@sailor

Aujourd’hui, j’ai décidé de faire le feignant. De prendre l’ascenseur pour me rendre au premier étage. Et pourquoi pas ? C’est que c’est compliqué de monter les marches vous savez. Oh et puis je le prends très rarement, alors j’ai bien le droit aujourd’hui. Et même si ce n’est que pour grimper d’un seul étage. Je suis à peine à l’intérieur, je n’ai pas eu le temps de refermer les grilles, que Sailor fait son entrée. « Oh bonjour mademoiselle. Quel étage ? » Que je lui demande en souriant, alors que ça se referme derrière nous. J’appuie sur le 1 puisque de toute façon c’est là que je me rends, alors même si elle va au deuxième, il faudra bien passer par là d’abord. Mais c’est alors qu’il a dû faire à peine quelques mètres, que j’ai comme l’impression qu’il s’est arrêté. Et n’a plus envie de bouger. « Oh oh. Je crois qu’on s’est fait piégé. Je savais bien qu’il y avait une raison pour laquelle je ne prenais jamais cet ascenseur… » Oui cela vient soudainement de ne me revenir. On est dans un jeu, ou la production s’amuse régulièrement à coincer les gens là dedans. Et là, c’est la première fois que ça m’arrive. « C’est ma punition pour avoir joué les feignants… »

Comme d'habitude, elle prend l'ascenseur quand elle veut monter parce que les escaliers, c'est pas encore trop possible pour elle, enfin, du moins, vu la tonne de marches qu'il y a dans la maison. Elle pourrait, mais elle évite, parce que ça combiné à son côté hyperactif, elle finira sur le carreau tôt ou tard. L'ascenseur se ferme à peine qu'elle arrive à se glisser dedans in extremis, tombant nez à nez avec Leandro. « Saluuuut ! Euh, bah, pareil, » répond-elle en haussant les épaules. La machine ne tarde pas d'ailleurs à s'arrêter, comme d'habitude, mais ca devient tellement courant que ça en est normal. Elle hausse les épaules en claquant les mains le long de son corps. « Et voilà, encore ! C'est fou ça, tous les ans ils ont des histoires d'ascenseurs qui marchent pas, et à chaque fois ça revient, faut croire qu'ils le font jamais réviser, mais bon, tant que le câble lâche pas, moi, j'ai toute la journée ! » fait-elle d'un ton enjoué, avec un sourire amusé sur le visage. Leandro dit que c'est sa faute, parce qu'il a été feignant, mais Sailor rigole et secoue la tête. « Je suis souvent punie pour faire la feignante aussi, j'avoue... je monte pas les escaliers, c'est trop fatigant, alors je compte plus le nombre de fois où je me suis retrouvée coincée dans un ascenseur, que ce soit ici, ou à la maison, à l'école, à l'hôpital... une fois j'étais même coincée avec une dame enceinte sur un fauteuil roulant, j'ai cru qu'elle allait accoucher dans l'ascenseur, mais heureusement, ils ont tout débloqué à temps ! » raconte-t-elle d'un ton animé, comme d'habitude, en se replongeant dans les souvenirs au fur et à mesure qu'elle parle. « Tant qu'on est pas coincés avec Coin-Coin, ça va ! » ajoute-t-elle. Parce que suffirait qu'il panique, le perroquet, et c'en est fini pour leurs cheveux, ils finiraient recouverts de fientes, au fur du bazar mis dans le dressing la dernière fois. Mais Sailor s'ennuie vite, coincée dans l'ascenseur, heureusement, y'a Leandro. « Par contre maintenant tu vas devoir me faire la conversation pour qu'on passe le temps, sinon je vais tourner en rond ! Parle-moi de n'importe quoi, les chevaux, chez toi, ta famille, ce que t'aimes pas manger, le genre de shampooing que t'utilises... tout m'intéresse, de toutes façons ! » fait-elle en s'asseyant par terre, en tailleur, le menton dans les mains, prête à écouter ce qu'il a à raconter pour passer le temps. Et comme ça, elle en saurait plus sur le candidat, aussi.

