Voilà déjà une éternité qu'elle n'est pas retournée dans la galerie des glaces, au début de l'aventure elle s'était promis de sortir de ce labyrinthe de miroir seule mais ses mésaventures avec Addil et Léo l'en avait dissuader pendant de nombreuses semaines. Aujourd'hui pourtant elle est prête à relever à nouveau ce défi, elle se lance donc dans cette nouvelle expédition avec plus de courage et de motivation que les fois précédentes. La rouquine commence à connaître ce parcours, du moins c'est ce qu'elle ose penser. Bien vite elle se rend compte qu'elle est désespéramment perdue, sa mission est un échec cuisant, elle est bien obligée de le reconnaître, on ne l'y reprendra plus. Désormais deux solutions s'offrent à elle : rester à sa place en attendant que quelqu'un vienne à tout hasard la sortir de son état de détresse ou elle prend le risque de continuer à chercher un moyen de sortir de ce labyrinthe quitte à aggraver la situation. Elle opte pour la première solution tripotant une mèche de ses cheveux pour passer le temps, c'est qu'elle allait sûrement attendre des heures ou même des jours avant que quelqu'un ne décide de venir s'aventurer dans la galerie des glaces. Son vœu est finalement exaucé lorsqu'elle aperçoit le reflet de Leandro dans un des miroirs. Elle l'observe s'approcher, silencieuse, voyant sa silhouette se dessiner beaucoup plus distinctement à mesure que la distance qui les séparait s'amenuisait. La française ne dit rien encore un peu gênée par leur dernière conversation où le jeune homme avait évoqué le sujet épineux de sa cicatrice, la rouquine s'est braquée même si elle n'avait pas vraiment eu d'autres choix sur le moment. Adélie ne souhaite pas créer un malaise entre eux, elle apprécie trop Leandro pour ça. Elle décide donc de briser le silence en s'adressant au reflet du jeune homme dans le miroir, c'était beaucoup plus simple pour elle de cette façon. « Je veux bien en parler … un peu ». Il sait très bien de quoi elle parle, il ne peut pas avoir oublié à quel point le simple fait d'évoquer sa cicatrice avait réussi à bouleverser la jeune femme. Elle faisait un énorme effort, elle espérait qu'il serait capable de le remarquer. « Promets moi de ne pas me poser de questions, c'est tout ce que je te demande ». Elle n'évoquerait sa cicatrice qu'à cette seule et unique condition, Adélie n'allait pas s'étendre sur le sujet pendant des années, l'explication ne tenait qu'en une seule phrase après tout.        

Je viens de passer un peu de temps en compagnie de Clarke. On a brièvement discuté de ma relation avec Adélie. C’est qu’il prend très à cœur son rôle de partenaire. Un peu trop si vous voulez mon avis. Parce que bon, je l’ai ressenti comme, si tu lui fais du mal, t’auras affaire à moi. Alors que tout ceci n’a pas lieu d’être. Du reste, ça ne le regarde pas. En attendant, j’ai décidé de me rendre à la galerie des glaces. Aussi étonnant que cela puisse paraître, je n’y suis jamais entré. Et aujourd’hui, c’est le moment. Au bout de dix minutes, je me rends compte que c’était une mauvaise idée. Je me suis pris deux fois une vitre dans la gueule. Et finalement j’aperçois une silhouette au loin à travers les vitres. J’essaie de la rejoindre, à tâtonnant. En me rapprochant, je me rends compte qu’il s’agit d’Adélie. Finalement j’arrive à sa hauteur. « Je veux bien en parler…un peu. » Sa déclaration me surprend. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle remette d’elle-même le sujet sur le tapis. J’ai bien compris que c’est un sujet délicat, qu’elle ne veut pas évoquer. Alors je ne comptais pas lui en parler de nouveau, respectant son choix.   « Promets moi de ne pas me poser de questions, c'est tout ce que je te demande » Elle évite de me regarder directement, mais à travers la glace. Je sais que ça doit lui demander beaucoup d’efforts de faire ça. Cela me touche qu’elle veuille le faire, juste pour moi. « Tu n’es pas obligée tu sais. » Non vraiment pas. « Mais oui je te le promets. » Je ne lui poserais pas de questions, rien du tout. Si elle compte se confier, ou partager ne serait ce qu’une bribe d’information, je me contenterais de l’écouter. Prenant ce qu’elle veut bien accepter de me donner. Mais j’ai un peu peur de ce qu’elle va m’annoncer. Parce que c’est vraisemblablement quelque chose de douloureux. Et l’idée qu’on ait pu lui faire du mal m’insupporte.

