Gael n’aimait pas les douches froides. A peu près comme tout le monde, en fait. La brune préférait de loin pouvoir se relaxer, elle et ses muscles tendus par un effort physique, sous une douche bien chaude. Pourtant, il lui arrivait aussi de prendre des douches froides, voire gelées ! Quand on fait du sport à son niveau, ce n’est pas étonnant. Elle devait prendre soin de ses muscles. Mais après ça, dès qu’elle rentrait chez elle, la belle aimait la chaleur d’une douche chaude, ou d’un bain, encore mieux ! Elle allait se brosser les dents quand un homme entra dans la pièce. Elle le reconnaissait pour être Naveen, un indien a l’accent qui la faisait doucement rêver. Elle adorait l’exotisme dans sa langue, que ce soit l’accent indien, ou français, ou italien. Elle n’eut pas le temps de répondre à sa question que, déjà, l’homme testait la température de l’eau. La brune eut une grimace. « Ah non, je comptais prendre une douche… » se plaignit-elle en soupirant. Elle s’approcha, sa brosse à dent toujours dans une main. « Peut être que si on attend un peu, elle va devenir chaude ? C’était comme ça dans mon vieil appart’, je devais attendre parfois longtemps. Super chiant. » Fit-elle en ouvrant l’eau à nouveau. Elle glissa ses doigts sous le jet, et attendit. Comme ça, elle devait avoir l’air bien stupide… Un bras sous l’eau, et son autre main tenant sa brosse à dent… Heureusement vierge de dentifrice, d’ailleurs !

Gael fronça le nez en entendant la réflexion (sensée) de Naveen. Il avait raison, en un sens. Mais elle voulait quand même espérer, les canalisations étaient surement vieilles, ici. La jeune femme garda donc les doigts sous le jet encore quelques instants. « Je sais qu’on est censés être reconnaissants d’être dans cette émission etc mais… vivement qu’on ne soit plus dans cette prison. » Et puis techniquement : ils n’étaient pas encore dans l’émission, ce n’était que des sélections de plus. Après quoi, la réflexion du brun la surpris tant et si bien qu’elle tourna la tête vers lui et qu’elle haussa les sourcils assez haut. Elle le savait bien, pourtant, que la liberté des femmes ce n’était définitivement pas ça dans le monde. Aux USA, elles étaient encore bien loties, mais dans d’autres parties du monde… Gael ressenti un élan féministe qu’elle tenta tant bien que mal de contenir en soupirant doucement. Il n’avait pas voulu l’offenser, elle l’avait bien compris. Il l’avait même complimentée sur sa coupe de cheveux, après lui avoir fait savoir que chez lui, ça serait vu comme un acte de rébellion. Tant mieux. « Les femmes me semblent un peu plus libres aux Etats-Unis, en effet… » Souffla-t-elle en retirant ses doigts du jet d’eau, qui restait obstinément froid. Elle ferma le robinet et s’essuya les doigts sur une serviette, après avoir reposa sa brosse à dent. « Excuse moi, j’essaie de ne pas… Bref... » Elle lui lança un regard, et ne le lâcha pas. « Je ne suis pas mariée, non. » Elle pouvait bien le lui dire, elle s’en fichait pas mal. « Et toi ? » Tant qu’ils y étaient, autant rendre la pareille. « Mais merci pour le compliment. » Son sourire égaya un peu son visage. « C’est tellement plus pratique, les cheveux courts. Peut être que certaines femmes, chez toi, ne le font que pour le côté pratique esthétique ? » Elle ne le cataloguait pas tout de suite. Comme beaucoup d’hommes et de femmes, c’était la culture qui formatait les esprits et s’en détacher était difficile. Elle avait la chance d’avoir grandit avec une femme féministe, et un père qui avait les mêmes idées, et un frère qui la voyait comme son égal. Tous n’avaient pas cette chance, alors elle pouvait comprendre.

La réflexion du brun la fit doucement rigoler. En effet, ce serait étrange de supplier Cupidon de les laisser ici, alors que cet endroit était glauque, sale, et froid. Elle n’appréciait vraiment pas et avait hâte que le dimanche arrive. Et puis le sujet changea, sur quelque chose qu’elle n’appréciait pas spécialement mais elle se doutait que Naveen n’avait pas pensé à mal. Pas avec la manière qu’il avait eu de le dire. « Je viens de Chicago, c’est dans l’Illinois. » Mais peut être qu’il ne connaissait pas, après tout elle ne connaissait que quelques noms de villes en Inde, alors il ne s’attendait pas à ce qu’il en sache beaucoup sur son pays à elle. Après quoi, Gael haussa doucement les épaules. « Ne t’en fais pas, j’avais bien compris… C’est un sujet sensible, j’imagine. » La condition des femmes dans le monde la touchait vraiment, elle savait qu’il y avait plein d’autres causes importantes, mais Gael était persuadée que si on aidait les femmes, dans le monde, alors tout ce qui était soucis économique (qui engendraient la pauvreté et la famine) pourraient plus facilement se régler. Un travail de longue haleine, donc, mais elle voulait y croire. « Vraiment ? C’est dommage, je veux dire, que ça tracasse tes parents. » Mais c’est comme ça, c’est culturel, et elle ne juge pas, même si au fond ça ne lui plait pas. Les gens, pas seulement les femmes, devraient être libre de mener leur vie amoureuse comme bon leur semblait. Et puis Naveen lui parla de dieux et de religion, et elle l’écouta avec un fin sourire. « J’ignorais que les cheveux étaient utilisés en offrande. » Elle trouvait ça passionnant, d’en apprendre plus. Gael ouvrit la bouche de surprise face à la réflexion de Naveen, et secoua la tête. « Non, non, je ne te juge pas, je t’assure ! » Elle se mordit la lèvre inférieure. « Excuse-moi, ce n’était pas mon intention… » Sa main glissa d’elle-même dans sa nuque, elle ne voulait pas l’embarrasser ou lui faire croire qu’elle le jugeait, mais il faut avouer qu’elle n’aurait peut être pas du réagir comme ça. « Un jour, ça arrivera. » dit-elle avec un sourire, alors qu’il parlait de ses sœurs. « J’ai un frère, plus âgé. Et puis mes parents. C’est tout. » Les familles étaient sans doute moins nombreuses, chez elle, ou pas en fait, elle n’en savait rien. « Tu as beaucoup de sœurs ? » Sachant que pour elle, plus que deux était déjà beaucoup.