Sailor se retrouve coincée avec moi dans l’ascenseur. J’aurais pu tomber sur pire compagnie pour rester enfermée dans une petite pièce, ça va. Elle évoque le fait que l’ascenseur soit souvent de mauvaise facture dans ce jeu, que ça arrive constamment, de saisons en saisons. « A croire qu’ils sont trop radins pour engager un dépanneur. » Et nous réparer ça. Bon en vrai, je sais très bien que c’est fait exprès, juste pour la dynamique du jeu. Faut croire que c’est intéressant de se retrouver avec des candidats bloqués dans un lieu exigu. Je ne sais pas, peut être pensent ils qu’on va en profiter pour faire des cochonneries, allez savoir. Mais il me semble quand même que ça n’arrive que très rarement. Je ne sais pas même pas si ça s’est déjà fait dans l’histoire de FL. A vrai dire, ça ne m’intéresse pas vraiment de le savoir. Elle me raconte alors ses diverses péripéties avec les ascenseurs, comme la fou où à l’hôpital elle s’est retrouvée coincée avec une femme enceinte, sur le point d’accoucher. « Arrêtes, t’aurais pu donner la vie, cela aurait été beau ! » Oui, ou alors elle aurait paniqué, cela se serait révélé être une catastrophe, et le bébé serait mort, hm. « Moi c’est la première fois que je me retrouve coincé dans un ascenseur. » Même ici, puisque d’habitude je prends les escaliers. Et les rares fois où j’ai pris l’élévateur, j’ai eu la chance qu’il ne se bloque pas. C’est alors qu’elle veut que je lui fasse la conversation. N’importe quoi. Hm quoi lui raconter sur moi qu’elle ne sait pas… « Je t’ai dis que je suis un cowboy moi ? » Que je lui demande un sourire aux lèvres. « Je m’occupe de chevaux pour vivre mais…sur mon temps libre, je participe à des rodéos. Je suis pas mauvais, j’ai eu quelques trophées. Même si je suis bien loin d’égaler mon père. Lui il faisait ça professionnellement. C’était le meilleur de la région. »

Sailor n'est pas convaincue que le matériel soit vraiment en cause, parce que bon, en attendant, ils passent des vacances tous frais payés dans une super baraque avec un cinéma et une salle avec un plafond magique, donc l'ascenseur a dû être révisé y'a pas longtemps. Elle croise les bras sur la poitrine, avec une moue. « Moi, je suis sûre que c'est parce que ça les fait rigoler de nous voir coincés comme des rats toutes les semaines ! A d'autres, hein ! » s'exclame-t-elle en parlant directement à la caméra fixée dans un angle du plafond, en s'efforçant d'avoir l'air contrarié, alors que à vrai dire, elle s'en fiche pas mal, d'être coincée là. Elle raconte alors son histoire avec la femme enceinte, et elle a un rire, puis secoue la tête. « Tu parles, j'avais douze ans, c'est l'angoisse surtout, la dame elle arrêtait pas de hurler à cause des contractions et y'avait sa soeur qui l'accompagnait qui était en pleine panique, j'aurais jamais su quoi faire ! Mais c'est vrai que ça aurait été trop la classe, j'aurais pu m'en vanter pendant longtemps après, qui sait, peut-être que ça m'aurait suscité une vocation de sage-femme, enfin, peut-être, peut-être pas... » fait-elle, au fil de sa réflexion. Non, parce que elle, sage, c'est pas le meilleur adjectif choisi quand on parle de Sailor, c'est clair. Et puis de toutes façons, elle sait toujours pas quoi faire après le lycée. Leandro confie être coincé dans l'ascenseur pour la première fois de sa vie. « Quelle chance ! » fait Sailor avec un rire, en lui tapant sur l'épaule. Le bol d'être coincé avec une fille à moitié hyperactive et qui parle plus qu'elle ne respire, surtout. Alors elle s'assoit, et invite Leandro à parler de lui, pour faire passer le temps, mais aussi histoire d'en savoir plus, aussi. Parce qu'elle parle beaucoup, elle, et les gens en savent beaucoup sur elle, mais les autres sont moins bavards. Alors il commence par dire qu'il s'occupe des chevaux, et ça elle hoche la tête. « Beh, je savais pour les chevaux, mais... » commence-t-elle, avant d'écouter la suite. C'est nettement plus impressionnant, même si un rien la surprend, et elle ouvre des yeux grands comme des soucoupes, admirative. Sailor se met alors à presque battre des mains, désireuse d'avoir des détails et la suite de ses histoires de vrai cow-boy. « Ah ouais ? Sérieux, en vrai de vrai ? Waaaaah c'est trop classe ! Genre tu grimpes sur les taureaux là, et ils se secouent et tu dois rester dessus ? Et tu lances le lasso aussi ? C'est vrai qu'on peut attraper des gens avec un lasso comme dans les films ? » demande-t-elle, les question fusant comme des flèches, parce que maintenant qu'il a ouvert la porte, avec Sailor, c'en est fini.