 Ses yeux peinent à s'habituer aux environnements sombres, pourtant elle reconnaît au loin la silhouette du texan se rapprocher un peu plus de la petite française qui aurait bien besoin d'aide dans une situation aussi critique. Après toutes ces semaines d'aventure, la jeune femme a appris à reconnaître le moindre détail concernant ses camarades, de l'intonation de leur voix à leur odeur en passant par leur manière de se mouvoir. C'est donc un jeu d'enfant pour la rouquine de reconnaître le texan avec qui elle a passé beaucoup de temps depuis le début du jeu. Elle le laisse s'approcher, ne dit mots et essaye de croiser son regard le moins possible. Elle prend une grande inspiration avant de lui annoncer de sa voix mal assurée qu'elle est d'accord pour évoquer le sujet de sa cicatrice, un peu, mais assez pour qu'il arrête de lui poser des questions à ce sujet. D'ailleurs elle lui fait promettre, elle ne veut plus aborder le sujet après ses explications, du moins pas pour le moment. Il semble quelque peu surpris par ce revirement de situation si soudain, d'ailleurs il lui assure qu'elle n'est pas obligée. « Si, ce n'est pas grand chose après tout ». Elle réplique en haussant les épaules essayant plus de se convaincre elle-même que de rassurer son interlocuteur. Leandro lui promet qu'il ne posera aucune question sur le sujet, c'est tout ce qu'elle avait besoin d'entendre. Adélie accordait une importance bien trop importante aux promesses qui, pour elle, était un gage de sincérité que les deux partis se devaient de respecter. La seule et unique fois où quelqu'un avait osé briser un promesse, la française avait mis des mois à s'en remettre et elle n'étais même pas sûre d'en être totalement guérie. Les promesses sont le genre d'utopies auxquelles elle se raccroche parce qu'elles ne voit pas en quoi la vie vaut la peine d'être vécue si même les engagements les plus sincères ne sont plus respectés. Inspirant une bonne fois pour toute, les mots trouvent enfin le courage de franchir la barrière de ses lèvres pour fournir une bribe d'explication au texan. « J'ai eu quelques soucis il n'y a pas si longtemps que ça. Le genre de problème qui t'envoie direct à l'hôpital pour qu'un chirurgien t'ouvres afin de réparer ce qui cloche chez toi ». Elle finit par lâcher détournant le regard tout en mordillant sa lèvre inférieure pour éviter d'en dire trop parce qu'elle s'est promis de ne pas s'étendre sur le sujet. Il devra se contenter de cette maigre explication, c'est tout ce qu'elle veut bien partager avec lui pour le moment et c'était beaucoup plus que ce qu'elle avait bien voulu dire aux autres candidats. « Mais tu vois, je vais bien, personne ne m'a fait de mal … physiquement du moins ». Elle finit par ajouter avec un brin d'ironie à peine perceptible dans sa voix, si physiquement elle rayonnait on ne pouvait pas en dire autant de son moral à l'époque. Même maintenant il lui arrivait d'avoir de grosses baisses de régime en y repensant. « Ne me regarde pas comme ça ». Elle lui intime  plongeant son regard dans le sien par l’intermédiaire de miroir pour la première fois depuis son arrivée. La jeune femme voit bien la façon dont il pose les yeux sur elle depuis sa petite explication et c'est pour cette raison qu'elle avait évité d'en parler depuis le début du jeu. Elle n'avait pas besoin qu'on la prenne en pitié, elle avait assez de sa famille pour ça.  

Peut être qu’Adélie se sent obligée de parler de sa cicatrice, parce que je l’ai questionné là-dessus…Qu’elle a peur que je remette le sujet sur le tapis. Mais ce n’est aucunement mon intention. Alors elle n’a pas à me raconter quoi que ce soit si elle n’en a pas envie. « Si, ce n'est pas grand chose après tout » Hm d’accord. Je ne suis pas sur qu’elle soit très convaincue elle  même par sa réponse. Puis ci c’était pas grand-chose elle n’aurait pas eu cette réaction la semaine dernière. « J'ai eu quelques soucis il n'y a pas si longtemps que ça. Le genre de problème qui t'envoie direct à l'hôpital pour qu'un chirurgien t'ouvres afin de réparer ce qui cloche chez toi » D’accord. Et ? J’attends la suite qui ne vient jamais. Mis à part le fait qu’on ne lui ai pas fait de mal, physiquement parlant. Donc au final, elle vient quand même un peu de me dire une évidence non ? Dans le sens où je me doutais bien qu’elle avait dû subir une opération à cause de ça, elle n’a vraisemblablement pas du se recoudre toute seule. Ceci dit, j’ai quand même une information supplémentaire, à priori ça ne serait pas quelqu’un à l’origine de sa blessure ? Du coup je suis un peu beaucoup dans l’incompréhension, n’ayant pas la moindre idée de comment s’est arrivé. Un accident ? Je serais tenté de lui poser des questions, mais je n’en ferais rien. J’ai promis, et je tiens généralement toujours mes promesses. Elle me demande alors de ne pas la regarder ainsi. « Comme quoi ? » Un regard de pitié ? Parce que ce n’est pas le cas. Quand bien même ça me prendrait, je n’ai pas assez d’informations pour ça. « Tu es très jolie voilà tout. » que je rajoute finalement dans un léger sourire. Oui bon en vrai, c’était pas la signification hein, mais bon. A vrai dire, cela aurait été plus de l’inquiétude qui se lisait dans mon regard. D’ailleurs, voilà que je ne peux m’empêcher de demander. « Mais tu vas bien aujourd’hui ? » J’espère qu’elle n’a pas des séquelles, et qu’elle ait des problèmes de santé aujourd’hui…C’est largement suffisant avec Sailor. « Enfin non désolé ! Peut être que ça aussi c’était interdit… » Je me rattrape aussitôt. Je ne veux pas qu’elle croit que je ne tiens pas mes promesses. Mais je ne sais pas, je ne sais plus, je suis perturbé, entre ce que je peux lui demander ou non. Dans ma tête, c’était pas de questions sur les circonstances, le pourquoi du comment, tout ça tout ça, mais peut être que c’était carrément plus étendu. Je m’inquiète pour elle aussi, que voulez vous. « Pardonné moi. » Que je dis alors en français.