Après la révélation de son secret, Adélie ne s'est pas éternisée dans la pièce au milieu de tous les autres préférant rester seule pour se remémorer toute cette histoire, son histoire. C'est la même chose, à chaque fois qu'elle parle de Salomé elle se sent obligée de s'isoler et de penser à elle, à ce qu'elle lui a laissé et à toutes ces jolies choses qu'elles ont partagé. Elle a préféré sortir, s'éloigner du nid pendant quelques heures le temps pour elle de digérer la nouvelle et d'effacer ne serait-ce que partiellement le visage de Salomé de son esprit même si elle sait qu'elle ne pourra jamais l'oublier. Son cœur est à elle dans tous les sens du terme, quoi qu'elle fasse elle ne pourra jamais vivre sans sa présence puisque c'est elle encore qui continue à la faire exister. Ses pas l'ont guidé dans le jardin exotique, dans une partie assez reculée où personne n'aura envie de la chercher. Typiquement le genre d'endroit dont elle a besoin maintenant pour laisser libre cours à ses pensées et ses émotions sans être interrompue par quelqu'un d'autre. Quoiqu'il arrive elle ne pleurera pas, pas ici, pas devant les caméras et des milliers d'yeux indiscrets qui n'attendent que ça. Elle a apporté avec elle cette photo prise par sa soeur, de leurs deux visages rieurs pendant un après-midi d'été dans le jardin. Un simple coup d'oeil, et on pourrait penser à deux amies complices riant aux éclats mais la vérité est plus complexe qu'elle n'en a l'air. Elle ne sait pas combien de temps elle passe à regarder ce cliché sur ce banc, des minutes ou des heures tout cela lui importe peu, elle restera ici le temps qu'il faudra. Et puis quelqu'un vient s'installer à côté d'elle, la sortant de son état de léthargie , quelque chose qu'elle n'avait pas prévu dans l'immédiat puisqu'elle pensait être seule. Évidemment il fallait que ce soit Leandro comme si les choses n'étaient pas déjà assez compliquées après cette histoire de baiser et maintenant de révélation. Maintenant qu'il connaît la vérité, il va sûrement la prendre en pitié comme tous les autres, la regarder différemment, la voir comme cette fille fragile qui a vécu tant d'horreur dans sa vie et qu'on ne veut surtout pas faire souffrir. « Tiens, c'est elle » Elle déclare lui tendant la photographie, ne quittant pas des yeux un instant le cliché qu'elle chérit tant. Après tout c'est lui qui a découvert son secret, il le droit d'en savoir plus que la version officielle qu'elle a servit aux autres candidats. Au final elle a l'impression de ne pas en avoir dit assez, de s'être simplement contentée des faits sans jamais entrer dans les détails, de ne pas avoir creusé assez profondément sous la surface. Ce cliché finalement lui rappelle qu'il y avait quelque chose de fort entre elles même avant la maladie. La jeune femme ne dit rien, elle se contente de regarder encore le cliché, ce n'est pas à elle de parler, elle en a déjà suffisamment dit dans la salle de bal au moment de la révélation.

Je viens de découvrir un secret. Mon premier secret de l’aventure. Et surement le seul. Je pourrais en ressentir une certaine fierté, de la satisfaction, et pourtant ce n’est pas tellement le cas. J’aurais aimé me tromper. Parce que cela aurait signifié qu’Adélie n’a pas à vivre avec le cœur de la personne qu’elle aimait. Qu’elle n’aurait pas subi toute cette horrible tragédie. Malheureusement c’est bel et bien le cas. Mon interprétation des indices, ainsi que de son attitude, sa cicatrice et son traitement, a été la bonne. Mais je m’en fiche bien d’avoir remporté sa cagnotte. A vrai dire, de ça, cela me gêne plus qu’autre chose. Parce que cela signifie que celle d’Adélie est à présent vide. De ma faute. Même si elle doit être bien loin de penser à cela en ce moment. Suite à la révélation, j’aurais pu tenter de la rattraper, mais j’ai bien compris qu’elle avait besoin d’être seule. Alors je lui ai laissé de l’espace. Mais de combien de temps a-t-elle besoin ? Je n’en sais rien. Finalement au bout de quelques heures, je décide de la rejoindre. Je tente d’abord ma chance au jardin exotique, je me dis que ça doit être le lieu parfait pour s’isoler, être au calme. Puis elle aime bien cet endroit. Et bingo, je la trouve en effet, seule, installée sur un banc, une photo en main. Sans rien dire, je m’installe à ses côtés. Je récupère la photo qu’elle me tend, regardant le cliché. On peut y apercevoir Adélie, rieuse, en compagnie d’une femme, Salomé. Elles ont l’air heureuses. « Elle est jolie. » J’avouerais avoir été surpris en entendant dans son récit, que la personne qu’elle aimait était une femme et non un homme. Mais cela n’a pas bien d’importance dans le fond. « Parle-moi d’elle. » que je lui demande en lui rendant son cliché. Ou peut être n’en a-t-elle pas envie. Mais s’il y a quelque chose que j’ai appris, c’est que parler, fait plus de bien qu’on ne peut le croire. En tout cas, ça marche pour moi. Et puis Salomé est une personne très importante dans la vie d'Adélie. Son coeur bat en elle. J'aimerais en savoir plus sur la personne qui lui a sauvé la vie. Après si c’est trop de souvenirs douloureux, je comprendrais qu’elle préfère ne pas en parler.