« Moi, je suis sûre que c'est parce que ça les fait rigoler de nous voir coincés comme des rats toutes les semaines ! A d'autres, hein ! » Hm bah oui cela me semble évident, il me semblait qu’on plaisantait. Parce que bon il va de soit que ce n’est pas un problème technique, seulement une intervention humaine. Ils doivent avoir un bouton à actionner, et quand l’envie leur prend, bam, on bloque les candidats durant quelques minutes. « Evidemment, ce sont des sadiques. » Ni plus ni moins. En tout cas elle me raconte une anecdote, d’une fois quand elle était coincée à l’hopital dans un ascenseur, et qu’une patiente allait accoucher. « Ah oui 12 ans c’est vrai que c’est un peu jeune… » Pour jouer les apprentis sages femme. Mais c’est certain que cela aurait fait la une des journaux. « Et voilà, t’as raté ta vocation ! » Rhalala. Remarquez, si elle a toujours largement le temps, vu qu’elle n’est encore que lycéenne. Toutes les voies s’ouvrent à elle. A elle de savoir vers quoi s’orienter. C’est alors que je lui parle de mes prouesses de cowboy. Sailor est très expressive, ça fait toujours plaisir. On lit presque l’admiration dans ses yeux, ébahis. « Vrai de vrai ! Par contre ce ne sont pas des taureaux, mais des chevaux sauvages. » Et oui on en revient toujours au cheval. « On doit tenir 8 secondes dessus. Puis ouais, ça m’arrive de faire du roping, ça consiste à capturer un veau au lasso. Mais on fait moins avec les humains par contre hein. » Que je rajoute amusé. Même pas du tout il va de soit. « C’est assez spectaculaire. » Et dangereux. « Vous n'avez pas ça sur votre île je suppose. » C'est même quasi certain que non.

Sailor s'est assise tranquillement dans l'ascenseur, et elle écoute. D'habitude, elle parle, c'est elle qui parle d'ailleurs, mais là, elle préfère écouter, et ça l'intéresse, d'écouter les histoires de Leandro, de chez lui et comment c'est là-bas. C'est tellement différent de Guam. Elle écoute le menton dans les mains, les coudes sur les cuisses, les yeux écarquillés. Donc les rodéos, c'est pas comme dans les films avec des taureaux, c'est des chevaux, ça l'interpelle, et elle se redresse, encore plus curieuse qu'au début de la conversation. « Des chevaux ? Je savais pas que ça se faisait avec des chevaux aussi ! » s'exclame-t-elle, surprise. Les détails titillent son imagination et elle s'imagine déjà le décor de western avec Leandro habillé comme un vrai cow-boy, brin de blé dans la bouche, avec son lasso. Manque plus que Lucky Luke. « Wahhhhh, faudra que tu me montres un jour, on essaiera d'attraper les gens, ou des objets, enfin, j'en sais rien, je trouverai des trucs, mais je veux trop voir ça ! » fait-elle, en se relevant encore, parce que l'idée d'attraper les gens avec une corde, maintenant qu'elle l'a dans la tête, c'est foutu. Au pire, elle pourra faire les yeux doux à Adélie pour qu'elle se porte volontaire, à moins que Leandro veuille embêter quelqu'un en particulier. En effet, c'est bien différent de Guam, et le rodéo, c'est pas vraiment le sport national, chez eux. Ils sont plutôt branchés base-ball ou surf, là-bas. Elle rigole, et hausse les épaules. « Bah, nous, on a pas assez de chevaux pour faire ça déjà, si on se met à leur grimper dessus ils vont tous foutre le camp ! Sinon y'a des types qui ont des mangoustes de compagnie, c'est interdit mais ils en recueillent quand elles sont bébé, ça n'a rien à voir, mais quand on parle d'histoires d'animaux... et puis j'aime bien les mangoustes, ça a une chouette tête ! » fait-elle, animée par la conversation, en faisant des gestes et des mimiques pour mimer ses dires, comme à son habitude. Et puis elle revient au sujet initial, parce que c'est ce qui l'intéresse, là. « Et ton père il faisait ça aussi, le rodéo ? Il a arrêté ? Ca doit être drôlement physique, en même temps... » fait-elle, en réfléchissant au fur et à mesure. Ca doit demander un sacré effort, alors la retraite doit être plutôt jeune, pour les cow-boys, sauf peut-être dans les films à la Clint Eastwood.

Cela l’étonne qu’on puisse faire du rodéo avec des chevaux. Dans sa tête, elle se l’imaginait avec des taureaux. Et oui, c’est souvent l’idée que les gens s’en font, mais non non, il n’y a pas que ça. Voilà qu’elle voudrait essayer le lasso. Je l’imagine déjà à tenter d’attraper des candidats, ou à tout casser sur son passage en voulant choper des objets. « Ouais mais faudrait que la Prod nous file un lasso, et là je suis pas sur… » J’en doute même. « Bon ceci dit, on pourrait surement trouver quelque chose pour le remplacer, mais ça ne sera pas pareil. » Faire avec les moyens du bord, genre une corde ou quoi. Mais clairement, ça ne sera pas du tout pareil. « Je suis sur qu’on pourrait embêter Adélie. » Que j’ajoute dans un sourire. Elle me parle alors de mangoustes de compagnie. Quelle drôle d’idée. C’est le genre de bêtes solitaires et sauvage il me semble. « On en trouve pas par chez moi, mais c’est vrai que ça a une tête sympa. Mais ça doit être compliqué à apprivoiser. » Ceci dit si ils les recueillent des bébé, ça doit être plus facile. Parce qu’une fois adulte à mon avis c’est foutu. C’est alors qu’elle en revient sur le sujet initial, le rodéo. M’interrogeant sur mon père. « Oui il en faisait professionnellement…Il voyageait à travers le pays… » Malgré ses absences, il arrivait quand même à être présent pour nous. « Mais il a dû arrêter oui hm…Il est allé en prison alors… » Forcément, ça te nique une carrière. Difficile de continuer à exercer quand t'es derrière les barreaux.

