@Cody

C'était tout moi ça, dès que je sentais que la chaleur se voulait trop intensive, je me voyais contraint de quitter l'intérieur pour rejoindre la fraicheur. Il faut dire que j'avais toujours la drôle d'impression que mon corps était une marmite en ebullition. Etrange lorsque l'on savait que je n'étais presque jamais malade, et qu'ainsi, ma température était tout ce qu'il y avait de plus normale. Disons que j'avais plus facilement chaud que d'autres, et que de toute façon, le froid ne m'avait jamais vraiment dérangé. Je n'osais cependant pas à m'aventurer là dehors sans un manteau, non, fallait pas déconner. Au repas de ce midi, de la soupe soleil et une tranche de jambon. Bon, d'accord, on avait connu mieux, mais ils nous avaient prévenu, et vu que je n'étais pas non plus un gros mangeur, au final, ça m'allait plutôt bien. Une sorte de régime quoi. Je partais donc avec mon plateau pour aller m'installer sur l'une des tables de dehors, face à un autre mec qui me semblait légèrement plus jeune que moi. En même temps avec ma barbe, on pouvait facilement m'imaginer plus vieux que ce que j'étais réellement. « C'est le moment où on ferme les yeux, et on imagine du foie gras, et un verre de champagne. » lui signalais-je en hochant la tête. Non parce que clairement, ça n'avait pas de quoi être particulièrement bon ce qui nous était servi là, alors si nous pouvions réussir à masquer un bout de réalité, je n'allais pas me priver. Enfin, pas dis que ça marche, hm.

La vie dans la prison n'était pas si horrible que ça. Bon j'avoue ce n'était pas la vie de rêve, que je souhaitais rapidement que cette semaine soit terminée pour pouvoir savoir si j'allais dans le nouvel endroit que Cupidon avait crée. Mais d'un autre côté ce n'était si mal que ça. Au moins j'aurai vécu une expérience unique dans ma vie, et ce n'était pas une petite expérience. Non justement c'était loin d'être une petite expérience. Restreint au niveau de l'alimentation, des habits, du confort, de tout quasiment. Mais bon dans une prison ce n'était pas la vie de palace non plus. Nous avions quand même à disposition des tablettes, à vrai dire les réseaux sociaux j'adore cela, mais bon là autant être dans la peau du mec de prison. C'est à dire se couper un peu du monde. Et moi qui suit plus que connecté cela faisait un peu de bien quand même. Au moins j'avais le temps de penser, peut-être un peu trop même. C'est alors que quelqu'un vint s'asseoir en face de moi, un brun, un barbu. Ouais un mec du genre rustre, mais pas trop quand même. Cela me ramenait donc rapidement à la triste réalité ou plutôt la fraîcheur qui recommençait à gagner mes membres petit à petit. En même temps j'avais été comme ça en combinaison dehors sachant très bien qu'il faisait froid. Bon au moins la prochaine fois ma veste m'accompagnera forcement dehors. « Mouais. Un McDo c'est pas mal non plus. Je pense même que c'est plus consistant, mais bon après c'est sur que ce n'est pas de la grande gastronomie. » Il me lance sur le sujet de la nourriture et comme il n'y pas de demi-mesure avec moi je suis obligé de m'emporter et de parler et de parler. Sauf que bon faut dire que niveau débit de parole j'enchaîne même si parfois c'est pas très cohérent quoi. « Mais la cantine de prison n'est pas mal non plus. On peut se dire que ça aurait pu être pire et qu'ils auraient très bien pu nous priver de nourriture pendant deux jours ? » dis-je pour tenter de relativiser la situation. Ouais parce que moi je suis toujours là pour relativiser, en même temps je le fais bien donc autant le faire et faire partager aux autres mon état de relativisé. Est-ce que ce que je dis à parfois un sens ?  

J'étais pas encore tout à fait convaincu par la bouffe en prison, qu'on se le dise. En même temps, bon, je pense que ça n'était pas non plus fait pour être le top du top, t'es en prison quoi, pas dans les quartiers chics de New York, à te la couler douce. Tant pis. Je me disais qu'avec un peu de chance, si jamais je venais à entrer dans le nid, je serais capable de rattraper le coup de ce côté là. Le brun lui, penchait plutôt pour un McDo, ce que je pouvais comprendre puisqu'après tout, c'était quand même la base de la base. « S'il te plait, ne prononce pas ce nom avant la fin de la semaine. » gémis-je, faussement attristé. Entendre le nom de cette entreprise à répétition, sans pouvoir toucher à un seul burger risquait d'être assez compliqué à vivre, croyez moi. Et Dieu sait que j'aimais ça. Il enchainait ensuite sur le fait que la cantine de la prison n'était pas aussi terrible qu'il l'aurait imaginé, et alors que je jetais un coup d'oeil à la soupe que l'on venait de me servir, une petite grimace vint orner mes lèvres. « Tu déconnes j'espère ? Genre, même moi j'te fais mieux. » Bon, peut-être pas, on ne peut pas dire que je sois particulièrement doué derrière les fourneaux, mais l'idée était là. « Surtout que bon, c'est pas préparé avec vachement d'amour, de ce que l'on peut constater. » Y'avait qu'à voir la tête de la gonz qui préparait le tout, hein.

Je prononçais le mot mcdo, nom qu'il ne fallait sans doute pas prononcer. C'est vrai que moi je m'en fichais, mais l'homme à la barbe lui il ne s'en fichait pas du tout. C'était comme si je le faisais souffrir en disant ça, bon c'est vrai que de penser à un appétissant mcdo, un hamburger avec des frittes alors qu'en ce moment même la nourriture qui est dans notre assiette ne donne pas envie du tout. J'avoue que c'est de la torture et que c'est cruel venant de moi de faire ça. Mais promis je ne l'ai pas fais exprès ! « Si je veux te faire souffrir je n'ai qu'à prononcer le mot mcdo pour que tu souffres alors ? » dis-je en laissant échapper un léger rire. Bah quoi, si je voulais être méchant je pouvais très bien faire ça. Au moins c'était une arme fatale encore plus que mes poings. Bon j'avoue que face à lui je ne faisais surement pas le poids. J'étais même sur d'être laminé par cet homme. En fait je ne voulais pas trop prendre le risque de me mesurer à lui. « Bon j'avoue que ce n'est pas bon du tout en fait. Mais il faut rester positif ! Enfin du moins essayer. » dis-je en lui adressant un sourire optimiste. Ouais parce que j'étais ce genre de gars à tenter de redonner le sourire aux autres et à ne pas me laisser démoraliser. Je ne savais pas trop si cela allait marcher, mais bon au moins on ne pourra pas dire que je n'ai pas essayé. En plus il avait raison, la femme qui préparait ça faisait peur, elle était deux fois plus forte que moi, elle avait une carrure imposante, un regard démoralisateur et déprimé. On va dire que je ne vais pas tenter de me mesurer à elle. « Bon d'accord, d'accord tu as gagné. La nourriture est dégueulasse, la personne qui prépare la nourriture est on va dire plus au moins effrayante ? Et cet endroit n'est pas le meilleur au monde. Mais bon dimanche on aura peut-être l'occasion d'intégrer un superbe château, un manoir, avec des lits, de la nourriture et des tas de trucs supers ! » dis-je toujours en quête d'optimiste. Parce que oui je n'allais quand même pas complètement abandonner quoi !