Elle met un point d'honneur à instaurer de la distance entre elle et les candidats pour accuser le coup après la révélation. La française erre à l'extérieur du nid avant d'échouer sur un banc dans le jardin exotique où elle contemple une photo d'elle et Salomé en se remémorant les bons souvenirs de leur histoire, des moments bien trop rares qu'elles n'ont jamais su apprécier à leurs justes valeurs. Et puis finalement, Leandro vient la retrouver se glissant silencieusement à ses côtés lui laissant quelques secondes pour détacher son regard du cliché qu'elle contemple depuis bien trop longtemps. Lui offrant d'un geste de la main, elle se concentre maintenant sur le visage de son camarade pendant que celui-ci contemple la photographie des deux jeunes femmes riant aux éclats. Il remarque que Salomé est jolie ce qui arrache un sourire à ma rouquine. « Bien sûr qu'elle l'est » . Avec ses longs cheveux sombres, son teint pâle et ses grands yeux verts il ne pouvait pas en être autrement. Salomé était sûrement la plus belle femme qu'elle avait pu croiser, les autres filles ici et à l'extérieur ne pourraient jamais lui faire de l'ombre. De toute façon maintenant qu'elle était partie Adélie n'était plus capable de regarder les autres filles, à croire qu'elle n'avait pas d'attirance particulière pour la gente féminine, uniquement pour Salomé. Avant et après son passage, il n'y avait eu que des hommes dans sa vie même si elle avait été incapable de tomber amoureuse de quelqu'un d'autre qu'elle. Leandro lui redonne le cliché lui demandant par la même occasion de parler d'elle, une chose à laquelle elle s'attendait depuis le moment où elle avait évoqué son existence. Elle savait que les autres candidats allaient vouloir en apprendre plus sur Salomé cette tragédienne qui n'existait plus qu'à travers son coeur, battant dans la poitrine d'une autre. « Elle est arrivée pendant ma dernière année de lycée, autant dire qu'elle ne passait pas inaperçue au milieu d'élèves qui se connaissaient depuis la maternelle. Personne ne l'a connaissait et pourtant d'un simple regard elle avait déjà analysé chacun d'entre nous. Elle était forte pour déceler la vraie nature des gens, c'était parfois effrayant cette facilité avec laquelle elle arrivait à percer les défenses des autres pour se faire une place dans leur coeur. » . Avec Salomé tout allait beaucoup trop vite, une simple remarque, un sourire et elle avait déjà réussit à vous attendrir et à entrer dans vos vies. Pour Adélie, elle s'était contentée de toucher les cheveux de la rouquine au détour d'une conversation pour la troubler et seuls ses proches savaient à quel point la jeune femme appréciait ce geste. Salomé l'avait compris tout de suite, elle lui avait même confié des mois plus tard. « Elle avait des rêves pleins la tête, des projets qu'elle notait tout le temps dans une sorte de calepin dont elle ne se séparait jamais. Salomé elle était belle, elle était libérée et elle n'avait peur de rien. » . Alors qu'Adélie avait toujours peur de tout et qu'elle mettait des barrières entre elle et le monde pour se protéger des menaces invisibles qu'elle inventait dans son imagination débordante. « Elle était tellement secrète, c'était difficile d'en apprendre plus que ce qu'elle consentait à me dire » . C'est sûrement pour cette raison qu'elle n'avait rien vu venir et qu'elle se retrouvait maintenant avec son coeur dans sa poitrine. « Après mon opération, personne ne m'a rien dit pour elle. Elle était juste absente, j'ai même cru qu'elle m'avait abandonné et qu'elle avait quitté la ville. Je n'ai su la vérité qu'en rentrant à la maison des mois plus tard. » . Après de longues semaines passées dans son lit d'hôpital et dans un autre institut pendant sa convalescence, pendant tout ce temps ses proches avaient gardé le secret malgré ses questions incessantes. « Je déteste ce qu'elle m'a laissé et ce qu'elle a fait de moi » . Elle avoue enfin à demi-mot. C'est la première fois qu'elle fait ce constat à voix haute, qu'elle se l'avoue à elle-même. Elle se trouve faible de l'aimer encore ,beaucoup trop, même après ce qu'elle a fait et elle déteste ça. Alors elle secoue la tête l'espace d'une seconde pour chasser cette rancœur de l'esprit, elle doit trouver quelque chose à faire pour l'occuper et éviter d'y repenser. Elle laisse alors un doigt courir sur les avant-bras de Leandro, traçant des formes anarchiques sans aucune signification. « Tu me vois comment toi maintenant ? » . Elle lui demande d'un ton détaché alors que son doigt danse toujours sur la peau du jeune homme. Au final, son secret change tout ou presque sur la façon dont les gens la voient, elle regrette déjà l'image de la fille sympathique qu'on lui attribuait maintenant qu'on allait la prendre en pitié.

