Les semaines passant Sayid s'était déjà surpris à se demander quel effet cela faisait de se retrouver sur le banc des nominés, et surtout quel effet cela lui ferait à lui qui ne savait pas gérer les choses autrement qu'en se comparant aux autres. Maintenant il savait, et sans trop savoir si déception il devait y avoir force était de constater que cela ne lui faisait rien. Non, comme une bonne majorité d’autres choses cela le laissait de marbre, parce que tout seul il n’était pas capable de décider ce qu’il était supposé en penser. Il tentait de prendre exemple sur Simone, puisqu’il s’agissait de sa partenaire, mais comme malgré qu’il s’agisse elle de sa troisième nomination elle ne semblait pas particulièrement chamboulée il avait décidé qu’il en serait de même pour lui, et continuait donc sa semaine sans rien changer à ses habitudes. Et comme d’habitude l'après-midi il s’ennuyait, en grande partie parce que son inconscient n’était que peu motivé à chercher une occupation digne de ce nom, aussi il se contentait de marcher. De errer serait même un terme plus approprié. Jusqu'à ce qu'une odeur familière n'attire son attention et ne le mène tout droit jusqu'au salon de thé, où attablée Sailor lui avait annoncé d'un voix guillerette « You want some ocha ? » Il va sans dire que si elle n'avait pas déjà eu la théière sous le nez pour la lui désigner, il n'aurait pas compris un traitre mot de ce qu'elle lui proposait. A ce moment-là seulement le gage dont Rowan avait parait-il affublé Sailor au dernier prime lui était revenu en mémoire et il avait commenté « Rowan a été un peu vache avec toi. » Dieu merci lorsqu'il n'était pas forcé à autre chose Sayid était bien trop adepte de l'honneteté pour avoir eu besoin de recourir à des jokers lorsqu'il était passé entre les griffes de l'animatrice. Reportant son attention sur le thé il avait en tout cas agité la tete de manière positive. Il ne refusait jamais du thé, cela va sans dire. « Pero en fait, le ocha is un peu dégueu, I don't know porque j'ai fait this. » Il avait arqué un sourcil, prenant sur lui de ne pas juger trop sévèrement la jeune femme sur son manque d'attrait pour ce qui était pour lui une tradition ... il n'était pas britannique pour rien, après tout. Et un peu chauvin, il n'en avait pas vraiment honte. « Alors ça m'en fera plus pour moi. » Parce qu'au fond oui, s'il se retenait de tiquer sur la critique de la boisson parce que ce n'était pas ainsi qu'il fallait procéder avec Sailor, alors il préférait se contenter de d'en conclure que cela en ferait plus pour lui, puisqu'elle venait de lui proposer. Elle ne pourrait plus dire qu'il ne faisait pas d'effort d'optimisme. S'en servant en tout cas une tasse, il avait écouté la jeune fille soupirer « Tsumaranai. » mais bien incapable de comprendre ce qu'elle voulait dire par là il s'était contenté de l'interroger du regard et de demander d'un ton curieux « Tu parles combien de langues au juste ? » ... parce que là cela faisait bien trois ou quatre, facile, non ? Dire que lui se sentait déjà privilégié d'avoir deux langues maternelles, mais finalement. Respirant un instant l'odeur du thé s'échappant maintenant de la tasse qu'il tenait entre ses doigts il en avait bu une gorgée avec délectation, bien qu'estimant que cela manquait un peu de sucre. « Tell me una historia. About ... Qing wen. » Là encore inutile de dire que si elle ne s'était pas lancé dans un numéro d'imitation digne d'un cirque il n'aurait pas deviné à quoi elle faisait référence. Mais puisqu'il avait à peu près compris où elle voulait en venir, il avait réfléchi un instant « Je ne suis pas très doué pour les histoires. » avait-il tout de même jugé bon de prévenir, parce que les histoires c'était bon pour les gens comme Sailor qui avaient toujours quelque chose à dire, mais pas pour les gens comme Sayid dont chaque mot semblait être un effort. « A la réserve on en a une, Bahati. Ça veut dire chance. Quand elle est née sa mère n'a pas voulu d'elle parce qu'elle était albinos, alors c'est nous qui nous en sommes occupés à tour de rôle, et elle n'a jamais quitté la réserve. Maintenant quand on doit garder des petits quelques temps pour une raison ou pour une autre on les lui laisse, elle s'en occupe comme si c'était les siens ... c'est rare chez les animaux, ce genre d'instinct. C'est un peu notre gardienne et notre mascotte. » Il avait pincé légèrement ses lèvres, et baissé les yeux sur sa tasse de thé. Il n'y avait bien que quand il parlait de ses animaux que Sayid était capable de faire des phrases aussi longues, et la chose arrivait si peu souvent qu'il était comme pris au dépourvu par ses propres actions. Mais au fond il ne faisait qu'essayer de se rendre bavard, comme l'était Sailor habituellement, quand un gage ne la forçait pas à penser et limiter ses paroles.

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