@sailor

Bon, ça ne va pas tout ça. Ma recherche de secrets est au point mort. Je n’y arrive pas. Je suis nul, désespérément nul. Il est temps de mettre en œuvre de nouveaux moyens. Me rendre plus souvent à la salle de contrôle. Espionner les conversations privées des candidats – même si je n’aime pas ça et que ça me gêne terriblement. Espérer tomber sur quelque chose d’intéressant. Voilà pourquoi en cette après midi, je me rends à la salle de contrôle. Je viens de passer un moment à l’extérieur en compagnie de Kira, mais maintenant place à la traque des secrets. Je m’installe sur la chaise, et surveille les différents moniteurs. J’aperçois une scène touchante entre Imma et Clarke. Enfin…Je la vois même se mettre à pleurer. Je détourne le regard, parce que ça me gêne d’assister à ça.  Je n’aimerais pas que dans un moment de vulnérabilité, comme le sien, des candidats soient là à profiter de tout en regardant les écrans. Ceci dit, il y a quand même le public derrière sa télé, quoi qu’il arrive. Finalement j’entends la porte s’ouvrir, sur une Sailor. Qui depuis le prime de dimanche, doit parler dans sa propre langue. C’est assez amusant. Elle a inventé un mélange de plusieurs langues. C’est plutôt intelligent pour se faire comprendre, plutôt que de raconter du charabia, qu’elle seule serait en mesure de comprendre. « Bien le bonjour gente dâme. Prenez place, la séance est gratuite. » Que je dis en lui montrant la chaise à mes côtés. « Alors, c’est pas trop difficile ce défi ? »

Elle se traîne, elle est silencieuse, elle est calme. C'est en général le calme avant la tempête, pour Sailor, ça annonce un coup de fatigue ou une anémie, en général. Elle est vulnérable à ces trucs-là, les anémies, à cause de sa constitution faible et des années de galère immunitaires. Alors elle essaie de se refaire une santé lentement, petit à petit, mais parfois, ça foire, ne serait-ce que pour une semaine. Ca veut dire hôpital, consultation, prescription, et avalage d'ampoules de vitamines et fortifiants pendant plusieurs jours, aussi. Ca ne fait que commencer, et la voilà qui atterrit dans la salle de contrôle un peu par hasard, traînant des pantoufles, le visage fatigué. Cette histoire de gage, en plus, ça n'arrange rien, elle doit sans cesse réfléchir à comment s'exprimer. En poussant la porte de la salle de contrôle, elle tombe alors nez à nez avec Leandro qui a l'air de potasser les écrans comme on révise son bac. Il la salue d'ailleurs avec de drôles d'expressions moyen-âgeuses, ca lui arrache un sourire, c'est pas lui qui a un gage de langage, qu'elle sache. « Xiexie, » remercie-t-elle en un chinois parfait en se laissant tomber dans le fauteuil comme une masse. Il s'enquiert directement de son gage, d'ailleurs, et elle s'efforce d'expliquer comme elle peut. « I found una solucion : Yo mix las linguas que je know, » commence-t-elle, avant de se rendre compte que ses capacités en espagnol sont quand même relativement limitées. « Enfin... sou ittemiru, » corrige-t-elle. Ouais, elle essaie, quoi, mais bon, parfois ça passe, parfois moins. « Pero es mendokusai, » ajoute-t-elle en grimaçant, pour faire passer le sens de "mendokusai". Agaçant. Enervant. Frustrant, aussi, tiens "kuyashii", c'est un autre mot à utiliser, ça. Elle le voit gros comme une maison, qu'il va se foutre d'elle. « Tu no te moquer de watashi ! » prévient-elle en levant un index avec une expression faussement sérieuse. Assez parlé de ce gage idiot, cela dit. Il a l'air bien intéressé par ce qu'il se passe sur ces écrans, en tous cas. Y'a Imma et Clarke, Sailor n'y voit pas assez bien avec un seul oeil valide pour bien discerner ce qu'ils font sur l'écran le plus en haut dans le coin. Y'a Mylah qui fait son repassage. « Qué pasa ? » fait-elle en indiquant les écrans de la main. Des trucs intéressants, peut-être ? Une Adélie sauvage à surveiller ? « Yo no tell Adélie que you la miru in the screen, » fait-elle en rigolant, en essayant d'y mettre le ton, mimant le verbe miru, "regarder", en se fabriquant de fausses jumelles sur les yeux avec ses mains. C'est quand même toute une histoire, ce gage, un vrai travail d'équipe, entre le vocabulaire et la gestuelle.