Spoiler:

Suite à la révélation du secret d’Adélie, je lui ai laissé quelques heures de solitude, parce que c’est ce dont elle avait surement besoin. Mais maintenant, j’ai décidé que c’était le bon moment pour la retrouver. Je la rencontre au jardin exotique, exactement là ou je pensais la trouver. Je m’installe à ses côtés. Elle me montre un cliché de celle qui est à présent une part intégrante d’elle. Puis je l’écoute me parler d’elle. Je la laisse s’exprimer, sans l’interrompre. Salomé était une belle personne. Quelqu’un que j’aurais aimé connaître. Quelque part à travers elle, c’est le cas. Son récit est poignant. Il est impossible pour moi de m’imaginer ce qu’elle a dû traverser… Mais je suis admiratif de la personne qu’elle est aujourd’hui. « Mon regard sur toi n’a pas changé. » Et je ne vois pas pourquoi ça devrait le faire. Et puis, ce n’est pas comme si c’était une surprise pour moi lors de la révélation. Il faut savoir que c’est moi qui ai trouvé le secret. Donc cela fait quelque temps maintenant que je la soupçonnais d’avoir ce lourd passif. Même si je ne pouvais pas en être complètement certain, et que maintenant c’est la réalité. Je connais à présent plus de détails. « Si ce n’est que t’es encore plus forte que je ne l’imaginais. » que je dis en lui attrapant la main. Enroulant mes doigts aux siens. « Tu ne devrais pas détester ce qu’elle t’a laissé…Au contraire, tu devrais le chérir… Elle t’a sauvé la vie. Elle a sacrifié la sienne, pour que tu puisses vivre encore. A mon sens, il n’y a pas de plus grande preuve d’amour. » D’accord, c’est horriblement tragique. Mais quelque part c’est la preuve d’un très grand amour. Il n’y a rien de plus fort, que d’être prêt à se sacrifié pour l’être aimé. « Quelque part tu es chanceuse. D’avoir connu un amour si fort…  C’est rare. » Oui bon d’accord, cela peut paraître étrange ce que je viens de dire. Et elle ne doit surement pas se sentir comme tel. Mais pour quelqu’un comme moi qui n’a jamais connu l’amour – autrement que de celui familial – je ne peux m’empêcher de me dire que c’est beau d’avoir connu un amour aussi fort…Et ce même si ça n’a duré qu’un bref instant. « Tu te dois de vivre ta vie pleinement… Pour elle. » Pour faire honneur au cœur qui bat à présent dans sa poitrine. Sinon elle a sacrifié sa vie pour rien.

Parler d'elle n'est pas une chose aisée, dresser son portrait l'est d'autant plus. Elle pèse chacun de ses mots leur conférant une importance presque sacrée, elle y passerait sûrement des heures si elle était sûre qu'il l'écouterait tout ce temps sans jamais l'interrompre. Salomé a beau être libérée et toujours juste dans ses analyses, elle est pourtant beaucoup plus encore. Ce qu'elle décrit est d'une grossièreté sans pareille se contentant encore de rester en surface sans jamais creuser plus profondément parce que ces détails lui appartiennent à elle et à personne d'autres. Elle décide spontanément de lui parler des longues semaines d'ignorance qui ont suivi son opération, de ces moments où elle pensait que sa dulcinée l'avait laissé et avait fui ne supportant plus la situation. Si seulement elle avait su à quel point elle était dans le faux à l'époque peut être que les choses auraient été plus faciles à accepter. Maintenant elle n'avait plus vraiment le choix, elle avait ces souvenirs là et devait se débrouiller pour tout gérer seule dans son coin. Ce n'est pas facile pour elle d'avouer qu'elle déteste ne pas avoir toutes les cartes en main, que cette décision qu'elle a prise égoïstement n'a laissé derrière elle que de la tristesse et de l'incompréhension. Ça lui coûte énormément de l'admettre à Leandro alors elle change de sujet, essaie de se distraire mais elle est incapable de penser à autre chose et prend l'initiative de lui demander si son regard à changé parce qu'elle est certaine que les autres candidats avaient maintenant une toute autre image de la française. De toute façon à l'extérieur elle était soit la pauvre petite ou alors le petit démon qui avait poussé la vulnérable Salomé à commettre ce geste regrettable. Pourquoi en serait-il autrement dans le nid ? Il