hier en plus.

Quelques secondes à peine passent entre ma question et le moment où j'entends une voix me répondre. Il ne s'agit pas de n'importe quelle voix puisque je reconnais instantanément mon partenaire qui me confirme que je ne me suis pas trompée sur l'identité de la personne qui occupait la pièce. Première victoire de la journée, ça commence bien. Je me suis immobilisée devant le miroir, constatant à mon plus grand malheur les quelques signes de l'âge qui marquent mon visage. C'est fou mais à force de vivre au milieu de jeunes candidats, j'ai l'impression de vieillir deux fois plus vite. J'en viens même à demander à Leandro si il ne trouve pas que j'attrape quelques rides. Je sens bien qu'il essaie de me rassurer lorsqu'il affirme que non, lorsqu'il me fait remarquer que je suis dans la fleur de l'âge mais moi, je ne peux pas m'empêcher de les voir. C'est plus fort que moi, elles m'obsèdent soudainement. «Le temps passe plus vite qu'on ne le croit. Et il parait qu'il faut s'attaquer au problème très tôt si l'on ne veut pas ressembler à un sharpai lorsque l'on devient un peu plus vieux.» C'est ce que les gens disent. Puis je suis pas franchement habituée aux rides étant donné que ma mère n'a jamais assumé les siennes et a toujours opté pour des solutions assez radicales en se tournant vers la chirurgie esthétique. Une méthode que je n'approuve pas, bien entendu. Et maintenant qu'il est sorti de sa douche, mon partenaire me fait d'ailleurs remarquer que lui, n'a beau être âgé que de vingt-quatre ans, des cheveux gris apparaissent quand même  parmi les bruns. Cela m'étonne un peu parce qu'il est vrai que je ne me suis jamais attardé sur ce détail. Il me faut d'ailleurs quitter mon miroir et me rapprocher de mon partenaire pour les distinguer un peu plus clairement. «T'inquiète pas, ça a la côte le poivre et sel, demande à Clooney» C'est à mon tour désormais d'user de l'humour pour faire comprendre à mon camarade que les cheveux blancs n'ont jamais réellement repousser la gente féminine et pour illustrer cela, George Clooney me parait être la personne idéale. «Bon, il faut que tu me caches ce miroir, sinon je ne le quitterais jamais.» Que je lui annonce tandis que je reprends ma position initiale devant celui-ci. Attrapant une pince qui traine sur le rebord du lavabo, je l'utilise pour caler la plus grosse partie de mes cheveux sans chercher à avoir une coiffure structurée. Cette coiffure me permettant uniquement de pouvoir aller prendre une douche sans mouiller mes mèches de cheveux, je ne comptais pas y passer trois heures. «T'es bien matinal ! T'as bien dormi quand même ? »

Mackenzi semble réellement préoccupée par ses fameuses rides. Qui sont très légères soit dit en passant. «Le temps passe plus vite qu'on ne le croit. Et il parait qu'il faut s'attaquer au problème très tôt si l'on ne veut pas ressembler à un sharpai lorsque l'on devient un peu plus vieux.» L’image me fait sourire. C’est vrai que les sharpai sont tout fripés. « Tant que tu ne décides pas de passer sous le bistouri. » Cela serait vraiment dommage. Et puis celles qui se font des liftings, généralement, l’après est bien pire que l’avant. Puis les rides, c’est signe de maturité. Ça montre que t’as du vécu. Elle se plaint de quelques rides à peine perceptible, alors que bon moi à côté de ça, j’ai des cheveux gris à même pas 24 ans. Et ça doit bien faire quelques années qu’ils sont apparus en plus. Donc bon, si quelqu’un devrait se plaindre ça serait plutôt moi. Elle me dit alors que les cheveux poivres et sels, ça a la côte, y a qu’à voir Clooney. « Hm mouais, je suis pas sur que les cheveux gris à 20 ans ça ait autant de succès qu’à 50. Puis bon c’est Clooney quoi, ce type a la classe. » Je veux lui ressembler plus grand. En tout cas vieillir aussi bien, clairement. Mack semble obnubilée par son image dans la glace. « Narcisse, sors de ce corps ! » Que je réplique en plaisantant. Personnellement j’ai horreur de me regarder. « Pas plus matinal que les autres jours. Mais t’inquiètes, j’ai bien dormi oui. » Cette fois, que je me retiens de lui dire. Parce que bon ce n’est pas le cas tous les soirs. « Et toi ? » Parcce que si je suis matinal, elle l'est aussi, forcément. " Bon alors…Lamine hein ? Tu sais, je crois que tu passes un peu trop de temps avec lui…Il ne m’a pas l’air de très bonne influence… » Dans le sens ou il serait du genre à la faire douter un max de son mariage, à tenter de lui faire comprendre que son époux n’est pas fait pour elle et qu’elle ferait mieux de le quitter au bout du compte. Tout ça pour qu’il n’y ai pas de barrières entre eux.