En effet, normalement, pas vraiment de lasso à disposition ici, même si Sailor pense qu'en fouillant dans le cellier ou une remise dehors, ils devraient trouver un truc du même genre, une corde, ou un tuyau d'arrosage, ces trucs là. Ou alors, il leur faudrait improviser, et pour ça, elle est vraiment la pro, d'ailleurs, une idée lui vient. « Je suis sûre que si on pique les chaussettes de tout le monde, qu'on les noue toutes bout à bout, on doit avoir une sacrée longueur ! Bon, faut pas avoir peur des odeurs, parce que y'en a qui puent des pieds... » fait-elle, avec une expression de réflexion presque convaincante, cependant bien consciente qu'elle raconte des grosses bêtises tout le temps. D'ailleurs, comme si Leandro avait lu dans ses pensées, il suggère même Adélie comme cobaye, et Sailor rigole en levant un index. « C'est à Adélie que je pensais aussi, je suis sûre que si je refais des cookies, ça pourra marcher ! » fait-elle, en imaginant un peu les négociations pour que la rouquine se porte volontaire pour le test du lasso-chaussettes. L'histoire des mangoustes, c'est une espèce de légende urbaine chez eux, enfin, pas vraiment légende, puisque Sailor en a déjà croisé dans la capitale. Mais c'est sûr que c'est pas commun. « Bah, j'en ai juste vu en ville, c'était à la mode un temps mais j'ai jamais vraiment essayé ni demandé si c'était difficile... enfin, de toutes façons, je pouvais pas avoir d'animal de compagnie, mangouste ou quoi que ce soit, Coin-Coin, c'est une première ! » continue Sailor. En hôpital, son seul animal de compagnie, c'était son panda en peluche qui trônait sur son lit tous les jours. Sinon, ils se tenaient compagnie avec les autres gamins du service, ceux qui restaient longtemps comme elle. Le père de Leandro était apparemment une sorte de champion de rodéo, et elle bat des mains, applaudissant presque en écoutant son histoire. C'est quand même la classe, cow-boy de père en fils, comme dans les westerns. « Ohhhhhh chouette ! Comme les stars, dans des tournées et tout, c'est cool ! » s'exclame-t-elle, avant de nettement se calmer quand Leandro continue et annonce la couleur. Elle arrête de s'agiter, et son sourire s'évanouit nettement, surprise, les yeux cependant toujours aussi écarquillés. « En prison... ? Oh, je vois, je... oui, évidemment, c'était obligé... » répond-elle, muette. C'est pas souvent qu'on lui rabat le caquet, en fait, suffit juste de balancer un pavé dans la mare et elle se tait. Pendant quelques secondes, elle ne dit rien, et puis ça repart, mais d'une voix beaucoup moins puissante, la diction plus timide. « Et il y est resté longtemps en prison ? Il y est encore ? Tu le vois souvent ? » reprend Sailor, parce qu'au final, les questions, ça revient tout le temps, c'est comme le naturel, chassez le et il revient au galop. Elle se rend quand même