a beau lui assurer le contraire, lui dire qu'elle est forte, prendre sa main pour appuyer ses propos Adélie est loin d'être d'accord avec ce qu'il lui dit. « Est-ce que j'avais vraiment d'autres choix ? » . Une question rhétorique dont la seule réponse était bien évidemment "non". Être forte, profiter de ce qu'elle lui avait laissé, on ne peut pas dire qu'elle avait vraiment eu le choix à un moment donné. Si elle avait écouté son for intérieur, elle aurait sûrement renoncé à se reconstruire en se laissant dépérir mais elle avait une dette, gravée au fer rouge. Une dette qu'elle ne serait jamais en mesure de rembourser en dépit de tous ses efforts. Selon lui, il n'y avait pas plus grande preuve d'amour. « Ce n'en est pas moins insensé » . réplique-t-elle. Elle avait encore des longs mois à vivre sans traitement, peut être qu'un autre coeur se serait présenté d'ici là. « J'avais du temps devant moi, mais je peux pas lui en vouloir. C'était la première fois qu'elle me voyait dans cet état. Elle a paniqué et bornée comme elle l'était, elle avait fini par se convaincre que c'était la seule solution » . Elle ajoute dans un sourire, ce qu'elle était entêtée cette Salomé c'est vrai. Et bien sûr parfois elle fait des choses stupides ou insensées, voilà tout. Elle approuve d'un hochement de tête lorsqu'il lui demande de profiter de cette vie qu'elle lui a laissé. « Est-ce que je devrais avoir peur de ce que je vais découvrir quand ton secret tombera ? » . Elle demande ancrant son regard dans le sien. La fin de l'aventure approche, les secrets seront tous révélés d'ici quelques jours. Les masques tomberont et elle n'était pas sûre d'être prête à affronter les secrets des autres. « Pourquoi elle est partie Sailor ? » . N'étant pas présente sur le prime, se sentant bien trop mal pour aller sur le plateau elle avait juste appris son élimination ce matin même, elle ne s'y attendait certainement pas tout comme son départ soudain. Elle pensait qu'elle allait rester avec eux jusqu'à la fin de l'aventure.

Non en effet elle n’a pas vraiment le choix. Elle se doit de vivre pleinement, pour elle. Mais est-ce une mauvaise chose ? Je ne crois pas, bien au contraire. Cela l’interdit de s’apitoyer sur son sort, de se laisser mourir à petit feu. Nope elle n’a pas le droit. Je lui confie qu’à mon sens, il n’y a pas plus grande preuve d’amour. Qui n’en reste pas moins insensé. Certes. Je me contente d’hocher la tête. Apparemment, elle avait encore du temps devant elle. Peut être qu’un autre cœur lui serait parvenu. Peut être qu’elle aurait pu vivre une belle vie en compagnie de Salomé. Mais peut être aussi qu’Adélie serait morte à l’heure actuelle. On ne peut pas savoir. De toute façon, on ne peut pas revenir en arrière. Ce qui est fait, est fait, et il faut apprendre à vivre avec. « Sans elle, tu ne serais peut être plus là aujourd’hui, et je ne t’aurais jamais rencontré. » Puis elle me demande si de son côté elle devrait avoir peur lorsqu’elle découvrira mon secret. « Tu découvriras que j’ai un lourd passif aussi mais…non. Je…Je crois pas… » J’ai quand même un léger doute je dois l’avouer. Parce que ce que je vais révéler, c’est quelque chose que même la plupart des gens à l’extérieur ne savent pas. « C’est plutôt moi qui redoute ce moment… » Alors que pourtant à la base je suis là pour ça. Seulement ça ne va pas être un moment évident à passer. Mais il le faut. J’en ai besoin. Adélie soulève ensuite la question Sailor. C’est vrai qu’elle n’est pas au courant des évènements…Elle connait juste les grandes lignes, qu’elle a été éliminée, et qu’elle a choisi de ne pas rester. « Il n’y avait plus d’enjeux pour elle ici…Elle…Elle ne voyait plus tellement de raisons de rester quand plein de choses l’attendent dehors… » Oui bon, ce n’est pas l’entière vérité. « Et…Je crois qu’elle se serait senti de trop entre toi et moi…Je veux dire…Compte tenu de ses sentiments à mon égard… » Je ne sais pas si c’est une surprise pour elle ou non. Ou si elle se doutait que Sailor en pinçait un peu pour moi. « Mais elle m’a dit de te remercier, et elle te souhaite bonne chance pour la suite. »