compte de l'indiscrétion de ce qu'elle raconte, et s'arrête en posant ses deux mains sur sa bouche, avant de s'excuser. « Oh pardon, je pose trop de questions et là c'est vraiment trop indiscret, faut pas répondre ou alors faut me dire de me taire si je vais trop loin, et je trouverai un autre sujet de conversation si tu veux, enfin, je suis pas vraiment le genre encyclopédie sur pattes comme certaines ici mais je trouverai un truc, je trouve toujours un truc ! » fait-elle, brodant toujours autour de ça, parce que d'un côté, en brodant, elle s'efforce aussi de rendre le contexte de la discussion plus léger. Les ambiances plombantes, elle en a assez connu pour avoir appris à les éviter, même si les discussions sérieuses sont toujours importantes.

Je rigole en l’écoutant faire une suggestion pour remplacer le lasso. Accrocher une ribambelle de chaussettes ensembles. C’est pas l’idée du siècle quand même. « Hm c’est une solution oui…Mais avec des draps, je pense que ça serait plus sympa. Tu sais un peu comme quand la princesse veut s’échapper de sa tour » Tu les attache bout à bout et ça fait une sacré longueur. C’est ce qui permet à la princesse de s’échapper de non ? Je ne sais plus dans quelle histoire. En tout cas apparemment on a eu la même idée concernant Adélie. Elle me parle de faire des cookies pour l’amadouer. « Même pas besoin, je veux dire tu m’as vu ? Je suis sur que si je lui fais les yeux doux, elle est obligé de craquer ! » Bah ouais je suis tellement adorable qu’elle ne pourra rien me refuser. Bref, on parle de mangouste en animal de compagnie. « Pourquoi tu ne pouvais pas avoir d’animal de compagnie ? » Que je lui demande alors. Ses parents n’aiment pas les animaux, alors c’était hors de question ? Ou peut être que c’est lié à sa condition. En vrai, je crois avoir compris qu’elle ait, ou a été malade, mais je n’ai jamais vraiment osé lui demander. C’est un peu délicat quand même. Pour en revenir à mon père, elle déchante assez vite quand j’évoque la prison. C’est fou comme en deux secondes, elle perd son sourire. Ah ça a toujours le don de mettre l’ambiance d’évoquer mon père… Elle ne s’y attendait surement pas à celle là. Mais une fois la surprise passée, elle recommence avec les questions. Avant de se reprendre et de s’excuser, se rendant compte qu’elle est peut être un peu trop indiscrète. « Non non c’est pas grave t’inquiètes…Il y ai resté deux ans…Il…Il est mort bien avant d’avoir fini sa peine…Un cancer…Mais, oui parlons d’autre chose. Je veux pas plomber l’ambiance avec mes histoires. » D’autant que je pourrais continuer  dans les mauvaises nouvelles, puisque j’ai perdu ma mère aussi. Mais c’est un sujet dont je n’aime pas trop parler. Bon maintenant le problème c’est de trouver un autre sujet de discussion. Hm sur quoi la lancer ? En fait je sèche là…Hm de l’aide ?

L'histoire des draps c'est pas idiot, sans doute même plus intelligent que les chaussettes, même si ça doit être nettement plus lourd et moins facile à manier pour attraper quelqu'un façon cow-boy avec son lasso. Mais l'idée continue d'inspirer Sailor, qui tape dans ses mains. « Oh ouais ! Faudrait essayer ça un jour aussi, descendre d'une fenêtre à l'étage avec les draps, ça doit être marrant, même si c'est quand même dangereux comme histoire... mais ça sent moins mauvais que les chaussettes ! » s'exclame-t-elle, visionnant déjà le plan d'attaque. Le jour où elle s'ennuie, elle piquera des draps dans le cellier et s'essaiera à la descente en rappel depuis les fenêtres du premier étage, quitte à descendre un matelas au cas où elle se casserait la figure dans le jardin. Elle rigole quand il dit pouvoir faire chanter Adélie facilement, et renchérit sur la remarque en posant ses deux mains sur les joues de Leandro avec un sourire amusé. « Mais oui, regarde, y'a les joues et tout, je compte sur toi ! » fait-elle, comme si elle remettait sa vie entre les mains de Leandro. Oh puis c'est vrai qu'il est mignon en plus, et il a des chouettes yeux, aussi, comme le docteur quand elle avait huit ans. Elle n'a jamais eu d'animal de compagnie, et elle pensait qu'avec le buzz de Lamine tout le monde aurait plus ou moins déduit qu'elle avait été malade, voire même l'est encore un peu. Alors elle hausse les épaules d'un ton détaché. « Beh dans un hôpital c'est pas autorisé et puis à la maison ma mère voulait pas parce que ça ramène des bactéries en plus et qu'on dépensait assez d'argent comme ça pour les médecins, même si en vrai elle disait ça mais c'est surtout qu'elle avait peur que j'attrape des trucs pas chouettes en plus... » fait-elle avec un sourire, repensant à sa mère. Une vraie maman asiatique, stricte et froide comme un colonel de l'armée dehors, mais aussi éperdument dévouée à sa famille et à ses enfants, dans le fond. C'est particulier à vivre, mais elle n'a rien connu d'autre. La conversation dérive et prend une drôle de tournure parce qu'elle a encore posé trop de questions, et là, c'est apparemment la question de trop, pour Leandro comme pour elle, en fait, surtout au vu de la dernière réponse. « Oh, je... d'accord... » fait-elle, complètement désarmée et encore plus muette qu'avant. Sauf que là, pour changer de sujet de conversation, c'est nettement moins facile. Alors elle cherche, regarde ce qui l'entoure dans l'ascenseur, mais c'est pas une grosse source d'inspiration. « Euh... » Et puis elle trouve quelque chose, le truc le plus nul qui lui vienne à l'esprit, à savoir, une blague idiote. « Quelle est la différence entre une fourchette et un écureuil ? » demande-t-elle, s'efforçant de reprendre un sourire qui se veut détaché, mais son flot de paroles a touché une corde sensible et c'est plus difficile de rebondir, maintenant.